Nano. RolePlay

Rappel du premier message :

Quelque part dans les monts Krokdor se trouve encore aujourd'hui une montagne rouge parsemée de neige. Cette montagne n'est pas n'importe quelle montagne, c'était alors la résidence principale d'un dragon, un grand et majestueux dragon rouge qui soufflait le feu et tonnait le grondement de la colère. Ce dragon fort menaçant avait un ami, aussi étrange cela fut-il. Il avait pour ami un dragon-fée blanc exilé de sa colonie, un prince banni. Ce dernier avait erré sur les terres désolées à la recherche d'un but ou d'une raison de vivre. Prêt à se laisser mourir de faim, le dragon rouge l'avait nourri et plus que cela, il lui avait redonné goût à la vie.

Je vous passe les détails mais les deux dragons se quittèrent bons amis. Le grand dragon rouge était retourné chez lui, dans sa montagne et le petit dragon blanc avait emménagé à la citée légendaire des elfes pour apprendre à soigner. Le temps passa, le dragonnet blanc apprenait vite et repensait souvent à son ami en se demandant ce qu'il devenait. Ainsi, Fotafilis, c'était le nom du dragon-fée, entreprit un long voyage de la citée des elfes à la Montagne Rouge.

"L'Aäni correspond donc… aux multiples flux d'énergies qui sont partout mais tellement microscopiques qu'on ne les ressent que si l'on y prête attention ?"
Les échanges de chaleur, tous les déplacements de matière et de lumière, la dégradation des atomes, l'entropie ?

Les oreilles du dragon s'agitèrent d'incompréhension. "Microscopique ?" répéta-t-il pour tester la texture de ce Mot inconnu. Il n'en trouva pourtant aucune réponse. "Seuls les Sensibles peuvent ressentir l'Ääni." répondit-il néanmoins. Etait-ce cela que demandait Fotafilis ?

Fil sentait que le dragon n'intégrerait pas cela dans sa définition de l'Aäni mais il choisit de répondre tout de même, ne serait-ce que pour cacher le fait que la réponse du dragon ne l'avait pas du tout aidé.
"Microscopique veut dire : qui n'est observable qu'au microscope. C'est un instrument d'observation pour observer ce qui est si minuscule que nos yeux ne peuvent les voir. Et microscope est composé de "micro" petit et "scope" pour observation."

"Mais à quoi peut-on bien servir un tel appareil, quand un Chante-Mage peut devenir l'Infiniment Petit ?" demanda le dragon en toute naïveté. Il ne comprendrait décidemment jamais les Mortels. "Si tu veux aller voir l'Infiniment Petit, je t'y emmènerai, et aucun Contre-Don ne sera demandé. Tu es mon Ami." ajouta-t-il dans un ronronnement satisfait. Il avait entendu dire que les Amis s'offraient des Dons.

"Tout le monde n'est pas Chante-Mage. Tu rends-tu compte que les Chante-Mages ne constituent qu'une infime* partie des espèces intelligentes, insiste Fotafilis, à moitié piqué par l'égocentrisme du dragon rouge. Mais je suis très curieux de voir ce que cette magie peut faire… à condition que le danger soit moindre."


* presque négligeable, huhu

Le queue du dragon s'agita alors que son museau se tordait d'une vague dérision. Mère avait donc raison : les Chante-Mages étaient bien supérieurs aux autres espèces. Mais quelque chose lui disait que Fotafilis n'aimerait pas cette pensée.

"Il y a toujours une partie de Danger dans l'Entremondes." Viholvä se rengorgea, la voix ronronnante. "Mais avec un Chante-Mage de ma qualité, les risques sont moindres." Ses oreilles se dressèrent subitement. "Cependant ! Ne devions-nous pas déjà aller en quête des Mots Bénéfiques ?"

Fotafilis n'avait pas eu les explications précises et terre-à-terre qu'il souhaitait mais son esprit lui dit qu'il n'en obtiendrait pas plus même en insistant davantage. Il allait devoir se jeter dans l'inconnu, encore une fois.
"Très bien, je te suis."

Viholvä tenait quand même à son (seul) Ami. Il convint donc avec lui-même que le ramener dans une Volvä alors qu'il semblait garder une certaine réticence au souvenir de la dernière n'était pas une bonne idée.

Ainsi soit-il ! Ils vogueraient sur les vents d'Ääni !

Le dragon se coucha au sol pour inviter Fotafilis à monter sur sa tête. "Nous allons chercher ces Esprits Bénéfiques. Je vais aller vite, je te conseille de t'accrocher au bonnet." Il frissonnait d'une joyeuse impatience.

Il avait dire qu'il suivrait. Il regrettait déjà sa décision mais s'il ne faisait pas quelques fois des choses qu'il jugeait inutilement dangereux, il ne serait pas en vie. Alors il monta sur les cornes du dragon rouge et replia ses ailes blanches contre le reste de son corps. Il repensait aux pensées qui l'avait assailli, il savait qu'il ne pourrait pas faire mieux. Même après avoir progressé en magie, il savait que sa foi était encore fragile. Son ami l'aiderait-il ?

Une fois que son Ami fut correctement installé (et accroché), Viholvä poussa un rugissement joyaux et s'engouffra dans un courant d'air au dehors de SA Montagne. Il ne s'arrêta même pas pour conspuer Vistustaja - un autre jour viendra où il pourrait s'en donner à coeur joie - et se laissa aveuglément happer par le Vent d'Ääni qui les emmenèrent au loin dans le Chant tourbillonnant du Vent.

Quant à lui, Fil restait fermement concentré sur ses pensées.
Reste calme et serein. Pense aux conseils de Jeäwel. Rien ne t'arrivera si tu laisses tes pensées couler naturellement. Respire, respire. Mets-toi en état de méditation.
Et comme il avait d'abord procédé avec Viholvärakuuna, il se mit à méditer.

Viholvärakuuna frissonnait d'un Chant de Joie alors qu'il flamblait des gerbes d'Enthousiasme dans son sillage. Il était enivré par ce sentiment de Liberté qui donnait des Ailes même au Vent. Ses anneaux tourbillonnaient en Folie dans le Ciel éclairci de toute Obscurité ; elle était restée avec Vistustaja, face à SA Montagne.

Mais il n'y penserait pas plus pour l'Heure. Il était en Quête des Esprits Bénéfiques. Et Viholvärakuuna ne se donnerait pas l'Insulte d'échouer par sa propre Sottise. Il comptait bien garder l'esprit limpide de toute négativité. L'Ääni le guiderait. Il n'avait qu'à Attendre.

Toute leur entreprise reposait sur les épaules de Viholvärakuuna car Fotafilis était bien trop occupé à rester calme et ne pas céder aux sirènes de la détresse. Il se rendait compte, petit insecte dans l'océan qu'il n'avait aucun contrôle de la situation. Il était impossible de trouver la moindre sérénité ou la réceptivité nécessaire pour repérer les esprits bénéfiques qui devaient bien exister quelque part.

Viholvä était pris dans une cabriole voltée quand le Vent d'Ääni bifurqua soudainement contre lui pour le presser dans une direction. Sans s'y opposer, il coula ses anneaux dans le nouveau courant et le laissa le porter jusqu'au sol où il se posa avec une élégance maîtrisée.

Il se trouvait dans une forêt verdoyante qui vrombissait de vie, d'insectes papillonnants au chant d'une multitude d'oiseaux, et à la robe moucheté de dizaines de faons. Aucun ne faisait mine de s'enfuir malgré la présence du dragon.

"Nous sommes arrivés là où le Destin de notre Quête nous a mené." commenta tranquillement Viholvä. "Tout va bien, Fotafilis ?"

"Où sommes-nous ?"
Tant bien que mal, Fotafilis tentait de se raccrocher à la réalité le plus vite possible. L'air était à nouveau tangible. Il ouvrit grands les narines et aspira l'air pour en saisir toutes les odeurs. Ensuite, il se risqua à ouvrir les yeux.

"Je ne sais pas." répondit sereinement Viholvä en faisant quelques pas curieux. Les faons n'avaient toujours pas peur de lui, un prédateur. "Mais je dirais que ce lieu n'est pas Equilibré. Il appartient au Bon." Il siffla l'air de sa langue. "Je nous conseille de ne pas tuer ici. Quoi que ce soit." Le dragon vérifia rapidement qu'il n'ait pas écrasé de fleur sous ses pattes... et écarquilla les yeux : un courant de magie l'empêchait de marcher sur l'herbe ! "Quelle Curiosité !" s'enthousiasma-t-il, dans un ronronnement affamé. "Même par Ignorance ou Inconscience, l'on ne peut tuer ici."

Fil confirma ; l'air était délicieux et lui rappelait certains endroits de Lalalariel. Non… sa sensation de déjà-vu était différente, plus… lointaine. Il ouvrit ses ailes et vola la rencontre des formes de vie peu farouches.
"Est-ce qu'il est possible que nous ayons aussi voyagé dans le temps ?"
L'espace et le temps sont liés, mine de rien.

Le museau du dragon se tordit. "Mmh... Je ne me connaissais pas cette aptitude hors d'une volvä." dit-il finalement, après un moment à discuter avec lui-même sur la façon de formuler un aveu de faiblesse. "Mais ce lieu pourrait avoir ses règles particulières." Ses oreilles se dressèrent pour questionner l'Ääni.

Fotafilis attendit. Il observa les animaux curieux, ces derniers avaient-ils ces fameux mots bénéfiques en eux ? Un dragon ou un humanoïde vivait-il ici ?

Mais il ne se passa... rien. "Voilà qui est décevant..." bougonna Viholvä. "Même l'Ääni est silencieux. Nous allons devoir nous débrouiller par nous-même." Le dragon fit quelques pas vers les faons qui s'égayèrent en ronflant d'un air joyeux... comme s'ils croyaient qu'il jouait avec eux.

"Comment appelle-t-on les Hissis d'ordinaire ? Nous pouvons reprendre le principe pour les Mots Bénéfiques, proposa Fil. Peux-tu bénir un faon ?"

"Les Hiisi s'en prennent rarement aux Non-Sensibles. Il n'y a guère de Pouvoir à dévorer chez eux. Mais parfois, appeler leur Nom suffit à les invoquer, d'autant plus s'il y a de la Haine, de la Colère, de l'Avarice, ou tout autre sentiment du genre." Le dragon observa les environs. Sa langue lui piquait depuis qu'il avait prononcé ces Mots. "Cette Forêt du Bien n'aime guère la Puissance de ces Mots de Maléfices. Aucun Hiisi ne viendra ici, même si je Chanteparle à m'en faire saigner la Voix."

"Ce ne sont pas des Hiisis que nous cherchons, rappela Fotafilis. Mais leur pendant bénéfique. Si ces créatures ne sont pas sensibles aux Hiisis, elles le sont peut-être aux autres. Improvise donc un chant bénéfique."
N'était-ce pas ce que prétendait faire le dragon rouge ? Se laisser guider par l'Aäni ?

"Improviser un chantesort bénéfique..." répéta Viholvä d'un ton vague. Il se racla la gorge, les oreilles agitées. "Je peux essayer, oui." Devant son Ami, il osait avouer sa méconnaissance.


La gueule du dragon claqua plusieurs fois en l'air, peinant à trouver d'autres Mots Bénéfiques dans son vocabulaire. Des mots, il en avait, ces sons formant une Compréhension, mais ils n'avaient pas le Pouvoir qui allait de pair.

"Venez à l'Appel du Rakuuna..." Le dragon tordit du museau, bougonnant. "J'ai manqué mon rythme, une syllabe en trop."

Fil voyait son ami clairement en difficulté pour faire une chose si nouvelle pour lui. Pourtant, le dragon-fée ne comprenait ce qu'il y avait de difficile à invoquer un peu de bonté quand on peut convoquer les tempêtes et voyager dans le temps. Le dragon blanc clama donc :
"J'appelle haut et fort les Mots de Bienveillance
Qu'ils grandissent, qu'ils virevoltent, qu'ils s'élancent
M'apporter Douceur, Réconfort ou bien Puissance
Et à Viholvärakuuna toute leur Vaillance"