Rappel du premier message :



Une fois n’est pas coutume, Katja était sur un campus qui n’était pas le sien. Columbia organisait en effet une conférence multidisciplinaire sur la médecine adaptée aux mutants, un sujet qui lui était très cher. Elle espérait simplement que les intervenants seraient pertinents et constructifs et ne ressortiraient pas l’éternel discours du besoin de trouver un « remède » à la mutation. Comme si le gène X était un dangereux pathogène plutôt qu’une évolution naturelle et inéluctable.

Les invités de la matinée avaient heureusement évité ce cliché stupide et exaspérant et présenté des théories et techniques prometteuses et très intéressantes. Katja était restée captivée jusqu’à la fin des questions-réponses, puis avait quitté l’auditoire avec le reste du public pour aller se chercher à manger pendant l’heure et demie de pause prévue pour cela. Restait à trouver la cafétaria sur ce campus, ce qui n’était pas forcément gagné vu qu’elle ne le connaissait absolument pas.

Connard hypocrite qui devrait consulter un psy, compris. Le genre de personnes à qui Katja aurait l’envie irrésistible de casser le nez et plus si affinités. Mais pas sûr qu’Eliandre aimerait qu’elle parle de son père comme ça. C’est le genre de trucs qu’on accepte pas des autres, même quand on est d’accord. Elle fronça les sourcils en entendant la mort mystérieuse : « Non élucidées ? C'est à dire qu’on vous a jamais donné d’infos, ou que la police a qu’une vague idée de ce qui lui est arrivé ? » Pour peu que la police enquête sur le décès, ce qui n’était pas toujours le cas pour les mutants. Bon nombre d’affaires étaient classées sans suite.

"Personne ne sait. Roulette et Aimant enquêtent parce que John Junior était membre de la Confrérie et fils d'une X-Men. Mais je sais pas ce qu'ils ont trouvé, ma mère me tient à l'écart. Et la Confrérie elle ne sait pas grand chose non plus. J'ai enquêté de mon côté et on a trouvé que d'autres mutants avaient été tués de la même façon. Pas discrimination sur la team d'appartenance. D'après mon enquête le tueur est un mutant doté d'un pouvoir psychique. Mais depuis j'ai rien trouvé d'autre." explique Eliandre.

Elle n’aurait pas dû boire en écoutant la réponse, ça lui aurait évité de s’étrangler et passer les cinq prochaines secondes à tousser. « Il est mort ?! » parvint-elle finalement à s’exclamer, comme si Eliandre avait pu se tromper sur un point aussi crucial. Mais difficile d’imaginer la grande gueule rebelle pour la beauté de la rébellion mort et enterré. Katja ne souriait plus du tout, et son brownie ne lui parut tout d’un coup plus si appétissant que ça.

Il regarde la jeune femme et l'espace d'un instant il ne comprend pas la question. La conversation se repasse rapidement dans son esprit et il comprend qu'elle a du le rencontrer d'une façon ou d'une autre. Après tout elle a des accointance chez Magnéto.
"Oui." dit-il simplement. "J'imagine que tu l'as croisé ?"

Vu sa réaction, ça serait absurde de le nier. « Si on parle bien du même. Un grand brun, allergique aux noms de famille, calé en téléportation, contestataire pour le principe ? » Mais si plein de vie qu’elle ne pouvait pas concevoir qu’il ne le soit plus. Et qu’elle ne l’apprenne que maintenant, par le plus pur des hasards. Avait-elle vraiment eu raison de s’éloigner ainsi de ses frères et soeurs d’adoption ? Combien d’autres étaient morts à son insu ?

"C'est lui." confirme Eliandre. "Vous étiez proche ? Pas trop sinon tu aurais appris pour sa mort." Il fait les questions et les réponses, mais la question reste quand même en suspend. Il prend toutes informations utiles concernant son frère. Même les plus anecdotiques et sans importance. C'est son grand frère adoré, malgré le fait qu'il ait quitté le cocon familiale sans se retourner. Il juge pas. Plus. Son frère n'est plus et c'est une douleur intense et permanente dans son cœur.

Proches ? Bonne question. En âge, certainement. En période d’arrivée dans la Confrérie aussi, et ces deux facteurs suffisent déjà à sacrément rapprochés. Ils étaient tous les deux des jeunes mutants un peu paumés avec une famille biologique, mais quand même en recherche de quelque chose. Quelque chose qu’ils avaient trouvé dans la Confrérie, ou du moins le pensaient-ils. Et puis elle s’était éloignée et John était mort et impossible de rattraper le temps perdu. Chier. Elle chipota distraitement avec sa gourde. « Plus dernièrement, non. Comme je t’ai dit : je penche pas pour un camp ou l’autre pour le moment. » Mais avant…

"Tu as rien à me raconter sur lui alors ?" questionne-t-il un peu déçu. Il soupire, l'espace d'un moment il a espéré que la jeune scientifique avait connu son frère un peu plus que comme une simple connaissance. Il demandera à Milo de vérifier quand même. Au cas où. C'est pas qu'il n'a pas confiance dans les gens, mais l'expérience lui a appris qu'il fallait vérifier. Toujours. Et avec Milo qui peut lui rendre certains services ça ne sera pas compliqué.

C’était assez vague comme demande, et Katja haussa les épaules : « Pas sur sa mort, vu que tu viens de me l’apprendre. Après, oui, j’ai bien des histoires sur lui en général, mais je sais pas si c’est ça que tu recherches. » Ou si ça ne ferait qu’aggraver sa douleur.

"Il était content dans la Confrérie ? Je me doute qu'il devait râler d'une façon ou d'une autre. Mais il était bien là-bas ?" demande Eliandre. Il aura pas d'indice sur le meurtrier mais il en saura un peu plus sur la vie de son frère.

Grande question, et Katja dût réfléchir un moment. « Dure question. Content, oui, sans doute. En tout cas il aimait l’ambiance et était doué pour en mettre, même s’il était aussi un spécialiste des gueulantes. Mais heureux, je sais pas. Il avait parfois l’air mal à l’aise, même si ça m’a mis un moment avant de comprendre pourquoi. Par contre du coup c’est un de ceux qui l’a le mieux pris quand je suis partie. Je me disais bien que ça faisait un moment que j’avais pas de nouvelles de lui, mais j’imaginais pas qu’il puisse être mort… » Elle avait toujours du mal à l’accepter.

"J'ai toujours pensé que mon frère était un rebelle défenseur des mutants, mais pas un tueur. Il était pas totalement adapté aux méthodes de l'Aimant." explique Eliandre. "C'est cool d'avoir un brin de confirmation."

Il comprend qu'elle a fait partie de la Confrérie avant de la quitter. D'où son "Non/" véhément lors qu'il lui a demandé si elle était une tueuse. "Tu es bien plus à ta place en scientifique au grand coeur." ajoute-t-il alors. Comme s'il pouvait cerner une personnalité en une simple discussion. Quelle arrogance.

Elle décida de ne pas briser ses illusions. Eliandre avait sans doute raison au sujet de John, mais Katja, elle, ne désapprouvait pas forcément le meurtre. C’était la violence gratuite contre tous les non-mutants (voire tous les non-Magnétos) qu’elle refusait d’accepter. Sa famille était humaine, après tout, et, contrairement au père d’Eliandre, elle ne s’imaginait pas que ceux qui lui étaient chers seraient automatiquement épargnés. « En effet, l’idée de tuer lui restait en travers de la gorge. » Elle laissa échapper un léger soupir : « Après, reste à espérer que des connards ne vont pas faire obstruction à la science. »

"Bien sûr que si. La science est un champ de bataille comme les autres. Il faut te préparer aux coups bas et autres techniques d'enc... bref. La LIRAH voudra couper toutes formes de subventions que tu pourrais obtenir, l'Aimant va étudier tes travaux pour voir s'il peut les détourner à son compte et les transformer en arme contre les ennemis de la Confrérie, et Roulette.... bon pour le coup au vu de la teneur de tes travaux, lui au moins devrait t'aider. Mais tu vas certainement prendre des leçons de moral au passage. Et ça c'est parfois bien relou." commente Eliandre.

Au moins, il réussit à la faire rire, même si c’était moins enthousiaste qu’avant : « C’est très encourageant tout ça. Et tu as oublié les chercheurs jaloux qui se tirent dans les pattes, les firmes pharmaceutiques qui vont pas aimer qu’on publie que leurs produits causent des effets secondaires, les homéopathes qui préféreraient tout soigner en utilisant de l’eau distillée de graine de tournesols… Et je suis sûre que j’en oublie aussi ! » Mais elle devait tout de même persévérer dans cette voie. Elle refusait de rester passive alors qu’elle pouvait faire bouger les choses, d’une manière ou d’une autre.

"J'avais pas oublié, je classais juste les dangers par ordre d'importance. Et une leçon de morale par le Pr. X ça reste un truc classé super haut dans mon évaluation très personnelles des dangers." Il sourit tranquillement en voyant que la doctorante avait les nerfs solides. C'est ce dont elle aura besoin. Il a déjà évalué tout ça s'il devait changer de voie. Surtout que lui vise des recherches plus polémiques. Enfin il n'en est pas encore là. Il a juste pris la décision de changer de voie dans son coeur, mais il est encore loin de pouvoir la mettre en pratique.

« Très personnel, en effet. Mais j’en prends bonne note, puisque tu m’as l’air d’être un vétéran en la matière. » Pour sa part, si un jour elle croisait le Prof X, elle avait d’autres craintes qu’une leçon de morale. Mais elle n’en était pas encore là : il fallait déjà que sa demande de collaboration soit acceptée, chaque chose en son temps.

"Non, juste une fois. Mais j'ai eu par contre des multiples strike en provenance d'une autre X-Men. Presque tous les jours." qu'il précise en levant les yeux aux ciel. "Et je parle pas de la fois où elle a débarqué à l'improviste dans mon appart... enfin le nôtre. Si tu vois ce que je veux dire" un magnifique grand moment de solitude pour Milo parce qu'Eliandre était pas à la maison lui. Enfin pas au début.

Elle grimaça à nouveau. Elle-même n’imaginait même pas comment elle aurait réagi si un membre des X-Men avait débarqué chez elle à l’improviste. Elle aurait paniqué, sans doute. Tandis que sa famille aurait probablement demandé un autographe ou un truc dans le genre. « Gênant. Ca s’est bien terminé ? »

"Ma mère est pas télépathe. Ma copine est intelligente. Donc oui. Et puis j'ai joué la carte de la provocation pour détourner la conversation." explique Eliandre. "Je suis assez doué en provoc. Mon frère m'a tout appris." c'est un bon souvenir alors il sourit radieux. "A un moment donné j'ai casé dans la conversation que j'utilisais mon pouvoir pour baisser les jupes des filles et elle a demandé si c'est ça qui avait plu à ma copine. J'ai répondu que non, c'est quand je l'ai fait se balancer du 30e étage qu'elle a "fall for me". Véridique soit dit en passant."

Ah oui, sympa les réunions de famille pour lui. La Noël devait être animée. Et ses journées aussi, vu les frasques qu’il racontait, qui lui valurent un regard incrédule de Katja. « Ca a dû être mouvementé comme discussion. Je retiens la technique de diversion. » Quoiqu’elle ait assez peu à son actif qui soit à la fois assez provocant pour faire diversion et assez innocent pour ne pas lui attirer de gros ennuis.

"J'aime bien faire diversion, je suis pas mauvais pour ça." forcément il est brillant, radieux et pas con. C'est facile pour lui de faire du bruit pour attirer toute l'attention sur sa personne et éclipser une autre. Après sa mère est pas née de la dernière pluie et se doute de quelque chose. Elle connait son fils. L'important étant que pour le coup il a esquivé la catastrophe. "Mais chacun ses techniques, elles doivent être adaptés à chaque personnalité."

Elle notait, mais elle doutait d’un jour l’impliquer dans quelque chose qui nécessite une diversion. Son point de vue sur ce genre d’actions était on ne peut plus clair. « Oui, je me vois mal annoncer que j’ai balancé une fille au 30ème étage, je serais pas très crédible », lança-t-elle à la boutade. Au mieux on appellerait les flics, au pire l’asile. Ou vice versa. « Note, peut-être pour faire taire les plus chahuteurs de mes élèves… »

"Je l'ai pas balancé, je lui ai demandé de se jeter du 30e. Nuance." il tire la langue. "Mais ta version est intéressante pour gérer tes élèves en effet." il imagine la tête des élèves et rigole doucement.

"Les gens me jugent souvent mais en fait ils me connaissent pas vraiment. Si je provoque un peu et qu'ils vont pas au delà alors c'est des gens à l'esprit un peu trop étriqué." explique-t-il plus sérieusement ensuite.

Quiconque avait dit qu’il ne fallait pas se fier aux premières impressions était incroyablement optimiste, parce que Katja connaissait peu de monde (elle y compris) qui n’était pas influencé en grande partie par les premières impressions. Elle haussa les épaules : « Avec des yeux comme les tiens, ça m’étonnerait pas que certains jugent avant même que tu les aies provoqués. » Ou qu’ils voient les yeux en eux-mêmes comme une provocation.