Nano. RolePlay

Rappel du premier message :




Pourquoi aller à la bibliothèque quand  on disposait déjà d'une librairie  entière  pour lire ?  Anthem se faisait même un devoir d'utiliser un marque page plutôt que de corner les pages et donner à penser à ses clients que ce sont des livres d'occasions.  Elle les lisait à la  lumière de ses propres cheveux depuis qu'elle avait appris à contrôler un peu ses pouvoirs.  Une bonne chose quand des mutants s'amusaient à se battre dans les rues et provoquent des pannes d'électricité. Elle avait en tête l'épisode de la mêlée des hommes-saucisses et des hommes-oursons.

Cette... bandes d'analphabètes, d'aniconètes !

Mais l'autre jour,  un organisateur d'événement était passé   coller une affiche pour un club de lecture avec sa royale permission (après tout, la boutique s'appellait Paper Kingdom).  Et apparemment, la première session était prévue sur la littérature d'horreur. Pas son genre préféré mais cela restait quand même un club de lecture, et, puis, il était certain qu'il y aurait d'autres sujets que la littérature d'horreur sur ce club.

Si tu crois qu'utiliser ton don pour la violence  est la seule réponse aux attaques du monde, tu te le fourres dans l'oeil ! Il y a des trucs plus constructifs... comme l'utiliser pour s'éclairer le soir ! Bref,  rends-moi mes affaires et va te faire emprisonner pour meurtre !  Jusqu'à le type au casque  vienne te chercher !     Elle tendit la main pour récupérer ses affaires.

"Qu'est-ce que tu racontes en fait ? C'est toi qui a commencé en parlant de choses illégales ! Et je n'ai pas d'intention de meurtre."
Maureen avait un peu oublié les affaires de la tcharbée. Elle se penche pour les récupérer au sol et les tendre à l'autre mutante.
"Tes affaires sont là, prends-les. D'ailleurs, qui c'est le type au casque dont tu parles ?"
La Mambo n'était pas idiote et savait qu'Anthem parlait de Magneto mais elle ne l'avait pas mentionné ce soir. Même les mutants sont bourrés de préjugés ! Même si elle est tombée juste.

Tu croyais que j'allais aimer  qu'on compare les dons de mutants à des armes ? Je refuse d'être définie   en ces termes ! Je ne plaisante pas !  Les assassins de ma soeur jumelle s'en sont tirés avec une peine plus légère à cause de ce genre d'arguties ! Il y en beaucoup de types au casque comme Magnéto ? Ah oui, c'est vrai qu'il y en a qui s'amusent à le cosplay.    Elle se pinça le coin des yeux en le réalisant puis récupéra ses affaires avec un rapide merci.

Maureen observe cet éclat de colère avec un certain détachement. Les pièces du puzzle s'imbriquent davantage. Cette fille avait perdu sa sœur par la faute d'anti-mutants ?
"Attends, tu es une cible trop facile pour ces types ! Tu ne peux pas sortir dans cet état," dit-elle sur un ton intéressée par le sort de son interlocutrice sans être excessif.

La chihuahua avait les yeux rouges, les larmes montantes comme si elle s'apprêtait à pleurer.  La mort de sa soeur représentait le début de la destruction de sa famille :  son frère en prison pour s'en être pris aux meurtriers, son père tué lors des attentats du 11 septembre et sa mère qui n'avait plus toute sa tête. Sniff ! Bande de salauds !

Est-ce que c'était un "d'accord" ? Est-ce que ça n'en était pas un ?
"Si tu connais le nom des assassins de ta sœur, je peux les retrouver et leur faire passer le quart d'heure du siècle de leur vie !"
Pour sûr que la vengeance ferait du bien à la jeune femme petite fille en pleurs devant elle.
"Mais reprends tes esprits ou pleure un bon coup. Je vais faire du thé."
La sorcière s'exile un moment dans une autre pièce avant de revenir avec un thé illusoire.

La vengeance ne lui avait rien rapporté d'autre qu'un frère en prison, la perte d'un soutien à un moment où la famille aurait du se serrer les coudes avec la perte du père, de la soeur. C'est ce qu'à fait mon frère, ça n'a pas apporté grand chose, juste plus de difficulté avec lui en prison. Etait-t-il nécessaire de préciser qu'elle lui en voulait encore de cet abandon à un moment difficile avec la mort de sa soeur ? Anthem renifla encore une fois avant que la sorcière ne revienne.

Le thé n'est qu'un leurre mais Maureen est sure d'apaiser son esprit en insistant sur la chaleur dégagée par la boisson.
"Assis-toi. Comment ton frère s'y est-il prit sans indiscrétion ? Je peux t'assurer qu'aucun policier ne pourra trouver aucune charge contre moi. En tout cas, il est impardonnable qu'ils s'en tirent aussi facilement !"

Elle prit le thé imaginaire, reçut les sensations nerveuses procurée par la texture de la porcelaine, sentit la chaleur illusoire de la boisson. Anthem ne pensa même pas à une illusion et le but sans se poser plus de question. La sensation de chaleur au creux du ventre et le goût fictif sur la langue calma  son esprit. C'est quel thé par curiosité ?  Comment il s'y est pris ? Il en a assez fait pour écoper  15 ans de prison et il aurait fait plus de taule sans la remise de peine.

"Thé noir. Pour rendre le monde meilleur sans ces pourritures, dis-moi tout ce que tu sais sur eux, je me vengerai pour toi et leurs victimes. La police ne les a peut-être pas arrêtés mais moi je le ferai, j'en ai les moyens. Certaines mutations sont très pratiques pour pister les personnes."
Maureen n'en dit pas plus. Ses yeux flamboient de détermination (et pas seulement à cause de leur éclat violet).

La vengeance ? Ce n'était pas une idée qu'elle appréciait particulièrement ; son frère était allé en prison au nom de la vengeance. Anthem ne pensait pas que ces gens méritaient qu'on aille en prison à leur place. Mais elle enrageait toujours que le juge ait été plus sévère avec son frère que les meurtriers de sa jumelle. Je ne crois pas qu'ils méritent que tu ailles en prison pour eux. , dit-t-elle touchée par les flammes de détermination de Maureen. Mais puisque tu y tiens... Je vais te dire ce dont je me souviens du procès.

"Vas-y, je t'écoute," dit Maureen en reprenant une lampée de son thé fictif.

Et Anthem vida son sac d'une voix hachée par l'émotion. Le procès lui avait énormément coûté. Elle lui raconta tout.

Maureen prit son portable pour enregistrer la conversation, elle ne voulait pas oublier des détails importants et ne voulait pas non plus prendre des notes. Elle s'assura de maintenir la concentration nécessaire pour qu'Anthem ne remarque que le goût du thé et sa chaleur. Quand cette dernière finit, Maureen dit :
"C'est moche ce qui t'es arrivé. Tu seras vengée. Ces ordures ne feront bientôt souffrir personne."
Et alors, peut-être songeras-tu à rejoindre nos rangs plutôt que cette école.

Je l'ai dit. La vengeance n'apporte pas grand chose. Juste plus de douleur. Mais, la justice ne lui avait pas offerte une juste compensation en punissant correctement les coupables. Cela avait-t-il un sens de s'y raccrocher encore quand les coupables s'en tirent avec nettement moins que ne le prévoit la loi ?

"En es-tu si sure ? D'autres jeunes filles, semblables à ta sœur sont peut-être en train de subir son sort. En posant une frontière nette, nous pourrons réduire leur nombre. Ces gens ne seront bientôt plus une menace. Toi aussi, n'abandonne pas, ne te cache pas dans l'ombre. Ta nature est d'éblouir, je le vois."
Même si ça ne t'empêche pas de te cacher dans ton écharpe, pense Maureen avec une once de dédain pour le manque de style de rat de bibliothèque.

Très juste même si ça fait mal d'y penser. Si on ne prend les devants à la place de la justice, il y aura plus de victimes. Surtout si la justice protège ces coupables. Il faut croire que le style n'est pas le genre des rats de bibliothèque. Quoique, Anthem est plutôt un rat de librairie. Pas exactement. Éblouir n'en est qu'une facette. Je suis capable d'absorber et de manipuler la lumière environnante.

"La seule limite à ta mutation est ton imagination."
Et pour finir en beauté, Maureen changea son illusion du tout au tout. Adieu, thé relaxant et ordinaire, bonjour esprits fantomatiques et effets de lumière ! La Mambo plonge la pièce dans le noir et le colore aussitôt de reflets fluorescents, recouvrant son visage de lumières tel un masque de carnaval, exactement comme la chanson iconique du méchant dans le film de la princesse et le grenouille sorti il y a cinq ans.

Ça ressemblait pas mal à ces conneries New Age, "Aime-toi toi-même" et tout. La tasse de thé disparut des mains d'Anthem, qui écarquilla les yeux de surprise. Elle ne s'y attendait pas du tout ! Et encore moins à cette imitation de ce film ! Un peu effrayante à son goût. Tu sais que ce personnage a mal fini ?

Maureen eut beaucoup de mal à cacher son incompréhension. Si la ressemblance d'atmosphère est certaine, il s'agit plus d'inspiration commune. Elle cesse les illusions colorées à une plus métaphysique. Elle donne à Anthem la sensation de tomber dans un puits et rend sa voix plus lointaine en conséquence.
"Un personnage, nous ne sommes pas dans un livre, nous sommes les écrivains de nos propres histoires à la rigueur mais la fin heureuse n'est pas assurée. Quel l'on se conduise bien ou non."

L'esprit semble s'agripper aux idées les plus étranges quand on a peur. Disparu la sensation rassurante du thé, bonjour les illusions inquiétantes. Bonjour la sensation malaise. Tu me mets mal à l'aise. Sommes-nous réellement écrivain de notre histoire ?   Elle n'en avait pas l'impression. Elle avait l'impression de subir l'histoire des autres.

"Tu aimes les romans, non ? Réfléchis à ce que ton héros préféré ferait dans cette histoire : prisonnier d'une sorcière, les yeux rivés sur lui, se délectant de son agonie."
Allez, devine !
Maureen espère ainsi inciter la mutante à utiliser son don pour l'éblouir et la déstabiliser mais les nouveaux mutants ont peur de leur pouvoir. Ils se prennent encore pour de simples humains, des moutons bons pour l'abattoirs.

Certes, c'est facile à deviner. Il chercherait à se libérer de son emprise. Mais, elle se sentait plus mal à l'aise que menacée par les illusions de Maureen.  Anthem ne souhaitait pas utiliser son pouvoir comme le semblait vouloir la sorcière. Quel était son héros préféré ? L'existence d'une telle sorcière était-t-elle compatible avec son univers ? Tel étaient les deux problèmes qui occupaient son esprit.

Maureen attend que la rate de bibliothèque trouve une idée. Même une simple une petite ! Si elle se décourageait, la vie ne lui ferait pas de cadeau, et Maureen non plus !

Elle secoua la tête enfin. Ça ne fonctionnerait pas mon héros préféré luttant contre une sorcière. Il vit dans un univers de science-fiction. , avoua-t-elle.