Nano. RolePlay

L'orphelinat est un coin paisible, un petit bout d'Eden pour des enfants qui ont parfois connu l'Enfer. La bonne sœur Ruf en sait quelque chose et s'emploie chaque jour à pourvoir au bien-être de ces petits êtres encore jeunes et innocents. Rodya avait été abandonné tout juste nouveau-né et n'avait connu qu'ici mais Vanya et Tasha avaient souvent des réactions violentes que les autres ne comprenaient pas. La religieuse leur tendait un lapin du clapier mais Vanya refusait de tenir la petite boule de poils blancs.

"Nan ! J'veux pas ! On dirait un rat !
- Mais ce n'est pas un rat, c'est un lapin, un gentil lapin, comme toi, tentait Ruf.
- Il est moche !"

À ce moment-ci, un bruit attire la novice Darya et les autres enfants. Ils se précipitent au portail pour observer à travers les fentes et poussent des exclamations d'admiration. Vanya les rejoint, délaissant le petit lagomorphe. Ruf repose l'animal dans son clapier pour rejoindre le nouveau centre d'attention.

Ce n'était pas totalement ses affaires qu'elle comptait donner cette fois, une partie venait d'une épouse d'un des clients de son père. Qu'importe. Ineska avait récupéré de vieux jouets inutilisés, des livres et des vêtements pour les enfants et avait filé au plus vite, les fontes de Perle pleines, avant qu'Uliana ou Eva ne la rattrapent. La cavalière se trouvait donc au porte d'un orphelinat loin de son quartier, des petits émerveillés devant sa monture.

Les enfants sont surexcités.
"Un dada ! C'est un dada !
- Et y a une dame sur lui !
- Allons, les enfants un peu de calme !
- Elle vient par ici !
- MADAME !
- Les enfants, que signifie cela !?
- Pardon Ruf… disent-il en chœur, l'air peinés.
- Qui êtes-vous, madame ?"

La dame mit pied à terre, nullement gênée de ses mouvements avec un pantalon - au diable les robes pour monter ! - et sourit aux petits curieux. "Bonjour ma sœur. Loin de moi l'idée de déranger votre quiétude, je venais pour les enfants. J'ai quelques... cadeaux pour eux." Ce dût être le mot magique, les exclamations reprirent de plus belle.

"Les enfants, reculez. Loin."
Heureusement, les enfants savant différentier une proposition polie de Ruf d'un ordre implacable de sa part et s'écartent à plus de trois mètres de l'entrée. Les religieuses ouvrent donc le portail très imposant pour protéger les petits des intrusions en force. La jument blanche a maintenant la place.
"Vous pouvez entrer avec votre monture si celle-ci a l'habitude des enfants."

"Merci ma sœur" lui répondit Ineska avant de mener au pas Perle un peu plus en avant. La jument, bien que curieuse/inquiète de ce nouveau lieu, se laissa docilement conduire. "Ce n'est pas la première démarche que nous faisons auprès d'un orphelinat et s'ils évitent tout mouvement brusque autour d'elle, tout ce passera bien.... et ne jamais passer derrière un cheval. C'est une règle fondamentale." Cette dernière remarque était pour le gaillard qui commençait déjà à contourner Perle.

Les enfants ont des étoiles dans les yeux, aucun n'a peur de cette grande bête qui a l'air si nerveuse aux yeux de Ruf.
"Vanya, reviens ici tout de suite ! Les enfants veuillez remercie cette dame pour sa venue. Comment vous appelez-vous d'ailleurs ? Je me nomme Ruf Martievna et voici Darya Sergueïevna."
Il ne peut échapper à l'étrangère que le "patronyme" de Ruf est constitué d'un prénom féminin, Marta.

Il y eut des "merciiiii" d'un partout et des bras en l'air de joie ; ce qui fit aplatir en arrière les oreilles de la jument. "Enchantée mes sœurs, je suis Inessa Tselikovskaïa" eut-elle une légère révérence peu féminine sans robe. Le patronyme était carrément partit à l'as pour sa part, c'était trop de reconnaissance pour le concerné. "Comment voulez-vous organiser la, et bien, donation ?"

"À votre convenance selon le temps que vous voulez bien nous accorder. Nous pourrions même vous inviter au repas si partager le pain avec nous ne gêne pas votre emploi du temps."
Ruf n'ira pas jusqu'à faire visiter l'intérieur des bâtiments pour une première visite mais partager le pain est à ses yeux un rituel presque sacré ainsi qu'un moyen de remercie les donateurs.

Elle entendait déjà d'ici le "quoi ? se mélanger à la populace ?" indigné d'Oksana – "Rien de particulier ce jour hormis ma visite, ce serait avec plaisir." – puis son hoquet de stupeur outragé à sa réponse. Les sacs accrochés à la selle de Perle pesaient leur poids mais rien qu'un peu de méthode et de ténacité ne pouvaient en venir bout. Un léger bruit se fit quand Ineska en posa un premier au sol, comme des morceaux de bois s'entrechoquant.

Ruf n'entend aucune voix, elle. Et la réponse positive la ravit, elle appréciait toujours de rencontrer de nouvelles têtes, surtout les femmes aussi engageantes que cette Inessa.
"Vous pourriez nous montrer les objets un par un et nous raconter une histoire à leur sujet ou nous pourriez mettre en place un jeu pour que les enfants tentent de deviner de ce que c'est ou aller au plus simple et tout sortir."
La voix de Ruf se pose lentement avec la délicatesse d'un papillon.

Ah. Un rare éclat d'incertitude se devinait chez cette femme si fière. "Je ne suis... pas spécialement habituée aux jeux d'enfants et beaucoup de ces trouvailles appartiennent à une connaissance qui me les a confié." Jouer avec Isaak – et sa mère – c'était une chose mais une bande de petits monstres inconnus.... Le premier présent à sortir du sac fut un wagon de train, avec deux attaches devant et derrière.

Ruf acquiesce et s'assoit à côté des enfants bien sages alignés.
"Je le veux !
- Les dons sont pour tout le monde, Tasha, clarifie tout de suite Ruf.
- Il est beau !"
Le train a beau être usé, pour ces petites têtes blondes c'est un trésor inestimable.

La locomotive et d'autres wagons sortirent à sa suite. "Il y aussi quelques voitures, des avions et un dirigeable" les présenta-t-elle au fur et à mesure. "Y'a pas de cheval ?" demanda l'une des enfants, aussi captivée par les jouets que Perle. "Je n'en ai pas trouvé, navrée."

"Comment vous avez eu le cheval ?
- Oui, je veux le même !
- On n'a que des lapins !"
Ruf a beau savoir que ce sont des paroles d'enfants mais cette dernière remarque la blesse énormément. Elle ne montre rien mais l'éclat bleu de ses yeux s'est légèrement assombrit.

Ces petits avaient bon goût s'ils préféraient l'attrait de Perle ! "Ohhh.... là en revanche je vais pouvoir vous raconter plein de choses" sourit-elle plis en confiance, on retournait dans sa zone de confort. "Elle s'appelle Perle et j'étais là le jour de sa naissance. Je m'occupe d'elle depuis. Vous savez comment on appelle un cheval fille au moins ?" Petite taquinerie.

La nouvelle tournure surprend Ruf qui ne s'attendait pas à ce que les bourgeois attachent autant d'attrait aux animaux, ni qu'ils s'en occupent eux-mêmes. Elle sourit et laisse faire silencieusement.
"Une chevaline !
- Une chevala !"

"Vous avez de l'imagination... mais on dit une jument. Pour un bébé, on parle d'un poulain si c'est un garçon ou d'une pouliche si c'est une fille. Les étalons, eux, sont des chevaux qui peuvent être papa." Ce qui faisait beaucoup de nouveaux mots !

En effet, c'est l'occasion pour les petits d'apprendre des mots.
"Allez-y, répétez ce qu'a dit Mme Tselikovskaïa ! Jument, poulain, pouliche et étalon.
- Jument, poulain, pouliche, étalon.
- Bien, bravo !"

Elle était ravie... jusqu'à ce que vint une question fatidique : "On peut toucher la jument ?" Ineska ne sut quoi répondre, redirigeant son regard vairon vers les sœurs. "Et bien..."

Ruf ne connait qu'une seule chose sur les chevaux :
"Les chevaux sont des animaux craintifs, capables de vous blesser très durement s'ils prennent peur. Seuls ceux capables de rester calmes peuvent demander à toucher les chevaux. Vous pouvez avoir confiance à Anya et Rodya pour rester calme et ne pas faire peur à la jument, madame. Si vous le sentez."

"Perle a l'habitude de la ville et de ses bruits. Je ne serais jamais venue jusqu'ici avec elle si je craignais sa réaction" leur confia Ineska. D'ailleurs, elle se retourna vers sa jument pour rester à son flan. "Approche Anya", s'adressa-t-elle à l'une des enfants qui avait relever la tête à son nom. "Les chevaux aiment sentir une personne qu'ils rencontrent. Montre lui ta main devant son nez, bien à plat, paume vers le haut en gardant tes doigts collés. Comme ça." Elle lui montra comment faire. "Puis tu t'approches doucement et tu la laisses faire."

Les enfants à la fois émerveillés et jaloux regardent la petite Anya fait amie-amie avec la jument.
"Vous voyez les enfants ? Vous devez être aussi calme qu'Anya à l'approche d'un animal, quel qu'il soit."
La fillette pousse une légère inspiration de surprise quand le nez de l'animal frôle sa paume.

Un souffle chaud sortait des naseaux de Perle sur la petite main. "Ça chatouille" rigola la fillette. "Tu peux lui caresser le chanfrein, c'est comme l'arrête du nez chez nous." Elle montra la zone qu'elle caressa elle-même de haut en bas du bout des doigts.

Les autres enfants veulent toucher le cheval eux aussi. Il faut toute la persuasion de Ruf pour les en dissuader. La nonne a même le courage de se mettre entre eux et l'animal. Comme toutes les créatures de Dieu, Ruf les estime beaucoup mais elle ne les connaît pas beaucoup. Elle a souvent eu des retours d'accidents avec ces animaux certes pratiques mais imprévisibles et dangereux quand on fait des mouvements brusques.