Rappel du premier message :


S'engager dans la Milice n'est peut-être pas la meilleure idée du monde. Quel bien cela lui a-t-il apporté au bout de deux ans ?
Une certaine sécurité il faut le reconnaître. Il n'a plus peur d'être pointé du doigt comme démon à cause de son apparence et il peut même protéger les enfants démunis face à la diffamation. Il a aussi la possibilité de travailler et d'avoir une relation privilégiée avec un équidé. Il s'entend peu avec les personnes de son âge (hormis une exception). Depuis le temps qu'il est milicien, il n'a jamais ressenti l'esprit de groupe et de camaraderie. Il travaillerait mieux seul… Si seulement un métier mêlait action et intelligence sans groupe. Quel avenir est le meilleur pour lui se demande Maksim Andreievitch…

Le paysage urbain de Moscou défile devant ses yeux tandis qu'il s'interroge sur sa vie. Un coin de verdure lui rappelle le jardin qu'il avait dans son ancienne maison à Voronej et une nouvelle vague de pensées l'envahie jusqu'à ce que le métro s'arrête. Le jeune homme, habillé en civil, sort donc vadrouiller un peu.

Il passe devant une troupe de miliciens et les ignorent superbement. Ils ne sont pas de son quartier de toute façon.

Le jeune homme suit donc le geste du plus âgé pour s'installer sur la banquette. Avoir une relation privilégiée avec un modèle lui a tellement manqué - comme avec son regretté grand-père…
"Autrefois... Tu ne m'as pas découragé à entrer dans la Milice si je me souviens bien. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?" demande prudemment Maksim.

"Autrefois mon image de la Milice était celle d'un jeune provincial, et ton grand-père a contribué à cette image. un homme bon." commence Fedor en attendant qu'on leur apporte leur bière. "Désormais il y a plus de gens qui s'enrichissent sur de fausses dénonciations et d'abus de pouvoir que de gens intègre. Regarde les deux hommes qu'on a croisé. Ils avaient juste envie de montrer leur pouvoir sur des jeunes soldats qui ne faisaient de mal à personne. C'est déplorable." sans parler du fait qu'il est désormais un zootrope et que les miliciens sont devenus des ennemis naturels.

Maksim partage son impression à plus d'un titre. Le problème est qu'il n'y a malheureusement plus que ça. Les idéaux sont…
"Il est mort." lâche Max d'un air lointain.
Cela fait maintenant dix ans, douze même que son grand-père n'est plus. Et il lui manque encore. Ses retrouvailles ne devraient pas être si moroses !

"Ainsi va la vie petit." dit Fedor sans la moindre surprise. "Mes parents sont morts aussi. Je n'ai plus de famille. Mais il faut savoir avancer."

Le patron arrive avec les deux bières. C'est un homme très grand, avec un ventre proéminant et un grand sourire qui traverse son visage de part en part. Il pose les bières et s'en va. Rare que Fedor boive avec quelqu'un. Il veut pas le déranger.

"Et puis j'ai grandi, comme toi, mais j'ai gardé ma voie. Celle qui me fait réfléchir et analyser les choses. Et plus je réfléchis, moins j'apprécie ce que le Vatican demande à la milice de faire. Je parle des méthodes."

"Petit"... J'ai vingt-deux ans tout de même !
Le "petit" prend donc sa chope de bière pour la placer devant son visage et réfléchir aux paroles de Fedor.
"Tu ne devrais peut-être pas dire ce genre de choses, surtout devant un milicien..."
C'est bien connu : ceux qui ont des idées révolutionnaires disparaissent très vite.

"Non, je ne devrais pas. Mais j'ai la faiblesse de croire que tu es plus intelligent que les autres. Tu l'étais autrefois en tout cas." dit simplement le grand bonhomme. D'un autre côté il a fini par se teindre les cheveux et caché ses yeux rouges. "Mais je me trompe peut-être. Après tout tu es devenu très flexible d'esprit." sonde Fedor en levant sa bière pour trinquer.

Ouh, de la flatterie d'égo pense Maksim avant de manquer de s'étouffer quand Fedor recommence à le critiquer sur sa flexibilité mentale. Il le sonde en retour, peu disposé à trinquer.
"Connais-tu l'histoire du chêne et du roseau ? C'est une histoire qui vient de France. Le chêne se moque de son frêle voisin ployant à la moindre brise mais la tempête finit tout de même par le déraciner !"
À peine se sont-ils retrouvés qu'il faut qu'ils se blessent.

"Et ?" questionne Fedor. "Les idéaux ne méritent-ils pas qu'on meure pour eux ? "demande le grand bonhomme tenant toujours sa bière en l'air. "Être flexible est une bonne chose, à condition de ne pas en abuser. C'est l'objet de ma question, jusqu'où es-tu prêt à plier ?"

La voix de Maksim n'est qu'un murmure :
"Jusqu'à ce qu'une opportunité de terminer mon ennemi se présente. Sans lui laisser la moindre chance de se relever."
Et pour ne pas attirer davantage les regards, il trinque.
"De ton côté, que fais-tu, toujours militaire ? Tu as dit que tu avais voyagé ?"

"Je vois. Je pense que je plierais jamais autant." il récite ensuite, sans doute une citation "Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir monstre soi-même. Si tu regardes longtemps dans l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi."
Il trinque et boit une gorgée de bière.
"J'ai quitté l'armée. Ensuite j'ai voyagé, chine, inde et d'autres petits pays."

Max n'apprécie pas du tout d'être jugé sans autre forme de procès. Fedor ne s'est jamais baladé avec une cible "zootrope".
"L'armée vaut tout autant la Milice visiblement… La Chine, L'Inde… Moi qui croyait que Nietzsche vivait en Allemagne. Qu'est-ce que ces voyages t'ont apporté ?"Max porte la choppe de bière à ses lèvres mais ne fait que les tremper. Il boit toujours sa coupe d'alcool très lentement.

"Il y a moins de corruption dans l'armée que dans la Milice. Mais c'est aussi une machine qui brise l'esprit. J'imagine que je suis trop rigide pour laisser qui que ce soit infléchir mes idéaux et mon idée de la morale." explique Fedor.

"Les voyages m'ont permis de comprendre d'autres cultures. J'y ai découvert les bienfaits de la médecine. Actuellement j'apprends les techniques occidentales désormais. Je veux devenir médecin. Préserver la vie me semble plus important que donner la mort." dit-il en sachant qu'il continuera à faire les deux. Par nécessité, pas par plaisir.

T'es trop pure pour te laisser corrompre. Et maintenant tu deviens médecin pour sauver des vies en dépit de la difficulté... Ouah, tout te réussit. T'es tellement brave, pense amèrement Max en silence.
"En effet, ces voyages n'ont fait que confirmer ce que tu savais déjà."
Il hésite à écourter les retrouvailles tant il se trouve trop décevant et pathétique pour son ex-mentor.

"Parce que mon voyage avait pour but de me faire découvrir d'autres arts martiaux, pour que je devienne un meilleur combattant. Et c'est ce que j'ai fait. Mais en Chine j'ai appris combien il était important que mon esprit soit aussi fort que mon corps, et en Inde j'ai appris un art martial qui mêlait technique mortelle et soin. C'est là que j'ai commencé à vouloir changer de voie. Mais c'est récent." explique Fedor. "Je suis un peu inquiet parce que les études de médecines sont longues. Et que je ne sais pas si je suis assez intelligent." mais ça ne l'empêche pas de tenter. "Mon cœur décide ma voie."

Max regarde son verre un moment. Il est en plein doute sur ce qu'il convient de faire, pas seulement maintenant mais plus tard aussi. Il entend les propres doutes de Fedor sur son intelligence mais ne peut pas répondre à sa place.
"Qui ne tente rien, n'a rien."

Fedor hoche la tête. "Et toi ? Tu suis ton cœur ?" demande-t-il ensuite. Il se doute que travailler au sein de la Milice doit être compliqué pour une personne ayant une certaine droiture d'esprit. La question est désormais de savoir si le jeune est devenu trop flexible ou non.

Maksim en a assez de chercher à faire plaisir aux autres. Au final, se fait-il plaisir à lui-même dans l'histoire ?
"Je ne sais pas. Je songe à quitter la Milice, j'ai l'impression de ne pas y avoir ma place. Mais je ne sais pas non plus ce que je pourrais faire d'autres."
Et tant pis si monsieur parfait trouve ça nul.
"J'ai surtout de la peine à ne plus voir ma monture si je partais."
Il s'entend davantage avec Fumée qu'avec les autres membres de son escouade.

"Oh. C'est une bonne nouvelle ça." dit simplement Fedor. L'éducation du petit ne peut que l'éloigner de ce qu'est devenu la Milice dernièrement. Qu'il se pose des questions est une bonne chose, qu'il est envie de quitter est encore mieux pour lui. Et pour Fedor aussi, mais c'est plus accessoire. "Je comprends pour ta monture, il n'y a pas moyen de l'acheter ?"

"La Milice vendrait une excellente monture à un quidam lambda ? Je ne crois pas, non. Il faudrait être au moins prince, ou corrompre les bonnes personnes."
Et la corruption rebute assez Maksim.

"Je connais bien un Prince. Et il adore les chevaux. Mais je me vois mal le déranger pour cela." il adore les chevaux et il peut se transformer en l'un d'entre eux. "Je connais aussi une bourgeoise qui adore les chevaux. Je peux essayer de ce côté là." elle adore les chevaux à défaut de pouvoir se transformer en l'un d'entre eux. "Mais il me parait important que tu suives ce que te dicte ton cœur. Sinon ton esprit va commencer à ne plus fonctionner correctement. Et ensuite ton corps ne sera plus en phase avec toi. L'équilibre est important. Primordial."

Max jauge Fedor. Bien sûr, il aurait dû se douter qu'il serait content de le voir quitter la Milice. Et il n'a sans doute pas tord avec cet histoire d'équilibre. Max n'est pas assez fort pour s'illusionner complètement.
"Moscou est différent de ce que tu as pu voir à l'étranger. Le danger menace de partout. Dans la Milice au moins, je peux rester aux aguets et si je peux limiter les dégâts, c'est encore mieux."

"Le danger ? Quel danger ?" demande Fedor. De ce qu'il a vue la ville est ravagée par la corruption du Vatican et de sa main la Milice. Ce sont eux qui induisent le comportement horrible de la population qui se méfie d'elle même afin de débusquer les démons. "Cela fait maintenant plus d'un an que je traine dans les rues de Moscou. J'ai vu plus d'innocentes personnes être arrêtées que de victime des démons. Quels sont les dégâts que tu veux limiter ? Qui protèges-tu ? Contre quoi ?

"Je protège justement les innocents contre les persécutions injustes mais je me garderais de te donner des noms !"
Comme si Maksim allait accorder une confiance aveugle à une personne qu'il a rencontré il y a douze ans quand il étais petit et qu'il n'a pas revu entre temps. Entre-temps, il sauve également sa peau contre les zootropes qui l'attaquent.

"Quand on sait que la majorité des persécutions viennent de la Milice. Je comprends que tu te poses des questions. En effet tu peux rester au sein de la Milice, pour tenter d'amoindrir les persécutions tout en continuant à lutter contre les démons. Mais je doute que ce soit efficace. Quand la corruption est institutionnalisée, il devient très dur de lutter contre elle de l'intérieur." explique Fedor. "Qu'en pense ta famille ?"

"Ma famille est très contente pour moi, merci de t'en inquiéter !" répond Max avec presque de la hargne.
Son père est content que son fils ne fasse pas de vague, un peu moins qu'il n'ait pas la carrière glorieuse de son grand-père. Ce dernier est mort et ne peut rien dire. Quant à sa mère elle s'inquiète mais que peut-on s'attendre de la part d'une mère ? Et sa sœur a bien plus à cœur sa propre carrière.