Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



'Fais un weekend en campagne', qu'ils ont dit. 'Ça te fera du bien.'

Mon œil, oui !

Oksana venait tout juste de descendre à la gare de Tomsk et l'air 'frais' qu'on lui avait promis était déjà remplacé par l'odeur incontestable de merde de cheval. Ils avaient encore des chariots ici ! Des chariots tiré par des chevaux qui faisaient leurs besoins par terre là où marchaient des gens. Incroyable ce manque d'adaptation. Nous sommes à la fin de XIX^ème ou bien... ?

Elle descendit les marches avec un soupire. Le valet suivit avec ses valises alors que Ludmila porta ses boîtes à chapeau. Elle en avait pris que trois pour le weekend. C'est pas comme s'il y avait ample occasion de les porter. Quelles sont les activités populaires à la campagne sauf la chasse (activité à laquelle elle ne pouvait pas participer vu son 'état') ?

Pitié, faites qu'elle ne doit pas faire de la broderie pendant 48h où elle risque devenir folle.

Bon, il est où ce chauffeur ?

Il aurait déjà dû être présent. Elle avait bien annoncé l'heure d'arrivée de son train, n'est-ce pas ?

Matvei, tu peux déposer les valises. Tu vas te tordre les bras à les porter comme ça. Va plutôt voir où traîne le chauffeur que le majordome aurait envoyé pour nous récupérer.

Oui, Madame.

Je t'ai déjà dit qu'il est impossible de trouver une jeune fille, même grande comme toi, dans une ville de cette taille. Faut-il qu'on appelle quand même les miliciens ? La gendarmerie peut-être ? Qui fait office de ça ici ? Elle posait la question à Ludmila, évidemment, ne supposant pas que la petite allait être au courant des régulations de Tomsk.

Une.... peluche.... Oksana garda sur son visage un sourire poli, même si la confusion resta visible dans ses yeux. Je pense que les gendarmes seront plus aptes à nous aider dans cette situation, même si je ne doute pas des capacités de... Quel était le nom déjà ? Sobamoumoute...

Si elle venait ? Bien sûr que non. Oksana n'avait pas l'intention de quitter la gare. Même pas pour suivre une petite fille qui semblait clairement perdue. Je peux pas m'aventurer trop loin, ma grande. J'attends mon chauffeur.

"Un chauffeur ?" répéta l'enfant avec une moue songeuse. "Mais ! La grrande rue, elle est bloquée. Un assident. Plein de cayoles partout, M'Dame. Personne peut passer. Vous savez où aller ?" Elle se tapota le menton. "J'peux vous mener à la grrande rue, M'Dame. Je sais où elle est !" Elle était plus que fière de cette connaissance.

La jeune fille en question (pas la gamine ! la jeune fille !) regarda le nouveau venu avec un petit menton tout fier, les bras sur les hanches. "Mais j'sais, moi, comment allez à la grrrande rue sans passer par l'assident. C'est là que j'ai perdu l'Andrei eeeet..." Elle secoua sa peluche devant eux. "C'est aussi là que le museau de Sobamoumoute dit d'aller !" Elle fixa la Dame avec un regard plein d'espor.

La Dame l'avait appelé "Mademoiselle Kitaëv" ! Elle se sentait tellement adulte nommée d'une façon aussi cérémonieuse. Bombant le torse, Sobamoumoute sous un bras, elle tendit la main vers Oksana : "Venez, M'Dame, j'vais vous y conduire, moi, à la grrrande rue. Et pis, on peut touver l'Andrei au passage, aussi." Elle n'en démordait toujours pas.

Baba Yaga ? Ah oui. Elle avait certainement l'âge de croire à ce genre de "contes de fées". Oksana n'était pas sûre qu'elle y avait cru un jour, mais ne préféra tout de même pas se prononcer à voix haute. Ne sait-on jamais. Il faudrait déménager à Moscou dans ce cas. Il n'y a pas de ville plus grande.

"Papa et Mama travaillent à Moscou. Avant." Elle n'arrivait toujours pas à gérer le passé lointain quand elle parlait trop vite. "Mais y disaient que Baba Yaga est à Moscou car elle est siiii grrande que c'est comme se perdre en forêt. C'est vrai ?" Ses grands yeux curieux se posent sur Oksana plutôt que de regarder où elle marche.

C'est vrai qu'on peut s'y perdre quand on connait pas les lieux, mais je n'ai jamais entendu parler de la présence de Baba Yaga à Moscou. Je pense que je peux au moins t'assurer sur ce point là. D'ailleurs, voilà qui démontre l'importance des chauffeurs (s'ils daignaient bien arriver à l'heure prévue).

Elle ne voulait pas paraître traiter la Dame de menteuse mais elle avait la certitude que ses parents ne lui auraient pas raconté des sornettes. "Vous savez, la Baba Yaga, elle attaque les enfants." Voilà ! Comme ça, elle disait simplement que la Dame était trop vieille pour être une proie de la sorcière, que c'était pour cela qu'elle n'avait jamais entendu parler de Baba Yaga à Moscou.

C'est elle qui te l'a dit ? demanda Oksana avec un petit sourire en coin. Clairement l'enfant semblait convaincue de son histoire. Elle n'allait pas essayer de la convaincre de l'inverse. Elle tomberait dans l'oreille d'un sourd. Ce ne sont pas des efforts qui en valent la peine.

La Dame était une envoyée du Ciel ! Avait-elle lu dans ses pensées ? Le grondement de son ventre tonna à nouveau et elle rougit jusqu'aux oreilles. Il était assez bruyant pour se passer de lecture d'esprit ! "Ça sent la bioche, par là !" dit-elle en indiquant une nouvelle ruelle. Ce n'était peut-être pas aussi léger que la Dame le voulait mais ça sentait rudement bon !

Pourraient-ils s'asseoir dans une boulangerie ? Ou peut-être il s'agissait d'un salon de thé ? Ils servaient aussi du pain et des patiserries dans ce genre d'endroits. (Mais est-ce que la campagne avait des salons de thé ?! Oksana avait un doute sur la réponse.) Suivons ton nez dans ce cas-là.

Elle avait trop faim pour s'inquiéter que son flair ne soit pas humain. Et puis, elle n'était pas du tout transformée. Elle savait juste reconnaître le fumet appétissant de la brioche chaude. Elle se trompa même de ruelles deux fois ! Mais ils finirent par déboucher devant une petite échoppe avec quelques tables devant la devanture. A ce stade, Anoushka bavait presque de faim tant son petit nez était pris d'assaut par de délicieuses saveurs.