Nano. RolePlay

Rappel du premier message :


C'est une fraîche journée d'été. Lumi et Ilma reviennent de mission en dehors de Moscou et sont contentes de retrouver la capitale. Enfin, pas autant que leur village natal de rebelles pirates de l'air ! Pour Lumi, c'est toujours l'occasion de se renseigner sur les poupées léguées par ses parents. Pour Ilma en revanche qui ne parle pas bien russe la ville est stressante, heureusement certaines personnes égayent cette ville à commencer par Lumi mais pas que.

Les filles ont rencontré une autre pilote de dirigeable. Elle n'a pas son propre dirigeable à vingt ans mais a vocation de l'avoir. Cette femme s'appelle Natacha Vasilievna Azarova et se trouve justement au même port que les filles. Ces dernières la saluent chaleureusement.

"Aujourd'hui, nous allons visiter la ville avec Ilma ! Est-ce que vous connaissez des coins sympathiques par hasard, madame Azarova ?"

Et zut. Elle ne pourrait apparemment pas laisser le sujet tomber aussi facilement. « Non, pas ‘animaux’, ‘zootropes’. » Comment s’en tirer le plus rapidement possible ? « Par ici, le terme ‘démons’ est plus accepté. Ou mieux encore : n’en parlez pas du tout. » Parler de ce genre de choses était une manière sûre de s’attirer des ennuis. Il ne s’agissait pas d’une quelconque superstition, simplement d’une bonne connaissance du climat de suspicion constante. La présomption d’innocence n’existait pas pour les démons.

Lumi ne pouvait pas dire qu'un zootrope n'était pas un démon et il était contre-productif d'expliquer la différence entre une personne possédé par un mauvais esprit comme le décrit les Evangiles et une créature qui fait et qui dérange par sa capacité imprévisible à imiter un animal. non, il faut relancer la conversation l'air de rien.
"Ah, ne rien dire, c'est compris. Et vous aimez chanter ?"
Tout à l'heure, l'une des jumelles a parlé du chant d'un oiseau.

« Oh oui ! Surtout à Noël, avec le reste de la famille », répondit Raïetchka, soulagée d’enfin pouvoir passer à un sujet moins délicat. « Et vous ? Oh ! », ajouta-t-elle, bondissant d’une idée à l’autre, « Vous avez des chants de Noël en finlandais ? »

*Hrp : je considère mes persos comme "finnois" et non "finlandais", même s'ils vivent dans le "Duché de Finlande", ils se battent pour leur indépendance avec la Russie.

"Oui, par exemple, il y a Jouluyö, juhlayö qui pourrait se traduire par Nuit silencieuse il y en a une qui pourrait se traduire par le renard court sur la glace !"

Mais Lumi hésite à chanter à voix haute dans la rue. Tout ce qui n'est pas russe ne plaît pas forcément.

« Oh ! », s’exclama Raïetchka, « Nous avons une chanson qui s’appelle ‘Douce nuit, sainte nuit’, c’est peut-être la même ? » Elle était également curieuse du lien entre un renard et la fête de Noël.

"Oui, c'est possible ! Je vais la chantonner pour voir si c'est ça."
Et Lumi chantonne la fameuse chanson, sans articuler les paroles. La mélodie est effectivement celle de Douce Nuit. Le jardin botanique est maintenant visible à l'horizon, son portail rutilant attire l'œil.

Reconnaissant en effet l’air, les deux jumelles joignirent leurs voix aux fredonnements de Lumi et entonnèrent la version russe du fameux chant de Noël. Derrière elles, Natachenka se contentait d’observer la scène d’un air amusé.

De son côté, Ilma accompagne Lumi avec la version sans parole, n'osant pas se ridiculiser en parlant russe. C'est ainsi que le groupe entre dans le jardin botanique où bon nombre de personnes se promènent, ce n'est pas comme à l'église mais presque. Chacun voit un attrait à la beauté des plantes, sans compter que celles-ci ne sont pas taxées de démoniaques par l'Eglise.
"C'est beau ici !"

Trois sourires satisfaits naquirent à l’exclamation de l’adolescente. Le jardin botanique occupait une place toute particulière dans le coeur des Azarov, lieu de prédilection pour de nombreuses sorties en famille. « Oui, hein ? On va vous montrer les coins les plus beaux, venez ! »

Les filles font bien car les finnoises ne connaissent pas les lieux et ne savent quel sentier choisir. Y a-t-il une fontaine, une piste cyclable, un bon vendeur de friandises ? Le son de cloche d'une église se fait entendre, il est onze heures.

Plutôt que d’aborder la visite du parc de manière (chrono)logique, les deux jumelles les entrainèrent immédiatement vers une de leurs parties préférées du parc, l’orangerie. Le palais de verre et de métal baignait dans la lumière du soleil et il y régnait une agréable chaleur qui permettait aux arbres et plantes odorantes qui s’y trouvaient de fleurir et donner du fruit même pendant la saison froide.

Lumi et Ilma peinent à supporter la chaleur de la serre avec leurs lourds manteaux de pilote. Elles les retirent donc ainsi que leurs gants.
"Très joli, très lumineux ! J'aime beaucoup ces cages en verre."
C'est alors qu'un groupe de garçons s'approche, l'un d'eux, tout timide, s'avance jusqu'aux filles.
"Mademoiselle, vous êtes très jolie. V... Voudriez-vous boire un verre avec moi ?" demande-t-il à l'une des jumelles*.

* je te laisse choisir laquelle.

« Ca s’appelle des serres. » Puisque leurs deux « invitées » n’avaient pas le russe comme langue maternelle, Raïetchka avait décidé de les aider à élargir leur vocabulaire. Et peut-être pourraient-elles en retour lui apprendre quelques mots de finnois ? Ses réflexions furent bientôt interrompues. Si la demande timide fit rougir Tsillia, Natachenka en avait clairement une autre opinion. « Désolée, les garçons, c’est une sortie entre filles. Une autre fois peut-être. » Et elle fit s’éloigner la petite troupe sans trainer.

Lumi sourit au courageux garçon qui a tenté sa chance (dans le vent).
"Bonne journée, monsieur !"
Les filles s'éloignent donc assez pour que Lumi puisse poser sa question :
"Pourquoi as-tu refusé un verre ? Tu peux en avoir gratuitement ? Cela m'a donné soif !"

« On peut s’arrêter pour boire un verre si tu veux », proposa Natachenka. « Mais j’ai vu trop de garçons et hommes offrir des verres à des jolies filles pour laisser quiconque en accepter. » Les deux jumelles regardèrent leur ainée d’un air perplexe. « Pourquoi cela ? », demanda Tsillia. « Disons que ce garçon avait peut-être les meilleures intentions du monde, mais je préfère ne pas prendre de risques. »

"À ce point ?" demande Lumi, étonnée d'une telle méfiance.
Les rebelles se méfient naturellement de toute personne susceptible de les dénoncer en cas de tolérance envers les zootropes ou les "actes terroristes" mais où est le mal à être une fille absolument rien de tout ça ? Les jumelles non plus ne semblent pas comprendre la méfiance de leur sœur.

« Oui », confirma la pilote. « Certains utilisent le prétexte d’un verre pour abuser des jeunes filles qu’ils ont fait boire. » Raïetchka voyait bien que sa soeur fulminait et comprenait mieux ce qu’elle avait d’abord interprété comme une énième réaction surprotectrice d’un membre de sa fille (ce qui l’avait d’ailleurs étonnée de la part de Natachenka).

"Eh bien, chère mademoiselle, laissez-moi vous offrir un verre, en bon honneur ! Et sans piège," annonce Lumi d'un air jovial, absolument pas tourné vers l'humour noir.
Les filles ne roulent pas sur l'or mais un verre offert par générosité à des compagnons de passage ne fait pas de mal (au portefeuille). Les pièces coûtent mécaniques coûtent tellement plus cher !

« La buvette du parc a un vaste assortiment, suivez le guide », embraya Natachenka. Raïetchka nota qu’elle n’avait pas accepté la proposition de l’adolescente de leur offrir leur verre, et elle soupçonnait qu’elle ne comptait pas le faire, ou en tout cas pas facilement. Des scrupules à puiser dans l’épargne d’une adolescente qui n’avait sans doute pas toute une famille aisée derrière elle… quoiqu’en soi ni elle ni ses soeurs n’en sache quoi que ce soit.

Les filles arrivent devant le bas. Ce dernier propose différents jus de fruits, des classiques mais aussi des jus de fruits macérés comme le kompot et le vzvar, du mors, fait à partir de baies écrasées. Les choix sont variés : canneberge, myrtille, framboise, fraise, airelle. Il y a également du kvas, obtenue à partir de pain de seigle fermenté.
Lumi prend du kvas car elle aime les boissons gazeuses et Ilma choisit du mors à la myrtille pour son goût sucré.

Habituées à l’endroit, aucune des trois Azarova n’hésita longtemps avant de choisir sa boisson. Kompot aux airelles pour Natachenka, vzvar à la fraise pour Tsillia, et mors à la canneberge pour Raïetchka. L’ainée sortit ensuite son portemonnaie, bien décidée à payer pour les cinq boissons.

Les filles se posent en silence à un banc. Le soleil est agréable et se reflète magnifiquement sur la mare d'à côté. Lumi ne tarde pourtant pas à relancer la conversation.
"Je ne lis pas beaucoup de livres mais il parait que c'est un passe-temps courant."
Lumi passe plutôt son temps à lire des cartes du monde ou des manuels de mécanique.

Un peu surprise par ce nouveau sujet de conversation, Raïetchka ne tarda pourtant pas à embrayer. « Oui, j’imagine que c’est parce qu’il y a des livres sur tant de sujets différents que la plupart des gens peuvent en trouver à leur goût. » Elle avait toutefois noté que l’autre ne lisait pas souvent. « Et toi, tu fais quoi dans ton temps libre ? »

"J'aime bien seulement rêvasser mais quand j'ai vu ce livre dans les mains de cette femme, je me suis demandé si c'était aussi un objet que vous aimez," répond Lumi en désignant discrètement une femme bien apprêtée, assise sur le banc d'en face.

Raïetchka lança un regard amusé à sa soeur quand l’autre mentionna ses rêveries, et se prit une discrète pichenette en retour. « J’aime beaucoup les romans et les recueils de poésie. Raïetchka a plutôt tendance à avoir le nez fourré dans des ouvrages juridiques », répondit Tsillia, comme si l’échange silencieux avec sa soeur n’avait pas eu lieu.