Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



Les églises, implantées dans toutes la Russie catholique,  s'élèvaient fièrement  dans les cieux  et rythmaient la vie  des gens du commun avec les battements des cloches.  Des manifestations terrestres de la gloire de Dieu, de son Fils , des Anges et des Saints Martyrs pour les plus croyants,  Des bâtisses pour lesquels les constructeurs  avaient tenus compte des nombres d'or et de l'importance de la résonance des messes à l'autre bout de la salle pour les architectes.  Des murs sur lequel  étaient disposés des sculptures et des vitraux de  scènes  bibliques pour les artistes.

Le jeune lieutenant  Stanislav s'était arrêté   pour réaliser  des croquis d'un de ces grands établissements de la foi Catholique, il avait fait déjà nombre de reproductions au crayon de graphite à la mine taillée au couteau.  C'était une de ces heures où il prenait du temps pour lui,  loin  d'établir des rapports  et des listes de bâtiment vulnérables au terrorisme des démons. L'appellation moins officielle des zootropes. Il était entré  en silence  sans son couvre-chef en signe de respect à la souffrance du Christ, et promenait  son regard  appréciateur sur les arcades de pierres et les majestueux vitraux représentant des scènes bibliques et des saints.

Je voyage beaucoup et je rencontre des gens intéressants. Comme des scientifiques. L'un d'eux s'intéressait beaucoup aux reptiles. Il ne précisera pas que le bonhomme pensait que les zootropes reptiles étaient des démons supérieurs a cause du serpent qui avait causé la chute d'Eve et d'Adams du Paradis. Les plus dangereux, aussi, car ils seraient capables d'embobiner les enfants de Dieu et les amener dans le péché.

Ruf pencha la tête sur le côté comme un petit oiseau.
"Ce-- Chian-- Sihentifique ?" peina-t-elle à prononcer.

C'est un savant, si ça peut t'aider., proposa l'officier de milice en voyant la difficulté de la petite. Tu sais ce que veut dire le mot ?

Ruf baissa la tête, honteuse de ne pas savoir. Elle a tout juste le courage d'hocher subtilement la tête de gauche à droite, le regard vers le sol.

Elle ne sait pas ce que c'est qu'un scientifique. Ni un savant. On lui apprenait quoi ? La Bible ? Ce n'était pas les Saintes Écritures qui allait lui remplir l'estomac et l'habiller ! Le scientifique vérifie des faits et produit la connaissance sur le monde qui nous entoure. Il essaie de répondre à des questions qui nous tracassent comme pourquoi les bougies fondent-t-elles ?

Ruf n'était pas sure d'avoir compris les mots du dessinateur. Même la dernière idée ne l'aida pas beaucoup. Elle pensait que la cire des bougies fondaient à cause de la chaleur. Pourquoi ? Eh bien, sans doute pour une raison. Elle attendit que l'homme poursuivit sa pensée. Peut-être comprendra-t-elle mieux plus tard.

La jeune fille dirait bien que la flamme d'une bougie est bien plus brûlante que la chaleur d'une main ou les rayonnements lointains du soleil. Elle ne comprenait pas la pertinence d'une telle question. Les choses arrivaient parce que c'était comme ça. Si le feu se comportait comme le soleil ou la chaleur humaine alors il n'aurait pas un nom différent.
"Pourquoi est-ce que les savants se posent la question ?"

"Oh, c'est formidable ! Presque autant que Dieu !"
Mais rien n'est plus important que Lui, pas pour une fillette qui a échappé à l'enfer.
"Qu'est-ce que c'est les méthamatics ?"

Dieu a créé les conditions qui nous permettent de créer toutes ces choses. , dit-il avec ferveur. Il était d'accord avec l'église, au moins, sur ce point-ci. Un plus un fait combien ? , demanda-t-il au lieu de répondre à la question.

"Deux," répondit Ruf, surprise de se faire poser une question si simple. Même si elle parait bien plus jeune qu'elle réalité, elle sait additionner bien plus que ça. Mais peut-être pas infiniment non plus…

Ce que tu viens de faire, ce sont des mathématiques. Il n'avait pas choisi 1 plus 1 par hasard, c'était parce qu'il était certain qu'il n'existait personne qui soit incapable d'y répondre (à part les enfants en bas âge). Et si d'aventure quelqu'un ne savait pas compter, Stanislav ne savait pas de quel trou d'enfer cette personne sortait.

"C'est une invention de scientifiques ? Quelle différence avec l'arithmétique ?"
L'explication n'avait pas clarifier les brumes de son esprit, et pour cause, Ruf s'associait pas du tout cela avec une invention humaine. La perfection venait toujours de Dieu.

Il rigola. C'était la même chose ! Les mathématiques englobent simplement plus de disciplines. Géométrie. Arithmétique. Oui. , se reprit-t-il enfin après une belle tranche de rire. Comment expliquer ça à une gosse ?  Il hésitait à prendre le parti de la paresse. C'est la même chose. C'est juste que les mathématiques regroupent d'autres choses comme la géométrie.

"Je connais la géométrie, assura Ruf pour rassurer l'homme sur ses connaissances. C'est grâce à ça que Dieu rend les vitraux beaux et parfaits."
L'orphelinat offrait un vaste apprentissage mais pas avec un découpage "moderne" décidé par les scientifiques.

Il y a bien fallu qu'un homme énonce les principes de la géométrie pour qu'on puisse faire ça. Il fit un geste pour englober l'église. Il y a bien fallu du temps et de la sueur d'hommes pour bâtir cette église. Certains ont même soufferts pour ça. Il y a bien fallu qu'un artiste mette sa sensibilité dans ces vitraux et sculptures à la gloire de Dieu.

"Oui, grâce à Dieu !"
Dans l'esprit de l'enfant (et de beaucoup de croyants), c'était l'intervention divine qui avait donné aux Hommes l'intelligence nécessaire, les moyens et les opportunités pour découvrir les lois de la géométrie, les transmettre et les exploiter pour faire de beaux bâtiments. C'était cette même intervention qui leur avait donné le courage, l'envie et la sensibilité nécessaires pour bâtir tout ça.

Dieu ou autre chose. Il n'était pas aussi croyant que ce que les institutions cherchaient à inculquer. Tout ce qu'il savait c'est qu'ils existaient, eux, et ce qui les entouraient. Grâce à Dieu. , agréa-t-il avec peut-être moins de ferveur que l'enfant. Sans doute l'effet d'être un enfant naturel, tant honni par l'Eglise.

Ruf contempla encore le beau dessin laissé par le gentil monsieur sans se douter un seul instant que ce dernier était un "enfant naturel" quoi que cela voulait dire.

Il laissa un moment l'enfant se plonger dans le dessin en songeant à s'éclipser bientôt. Il était encore en service. Je crois que nous avons bien conversé.  Tu l'aimes vraiment ce dessin, hein ?

"Oui, je pens'rai à vous et je prierai pour vous chaque fois que je le verrai, m'sieur Stanislav."
C'était un miracle qu'elle élève la voix suffisamment fort pour se faire entendre. La déclaration rendait ses joues pivoine à l'idée que ses misérables prières puissent valoir quelque chose du point de vue d'un géant.

Géant ou pas, il était touché par la sincérité de la petite. Il lui retourna un sourire. Tu es une bonne petite. Ça me fait chaud au cœur de l'entendre. S'il avait été plus porté aux démonstrations d'affection, il aurait posé sa main et caressé le crâne de Ruf.

Mais ce charmant tableau fut interrompu par l'arrivée fracassante de la milice. Ruf ne comprenait pas ce qu'il se passait mais un horrible homme s'avança vers elle d'un air menaçant.
"C'est elle la petite sorcière qui fraternise avec des démons ?"
La pauvre Ruf se recroquevilla aussitôt. Elle s'était fait si petite qu'elle tenait sous le banc. On pouvait même sentir que ce n'était pas son coup d'essai.
Qu'est-ce qu'il me veut ? Seigneur, Sœur Marta… Au secours !

Stanislav se demanda quel était le problème de ce milicien, qui interrompait clairement la conversation d'un supérieur hiérarchique. Il y en fallait du courage. Si ce sont les anges que vous qualifiez de démons, j'ai bien que je doive prendre des sanctions disciplinaires à votre encontre. Comparer les nobles messagers de Dieu à des démons... Cela heurte ma conscience de bon croyant de laisser une telle chose impunie. C'était tout ce qu'il avait vu qui s'approche du sens que le mot démon avait aujourd'hui avec lesquels la petite frayait. Stanislav se comportait en salaud. Et un bon.