Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



BOUM !

Presque aussitôt après le choc sourd d’un objet (très) imposant entrant en contact brutal avec le contact de la carriole, ladite carriole pencha en grinçant vers le côté quand l’objet en question poursuivit sa route brièvement interrompue vers le sol.

En temps normal, un événement pareil aurait immédiatement attiré l’attention de Moira. (Déjà parce qu’en temps normal, un événement pareil ne se produisait pas). Seulement là, elle venait en même temps de se prendre l’équivalent immatériel d’une lame de fond magique. Il était rare qu’une magie aussi puissante se manifeste brusquement (généralement on la sentait arriver), et elle en eut brièvement le tournis.

Une fois qu’elle eut récupéré ses esprits, elle parvient à reconnaître la nature de cette magie. Elle ressemblait étrangement à celle du dragon-mage qu’elle avait rencontré il y a pas si longtemps, seulement en bien plus intense, chaotique et… acéré, faute d’un meilleur mot.

Un fois ses points de repère retrouvés, elle regarda à terre… et dut retenir une exclamation de surprise. À côté de la carriole se trouvait un dragon extrêmement similaire à son visiteur précédent, mais considérablement plus grand et, surtout, en très mauvais état. Sans perdre de temps, elle mit le frein, et sauta (enfin, autant qu’on peut sauter à son âge) à terre munie d’Aisling pour aller constater l’étendue des dégâts.

Le pauvre marabout ne soupçonnait pas ce qu’il venait de déclencher. « Moi aussi c’est mon ami ! Il a dit qu’il m’apprendra la Chantemagie quand je serai grand (mais pas aussi grand que lui). Et il sait plein de trucs et il est très gentil, mais sa maman est venue et elle lui a crié dessus et elle a aussi fait mal à Moira. Et maintenant il s’est transformé en pierre et Moira s’inquiète pour lui. » Voilà, le brave médecin venait de se prendre en vrac un résumé des dernières aventures de son ami. C'était parfaitement clair, pas vrai ?

Fotafilis reste une ou deux secondes silencieux avant de répéter lentement ce qu'il a entendu :
"Sa mère... La mère de Viholvärakuuna... est venue le voir... pour le réprimander ? Ensuite, elle a envoyé des Hiisis sur Moira ?"
Les Hiisis sont les entités qu'invoquent les Chante-Mages lorsqu'ils sont mécontents. Fil imagine la rencontre d'une violence inouïe.
"Je vais tenter de voir ce qui peut le guérir."
Fotafilis tend ses sens vers le tas de pierres.

Comparer la forme à un tas de pierre relevait cependant d'une comparaison bien trop extrême. Il y avait encore de la Vie, ténue mais toujours perceptible, sous la carapace pierreuse. Par moment, quelques filets de lave perçaient encore la roche magmatique en quelques instants de flamboyance avant de refroidir.

« Oui », confirma le dragonnet au résumé. « Il allait mal, sa maman est venue et s’est fâchée sur lui et là Moira s’est fâchée sur elle, la maman de Viholvärakuuna a pas aimé et elle a maudit Moira. » Il se rapprocha de l’autre dragon-fée et lui glissa sur le ton de la confidence : « Elle fait très peur, la maman de Viholvärakuuna et elle est encore plus grande que lui ! Mais Moira avait pas peur ! » Oh que si, elle avait été terrifiée et écrasée par la puissance de la chantemage. Mais ça, le juvénile ne le savait pas. En entendant que le marabout allait tenter de guérir son ami, il se redressa, ravi : « Je peux t’aider ? »

Fotafilis interrompt son action pour regarder le petit. Ce dernier semble avoir partagé un lien fort avec Viholvärakuuna mais... il est jeune, son esprit peut être trop fragile encore pour... prêter son énergie.
"Eh bien, je ne sais pas encore. Je vais d'abord analyser ce qu'il faut faire. As-tu mangé quelque chose dernièrement ? Peux-tu t'assurer que Moira mange à sa faim et que toi aussi pour être en forme au moment venu ?"

« D’accord ! », pépilla le dragonnet, ravi que l’autre lui ait confié une mission. Il fila à tire d’ailes vers la roulotte, pour revenir presque immédiatement : « Moira dort. Je dois la réveiller pour lui dire de manger ? » Non parce qu’elle avait l’air sacrément fatiguée quand même. Et c’était aussi l’autre dragon-fée qui lui avait dit d’aller dormir.

Fotafilis interrompt encore sa tentative de concentration pour répondre :
"Non, dors et mange de ton côté puis quand elle se réveillera enfin, voudrais-tu bien le lui rappeler ?"
Il se retourne vers le tas de lave et tente de retrouver la conscience de Viholvaräkuuna, il évoque la Montagne Rouge du dragon, la façon dont il chante-sort, comment il a rendu son nom à Fil.

« Je viens de manger, j’ai pas faim, et pas sommeil et j’ai passé l’âge de faire la sieste ! », énuméra le petit dragon, ignorant au passage que Moira était en ce moment-même en train de faire la sieste et que lui aussi dormait parfois encore en journée. « Mais je peux lui dire de manger quand elle se réveillera. Je peux t’aider en attendant ? » Il débordait décidément de bonne volonté envahissante, comme indiqué par ses yeux brillants, ses oreilles dressées et le bout de sa queue qui frétillait.

Son Esprit n'avait plus de consistance. Ou l'était-il encore ? Il était encore Lui, vu qu'il pensait. Quel était son Nom, son Identité ? Il était bien trop loin dans l'Entremondes pour s'en souvenir. Ailleurs et Partout. Nulle Part et Toujours. Jamais et Présent. Tout était bien trop confus.

Pourtant, quelque chose l'atteignit. Un Nom, pas le sien, mais connu. Un Fil pour le rattacher à son Corps. Ah ! Il s'en souvenait maintenant. Un Corps de Feu et de Chair. Un Corps de Dragon. Mais le Feu s'éteignait et la Chair s'enflammait. La Mort approchait pour lui.

Souffrance, lança-t-il au Nom, au Fil. Connaissance. Impuissance. Perdition.

"Oui, oui." dit distraitement Fotafilis tandis qu'il analyse les pensées perçues.
Il est vivant ! "Souffrance. Connaissance. Impuissance. Perdition. Que puis-je faire pour le ramener sans danger pour lui ?... pense Fil sans s'apercevoir qu'il vient de parler à voix haute. Il souffre à cause des Mots qu'il a appris. Il n'arrive à rien, il se perd ? Que puis-je faire ? Les mots ont une puissance à exploiter. Lesquels auraient de l'effet ?" marmonne le dragon.

Puisqu’il n’avait pas reçu de tâche, Pim continua à voleter à côté de son congénère, écoutant attentivement un monologue dont il ne saisissait pas grand-chose. Jusqu’à ce que la fin lui rappelle quelque chose, qu’il dût aussitôt partager : « Viholvärakuuna aussi il a dit que les mots ont du pouvoir ! Et que Moira doit arrêter de m’appeler Pim, mais que ses livres sont pas malheureux ! Et il a dit qu’il va m’apprendre le pouvoir des mots quand je serai grand, parce qu’il est très gentil ! Et il est super intelligent et il sait plein de trucs et il est patient comme Moira parce qu’il s’énerve pas quand je pose plein de questions ! »

Fotafilis entend cette fois le juvénile parler et se tourne vers lui pour l'écouter au cas où cela lui donnerait une idée pertinente.
"Pimarimponil, est-ce que Viholvaräkuuna t'a expliqué comment apprendre le pouvoir des Mots ?"

« Mais non ! », rectifia l’interpelé, « Il a dit qu’il va le faire quand je serai plus grand ! Et puis Moira veut pas encore que je parte avec lui. » Vu l’état dans lequel le grand dragon était actuellement (et pourquoi), pouvait-on réellement reprocher à la soigneuse d’hésiter à lui confier un juvénile encore incapable de se débrouiller seul et facilement influençable ? Il froissa le nez, signe d'une profonde réflexion : « Mais on peut aller dans l’Entremondes avec les bons mots et parfois les mots sont rebelles. » Et non, il n’avait pas trop saisi ce que cela voulait dire.

Evidemment, le petit n'en sait guère plus que Fotafilis. Il était irrationnel de s'attendre à trouver une idée dans les évidences que disait le juvénile.
"Pimarimponil, je vais essayer de me concentrer seul. Veux-tu bien essayer de rester tranquille et de ne pas me parler d'ici-là ? Ta mission principale sera de surveiller Moira. Si tout va bien, je ferais revenir Viholvärakuuna très vite."

« D’accord », s’exclama le juvénile immédiatement. Et il s’envola à tire d’ailes vers la roulotte… avant de faire presque aussitôt demi-tour : « Pourquoi je dois surveiller Moira ? C’est une adulte, il faut pas la surveiller. » En général c’était plutôt lui qu’on surveillait, et clairement ce retournement de situation le laissait perplexe.

« Mais… » Le juvénile entama une nouvelle salve de questions, jeta un coup d’œil sur son ami pétrifié, et se ravisa. Il avait assez souvent vu Moira s’occuper de patients pour réaliser que le moment était mal choisi pour éclaircir chaque point qu’il ne comprenait pas. « D’accord ! » Et, sur cette promesse, il fila à nouveau vers la roulotte, même s’il ne savait pas trop comment il était sensé protéger Moira comme le dragon-fée-soigneur semblait sous-entendre qu’il devait le faire.

Fotafilis, non plus, ne sait guère trop comment il est censé aidé à guérir Viholvärakunaa.
Le monde est grand et parfois nous perd... La connaissance n'y aide pas, nous souffrons. Mais le poids de cette souffrance s'apaise lorsque l'on est plusieurs. Je suis ton Ami, même dans la Mort. Viholvärakuuna, je suis venu pour toi. Pimarimponil et Moira aussi, ils ont veillé sur toi sans se plaindre.

Il y eut un frémissement qui fit frissonner le magma figé du Feu Eteint, et s'en éleva une mélodie, aussi légère que les premiers battements d'ailes d'un papillon, un souffle qui résonna entre les fissures ; Viholvärakuuna vivait encore, quelques braises vibrantes au fond du Coeur.

Sa Pensée s'enroulait de plus en plus autour du Fil qui le ramenait à la Conscience. Mais avec elle vint la Souffrance, et cette Terrible Flamme qui le rongeait, sa Braise de Vie s'enflammant en un Brasier de Mort.

Non, souffla la Voix ténue de sa Pensée. Au-delà... de la Connaissance... Je dois trouver... Par-delà... le Feu... Mais le Vide l'appelait.

Fotafilis réalise qu'il est peut-être dangereux de laisser aller Viholvärakuuna vers le néant car il n'est pas certain de l'y ramener. Alors il tend son esprit davantage, concentre de sa magie blanche dans le magma refroidi. Les doutes l'assaillent, peut-il y arriver seul en dépit de ses faibles talents en chante-magie ?
"Pimarimponil, à l'aide !" crie-t-il en oubliant sa réserve initiale.
C'est imprudent, il le sait, mais il veut ramener Viholvärakuuna. Le juvénile sera triste s'il échoue.

Dans la roulotte, le jeune dragon-fée prenait à cœur sa mission de veiller sur Moira… même s’il n’était toujours pas trop sûr de ce que cela impliquait au juste. L’humaine, elle avait succombé à un sommeil nécessaire mais troublé par les spectres qui la hantaient. Ce sommeil fut brusquement interrompu par l’appel à l’aide du guérisseur. Habituée aux réveils rapides de par sa longue expérience de soigneuse, elle empoigna Aisling et s’élança à la suite du juvénile vers la source de l’appel. « Que se passe-t-il ? » L'état du dragon s'était-il brusquement dégradé ?

"N'étiez-vous pas censée vous reposer ? Ce dont j'ai besoin est très délicat et potentiellement dangereux. Viholvärakuuna est tenté par le néant, il est en train d'abandonner." dit Fotafilis, parfaitement conscient de ne pas décourager l'humaine guérisseuse à agir au péril de sa vie.

Et il comptait entrainer Pim dans une opération très délicate et potentiellement dangereuse ?! Voilà qui ne faisait que confirmer à Moira que sa présence était nécessaire. Ces dragons, complètement inconscients. « Eh bien je me suis reposée. Et jusqu’à preuve du contraire, je suis soigneuse et Pim p— Pimarimponil pas. » Il faudrait qu’elle s’habitue à ne pas tronquer son nom si, comme Viholvärakuuna l’avait annoncé, cela pouvait causer du tort au dragonnet. « Comment puis-je aider ? » « Moi aussi je veux aider ! », protesta le petit dragon.

Fotafilis agite les oreilles, signe d'agacement chez son espèce.
"J'ai besoin de toute la positivité et l'envie de vivre possible pour le retenir du côté des vivants. Sans hiisis."
Est-ce qu'une vieille femme fatiguée et maudite peut vraiment se rendre utile dans cette situation ?

Pas étonnant dans ce cas qu'elle soit dans le chemin. Guérisseuse pathétique et néfaste pour tes patients… D’un geste de la main, elle tenta de chasser les voix intrusives pour se concentrer sur le présent. « Je vois.En effet, Pimarimponil a de l’énergie positive à revendre, mais gare à vous si vous le mettez en danger de quelque manière que ce soit ! » Après un regard entendu, elle s’éloigna pour soustraire son (enfin, plus son) patient à l’influence néfaste des spectres qui lui collaient aux basques. Pendant ce temps, le jeune dragon-fée avait retenu l’essentiel : on avait besoin de lui pour sauver son nouvel ami ! « Je peux faire quoi ?! »