Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



Aujourd'hui, Ina Johansen et sa chienne profitent du vent (très) frais sur la terrasse, simple corniche du camp, tant qu'un fumeur ne vient pas polluer l'air. Eyra, gentille shiba inu, se dégourdit les pattes pour s'amuser, sans craindre l'arrivée surprise d'un zombie. Le soleil qui se lève est de toute beauté. Ina retrouve un peu de sérénité le temps d'un instant perdu. Elle en oublie les gardes qui surveillent l'entrée de la base militaire.

La sonnerie du repas la tire de sa rêverie. La jeune norvégienne se lève et accompagne Eyra à la cantine. Elle prend donc sa ration et celle pour son animal de compagnie. Les gens regardaient Eyra de travers en pensant qu'un animal de confort n'avait pas sa place à cette époque. Qu'ils se trompaient ! Cette chienne sauve des vies. Elle travaille pour gagner sa pâté !

Bien sûr, la valeur d'une vie ne se mesure pas aux services qu'elle donne. Les enfants ont besoin d'apprendre, les vieux de se reposer et les malades de vivre aussi mais c'est tout de même réconfortant de se dire que sa vie a une utilité pour autrui.

Ina s’assoit à une table lorsqu'un militaire s'approche d'elle, l'obligeant à se relever pour saluer. Il lui demande alors de s'occuper d'une nouvelle recrue. Comment ça ?

Un concert de réponses positives envahit soudainement l'espace sonore de la pièce et Leif sursaute légèrement dans son coin. Heureusement qu'il est concentré sur son dessin durant la phase active du boucan. Il avait pourtant réussi à leur faire accepter un niveau sonore plus bas, pour que ça ne résonne pas trop. Une seconde lui suffit pour retrouver son air flegmatique. "Et bien, vous en avez mis du temps. Regarde, Ina ! Une artiste en herbe." Il agite son dessin en faisant un clin d'oeil à l'enfant qui rougit de plaisir.

Ina est contente de voir les enfants si énergiques aujourd'hui (mais pas trop, elle n'aime pas non plus). Elle regarde le dessin de l'enfant. "C'est très ressemblant ! On voit tout de suite de qui il s'agit, bravo ! Continue comme ça." dit-elle à l'enfant pour le féliciter sur son sens de l'observation. "Qu'allez-vous étudier aujourd'hui ?" demande-t-elle aux autres enfants.

Dessiner ? Ils étaient pas censé les apprendre comment survivre à l'extérieur au lieu de faire du coloriage ? C'était pour donner un semblable de normalité, c'est ça ? Bon pour la morale, mais si les morts se pointent — et Jem n'avait aucun doute qu'ils viendront — ça fait beaucoup de petits cadavres.

"Nous devions retenir les choses importantes du récit de votre excursion d'aujourd'hui." répond une des gamines les plus futées du groupe. "Une expérience de première main." ricane Leif avec un petit sourire tordu. Expérience dont ils se passeraient tous, bien entendu.

Ina aurait eu bien des choses à répondre à Jem s'il lui avait posé la question mais il n'en est rien et elle ne répondra rie,. Elle ne pourra pas répliquer que le dessin aiguise le sens de l'observation et une certaine créativité qui les différencie des zombies. "Oh, voilà un sujet pratique. Et où s'est arrêté Leif ?"

Ah, quand même. Rien ne vaut l'expérience sur le terrain, mais vu le risque qui découlait de cette expérience, il était au moins d'accord que l'isolation primait pour les plus jeunes. Les adolescents, par contre... Ils peuvent pas être plus utiles ailleurs ? Il garda ses pensées pour lui et resta silencieux — fin observateur d'une scène qui se déroulait sans lui.

"L'prof nous a expliqué avec trop d'détails la prudence qu'il faut avoir dès qu'on met un orteil dehors." ricane un des adolescents. Leif hausse un sourcil blasé. Deux de ses camarades s'esclaffent comme des poules qu'il a raison mais les autres grimacent à leur rétorquant que leurs conneries ne leur donneraient pas long feu Dehors. Le Dehors devient presque une image fantasmée maintenant pour ces jeunes, à l'abri dans leurs cavernes. C'est bien pour cela que Leif a négocié pour avoir au moins une heure avec les plus âgés. Histoire de ne pas avoir plus de zombards dehors...

Cet adolescent ne connaît pas assez Ina, sinon il n'aurait pas été aussi léger. "C'est en négligeant les détails que l'on commet des erreurs et que l'on tombe dans des pièges. Il ne s'agit pas seulement d'éviter les zombies, il faut aussi éviter les pièges du terrain et même le contact avec d'autres survivants. Savez-vous comment je me suis faite une blessure sévère à la jambe ? Ce ne sont pas des zombies qui me l'ont fait mais un survivant armé."

Jem tourne la tête vers Dina, intrigué par l'histoire qui va décidément suivre. Il est déjà très (trop) familier avec les dangers du "Dehors", mais ça ne l'empêche pas d'être intéressé par les histoires des autres. C'est toujours utile d'avoir des infos comme ça en réserve.

Leif est doué pour se fondre dans son coin, qu'on oublie sa présence et laisser la vedette à d'autre. Une qualité qu'il a peaufiné pour travailler avec des enfants en difficultés qui pourraient se sentir mal à l'aise devant une présence trop forte. Comme Ina a pris la parole, il en profite pour observer Jem et sourit en coin quand il le voit s'intéresser au récit d'Ina. Il note de lui demander de partager ses expériences juste après. Quelque chose lui dit qu'il en sait quelque chose sur les dangers du Dehors.

"Oui ! Malgré la présence des zombies, le chacun pour soi de l'humanité n'a pas disparu ! Vous vous connaissez tous et je sais que vous avez trop besoin les uns des autres. Aussi bien Erica pour prêter ses notes que Frans pour manger vos légumes mais ce n'est pas le cas dehors. Tout le monde est méfiant et n'hésite pas à pointer son arme sur quelqu'un juste au cas où celui-ci ne soit potentiellement infecté." Ina raconte son histoire.

Ayant été des deux côtés du flingue, Jem ne peut qu'en témoigner. Le plus grand danger dans tous ça n'était pas les zombards, mais les humains. Ou la connerie humaine, comme dans le cas d'un idiot avec un "bon coeur" qui veut tenter d'aider son prochain. Les héros meurent rapidement. Il n'interrompe pas Dina dans son discours, évidemment, ne faisant qu'hocher la tête à certains passages sans même s'en apercevoir.

Il ne peut malheureusement qu'être d'accord avec eux. "Rappelez-vous quand je vous racontais que des vagabonds ont voulu tuer Krákagrár pour le manger." Leif grimace au souvenir, l'air sombre. Il avait passé les détails aux gamins mais l'un avait fini sous les sabots de son étalon effrayé et l'autre s'était fendu le crâne sur le sol alors qu'il défendait son ami. Un sale souvenir. "Et si Jem nous racontait ses expériences, pour varier un peu ? Plusieurs valent mieux qu'une."

Ina se tourne vers Jem pour écouter l'histoire qu'il pourrait raconter. Maintenant que toutes les lumières se tournent vers lui, le petit bonhomme ne risque pas de se transformer en conteur. Ce serait vraiment étonnant qu'il se lance dans une longue histoire mais Ina veut voir ça s'il le fait.

Ses expériences ? Est-il censé filtrer ses propres actions moins qu'honnêtes de son discours si elles l'avaient gardé en vie jusqu'à présent ? Je peux que confirmer ce qui vient d'être raconté et... avouer que j'ai moi-même été dans la position peu enviable du camp opposé. La faim, la peur, la paranoïa... A l'extérieur, la survie devient la seule motivation pour tes actions. J'en suis pas particulièrement fier — léger mensonge, en vrai il en avait rien à foutre — mais sans cet instinct je serais mort depuis bien longtemps.

Et bien, c'est la phrase la plus longue qu'il a entendu du garçon jusqu'à présent. Les ado rebelles le regardent déjà comme un modèle. Il est nouveau et il a vécu, c'est suffisant pour eux. Leif ne compte pas car il a le statut maudit de "prof". L'Islando-norvégien se retient de rouler des yeux et il lui semble entendre une petite voix ricaner depuis sa poche de chemise (Lítill a dû le suivre aujourd'hui). "Tu ne serais pas le premier à être dans cette situation... Ce n'est pas comme si j'avais laissé les autres co... affamés s'en prendre à mon cheval." Il n'avait pas eu l'attention de tuer mais n'avait pas retenu ses coups.

Le conflit de Leif passe au dessus de la tête d'Ina. Jem survole, reste dans le vague, ne prend aucun risque. "Du coup, peux-tu nous décrire plus en détail cet instinct qui t'a permit de survivre ? Ainsi que les erreurs de jugement pour que les jeunes ici présents évitent les mauvais côtés au profit des bons ? Par exemple, que ferais-tu si en reconnaissance, tu rencontrais un individu pas trop amoché mais inconnu et armé ?"

Krákagrár était donc un cheval. Il se doutait que ça avait été un animal, mais on sait jamais. Jem avait déjà croisé des cannibales. Rien du tout. Si je peux éviter les confrontations, je le fais. L'observation est le premier atout, répondit Jem honnêtement. Je resterais caché et j'attendrais qu'il passe pour continuer mon propre chemin.

Il se cale dans son siège pour écouter la réponse de Jem en haussant un sourcil intéressé. Les plus jeunes enfants ont décroché de la conversation trop complexe pour eux mais il note que les plus vieux écoutent sans parler. Même les ados atteints de connatitude adolescente, comme il a toujours appelé ce passage tant redoutée dans la vie d'un être humain. Il attend la répartie d'Ina avec curiosité.

Ina réalise qu'aucun des trois n'aiment les projecteurs. Pourtant, ils doivent passer outre. L'apocalypse aura bousculé leurs habitudes de manière violente et irrémédiable. "Pourtant, tu es entré ici, dans le camp. En quoi les inconnus à l'abri des zombies sont-ils différents des inconnues aux alentours de Vannstad ?" Jem allait-il dire qu'il croyait en la la charité et la communauté ? Ina n'y croyait pas mais était d'autant plus curieuse d'entendre la réponse.

Ils le sont pas. Ça sous-entendait qu'il ne les faisait pas confiance non plus. Pour lui rien de plus évident. Cet endroit protège de l'extérieur, mais le danger intérieur est tout aussi probable. Mais ici il y a des murs, des provisions et la protection de l'armée. C'est mieux que des inconnus dangereux sans tout ça.

Les enfants semblent un peu perdus, leurs illusions brisées. Mais Leif n'a plus le courage de les maintenir, pas quand il est plus important de les préparer à survivre. "Cet endroit ne m'inspire pas totalement confiance non plus." intervient-il, attirant des regards sur lui. Ses élèves savent qu'il ne passe jamais la nuit dans le Camp. Qu'ils ignorent que cela est dû à sa claustrophobie n'est pas important. "La confiance est une denrée rare en ces temps-ci." Et ceux en qui il a une confiance aveugle se trouvent Dehors. Aucune n'est humain. Pour ce que cela veut dire... allez savoir.

Ina ne se sent pas aidée entre deux associables... Et elle a bien compris que Jem annonçait carrément ne pas faire confiance et n'être motivé que par la nourriture "facile d'accès". Les élèves peuvent comprendre le genre d'individus qui se trouvent à l'extérieur des murs. "Donc en résumé, les enfants. Soyons aussi fiables que possible pour que les autres puissent vous faire confiance et collaborer efficacement."

Il n'est pas d'accord mais ne va certainement pas contredire Dina. On lui a demandé son avis, il l'a donné (honnêtement pour une fois) et ils peuvent en faire ce qu'ils veulent. Jem est surtout étonné que Leif a osé admettre son manque de confiance dans la sécurité totale du camp.

Son côté idéaliste veut être d'accord avec Ina. Son côté blasé de la réalité lui rappelle qu'il ferait mieux de faire gaffe à ce qu'il dit devant les gosses. C'est un mélange des deux qui le fait hocher de la caboche pour donner son assentiment à la morale de toutes ces histoires. "Prenez un stylo maintenant et essayez d'écrire ce que vous retenez de tout ce qu'on vient de dire, même si c'est un seul mot." ordonne-t-il ensuite car il se rappelle qu'il ne faut pas laisser un enfant devant la même tâche trop longtemps.