"Tu lui a fait ton rapport ? Il était content ?" Il se renseigne. L'orphelinat n'est pas de sa responsabilité, certes mais c'est Iekaterina qui s'en occupe et c'était son idée à lui à la base aussi il suit de très près ce qu'il s'y passe. Et tout ce qui passe près de la noble dame russe. Si Fédor le trouve jaloux d'Elisabeth, il n'a rien vu.

"Oui je lui ai fait le rapport et il est satisfait d'avoir pu un peu aider la cause. Il réfléchit à comment faire plus. Mais c'est compliqué dans sa situation... on ne peut pas vraiment dire qu'il ait les mains libres." explique Fédor.

"Il fait déjà beaucoup. Après, si j'en sais plus, je peux peut-être aiguiller ses choix. A la rigueur, parle lui des médicaments mais je ne peux pas les réserver qu'aux enfants. A mes yeux, tout blessé est un enfant. Je ne vais pas refuser un traitement pour une question d'âge." Qui n'a pas les mains liées après tout. Et pour des sommes pareilles... mais au moins il est généreux. "Tiens, regarde, ça c'est de la Consoude. Touche les feuilles, il me faut exactement la même texture."

"Je sais... juste là j'avais pas le choix. J'allais pas tenter de convaincre un témoin sur un cheval alors que j'étais à pied. Il fallait que je le tue vite et tout de suite." explique Fedor. "Pour le reste des interactions sociales ... je sais faire autrement aussi, je ne suis pas une brute."

"Tant que tu en es conscient, c'est bien." Il n'ajoute rien de plus, continuant à cueillir, laissant à Fédor le soin de lancer un autre sujet de conversation si cela lui en dit. Au moins, ils sont dehors, ils profitent de l'air, ils sont seuls et peuvent parler sans crainte d'être entendu ou jugés par d'autre. D'ailleurs, il le traite malgré tout en égal. Ou du moins aussi égalitaire qu'il en est capable.

"D'autres femmes qu'il ne faut pas toucher ?" demande-t-il ensuite. Autant se les mettre en tête tout de suite. "Nadya c'est trop tard hein." qu'il précise légèrement taquin. C'est bien d'être loin dans la campagne il se détend et même si sa vigilance reste la même parce qu'elle est ancrée en lui le reste le rend plus .. humain.

"Nadya c'est ..." il soupire "C'est compliqué." dit doucement Fedor. "Je compte faire souffrir personne et je pense qu'elle a plus d'arme pour me faire souffrir que l'inverse"

Il est surpris par le soupir et ce qui ressemble à un début de confidence au point de se relever pour le regarder avec une douceur qu'il réserve d'habitude à ses patients. "Les histoires de femmes, quand les sentiments s'en mêlent, c'est toujours compliqué." Sa voix à lui est également un peu triste. Il est très seul finalement. Les jeunes meurent vite, peu nombreux sont ceux avec lesquels il peut prendre le temps de s'attacher. "Et puis Dyn est une jeune femme très particulière."

"J'ai cru remarqué... beaucoup de blessure physique et psychologique." dit Fedor. "Elle est déséquilibrée...
enfin je veux dire pas en balance... il grogne ... il cherche ces mots "Je pourrais mieux l'exprimer en Hindi ils ont un concept pour ça... bref elle est pas guérie.

"Personne ne me brisera." dit tranquillement Fedor. Dans ses yeux la certitude de cet énoncé et la volonté inflexible d'un homme ayant déjà traversé des épreuves terribles. "Je pense que ça va être compliqué pour Nadya...elle boit trop déjà."

"Tu n'es plus ni un adolescent ni un enfant. Je ne parlais pas de toi." Il adoucit sa réponse d'un sourire, hochant la tête à l'annonce de l'alcoolisme de la jeune femme. Il n'a pas de leçons à donner de ce côté là. Il comprend l'attrait de la boisson et l'oubli qu'il procure. "Elle en a besoin pour le moment."

"On peut briser l'esprit d'un adulte aussi facilement que celui d'un enfant.. c'est même plus facile. Perclus de certitude et avec une identité stabilisé .. il suffit de lui enlevé ce qu'il aime, ce qu'il chérit. Je me suis préparé à ça... au cas où." dit-il alors. "Et elle en a besoin encore combien de temps ? Ça fait combien d'année qu'elle boit pour oublié et ne pas affronter... enfin autrement qu'en massacrant les gens responsables de son état ?"

"On ne le brise pas de la même manière. Un adulte a une identité formée. Même brisé, il peut se reconstruire. Un adolescent se construit. On peut briser un adulte mais il est rare de le pervertir. Un adolescent guérit mais peut être abîmé jusqu'à la fin de ses jours." Il est préparé, c'est bien. Lyov, lui, se rappelle de la torture qu'il a du subir quelques semaines à peine auparavant. Il n'a pas été brisé. Il est solide. "Elle guérira quand elle sera prête à guérir et que la vie lui donnera une raison de le faire."

"On peut pervertir tout le monde. La haine engendré par la perte d'un être aimé est terrifiante." dit doucement Fédor. "C'est ce qui lui est arrivé à Nadya hein ? Elle a perdu son mari ? Toute sa famille ?"

"Je parle pas au médecin mais au chef." dit Fedor qui se met à réfléchir au serment et à ses implications. "Pas très compatible ton serment et le leadership d'un groupe."

"C'est compliqué. Mais c'est la vie." Il préfère ne pas appesantir dessus. "Et toi, si tu devais choisir entre devenir médecin ou leader, qu'est ce qui t'attirerait le plus ?"

Il bute sur la réponse. Il n'y a pas réfléchi en ces termes. "Je n'avais pas vu certaines incompatibilités. Il faudra que je prenne le temps d'y réfléchir." dit-il très sérieux. Visiblement il ne fait aucun mouvement à la légère, il est posé et réfléchi. Sur de lui parce que ses actions ont été anticipée et passé au crible de sa critique interne et peut-être celle des autres aussi. Par contre quand il rencontre une situation nouvelle ... il prend le temps si on lui offre la possibilité.

"C'est mieux, d'autant plus que ce sont deux apprentissages très chronophages. Il vaut mieux être sûr de soi avant de commencer à s'investir dans l'un des deux." Il ne lui reproche rien du tout, acceptant le besoin de se poser et de réfléchir. Lui n'a pas eu ce luxe. Il était médecin avant tout. Il est devenu leader sur le terrain parce qu'il en fallait un et que c'était dans sa nature de ne pas accepter de voix au dessus de la sienne.

Il hausse les épaules. "Je suis excellent en matière de conciliation de chose complexe. Regarde, j'obéis à un vieux raleur qui donne des ordres mais aime pas en recevoir."

"C'est ton choix. Tu peux décider de n'avoir à faire qu'avec Tavarich. Lui n'est axé que combat. Cela dit, il n'aime pas beaucoup plus recevoir des ordres." Il a un sourire, il a bien senti que c'était presque affectueux. "C'est un truc de vieil ours. Quand tu seras dans la Ligue depuis plus de vingt ans tu pourras avoir le luxe de donner sans prendre."