Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



A sa grande honte, il lui a fallu une journée entière pour cesser de se sentir mal dès que son dos se trouvait sous l'ombre d'un arbre. Leif a cependant dû se frayer un chemin dans la forêt pour relever ses collets, établir son besoin réel de viande fraîche et effectuer un premier repérage. La présence rassurante de son fidèle Krákagrár et les facéties de cet idiot de Puffífl y sont beaucoup dans sa récupération, ainsi que la douceur de la voix de Hind qui guide ses rêves loin des cauchemars.

Les prises sont mitigées. Il a dû trop tarder la vieille au camp et des concurrents sont passés avant lui ; il a repéré des traces de renards et, plus dangereux, d'un loup. Partager son territoire avec une meute ne le rassure jamais. Il n'a rien contre ces majestueux prédateurs mais il lui est difficile de dormir sur la seule oreille qui lui reste en craignant une attaque sur Krákagrár. Le petit cheval est tout à fait capable de tuer des loups mais une blessure, même superficielle, n'est jamais souhaitable dans ce monde ; il espère qu'il ne s'agisse que d'un loup solitaire de passage. A vérifier.

Pour l'heure, avec deux maigres lapins, il sait qu'un daim ne suffira pas s'il veut ramener une prise au Camp. Un cerf ou un sanglier semble plus indiqué. Peut-être deux proies, pour renflouer son stock de viande fumée tout en ramenant une belle prise au Camp.

Leif s'est donc posté au point de rencontre, attendant Dina.

Ina manque de voir les grimaces de Leif malheureusement. Elle observe les nuages pour vérifier qu'il ne pleuvra pas plus tard, sinon ce ne sera pas pratique pour essayer l'arc plus tard. Heureusement, le ciel est bleu sans une once de vent. En parlant d'arc justement... Ina n'a pas encore vu de branche.
"As-tu trouvé une bonne branche pour ton arc ?"

"Oui, elle est aussi à la cabane que j'ai aménagé pour la découpe de la viande." répond Leif en sautant sur le dos de Krákagrár. Il tend un bras pour inviter Ina à monter derrière... Se rétractant à la dernière seconde, il se décale pour libérer la place devant lui, histoire qu'Ina n'ait pas à se coller à la carcasse du sanglier. Lui a l'habitude de sentir la charogne. "On y va ?" dit-il en proposant à nouveau sa main.

Ina monte donc à cheval, elle n'est pas très à l'aise durant la manœuvre, n'ayant pas l'habitude. Une fois devant, elle retrouve des appuis solides. Le dos du cheval serait presque confortable sans ses à-coups durant le pas de l'animal. Et le vent lui épargne l'odeur de la carcasse. Elle se demande si le cheval peut se mettre au galop et combien de temps.

Surchargé comme il est, Krákagrár avance pesamment mais son pas reste sûr et ses oreilles alertes. Leif a de toute façon attaché le sanglier avec un noeud de sécurité. Il suffira de tirer sur une corde pour le faire tomber au moindre risque. Après une petite heure au pas, il presse les flancs du cheval pour le faire tölter. "Nous ne sommes plus très loin." indique-t-il à Ina alors qu'ils gravissent une petite butte qui les mène hors de la forêt. Un arbre immense se dresse au milieu d'une clairière. Des pièges jalonnent l'accès mais le cheval les évitent avec habitude. La cabane décrite par Leif se trouve au sommet de l'arbre.

D'abord le grand arbre scotch Ina qui le trouve remarquable dans sa solitude. Elle pense à l’œuvre de l'Homme. Ensuite, la cartographe remarque les pièges que leur monture évite aussi mécaniquement qu'un parcours bien rôdé.
"Je ne connais pas cette clairière. Depuis combien de temps y vas-tu ?" demande à hauteur mesurée (à cause d'éventuels zombies) Ina.

"Je n'y vis pas." contredit gentiment Leif. "C'est juste un lieu sûr pour dépecer les bêtes. En hauteur, espace dégagé, pièges." Un risque contrôlé en somme. Arrivés au pied de l'arbre, Leif saute du cheval pour accrocher leur proie à un système de poulies. "Il faut grimper pour le faire monter." indique-t-il à Ina tandis qu'il s'occupe d'enlever son harnachement à Krákagrár qu'il dépose doucement par terre. Le cheval piaffe de contentement et se met aussitôt à brouter sous son sourire. Leif lui grattouille l'encolure puis monte agilement au tronc de l'arbre pour aller hisser le sanglier.

N'empêche qu'il a bien pris le temps de l'aménager même s'il n'y vit pas, pense Ina tandis que Leif s'occupe de l'étalon. Elle n'attend pas qu'il ait fini et grimpe à l'arbre. Plutôt citadine, il lui est arrivée une ou deux fois de grimper aux arbres du parc, il y a longtemps, quand elle était jeune. Autrefois, avant d'arriver au camp, elle utilisait une corde pour monter à son refuge. Ces exercices lui permettent aujourd'hui de monter sans l'aide de Leif.

Même s'il grogne sous l'effort, Leif réussit sans trop de mal à monter la carcasse dans la cabane. Il a l'habitude de s'en occuper seul. Sans se préoccuper d'Ina, il ôte sa veste et son haut pour les échanger avec une vieille tunique brunie qui semblait autrefois blanche et un tablier usé par le temps et le sang. Il n'a jamais aimé la partie du dépeçage et reste donc silencieux et méthodique.

N'ayant pas de couteau, Ina se contente d'observer Leif dépecer. La chose ne lui est pas étrangère, elle l'a vue dans des films et s'est elle-même penchée sur la question pour dessiner ses BD. Sa bouche ne produit aucun son tandis que le couteau détache la peau des muscles et son nez se fronce à peine devant l'odeur de sang. On s'habitue à beaucoup de choses après l'apocalypse.

Il est reconnaissant pour le silence. Leif préfère procéder sans distraction. La peau est rapidement détachée, raclée et tendue. Les os sont mis de côté pour être nettoyés. La viande est découpée, une partie emballée dans des chiffons propres et l'autre découpée en fines tranches qu'il va mettre à sécher pour quelques jours. Le soleil est bas quand il a terminé et une grimace lui échappe. "Je ne pensais pas prendre autant de temps. Le sanglier était gros." Il faut encore retourner au camp distribuer la viande. "Je peux t'accueillir, ce soir. Pour éviter la quarantaine." dit-il à Ina, finissant de nouer les ballots de viande.

"C'est gentil merci, si vraiment ça ne te dérange pas. Mais je te rappelle que si je ne suis pas blessée d'ici là, je n'aurais pas de quarantaine si je suis intacte."
Après tout : Ina est une habituée du camp, ce serait dingue qu'après une journée, on ait oublié la cartographe et ex-dessinatrice de BD post-apocalyptique. Elle ne tenait pas à déranger sa solitude. Mais l'avantage de rester serait de monter l'arc le matin suivant tout de suite.

"C'est juste..." Pénible. Stressant. "... Long." Surtout si tu reviens demain." Il s'essuie les mains et se change à nouveau puis charge les ballots sur le porte-charge en corde et descend subitement à l'aide du contre-poids avant de ramener la charge à lui. Notant son retour, son cheval revient vers l'arbre en hennissant joyeusement, fourrant son doux museau dans son cou. Leif rit en caressant son encolure puis entreprend de le resangler et d'accrocher les ballots sur sa croupe. Puis il lève la tête vers Ina, un sourcil arqué dans une question.

"Je peux rester, ça me rappellera le bon vieux temps où je dormais à l'extérieur du camp. Merci à toi."
À l'époque où elle ne savait pas de quoi demain serait fait, où elle s'inquiétait pour les personnes qui vivaient avec elle, à ses parents qu'elle n'a plus jamais revu...

"Le bon vieux, c'était quand on pouvait camper sans la menace des zombards." marmonne Leif en se juchant sur Krákagrár. Son visage se teinte de mélancolie alors qu'il se rappelle les virées en famille, du père pêchant dans le fjorg alors que la mère l'emmenait gambader parmi les rochers aux elfes et lui apprenait leurs jeux et leurs farces, comment éviter les trolls, comment contenter les gnomes, comment tromper la duperie d'un lutin. Il se secoue subitement en tendant la main pour aider Ina à monter. "Si un jour, nous arrivons à annihiler ces créatures, nous serons bien entraîné." Mais il n'y croit guère, et ça s'entend.

Ina monte sur le cheval en s'aidant de la main de Leif. Son ton défaitiste ne lui échappe pas.
"Oui, un jour, nous viendrons à bout de ces morceaux de chairs ambulants."
Maintenant qu'ils sont en route, Ina se mure à nouveau dans le silence attentif. L'éclaireuse continue de guetter les morts-vivants qui s'aventureraient jusqu'à eux. Eyra qui les suit à côté redonne le sourire à Ina.

Rien ne les attaque sur le retour, Leif entend juste la forêt bougonner les grogneries des gnomes qui le voient partir sans leur dû. Il sourit en coin : la patience leur apprendra à se moquer de lui ! Arrivés au camp, il démonte pour aller donner la carcasse du sanglier aux soldats en poste, recevant en échange des paquets de riz et de pâtes et des légumes. Ils lui annoncent même qu'une telle masse de viande lui vaudra quelques jours de ce régime. C'est donc en souriant qu'il revient vers Ina. "Festin ce soir." chantonne-t-il presque en montant sur son cheval. Direction le nord, vers son camp principal.

Évidemment, Leif allait lui offrir le repas. Ina n'y avait pas pensé sur le coup mais sans doute que cela fait plaisir au chasseur d'apprendre à faire un arc en échange d'un modeste repas. Elle remonte sur le cheval presque aussi chargé qu'à l'allée, Eyra sur ses talons. Elle remarque qu'il ne prend pas du tout la même direction que tout à l'heure, son vrai camp est donc bien différent de la petite cabane où il dépèce le gibier.

Le pas rapide du tölt les emmène bientôt sur une petite colline rase qui surplombe les alentours. Avec des jumelles, on voit facilement Vannstad, les abords du camp et la forêt, même la mer quand Leif veut observer que Puffífl ne tarde que par gourmandise, et non en raison de prédateurs. Il démonte en souriant, apaisé d'être rentré à ce chez lui qu'il a depuis quelques mois. "Je vais m'occuper de Krákagrár. Même système pour monter." Il niche encore dans les arbres. C'est mieux pour dormir sereinement. Et s'il part avec des morceaux de viande... c'est juste qu'il a un petit creux. Les gnomes s'impatientent, il les entend marmonner.

La jeune femme voit enfin le vrai refuge de Leif. Là-dedans ils pourront préparer l'arc et se reposer jusqu'au main suivant, à l’abri des zombis. Il ne reste plus qu'à monter mais Leif doit auparavant s'occuper du cheval.
"Pourquoi emportes-tu de la viande ?" demande Ina qui a bien remarqué son petit manège.

Leif s'arrête avec une nonchalance qui veut camoufler qu'il s'est figé un court instant. "Un petit creux." marmonne-t-il mais sans oser croquer dans l'offrande aux gnomes ; il sent leurs yeux sur lui. "Si l'arc est prêt pour demain, on pourra aller chasser des oiseaux sur le littoral. J'ai trouvé une vieille barque en bon état." offre-t-il pour détourner la conversation. Mais les gnomes s'impatientent, il entend leurs murmures avides dans le vent. "Mon cheval." grogne-t-il en s'enfonçant dans les bois, ce bon vieux Krákagrár ayant la gentillesse de le suivre pour donner consistance à sa demi-vérité.

Ina ose un sourcil. Manger un en-cas après s'être occupé de son cheval sur la terre-ferme, non au refuge et surtout...
"De la viande crue ?"
Si Ina ne connaissait pas Leif, elle penserait qu'il lui cache quelque chose...

Leif dépose l'offrande sur la pierre ronde recouverte de mousse qui se dresse au milieu d'une petite clairière jouxtant son camp ; ce site naturel a tout d'un site sacré liant ce monde à celui du Huldufólk. Quand il revient, Krákagrár caracole de joie, dessellé et pansé, sa tête cherchant déjà les bons brins d'herbe. Puffífl craille en voletant autour de lui, babillant sans doute de sa journée (il ne parle pas le macareux) tandis qu'il monte en haut de l'arbre. "Bien installée ?" demande-t-il en souriant, décidé à faire mine de rien.

Ina a gardé son expression perplexe.
"Oui... mais pourquoi as-tu mangé ton morceau de viande dans la forêt et pas ici ? N'est-ce pas plus risqué en bas ?"
Autant y aller franchement et demander directement. Les devinettes, Ina n'aime pas du tout.

Leif fixe Ina avec un regard vide. Puis il hausse les épaules et marmonne : "Offrande." Ses pas le mènent dans un coin de la pièce récupérer les bouts de bois qu'il a sélectionné et il babille pour détourner son attention. "La barque est amarrée sur la rivière proche. On peut descendre son cours jusqu'à la mer. A ta convenance." Il lui tend les bouts de bois. "Lequel te semble mieux ?"

Malheureusement pour Leif, Ina n'est pas le genre à oublier qu'elle attend des réponses. Elle ignore donc la question de son hôte pour enfin finir cette conversation qui l'inquiète de plus à plus à mesure qu'il l'esquive.
"Pour qui sont ces offrandes ? Il y a des gens dans les bois ? Ou des esprits ?"