Des distorsions temporelles. Ouais la douille. Le pire s'rait que j'crée un paradoxe : le palais Inca où j'me trouve disparaîtrait et moi avec... Surement. Pourtant ça m'aiderait vachement. Ouais parce que les gardes de l'Empereur sont joliment armés et me courent après en hurlant. Comment j'pouvais savoir que leur maître s'réveillait tous les matins en chantant et dansant dans son palais et que l'interrompre était passible de mort ? Sérieux il peut pas juste chanter sous sa douche comme tout le monde ? Ouais je sais, j'pourrais les désintégrer en un sortilège, mais c'est ça qui créerait un paradoxe. Tuer l'Empereur Kuzco n'est pas sans conséquence pour l'Histoire.
Je tourne à l'angle d'un couloir, bouscule un grand gorille et une femme qui fait peur sans le faire exprès, bifurque à droite et manque d'écraser un écureuil capricieux et... Me retrouve bloquée dans une impasse.
Merde.

Le Prince Sollidor s'était retrouvé à terre, accompagné d'une symphonie de cliquetis métalliques causés par sa cotte de maille. Malgré son envie folle de se relever et d'exiger des excuses de la Dame, lorsque déboulèrent les soldats il préféra obtempérer et se ruer en sa direction, sautant à travers le trou qui venait d'être creusé à même le mur. Et maintenant? Allait-il continuer de la suivre aveuglément? La moindre des choses pour commencer était de se présenter. « Je suis le Prince Cadeyrn Sollidor, pour vous servir. »

Heureusement, malgré leurs capacités physiques hors-normes, leur esprit n'était pas beaucoup plus développé que celui d'un quelconque volatile, ce qui leur permit de passer entre leurs filets. Collé contre la jeune femme, il ne put s'empêcher de sentir son coeur s'accélérer. Lorsque les derniers sbires se furent volatilisés au détour d'un couloir, Cadeyrn relâcha l'étreinte. « Et maintenant? »

J'soupire, ça m'aurait contrarié de d'voir les réduire en cendres, j'ai bien trop d'respect pour l'Histoire. Quant à ce peut-être fameux Prince Sollidor... "Maintenant tu m'suis et tu te mets pas dans mes pattes, ou tu dégages, trouver ta propre sortie ; parce que t'es pas d'ici toi non plus." Que'ques bruits de pas au fond d'un couloir m'font dégainer mon flingue. "Tu ty connais en distorsions temporelles Beau Gosse ?"

« Ouais. Mais avant tout, je te sommerai de m'adresser la parole plus poliment. »

Portant la main à sa ceinture, le Prince dégaina un blaster qu'il déposa contre la tempe de la jolie demoiselle.

« Maintenant, on fait comme je dis, si tu veux sortir d'ici vivante. Seul je n'y arriverai jamais et si on te suit on court droit à la ruine. »

Il pressa un peu plus le pistolet contre son crâne.

"Joue pas l'con Petit Prince, j'peux te réduire en cendres en clignant des yeux." Je le fusille du regard, à défaut de mon Beretta, trop mal positionné pour que je puisse menacer Beau Gosse avec.

« Tue moi, et tu exploseras avec. » Sur le visage du Prince se dessinait un immense sourire, témoignant de la véracité de ses propos. Depuis qu'il passait plus de temps avec Vanheirn, le prince s'était endurci et avait appris l'intimidation. Rangeant son blaster, il s'exclama. « Maintenant, faisons les choses à ma façon, si tu veux bien. »

« La différence entre nous deux, c'est que je ne suis pas un tueur. » répondit sereinement le Prince, une once d'indifférence sur le visage et l'œil exempt de crainte. Il rapprocha son visage de celui de Rebecca, suffisamment près pour que leurs souffles s'entremêlent. Lorsque soudainement, un bruit vint les ramener à la réalité de la situation. Le Prince sortit son épée.

Hum, pas mal pour un ptit Prince, il en a dans l'froc. J'lui lance un sourire carnassier avant qu'il décide d'empiéter sur mon espace vital.. Pas trop désagréable j'dois l'avouer.
Quelqu'chose approche : j'fais volte face et mets en joue le coin du couloir d'où vient l'bruit. "J'espère au moins que tu sais te battre Beau Gosse." J'chuchote.

« Flûte... » laissa échapper le Prince qui l'espace d'un instant pensait avoir enfin entrevu l'Alpha Perdu. Mais si la désillusion était grande, le moral du Prince restait vaillant, cherchant le bon dans la situation. Au moins, il n'était pas seul dans sa galère et avait quelqu'un avec qui partager ses pensées désormais non plus solitaires. « La question risque de te fâcher mais... Qu'as-tu fait pour que les gardes se lancent à ta poursuite? »

J'ricane. "Leur Empereur fait un concert privé tous les matins apparement et jl'ai bousculé en plein milieu d'son trip. Pas d'ma faute s'il est mégalo." J'me remets bien droite sur la table, doucement quand même, que j'revomisse pas dans la tête du Prince, manquerait plus qu'un autre monarque bafoué à mon palmarès tient. "Et toi tu v'nais d'où avec ton peigne, princesse Raiponce ?"

"Hin" j'laisse échapper. "Les diligences de la charge hein ? Dur d'être un Prince. Dis moi, t'as une armée sous tes ordres, ou une flotte ou un truc du genre ? Tu t'es déjà soucié des ptits soldats ?" J'repense avec une amertume teintée de plaisir à mes années de guerre. Quand je brûlais vives mes victimes, l'odeur délicieuse de chair calcinée mêlée à la mélodie envoûtante des cris d'agonie... Ah la belle époque !