Rappel du premier message :


C'est une fraîche journée d'été. Lumi et Ilma reviennent de mission en dehors de Moscou et sont contentes de retrouver la capitale. Enfin, pas autant que leur village natal de rebelles pirates de l'air ! Pour Lumi, c'est toujours l'occasion de se renseigner sur les poupées léguées par ses parents. Pour Ilma en revanche qui ne parle pas bien russe la ville est stressante, heureusement certaines personnes égayent cette ville à commencer par Lumi mais pas que.

Les filles ont rencontré une autre pilote de dirigeable. Elle n'a pas son propre dirigeable à vingt ans mais a vocation de l'avoir. Cette femme s'appelle Natacha Vasilievna Azarova et se trouve justement au même port que les filles. Ces dernières la saluent chaleureusement.

"Aujourd'hui, nous allons visiter la ville avec Ilma ! Est-ce que vous connaissez des coins sympathiques par hasard, madame Azarova ?"

« Pourquoi les marais ne restent pas des marais ? » Décidément, elle en apprenait des choses aujourd’hui. À se demander pourquoi elle avait eu des cours de géographie pendant des années, mais personnes ne lui avait appris que les marais étaient plus que des zones humides et puantes pleines de moustiques.

Lumi ne s'attendait pas non plus à donner un cours à des jeunes filles russes. Être curieux, c'est le minimum, non ?
"L'eau apporte de la terre et s'en va. Il ne reste que la terre. Cela prend du temps mais c'est le destin de tous les marais."

De plus en plus curieux. « Et j’imagine que d’autres marais se créent ailleurs ? » Sinon au fil du temps il ne resterait plus aucun marais logiquement, si ?

Lumi secoue la tête de manière affirmative.
"Avant de devenir un marais, c'est un étang."
Comme l'étang où les filles se laissent flotter en cet instant.

« Donc, les étendues d’eau s’assèchent peu à peu ? Mais il faut bien qu’il y en ait qui se créent pour remplacer celles qui disparaissent, non ? » Sinon à terme la terre entière s’assécherait, ce que Raïetchka a du mal à imaginer.

Disucter géologie avec deux citadines russes au dessus de la surface d'un étang, voilà qui était comique.
"En effet, c'est ça qui se fait quand la terre ne peut pas avaler toute l'eau."
C'est cet instant que choisit Hassel pour pépier.

Voilà qu’elle venait encore d’entendre ce bruit étrange ! « Et cette fois-ci, vous l’avez entendu ? » Tsillia hocha la tête : « Oui, mais je me demande ce que c’est. Ca ne ressemble à rien que je connaisse. » Tout en tendant l’oreille, elles observèrent leurs deux nouvelles amies, pour voir si elles avaient une meilleure idée de ce que ça pouvait être.

"Ah oui, je l'entends maintenant ! C'est peut-être un oiseau."
Mais aucun oiseau n'ose s'aventurer à Moscou, sinon il est abattu par les habitants paranoïaques.
"Ou le bateau qui grince, on devrait retourner sur la berge."

Les jumelles échangèrent un regard perplexe. Ni l’une ni l’autre ne trouvait que ce son ressemblait à un oiseau ou un grincement de barque. « Je sais pas… On aurait dit autre chose. Mais on peut retourner sur la berge si tu veux. » Joignant le geste à la parole, Raïetchka se remit à ramer.

Les filles devaient faire attention à ne pas faire de gestes suspects devant les deux russes mais du coup elles ne peuvent pas saisir Hassel pour le rappeler dans le manteau de Lumi. Elle-même a chaud sous le soleil d'été. Le polatouche apparait donc bien malgré elles à côté de Lumi, plongeant les rebelles dans une panique muette. Lumi se dépêche pour saisir l'écureuil, plus pour le protéger que le cacher.

L’apparition de la bestiole attira instantanément l’attention des jumelles, si bien que Raïetchka arrêta instantanément de ramer. « Tu as un animal de compagnie ! Il est drôle, c’est quoi ? » Ni un chat ni un chien, les seuls animaux de compagnie qu’elle connaissait (les chevaux ne comptaient pas : trop grands pour entrer dans la maison).

"C'est... Lumi ne s'attendait pas à cette réaction mais elle retrouve alors son aplomb habituel. Un polatouche, un écureuil volant ! Il vit en forêt d'habitude et il mange toutes sortes de choses, des graines, des feuilles, des champignons, je l'appelle "Hassel" pour ça, et il change de pelage en hiver."

Photographie:

« Ca vole, les écureuils ? » Les jumelles allaient décidément de surprise en surprise, aujourd'hui. Elles ne connaissaient les écureuils que comme des petites bestioles avec une grande queue immortalisée sur certains tableaux de scènes de forêt. Tsillia, elle, était intriguée par autre chose que sa soeur : « C'est un animal de compagnie, un écureuil ? »

"Pas tous mais celui-ci oui ! Il ouvre ses bras et le vent le garde en air."
Le temps de répondre la première question, de trouver les mots, la question de la seconde jumelle est oubliée.

Quel écureuil intéressant ! Les deux jumelles étaient pendues aux lèvres de leur nouvelle amie, tout en gardant les yeux rivés sur le drôle d'animal. Raïetchka, pour sa part, avait arrêté de ramer depuis un moment. « C'est un animal de compagnie d'où tu viens ? » Tsillia, pour sa part, n'avait pas oublié sa question. En tout cas, l'écureuil n'était pas un animal de compagnie potentiel à Moscou, ou elles le sauraient.

"D'habitude non mais celui-ci s'est attaché à moi et me suit partout depuis un an."
Combien de temps vivrait-il ? Mystère. En tout cas, Lumi le lâchait en forêt régulièrement dans l'espoir qu'il retourne à la forêt même si elle avait peur qu'il se fasse manger. En tout cas, il revenait toujours la voir, sans doute aimait-il son nid au village.

« Oh ? Pourquoi ? » Qu'est-ce qui pouvait bien pousser un animal sauvage à s'attacher à un humain ? Ce n'était pas censé être farouche ce genre de bestioles, surtout de la taille de ce drôle d'écureuil ?

"Eh bien, je ne sais pas."
C'est tout de même curieux une proie qui s'attache au prédateur qui l'avait attaqué à coup de serres. Lumi avait ensuite repris ses esprits plus humains et donné au pauvre écureuil blessé un nid douillet et de la nourriture à volonté.
"Et vous, avez-vous des animaux de compagnie ?"

De plus en plus curieux. À la question de Lumi, Raïetchka fit une moue dépitée : « Non, Mère ne veut pas d'animaux dans la maison. Enfin, il y a bien les chevaux, mais ça compte pas, vu qu'ils sont dehors. » Et un certain petit chat blanc qui passait parfois par leur balcon et que les jumelles nourrissaient et choyaient en catimini, mais ce n'était pas vraiment un animal de compagnie non plus.

Lumi et Ilma se disent que leurs guides doivent être bien riches pour avoir des chevaux à elles, surtout en ville.
"Des chevaux, ça compte énormément !"

Euh... certes, mais elles ne parlaient probablement pas de la même chose. Raïetchka n'insista toutefois pas, parce qu'elle n'avait pas envie de passer pour une gosse de riche pourri gâtée (ce qu'elle était objectivement) auprès de leurs nouvelles amies. « Ca mange quoi, un polatouche ? » Probablement pas des croquettes disponibles en magasin si c'était pas un animal de compagnie habituel.

"Il mange ce qu'il trouve : des graines - d'où son nom - mais aussi des plantes jeunes, des fruits, des champignons, de la viande, des œufs et même des insectes."
Hassel mange effectivement de tout, pas seulement des châtaignes.

« Oh ? Son nom veut dire 'graines' ? » En tout cas, le mot 'hassel' ne disait rien à Raïetchka. Peut-être un mot de dialecte ? Ou alors il ne s'agissait pas d'un mot russe ? Leurs nouvelles amies avaient déjà dit qu'elles étaient étrangères, après tout.