Samedi, la meilleure journée. La journée de repos pour un long week-end et la journée sans avoir sa soeur collée à elle. Un matin qui avait commencé en jogging a aller regarder les vitrines des grands magasins. L'après midi ne s'annonçait pas à central park vu les trombes de pluies qui tombaient. Elle ne voulait pas rentrer à la confrérie tout de suite, peut être se poser dans son appart à lire, ça parait une bonne option en espérant que sa soeur n'y soit pas.

Sous sous grand parapluie noire, elle décide de rentrer chez elle après tout il pleut trop pour continuer l'expédition lèche vitrine. Sur le chemin, elle remarque quelqu'un roulé en boule avec le front rose ? Plus rose que ses cheveux. Il a pas l'air en bon état, en plus sous la pluie. Diana s'approche et met doucement le parapluie au dessus de l'homme. Plus vieux qu'elle. Hn... Ses cheveux sont vites trempés à son tour mais ça ne la dérange pas.

- Tout vas bien ?

Du bruit, des voix, encore et encore, je n’arrive pas à faire le point. Je ferme les yeux plus fort, souffle. Puis soudain, au lieu des voix, du calme, une petite pointe d’inquiétude à la rigueur. La cadence de mon cœur se calme et je lève les yeux vers une jeune femme qui me protège de la pluie en s’enquérant de mon état. Je tire ma capuche pour masquer mon visage, malgré le parapluie. « Ca va… Ca va… Faut juste que je rentre chez moi. »

- Tu es perdu ?

Diana lui tend doucement la main. Elle regarde les tatouages qui lui rappellent Raphaël. Blouson noir en plus. Son sourire est apaisant et rassurant malgré que ses cheveux commencent à coller son visage. Elle n'a pas pris de grand parapluie qu'elle et sa sœur prennent d'habitude mais elle préfère le laisser à l'homme.

- Viens.

- Fatigué. D'accord.

Il a pas l'air en bon état. Diana serre doucement la main et se relève tout en gardant le parapluie au dessus de lui. Elle le tire doucement. Bon, ammené un inconnu chez soi c'est un peu pas très bien. Enfin, elle y va jamais et il a l'air plus paumé qu'autre chose. En même temps c'est un frère et qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour aider un frère ?

- Chez moi, c'est à 50m. Tu vas y arriver ?

Je la suis, docilement, en me demandant pourquoi. J’en ai marre d’être l’esclave de mes émotions et de celles des autres. « Hum. Pourquoi tu fais ça ? J’veux dire, tu me connais pas, j’pourrais être… Ou toi… » Je réajuste ma basse sur mon dos et ma capuche sur mon visage, tête baissée, concentré sur le calme de la jeune femme. Encore quelques pas. Bientôt le calme.

Diana ouvrit la porte d'entrée de l'immeuble neuf et l'emmena vers l'ascenseur. Ils étaient tous les deux trempés, qu'elle bonne idée. Elle lui fit son plus beau sourire.

- Moi quoi ? Je pourrais kidnapper des mecs bien plus vieux que moi et surement plus costaux ? Hn... C'est vrai que ce n'était que ça qui me manquais dans la vie ! Tu vaudrais ton pesant d'or sur le marché Russe.

Elle avait repris un accent à couper au couteau avant de lui faire un clin d'oeil amusée.

- T'inquiète. Je veux pas te faire de mal.

Elle ferme la porte et les voix se taisent. Je soupire d’aise, ne lâchant pas sa main pour autant, elle est d’un calme olympien teinté d’un chouïa d’amusement. Je souris avant qu’elle ne commence à blaguer, sentant la taquinerie arriver. « Hé, je suis pas si vieux. Et le trafic d’organes ça rapporte j’crois. Au fait, désolé que t’ai pris la flotte pour moi. Et j’m’appelle Eliott. » il semblerait qu’elle me donne envie de discuter.

Diana sourit et appuya sur un des boutons de l'ascenseur. Elle secoua la tête, la pluie n'était qu'une douce caresse sur la peau et puis, il suffisait de se sécher.

- Diana, enchantée. C'est rien, t'inquiète. J'ai des serviettes en haut et puis normalement le chauffage devrait tourner donc on devrait pas attraper froid.

Elle ne lâcha pas sa main pour autant, regardant l'ascenseur monter.

« C’est sympa, merci. J’vais pas t’embêter bien longtemps, tu dois avoir mieux à faire… juste le temps de… »d’être sûr que ma tête redevienne normale, être sûr de pas refaire une crise dans la rue. « Le temps que mon mal de tête se calme. » On va dire ça. La flotte qui imbibe ma capuche me coule dans la nuque. Je me demande si j’ai encore mon fond de teint dans mon étui. En principe oui.

- Tu ne m'embêtes pas. Sinon je t'aurais laissé en bas.

Elle sourit, lâchant sa main pour fouiller dans son sac. Au moment où elle lâcha elle le regarda d'un air un peu inquiète. Ça avait l'air d'aller mieux qu'avant. Elle ouvrit l'appartement impeccable digne d'un airBNB et posa un pied mouillé sur le parquet en grinçant des dents. Pas cool. La jeune femme se dépêcha d'aller dans la salle de bain pour en ressortir et lui lancer une serviette tandis qu'elle s'essuyait.

Mes doigts sont un peu réticents à lâcher les siens, sans le contact, j’ai des chances de devoir subir mes propres émotions en plus des siennes et je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Ca va pas si mal en fait. Diana disparait avant de me lancer une serviette. J’ai un coup de flippe. « Je… T’as des toilettes ? C’est par là ? » Je lui indique la porte d’où elle vient de sortir d’un mouvement de menton.

- Euh... C'est surtout pour pas que tu mettes de l'eau partout comme moi en allant dans la salle de bain. Je t'ai posé des serviettes sur le lavabo. Vas-y je vais voir si j'ai des vêtements pour toi et me changer.

Il était encore trempé le pauvre et ses vêtements aussi. Pas une bonne idée de rester comme ça. Elle fila jusqu'a une autre pièce pour s'enfermer dedans et se changer. Il devait bien rester des vêtements pour lui ici.

Diana fouille et trouve dans un sac ce qui semblerait être des vêtements pour homme. Elle ouvre la porte, changée en T-shirt et lui tend le sac. Dedans il doit y avoir des pantalons et des hauts. Ça devrait aller. Il y avait moyen qu’il y ait toute une tenue.

- Tiens, pour te changer. Je sais pas si ça sera à ta taille par contre.

Elle sourit, à vrai dire il devait y avoir d’autres trucs quelque part.

J’attrape le sac avec un sourire et un merci et y fourre les mains pour en sortir un T-shirt à message. Je retire le mien pour enfiler le sec, le tends, essaie de lire à l’envers, déchiffre « They say you are what you eat, but I don’t remember eating a fucking legend » et hausse les épaules. J’essuie d’un revers de serviette des goutes qui me coulent dans la nuque et regarde autour de moi. « Donc tu vis ici… ? »

Waouh, il est vachement tatoué dis donc ! Genre vraiment beaucoup, elle ne l’avait pas remarqué avant de le voir torse nu. Elle sourit en regardant le t shirt. Ça c’était pas commun. L’appartement est blanc, avec un grand tableau d’une scène enseignée sur un mur. C’est quand même un beau studio pour la vue à côté de Central Park.

- Oui. Enfin... On loue souvent ou bien AirBNB. Cet endroit sert surtout à stocker ni nos affaires avec ma sœur.

Je pense à mes propres frangines quand elle parle de la sienne, mais je ne ressens pas mon aigreur habituelle à leur égard. Au lieu de ça, ce qui ressemble à de la tendresse. « T’as l’air de beaucoup aimer ta sœur. » Mais quel con ! Elle a juste mentionné son existence, rien de plus. A laisser parler mon ressenti je vais me faire griller. « Enfin, j’veux dire, pour partager un appart, faut sacrément bien s’entendre ! »

- Oui... En même temps, on est arrivées ici ensemble et puis on a toujours vécu ensemble.

Diana fouilla dans les placards de la cuisine Américaine et sortit un verre d'eau. Elle y mit un cachet effervescent et tendit le verre à l'homme. Comme ça au moins son mal de tête allait aller mieux.

- Tiens, j'espère que ça va aller. Assied toi hein. Enfin... Il doit y avoir un pantalon dans le sac si le tien est mouillé.

Je prends le verre qu’elle me tend et en boit une gorgée et grimaçant. C’est dégueulasse. « Oh ça veut rien dire, j’ai passé 17 ans avec mes sœurs et c’est deux vraies pestes. » Je jauge le sac, puis mon fut. Le jean me colle à la peau et me décide à laisser de côté ma pudeur. J’enfile un bas de survet un peu trop grand qui me glisse sur les hanches et dépose une fois de plus les fringues mouillées sur le bord de la fenêtre. Les rues ne désemplissent pas au dehors.

- Des pestes ? Je comprend pas ?

Diana tourna doucement le dos pour lui laisser un peu de pudeur quand même. Pestes ? C'était pas un mot de son vocabulaire ça. Surement une expression ou un truc comme ça. Elle le regarde et regarde les vêtements. Ca va mettre du temps à secher. Un grand sourire apparut sur ses lèvres.

- Bois tout, sinon le mal de tête va pas passer.