Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



Patya se faufile dans une ruelle au pas de course. Sans ralentir, il tourne au coin et manque de renverser un passant et son violon. Il s'excuse platement, s'assure que tout va bien, salue d'un petit geste et repart en courant, son paquet bien serré sous le bras.

En ce début d'automne, il fait encore doux, son pull lui tient trop chaud. Les joues rouges, il grimpe un escalier quatre à quatre et longe une passerelle à fond de train. Le métro passe comme un fou à sa droite, mais il l'ignore. Il file à l'opposé et s'arrête devant une entrée où il sonne avant d'être avalé par le bâtiment.

Quelques minutes plus tard, le revoilà. Il jette un œil à sa montre et part en direction du chantier. Voilà pourquoi il aime cette course. Le client n'est pas seulement à deux pas de la future cathédrale, il est aussi réglé comme du papier à musique. Patya va pouvoir profiter chaque semaine des avancements des travaux. C'est ma bonne étoile, pense-t-il en arrivant devant le Mémorial.

Il ne vivait pas encore à Moscou lors de l'attentat. Sa famille s'était beaucoup inquiétée pour son frère aîné dès que la nouvelle avait atteint le village. Le télégramme avait rassuré tout le monde, mais le choc n'en était pas moindre. Après son arrivée, Patya avait mis des mois pour aller s'y recueillir. Voir les blocs de pierres éparses et les gerbes de fleurs un peu partout avait eu sur lui un impact bien plus grand que les photos des journaux.

Complètement zinzin... Patya se marre en entendant ça. J'avoue que ton boulot est fascinant ! enchaîne-t-il. Faut que tu me montres des trucs, je veux en savoir plus ! Alors oui, il a déjà vu des gars accrochés à des filins autour d'un ballon... Mais toujours au sol et pour des réparations. Maintenant il est sûûûr que c'est encore plus excitant que ça !

Un éclat d'excitation passe dans l'œil de Viktor. J'pourrais même faire plus que ça ! J'pourrais t'faire essayer !  Y a des baudriers en rab dans la réserve ! Et comme on est pas en vol, j'suis sûr qu'on nous fichera la paix ! Ca m'arrive tout le temps de sortir quelques cordes pour m'entraîner ! Il trépigne d'excitation, les yeux brillants, sûr que Patya va dire oui. Apres tout, il est aussi fonceur que lui.

Sérieux ?!?! Évidemment qu'il veut essayer ! On y va maintenant ? Il est un tout petit peu excité par la perspective. Un tout petit peu. Il sait qu'il n'a pas le vertige, mais qui sait comment ce sera au bout d'une corde... Il trépigne lui aussi.

Carrément ! Répond Viktor avec un immense sourire. Il ressort de la salle des machine et guide à nouveau Patya tout en haut du dirigeable, jusqu'au petit vestiaire où est stocké une partie du matériel des gabiers. Tiens, essaie ça. Il tend un baudrier à Patya. Tu sais comment ça se met ?

Patya saisit le baudrier un peu circonspect. Il sait à quoi ça sert, mais de là à savoir où glisser les jambes, il y a un monde. Il regarde son ami par en-dessous. Je crois que si je veux pas tomber, je ferais mieux de répondre non. Il perd son sérieux quelques secondes après s'être tut. Il se sent un peu ridicule, mais la honte est décidément la dernière chose qui pourrait l'étreindre face à Vik.

Les deux garçons éclatent de rire en même temps. Puis Viktor se penche pour placer les deux jambes du baudrier par terre de façon à former deux ovales parallèles. Il adresse un sourire complice à son ami. Mets juste tes pieds dans les ronds, ensuite tu prends la ceinture et tu la remontes autour de ta taille.

Au poil ! répond Patya en faisant "ok" avec ses doigts. Il pose ses pieds dans les ovales et remonte le baudrier jusqu'à sa taille. La boucle n'est pas compliquée, verrouiller le fermoir lui prend tout juste quelques secondes. C'est bon comme ça ? demande-t-il en écartant les bras.

Viktor s'est équipé aussi en attendant, et il tire juste sur quelques boucles du baudrier de Patya pour vérifier que tout est bien attaché avant de brandir son pouce. Tout est bon, camarade ! Allons-y ! Il adresse un grand sourire à son ami puis le mène jusqu'à l'échelle du nid de pie, qu'il grimpe à toute vitesse. Plus que la trappe à soulever, et ils sont au point le plus haut du dirigeable. Ya pas grand chose à voir vu qu'on est dans le hangar, malheureusement. Mais quand on vole c'est le paradis ici !

Le sourire jusqu'aux yeux, Patya suit Vik comme son ombre. Il grimpe un peu moins vite à l'échelle (il a plus l'habitude des escaliers, soyons honnête) et découvre tout à coup le nid de pie alors qu'il passe la tête par la trappe. Mais il ne se rend vraiment compte de ce que c'est que lorsqu'il s'extrait complètement de l'ouverture. Ils ont beau être dans un hangar, la vue est déjà impressionnante. C'est fou comme on est haut ! s'exclame-t-il.

Viktor hoche la tête avec une fierté surdimensionnée. Presque vingt mètres de haut ! Mais c'est pas que pour ça qu'on est là. Il se penche sur une des parois du nid de pie et actionne un loquet. Encore une poussée et une trappe s'ouvre, donnant sur le vide et le dos du ballon, quelques mètres plus bas. Laisse moi deux minutes pour installer les cordes, demande-t-il en commençant à s'activer.

Encore plus impressionné par le vide qui s'ouvre presque littéralement sous ses pieds, Patya observe Vik avec un mélange de fascination et d'appréhension alors qu'il réalise ce qu'il s'apprête à faire. Pourtant, c'est bien l'excitation qui l'emporte et lui picote l'échine tandis qu'il épie les gestes précis de son ami. Il n'en perd pas une miette.

Viktor a préparé deux cordes. La première, la sienne, est équipée pour une descente en rappel toute simple. Elle est aussi reliée à la deuxième, celle de Patya, pour que s'il lâche son propre système d'assurage, Viktor puisse le rattraper. C'est ce qu'il explique à son ami en lui montrant tout le matériel. Puis c'est le moment fatidique. Vik accroche le mousqueton de son baudrier à son descendeur puis s'assied dans le vide, les pieds fermement calés contre le nid de pie. A toi, annonce-t-il avec un sourire plein d'une joie anticipée. Fais juste comme moi.

Patya sent son cœur battre la chamade. Cependant, il n'a pas peur du vide qui court le long du ballon, il est trop impatient. Il s'efforce d'imiter les mouvements de Vik pour se mettre en position, mais ce n'est pas aussi aisé que ça en a l'air. Après quelques essais infructueux parce que ses gestes sont mal assurés et ses pieds trop serrés, il réussit enfin à se stabiliser dans une position similaire à celle du gabier. Ahah ! lâche-t-il, tout fier.

Super ! Tu gères comme un chef ! Vik est plutôt impressionné. Forcément il est pas très assuré mais si Patya a eu peur, ça s'est franchement pas vu. Ca c'est un type comme il les aime ! Ok, la prochaine étape, c'est de descendre. Surtout tu lâches pas la main la plus bas sur la corde. C'est ta main de sécurité. Tu lâches toujours la main du haut, et tu la mets en dessous de l'autre. Et ainsi de suite. Il fait un démonstration sur quelques mètres. Tu as compris le truc ?

Patya écoute attentivement et regarde scrupuleusement les gestes de son ami. Je crois que oui, répond-il. C'est là que l'appréhension le rattrape un peu. Évidemment, ça ne l'arrête pas. Il a compris la manœuvre et les gestes indispensables à sa sécurité. Il commence tout doucement à descendre, une main après l'autre en se concentrant sur celle du bas.

Au final, il n'ont pas beaucoup de chemin à faire avant de poser les pieds sur la coque du ballon. Elle est semi-rigide, alors elle s'enfonce un peu sous les pieds, ce que Viktor a toujours trouvé super agréable. Qu'est-ce que t'en as pensé ? demande-t-il en se tournant vers Patya. La prochaine étape, c'est d'descendre tout l'flan du ballon. Tu t'sens d'attaque pour ça ?

J'adore, répond Patya avec un sourire presque aussi grand que le dirigeable. Il s'attarde un instant à jauger la souplesse de la coque d'un léger déplacement du corps. La sensation est dingue ! Chuis carrément d'attaque ! s'exclame-t-il, le regard brillant. Il aurait été déçu s'ils avaient déjà dû remonter et mettre fin à cette découverte.

Le sourire de Viktor monte jusqu'à ses oreilles devant l'enthousiasme de Patya. Alors c'est parti ! Tenant toujours bien leurs cordes ils marchent sur le dos bombé du ballon jusqu'à ce que la pente deviennent plus importante et qu'ils doivent à nouveau s'asseoir dans leurs baudriers. Et c'est reparti pour la descente en rappel. Comme Patya est à l'aise, Vik se permet quelques cabrioles, rebondissant de plus en plus fort et tournant sur lui-même en l'air.

Patya rit en le regardant faire. Bien qu'il ne se sente pas de l'imiter, il tente tout de même un petit saut... Qui l'envoie rebondir sur le flanc. Il éclate de rire encore plus fort.

Viktor rigole lui aussi de la tentative maladroite mais pas dénuée de panache de Patya. Pas mal... pour un terrien, se moque-t-il.

La suite de la descente est un pur plaisir, les deux garçons rivalisant de blagues et de facéties. Ca devient plus technique quand ils atteignent la partie où la coque replonge vers l'intérieur : bientôt ils n'ont plus de quoi poser les pieds et ils pendent juste dans le vide, se retenant à la force des bras.

Patya galère un peu maintenant qu'ils ont quitté le support sécurisant de la paroi. Le descendeur bloque assez bien sa descente, mais il doit se concentrer pour ne jamais lâcher la corde en dessous. Malgré tout, l'excitation l'emporte aisément sur le stress ou l'appréhension du vide. Il est grisé. Concentré, mais grisé.

Viktor pause en premier les pieds par terre, tout sourire. Une fois que Patyaa a atterri lui aussi, il lui donne une grande tape dans le dos et le secoue un peu, tout excité. T’as géré, mon pote !

Puis il se déséquipe rapidement en surveillant du coin de l’oeil Patyaa qui se débrouille bien tout seul. Va falloir que j’remonte enrouler les cordes. T’as encore un peu d’énergie ? Non ce n'est pas un défi, pas du tout...

Le coursier a une drôle de sensation de vertige inversé tandis qu'il lève les yeux pour apprécier le dénivelé qu'ils viennent d'avaler. Sa poitrine est gonflée d'orgueil et de bonheur, et le compliment de Vik ajoute à son euphorie. Grave ! Pas question que je te regarde faire d'ici ! En vérité, il sent l'effort dans tous ses muscles, mais il est trop excité pour prendre une pause bien méritée.

Viktor hoche simplement la tête avec un sourire et entraine Patya avec lui pour remonter tout un tas d'escaliers jusqu'à se retrouver de nouveau dans le nid de pie. Toute en commençant à enrouler une corde à grands gestes habitués, il se dit qu'il aimerait bien en savoir plus sur son nouvel ami. Tu m'as dit qu't'vais quitté ton bled pour un travail, pas vrai ? Tu vis seul à Moscou alors ?

Patya le regarde faire et appuie ses coudes sur la balustrade, dos au vide. Parce que c'est cooool, évidemment. Non, j'habite avec mon frère et ma belle-sœur. Il a même pas l'air soulé en disant ça. D'ailleurs, il se serait sentit vraiment très seul s'il n'avait pas eu de la famille sur place. Même pas sûr qu'il aurait eu le courage de venir Moscou, en fait. Et toi, où tu squattes ?