Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



BOUM !

Presque aussitôt après le choc sourd d’un objet (très) imposant entrant en contact brutal avec le contact de la carriole, ladite carriole pencha en grinçant vers le côté quand l’objet en question poursuivit sa route brièvement interrompue vers le sol.

En temps normal, un événement pareil aurait immédiatement attiré l’attention de Moira. (Déjà parce qu’en temps normal, un événement pareil ne se produisait pas). Seulement là, elle venait en même temps de se prendre l’équivalent immatériel d’une lame de fond magique. Il était rare qu’une magie aussi puissante se manifeste brusquement (généralement on la sentait arriver), et elle en eut brièvement le tournis.

Une fois qu’elle eut récupéré ses esprits, elle parvient à reconnaître la nature de cette magie. Elle ressemblait étrangement à celle du dragon-mage qu’elle avait rencontré il y a pas si longtemps, seulement en bien plus intense, chaotique et… acéré, faute d’un meilleur mot.

Un fois ses points de repère retrouvés, elle regarda à terre… et dut retenir une exclamation de surprise. À côté de la carriole se trouvait un dragon extrêmement similaire à son visiteur précédent, mais considérablement plus grand et, surtout, en très mauvais état. Sans perdre de temps, elle mit le frein, et sauta (enfin, autant qu’on peut sauter à son âge) à terre munie d’Aisling pour aller constater l’étendue des dégâts.

Incapable d’arrêter la dragonne, Moira observa, impuissante, alors qu’elle malmenait Viholvärakuuna. Cela ne l’empêcha toutefois pas de commenter. « Mais oui, exiger un effort d’un blessé grave, quelle idée brillantissime, je me demande bien ce qui pourrait mal tourner. » Elle gardait un oeil attentif sur son patient au cas où il vacillerait, quoiqu’elle-même soit incapable de le rattraper si c’était le cas.

Un autre Jour, où il aurait eu l'Armure de son Arrogance, Viholvä aurait pu rétorquer qu'il était Debout, ce qui relevait déjà d'une Action ; en ce Jour d'Infamie, il ne pouvait que trembler dans sa Perdition. Dans cette Errance sans Fin qui le mènerait au Terme de la Mort, il ne savait comment se Sauver.

Mère claqua de la langue qui, d'agacée, se mit à siffler de méchanceté. "Quelle vue pathétique m'offres-tu, Ingrat Fruit de mes Entrailles. Seul toi jouis de mon Héritage, de la Force de ma Chante-Magie, et tu le gaspilles par ta crasse Bêtise. Tu ne vaux pas mieux que les Mortels dont tu aimes t'entourer, Vermisseau !"

Et voilà qu’elle recommençait. À nouveau Moira se dressa face à (une griffe de) la dragonne, fulminante : « Vas-tu cesser ?! S’il y a quiconque d’ingrat et pathétique ici, c’est toi ! Ton fils montre des aptitudes pour un art que vous avez en commun et tout ce dont tu es capable est de l’abreuver d’insultes ? C’est un miracle que tu n’aies pas tué son talent dans l’oeuf ! Arrête de le blâmer pour tes propres erreurs ! »

A chaque Insulte, le dragon s'aplatissait un peu plus au sol en gémissant, même s'il faisait tout pour rester debout, trop terrifié par sa Mère pour oser lui désobéir même quand elle le conspuait de Mots de Pouvoir. Un frisson d'Epouvante le saisit quand il entendit vaguement, entre les railleries des Hiisi, que Moïra avait encore la Folie de prendre sa défense.

Il crut alors voir un éclair de satisfaction dans les yeux de sa mère. Elle se tourna vers l'humaine d'un pas lent de prédateur. "Ta Parole vient d'aller trop loin, Mortelle." Elle ronronnait presque de l'opportunité que venait de lui offrir Moïra. "Non..." gémit-il, trop bas.

Moira manqua de s’étrangler tant elle était outrée de la réplique de la dragonne : « La mienne ?! » « Moira… », fait extraordinaire, même Aisling n’avait pas l’air rassurée. « La ferme. » Malheureusement pour la canne, la patience pourtant considérable de la soigneuse était épuisée depuis longtemps. « Ce n’est pas moi qui me désintéresse complètement de mon enfant puis débarque uniquement pour l’humilier et le terroriser au moment où il a le plus besoin d’être soutenu ! J’ai vu beaucoup de parents qui laissaient à désirer, mais tu atteins des sommets que je n'avais jamais vus ! »

De la gueule de la dragonne s'éleva un souffle qui gelait le sang et brûlait la peau. Valkulohikäärme ricana soudainement, le ton mauvais, et la stalagmite enflammée de son regard se posa sur son fils... et sur les Ombres qui l'entouraient. En comprenant ses calculs, Viholvä gémit soudainement plus fort, relevant la tête dans un geste qui lui prit tant de Volonté qu'il haleta au porte de l'Inconscience.

"Je te supplie la Pitié, Mère ! Ce n'est qu'une humainvieille, elle ne supporterait pas ta Colère, et ne vaut même pas la peine de ton Temps." Mais la Panique qui égarait sa voix était révélatrice. Les Hiisi gonflèrent autour de lui.

La prise de Moira sur sa canne se resserra encore alors que le tourbillon de magie qui entourait la dragonne se faisait encore plus insupportable. Elle allait avoir la migraine du siècle et elle aurait de la chance si les séquelles de la rencontre se limitaient à ça. L’effort de concentration supplémentaire qu’elle dut faire pour rester droite l’empêcha de saisir toute la supplique de son patient, mais le ton désespéré et les quelques mots qu’elle absorba étaient suffisamment révélateurs. Si elle survivait à cette rencontre, le contrecoup serait rude, mais pour le moment l’adrénaline et la colère la soutenaient.

Mais Valkulohikäärme n'avait que faire de ses Suppliques. "Arrête-moi." siffla-t-elle méchamment. Puis sa Voix tonna la Tempête de son Courroux : "HIISI !!" Les Ombres explosèrent de Malice riante et de Haine hurlée autour du dragon. "Mille Démons de l'Entremondes, je vous appelle !" Elles tourbillonnèrent dans des voltes aux crocs acérés et aux yeux rougeoyantes. "Venez à Valkulohikäärme Qui Parle aux Puissances !" Elles se précipitèrent à l'Appel qui avaient sommé leur Nom. Le coeur battant, le dragon se rappela vaillamment de son propre Nom. Il mordit dans sa Peur et gronda sourdement : "Hiisi ! Viholvärakuuna vous somme. Venez à moi !"

Toute l'adrenaline et la force de caractère du monde n'auraient pas pu garder Moira sur ses pieds alors que les deux mages sollicitaient leurs dons. Le tourbillon de magie se fit cyclone qui lui coupa le souffle et raz de marée qui la frappa de plein fouet, la faisant tomber à genoux. La tête lui tournait, sa vision se brouilla et la sensation de suffocation la fit inspirer profondément à plusieurs reprises pour tenter d'éviter l'étouffement. Son combat verbal pour défendre son patient laissa la place à un autre combat qui la concernait bien plus directement, celui contre l'évanouissement.

"Mère, laissez-la ! Elle se punit déjà par nos Magies !" vociféra Viholvärakuuna. Valkulohikäärme n'attendait que ses Chants. Mais la Voix du dragon s'étrangla dans les Flammes.

"Pathétique." gronda sa Mère. Il n'y avait nulle pitié en elle ; elle chanteparla :

Passé un certain point, difficile d’imaginer qu’il était possible de faire pire encore. C'était pourtant possible, comme Moira ne tarda pas à le découvrir. Si le choc des magies dans l’air l’avait mise à genoux, le flot magique tissé mot à mot autour d’elle acheva de la mettre à terre. Les yeux fermés, muscles crispés, tous ses efforts étaient désormais concentrés sur sa respiration afin de la maintenir aussi régulière que possible (et cette simple tâche lui semblait maintenant insurmontable). Plus en état de lutter, elle attendait simplement que cela se finisse, tout sauf confiante dans l’issue de cette confrontation désormais à sens unique.

Les naseaux de Valkulohikäärme s'évasèrent d'une sombre satisfaction. Viholvä lisait sans souci ses pensées : "Cette humaine se taisait enfin !" Il grogna de dépit. "Mère." tenta-t-il, la voix enrouée par ses cris et ses flammes. "Libérez-la de votre Chantesort. C'est une humaine sans Magie, et sans plus guère d'années. Laissez-lui un Destin plus doux." Mais elle ne fit que ricaner. "Elle a recherché son Sort. Et si tu veux la sauver, Fils, réveille-toi. Agis en Chantemage ! Et si tu échoues, je chanterais une Supplique à Mère Nature, afin d'engendrer une dernière fois. Un Héritage moins décevant !" Elle disparut dans un coup de vent.

Le départ de la dragonne permit à Moira de recommencer à respirer un peu plus librement. Mais elle sentait toujours le poids du sortilège qui l’enlaçait désormais et une voix vint siffler à son oreille : Quelle idée de jouer avec le feu. Ah, tu as bien aidé ton patient ! Il a été malmené et tu es trop mal en point pour l’aider maintenant ! Encore haletante, elle manquait de souffle pour répliquer autrement qu’en se redressant avec la lente raideur de quelqu’un dont chaque muscle et chaque articulation souffre. Elle se tourna tout aussi lentement vers le dragon pour voir son état : « Comment vas-tu ? » Mal, sans doute, mais à quel point ?

Il cligna des yeux. Une fois, deux fois, de ses paupières et sous-paupières. Puis son incrédulité explosa en colère. "Comment JE vais ?! Folle inconsciente d'Humaine ! Ma Mère a pris mes Hiisi, appelés par ma Haine et mon Courroux, pour les placer sur ton Destin ! Sais-tu comment TU vas aller ?!" Ses vociférations finirent de lui labourer la gorge et il toussa une bile chaude et sanglante. "Et je suis trop Faible pour te Sauver." termina-t-il d'une voix vaincue. "Pardonne-moi. Je n'aurai pas dû t'invectiver de ces Noms d'Infamie. Ils amplifient les Hiisi. Je te remercie pour ta Bonté et ton Attention, et ton Courage, soit-il de la Folie."

Pour un moribond, il était bien bavard ! Sa tirade couvrit brièvement les murmures malfaisant et déclencha chez Moira un rire qui vira vite à la quinte de toux. L’âge n’avait malheureusement pas que des avantages. Elle finit par se remettre et reprendre son souffle. « Techniquement, Humaine est une constatation, pas une infamie. Quant à me traiter de folle, Aisling le déjà fait suffisamment souvent. » Un petit éclair rouge fondit sur elle : « Moira ! Elle t’a fait mal ? » Elle tendit la main pour permettre d’atterrir et le gratifia d’un sourire rassurant : « Pas littéralement, non. » Cette réponse lui valut un coup d'oeil perplexe.

"Elle a fait pire qu'une blessure physique." marmonna Viholvä qui observait Moïra en plissant des yeux. Comment pouvait-elle encore rire avec autant de Hiisi accrochés à son ombre ? "Elle est maudite. Les Hiisi se nourriront jusqu'à ce qu'il ne reste rien de son Bonheur. Plus aucune Joie, ou de Rire, ni de Chaleur." Le dragon baissa la tête pour cracher un caillot de magma qui ensanglantait sa gorge. Le contrecoup de son opposition avec sa Mère commençait à lui retomber dessus. "Seul un Chantemage peut délier un Chantesort, et aucun ne vous aidera en sentant l'Aura de Valkulohikäärme. Il n'y aurait que moi." Ses yeux brillèrent de détresse.

Voilà qui était peu encourageant. Il aurait fallu y penser avant de t’attaquer à un trop gros morceau. De la part d’Aisling, de telles remarques faisait lever les yeux au ciel à Moira, de la part d’une voix désincarnée désagréable, c’était tout de suite plus énervant. « Donc tu vas l’aider, hein ? » Pim lança un regard plein de confiance et d’espoir vers le chantemage. « Chaque chose en son temps, Pim », le rabroua gentiment Moira. « Pour le moment, le mieux qu’il puisse faire, c’est de s’aider lui-même. » Rassemblant toutes ses forces, elle s’appuya sur Aisling et se leva… puis s’immobilisa un moment, le temps que sa tête arrête de tourner.

Il ne voulait pas décevoir le petit Pimarimponil, mais il ne voulait pas non plus lui mentir. Un soupir fatigué échappa donc au dragon qui posa sa tête sur ses pattes sans répondre. Que pourrait-il faire pour Moïra ? Il avait essayé de contrer sa Mère, en pure perte, dans l'état dans lequel il était.

Que cherchait-elle donc dans cet acte d'une telle futilité ? Jamais Valkulohikäärme Qui Parle aux Puissances ne s'abaisserait à s'embêter d'une Mortelle en fin de Vie. Son acte n'avait aucun sens. Surtout qu'elle était partie juste après, sans avoir terminé ses affaires...

"Avec moi !" hurla subitement le dragon. "Elle m'a donné une Quête !"

Moira commençait à peine à arrêter de voir trouble quand ses tympans furent déchirés par un hurlement (un vrai, pas un marmonnement d’esprits maléfiques). « Ravie de l’apprendre, pourrais-tu s’il te plaît tenir compte de mes oreilles fragiles ? » Combien de fois dans sa vie avait-elle déjà prononcé la même demande et reçu un choeur de « Oui, maman », tout en sachant qu’elle devrait se répéter quelques heures plus tard au mieux ? Certaines choses ne changeaient jamais. « Bon, si on ne vient pas nous interrompre une fois de plus, voyons voir ces blessures. » Fermement appuyée sur Aisling, elle s’approcha une fois de plus de son patient.

"Je ferai attention." promit Viholvä avec le ton qu'on utilisait devant les choses en porcelaine. Comme pour lui donner raison, les Hiisi accrochés aux ombres de Moïra s'empêtrèrent dans ses jambes, visant méchamment à la faire tomber. La queue du dragon décapita un arbre dans sa précipitation à venir s'enrouler délicatement autour de l'humaine. "Mère m'a donné une Quête." répéta-t-il, plus doucement, malgré sa fatigue et toute sa désespérance. "Je dois enlever cette Malédiction."

Il prenait décidément sa demande à coeur, elle devrait en tenir compte. Quand un obstacle invisible mais bien présent menaça de faire tomber Moira, Aisling poussa le juron que la soigneuse avait retenu, mais c’est finalement sur le dragon (toujours brûlant et ensanglanté) plutôt que sur le sol qu’elle atterrit. « À nouveau, ta sollicitude me touche, mais tu brûles les étapes. Pour le moment, c’est toi qui as besoin des soins les plus urgents. Il est hors de question que tu risques ta vie ou ta santé pour m’aider, d’accord ? » Vu comme il était prêt à se sacrifier pour sa dernière Quête en date, elle préférait le préciser d’entrée de jeu.

Mais Viholvä ne l'entendait déjà plus. Il était concentré tout Entier dans sa tâche. "Les Hiisi n'osent rien faire de trop grave tant que je suis là." Il souffla un air menaçant en direction des Ombres qui n'en ricanèrent que plus. "Mais ils sentent que je suis Affaibli, et que la Mort attarde sur moi son Odeur." Son esprit sautait d'une idée à une autre à toute vitesse. Il devait trouver quelque chose ! Le dragon sentait le Feu dans son Coeur qui continuer de flamber, et de dévorer sa Force au passage, il n'y avait plus de Temps à perdre ! Il s'étonnait même d'être encore aussi Vivace... "Sielulintu !" s'exclama-t-il soudainement.

Autant parler à une brique, ça serait plus productif. Il se détruira lui-même et tu te seras fait maudire pour rien. Moira secoua la tête, comme si le geste pouvait la débarrasser des moustiques bavards qui lui collaient au train, mais c’était bien évidemment peine perdue. Qu’à cela ne tienne. Ce n’était pas son premier patient têtu, elle ne se laisserait pas démonter. Distraite par ses ruminations, elle sursauta quand le dragon cria un mot qu’elle ne connaissait pas. « J’ignore ce que ça veut dire, mais je suis relativement sûre que si tu me laissais te soigner, ça résoudrait cette histoire d’odeur de mort. »

"Ma Folie dépasse tes capacités, mais ta Bonté est grande. Je ne peux te mener à la Mort par mon égoïste profit." rétorqua le dragon. Une de ses pattes se posant sur son Coeur qui pulsait de Flammes, mais aussi d'un petit rythme d'oiseau, dont la délicatesse apaisait le tonnerre ; ses Yeux se rivèrent sur Moïra avec Conviction. "Cela doit être Fait. Qu'il en soit ainsi : mon Chant va lier mon Sielulintu à tes Pas, pour contrecarrer la Malédiction."

Viholvä se redressa, et éleva au Ciel la Puissance de sa Voix :

Quelle tête brûlée butée ! Malheureusement, les persifflages des voix autour d’elle empêchèrent Moira de répondre à temps pour empêcher son patient de éraliser sa très mauvaise idée. À nouveau, une vague de magie l’entoura et, même si celle-ci était plus chaleureuse et bénéfique que la précédente, elle dut saisir Aisling à deux mains pour éviter de tomber à genoux à nouveau. Sa tête qui tournait l’empêchait de se concentrer, mais elle sentit quelque chose glisser vers elle… dont son patient avait besoin ! « Je t’ai dit de ne pas risquer ta vie ou ta santé pour moi ! C’est toi qui as besoin des soins les plus urgents pour le moment ! »