Rappel du premier message :



Une fois n’est pas coutume, Katja était sur un campus qui n’était pas le sien. Columbia organisait en effet une conférence multidisciplinaire sur la médecine adaptée aux mutants, un sujet qui lui était très cher. Elle espérait simplement que les intervenants seraient pertinents et constructifs et ne ressortiraient pas l’éternel discours du besoin de trouver un « remède » à la mutation. Comme si le gène X était un dangereux pathogène plutôt qu’une évolution naturelle et inéluctable.

Les invités de la matinée avaient heureusement évité ce cliché stupide et exaspérant et présenté des théories et techniques prometteuses et très intéressantes. Katja était restée captivée jusqu’à la fin des questions-réponses, puis avait quitté l’auditoire avec le reste du public pour aller se chercher à manger pendant l’heure et demie de pause prévue pour cela. Restait à trouver la cafétaria sur ce campus, ce qui n’était pas forcément gagné vu qu’elle ne le connaissait absolument pas.

"La dernière fois c'est pas mes yeux. Mais ce que je représente, ou en tout cas ce que j'ai l'air de représenter. Un gars riche, sans soucis et qui s'engage pas. Les imbéciles jugent vite, y compris les mutants. En fait j'ai plus souvent de vrais problèmes avec d'autres mutants qu'avec les humains." explique-t-il finalement. "Les humains qui détestent les mutants sont emmerdés avec moi, j'utilise que très rarement mes pouvoirs, y compris quand ils m'agressent. Et les filles du campus trouvent que je suis pas un danger."

C’était… inattendu comme constat. Le harcèlement de rue mis à part, les seuls vrais ennuis que Katja aient eus avaient été avec des anti-mutants. Même la xénophobie n’était pas un problème pour elle, puisque ses origines étrangères n’étaient pas visible à son apparence (quoique les Amérindiens seraient probablement d’un autre avis) et son accent s’était allégé au fil des années. « Si c’est pas indiscret, pourquoi tu utilises pas tes pouvoirs pour te défendre ? »

"Pour être accepté par les autres. Ceux qui ont un cerveau. Quand ils comprennent que j'aurais pu juste plaquer tout le monde contre un mur mais que j'ai décidé de régler ça comme ils l'auraient fait eux. Avec un sourire ou avec mes poings. Et bien ils me respectent. Accessoirement j'ai un bon niveau en boxe et une condition physique d'athlète. Tu te doutes que les mecs ont rapidement compris que la violence n'était pas la solution." explique Eliandre. "Mais si ma vie est en danger, je n'aurais pas la moindre hésitation. Je peux briser des os avec mon pouvoir, sans compter tout ce que je peux balancer à la figure d'une meute."

Elle comprenait… vaguement. Elle-même se contrefichait de gagner le respect des tarés à la force de ses poings : soit on respectait qu’elle était un être humain qui voulait être laissé en paix, soit elle réglait leur compte aux ahuris. Mais taper n’était pour elle pas une manière d’obtenir le respect, juste la paix. « Je maintiens que tu aurais un sacré succès sur scène avec des talents pareils. » Mais s’il ne voulait pas révéler tout ce dont il était capable, le monde du spectacle n’était probablement pas une bonne idée pour lui.

"J'aurais l'impression d'être une bête de foire." dit-il en haussant les épaules. "Je préfère qu'on me respecte parce que j'ai du charisme, ou que je suis utile à tous. Mon pouvoir, que j'adore, n'est pas un moyen d'atteindre un objectif, c'est une fin en soi." il est pas sur qu'elle comprenne à quel point son pouvoir est au centre de sa vie, mais parce qu'il n'a de cesse de l'explorer et de le rendre plus puissant. Juste pour le plaisir de tester les limites.

« Ah oui, compréhensible. » Enfin, du moins l’aspect bête de foire. Elle avait plus de mal avec l’idée que ses talents soient une fin en soi… mais vu que sa mutation à elle était à la fois très utilitaire et plutôt statique, c’était probablement une perspective fort différente. Elle finit enfin son brownie, qu’elle avait délaissé au choc de la mort de John. « Tu comptes aussi assister aux séances de l’après-midi ? » À son tour de passer du coq à l’âne.

Il regarde sa montre. "En effet il va falloir se mettre en route si on ne veut pas rater la suite." Il se lève et prend son plateau. "On s'installe côte à côte n'est-ce pas ?" demande-t-il de manière presque autoritaire. Il a un aplomb terrifiant pour un jeune de 22 ans.

Elle suivit le mouvement. Pratique d’être avec quelqu’un du coin : pas besoin de chercher elle-même où elle devait mettre son plateau. À la question d’Eliandre, elle regarda autour d’elle, faisant mine de chercher quelqu’un : « Et à côté de qui veux-tu que je m’installe sinon ? »

"Je connais un prof assez beau gosse et intelligent. Il a rien contre les mutants et tu pourrais peut-être réussir à le décoincer ?" qu'il propose amusé alors qu'ils traversent une petite partie du campus pour retourner à l'amphithéâtre où la conférence à lieu.

« Ah, parce qu’en plus tu joues les entremetteurs ? », s’esclaffa-t-elle. Notons qu’elle n’avait pas dit non. Bon, elle n’avait pas dit oui non plus. La porte restait donc ouverte et la question en suspens. « Note, j’aurais dû m’y attendre de la part de quelqu’un qui a des contacts un peu partout. »

Il ouvre la porte de l'amphi et fait signe à la dame de s'avancer avec galanterie. "Tu n'as pas répondu à ma question et la fenêtre vient de se fermer. Tu es coincée avec moi maintenant. Pauvre de toi." dit-il avec un sourire tranquille, mais impitoyable.

« Quel dommage, ça m’apprendra à être plus rapide. » Ouais, non, elle n’était décidément pas destinée à une grande carrière d’actrice. L’effet dramatique était complètement ruiné par le sourire rieur qu’elle ne parvenait pas à repousser. Elle ignorait si les séances de l’après-midi seraient aussi prometteuses que celles de la matinée, mais au moins la compagnie serait bonne. Si les présentateurs disaient n’importe quoi, elle aurait quelqu'un avec qui commenter.

Il l'a dirige directement vers des places avantageuses et s'installe comme un roi dans l'amphi. "Ne fait pas trop de bruit, j'aime le calme." dit-il en lui faisant un clin d'oeil. Ses mots semblent être malheureusement pleins d'ironie et peut-être que les conférences risques d'être plus compliqué à suivre que prévu avec Eliandre à ses côtés.