Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



On aurait beau dire, le meurtre, c'était comme monter à cheval, ça ne s'oubliait pas. Stej s'était encore retrouvé avec du sang sur les mains, littéralement, après une chasse poursuite contre des petites frappes dans la Capitale ; rien de bien palpitant - quoique son pote nain était un bonus - mais ce n'était pas dans son genre de laisser un vol impuni. Enfin quand on volait ses affaires, les autres il s'en foutait pas mal.

Bref.

Son excursion commerciale à Samigoloumaroum ne s'était pas soldée avec un aussi bon bénéfice qu'il l'avait espéré mais au moins, il avait passé un moment fort sympathique (une bonne tuerie à l'ancienne, ça ne se refusait pas). De retour à son petit village merdique, près à reposer de nouveau les armes pour le marteau et l'enclume et retrouver un rythme pépère quand... c'était quoi ce canasson devant sa piaule ?

La fatigue du voyage n'aidant pas, Stej mit pied à terre et râla un peu plus en constatant sa porte ouverte. "Ah putain non ! D'accord, qui est l'enculé qui a osé venir chez moi sans me demander mon av... oh merde."

Que foutait sa sœur au milieu de son gourbi ?

La baignade fut rapide – il n'était pas tranquille de laisser les deux autres chez lui sans surveillance, c'était pas dit qu'il avait laissé quelques.... cadeaux pour ses conquêtes quelque part – et son pantalon collait où ça le dérangeait fortement quand il revint à la forge (en revanche, la chemise était portée disparue). "Bon.... on repend depuis le début : vous voulez quoi ?" Une sortie familiale pour renouer avec le temps perdu ?" jamais arrivé de mémoire de Niraen mais Than ne venait pas des enfers, qui savait quelles lubies d'Heavensaw elle avait.

"T'as oublié ce que je t'avais dit ? Ta mémoire est trouée dis donc. J'ai dit que je ne buvais qu'en cas de célébration ! Trouver ma tante c'est bien mais trouver mon père, c'est mieux !" répond-elle à sa tantine avant le retour de Stej.
Quand celui-ci revient, sans chemise, Than passe déjà à autre chose.
"Le temps perdu, c'est quoi ça ? Je n'ai pas perdu mon temps, je le passais à affiner mon art pour chasser les dragons ! Je veux juste savoir : tu fais quoi dans la vie ?"

« Tu me fends le coeur. » Ca serait sans doute plus crédible s’il y avait eu la moindre émotion dans ma voix plutôt qu’un froideur sèche. Très franchement, le sens de la famille ça avait jamais vraiment été mon truc, ou celui de quiconque dans la famille (sauf éventuellement pour casser la gueule à ceux qui la menacent). Le Chaton semblait être la première à en être infectée, et j’étais aussi curieuse que le Morpion de voir ce qu’elle lui voulait concrètement et quel but ses questions avaient.

Stej regarda la petite d'un air absent et tendit les bras pour montrer leur environnement. "Forgeron ; ça ne se voit pas non ?" Sauf que sa mauvaise foi n'allait pas avancer le dialogue. "Mais j'étais mercenaire quand j'ai rencontré ta mère, on me payait surtout pour... éliminer les gêneurs. C'est moins fun que des dragons, j'avoue, et j'ai fait ça quasiment toute ma vie et je me foutais clairement de la guerre des Niraen. Maintenant je suis ici depuis cinq ans suite à une blessure." Peut-être avait-il répondu à ses questions maintenant. "Ah et le sang du sac, c'est des voleurs. Il doit encore y avoir une main d'ailleurs..."

"Tu es… forgeron de trucs basiques ? Comme un artisan ?! À cause d'une blessure ? Mais les guérisseurs existent ! Tu s'rais pas en train de te servir d'une mauvaise excuse pour pourrir dans un village miteux ?"
La vérité sort de la bouche des enf-- des elfettes.

Oh, il s’était reconverti, c’était pas une simple planque ? Ma foi, au point où on en était, plus rien m’étonnait avec le Morpion. Et, quoiqu’en dise sa gamine, il aurait pu faire pire comme vocation. Genre mage. « La ‘guerre des Niraen’ t’a quand même été bien utile pour te tirer », raillai-je. Mais en effet, s’il avait participé au-delà du passage à travers la Brèche, je l’aurais probablement su. On passe pas près de deux siècles dans un bataillon sans croiser plus ou moins régulièrement tous ses membres.

"Je..." Than touchait un point sensible, aussi directe qu'une flèche acide (et il revoyait un peu plus de Sarath en elle maintenant). "Pour tout dire, clairement si. J'ai passé trois siècle à me battre pour vivre et accepter des contrats minables de types minables et à ma dernière raclée, j'avoue, j'en ai eu marre" souffla-t-il en tenant tête à sa fille. "Un p'tit vieux m'a trouvé à moitié mort. Bromir m'a soigné, écouté et m'a offert cette nouvelle vie... et c'est bien plus ce que ma propre famille n'a jamais fait !" La pique était clairement dirigée vers sa sœur cette fois.

Les yeux de Than s'étrécirent. Cet elfe avait envie de changer de métier, il aurait pu devenir chasseur de dragons, seigneur de guerre, magicien émérite plutôt que mercenaire minable et il a choisi forgeron de la rue.
"Mais on s'en carre de la famille ! Pourquoi se terrer après une défaite ? T'aurais pas peur de celui qui a essayé de te tuer ? On a bien foutu l'bordel chez lui à l'autre-là ! Franchement, tu aurais pu devenir chasseur de dragons ou que sais-je mieux que ça !"

Bouhouhou, quelle triste vie, pauvre Morpion. Mais la palme revenait au Chaton, qui, après avoir ouvert des yeux de merlan frit en entendant mon nom et s’être lancée dans une improbable quête pour retrouver un géniteur dont elle n’avait rien hérité (pas même le nom, justement), prétendait s’en carrer de la famille. Qu’ils étaient bien assortis tous les deux ! Assez pour me faire sincèrement rire.

"Hey ! Ça n'fait pas si longtemps que ça que je suis ici ! J'ai passé toute ma vie sur les routes à me battre donc un peu de repos, ça n'fait pas de mal !" croisa-t-il les bras. Mais un détail dans les mots de la fillette lui arracha un froncement de sourcils. "... Comment ça 'Vous avez bien foutu le bordel chez lui' ? Oh putain, ne me dîtes pas que vous avez trouvé ce connard Throne !" A croire qu'un capitaine pirate l'effrayait plus qu'un dragon.

"Héhéhé, non malheureusement non. On l'a pas trouvé, il était en mer mais on en a profité pour faire exploser ses locaux, boum ! Et tuer les hommes de main sur place. Mais attends... T'aurais pas peur de lui ?"
Si Than était guillerette au début, elle change brusquement de ton en sentant la peur chez son père.

« Comme elle dit », confirmai-je, avant de m’adresser au Chaton, « La seule chose dont il ait peur, c’est de devoir se bouger le train, t'inquiète. » J’avais beau pas avoir eu des masses de contacts avec le Morpion ces deux (presque trois) derniers siècles, je l’avais assez souvent vu terrifié (généralement après une discussion avec le Prodige) pour reconnaître quand il avait peur. Et quand il n’avait pas peur.

Et Larae avait effroyablement vu juste, Stej avait réellement la flemme de courir après un humain qui passait les trois quarts de sa vie en mer. Mais en même temps... l'idée d'une vengeance bien sentie à portée de main le démangeait. Son côté forgeron pépère se faisait secouer les puces par son ancien moi de mercenaire et le débat se lisait sur son faciès ennuyé. "Donc... si je comprends bien, mon ère de paix est révolu ? Les mecs que vous n'avez pas encore tués, ils seront ici dans combien de temps à peu près ?" Foutu héritage raciale qui le titillait ! Il avait le meurtre dans le sang, à qui la faute ?

"Tu crois qu'ils nous ont pisté ?"
Evidemment que non, voyons, je suis une chasseresse hors paire, même accompagnée de ce sac à plaques… c'est ce qu'allait dire Than avant de sentir le coup d'un bon mensonge.
"Maintenant que j'y pense. Il y a bien un groupe de gens qui nous file le train depuis quelques semaines." tente Than en se tenant pensivement le menton. Ouhlala, quelle comédienne, mesdames et messieurs !
Elle est grillée ?

Comme le barbecue d'un dragon.

Ere de paix ? Késako ? L’existence même d’un membre de la famille Niraen n’empêche pas la paix de s’établir dans un rayon de 120 miles à la ronde ? Bref. « Ca change quelque chose, quand ils arrivent ? T’as un rencard ? » J’en doutais fort : pas trop le genre du Morpion. De planifier un rencard, je veux dire. La suite, par contre, l’existence même du Chaton prouvait qu’il en avait fait l’expérience au moins une fois… Et de préférence pas beaucoup plus que ça, j’aime autant ne pas faire une habitude de me trimballer ses mioches.

Qu'elles disent vrai ou non, l'elfe sentait bien qu'il y aurait désormais un avant et un après dans sa vie désormais.... encore. "Que je sache si je peux terminer mes dernières commandes, avoir ma tune et préparer une embuscade" énuméra-t-il. "Ah et, trouver un guérisseur." Oui, il avait eu des années pour soigner sa hanche mais Stej sentait bien que sa fille n'allait pas le lâcher avec ça (du moins tant qu'il ne lui aura pas prouvé qu'il savait encore détacher une tête d'un corps sans effort).

"As-tu besoin de nous demander la permission ? T'es un pro ou un assisté ? Bouge-toi ! Bon, sur ce je vais accueillir les nouveaux venus comme il se doit !"
Que d'amour filiale... Est-ce qu'il y avait bel er bien un groupe d'hommes prêts à dépecer Stej ? En fait non mais c'était toujours bien de se balader dehors, chercher un dragon, chasser une bête, aiguiser ses armes en laissant le paternel enfin retrouvé cogiter sur son nouvel avenir radieux.

C’était un jeu ou une manie chez le Chaton de tout comprendre de travers ? Hmmm, à la réflexion, sans doute la mauvaise foi Niraen qui lui coulait dans le sang. C’est beau quand même, l’hérédité. De mon côté, rien d’aussi dramatique. Je laissais volontiers les emportements et l’agitation à la jeune génération. « Parce que t’avais pas pensé à un guérisseur avant ? » Oui, j’allais le lui faire remarquer à voix haute, parfaitement.

Effectivement, sa fille avait magnifiquement hérité de la subtilité sociale et familiale des Niraen : c'est à dire absolument aucune. Les gènes de Sarath n'aidaient pas non plus. "Si. Mais des guérisseurs classiques, pas magiques. Je veux bien faire mumuse avec la magie pour la forge mais hors de question qu'un de ces tordus modifient mon corps, même si c'est pour soit disant le guérir." Si Larae n'aimait pas la magie de leur frère Yazkyn, Stej n'oublait pas qu'il en avait été longtemps le cobaye dans sa jeunesse.

"C'est une excuse à la limace ! Faut allez voir les médecins de la Guilde de la capital, ils ont interdiction de faire quelque chose sur ton corps sans ton consentement, même si tu viens de la Brèche !" dit la tête de Than par l'interstice de la fenêtre.
L'elfette hausse les sourcils valant tous les "crétin !" de la Terre.

Evidemment, pas un guérisseur magique ! Pour qui il me prenait, le Morpion ?! Et sa fille de s’en mêler… avec une splendide naïveté d’outre-Brèche. « Parce que tu as déjà vu un mage respecter un interdit qui l’arrangeait pas ? » Si mes mots et mon ton suffisaient pas, mon sourcil levé indiquait clairement mon scepticisme.

Stej affichait clairement le même faciès que sa sœur. "Faire des trucs interdits, c'est pas la seule règle qu'on respecte ?" Même les ordres de leur mère - crainte parmi toutes - ils avaient tous les deux fait l'impasse quand elle avait voulu leur apprendre la magie. "De toute façon, je ne peux plus rester ici et faudra bien que je bouge. Lara, tu as sûrement quelques guérisseurs encore en vie dans tes contacts ?" Il ne cachait pas qu'il en voulait aux deux donzelles pour avoir foutu en l'air sa p'tite vie tranquille mais.... l'appel du sang qu'elles lui promettaient de faire couler était le plus fort.

"Ils appellent ça des principes, c'est un truc d'ici. Vous ne vous êtes toujours pas adaptés ? Quand on cesse de s'adapter, on est morts en général. Les mages dans une guilde n'ont d'autres choix que de tenir leur parole sinon cela se répercute sur la guilde qui leur tape sur les doigts. Et même sans guilde, certains marabouts soignent tout le monde, contre service, juste comme ça."
Allez savoir la vraie raison.

Elle me faisait bien rire, le Chaton. Les « principes » des mages locaux, j’en avais eu un aperçu de première main quand le cœur de Vraneï avait fini par lâcher sous leurs sorts de douleur. Jamais que je mettrais ma vie entre les mains d’un de leurs semblables. Non, j’avais mieux. « Zeryn est encore en vie. Il s’est installé à son compte, mais il nous fera pas payer. Bon, il s’est entiché d’une humaine et ils ont des mioches qui se foutent dans les pieds… Mais entre-temps ces mioches doivent être assez grands pour avoir débarrassé le plancher, j’imagine ? »

"Moi aussi j'ai des principes... ça ne veut pas dire que je suis fréquentable." Il en avait deux principalement : majeures ET consentantes. Le reste... (Et sa joueuse ne veut absolument pas rentrer dans les détails.) "Puis protégéspar une guilde, cest plus délicat de les menacer dans représailles... Ça aussi, ça sentait le vécu. "Zeryn ? C'est pas lui qui me rafistolait quand j'étais marmot ?" se souvenait Stej.Si c'était bien celui-là, il venait seulement le voir en douce après une dérouillée particulièrement honteuse et qu'il ne voulait pas que son père soit au courant. Et il voulait voir cette humaine !