Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



Deznulguk, roi nain de son état, est connu pour avoir découvert dans sa jeunesse un filon d’émeraude d’une rare pureté, en avoir façonné des bijoux incomparables, avoir été fait roi très jeune et avoir passé le reste de sa vie à former les meilleurs joailliers du monde. Enfin, ça, c'était de son vivant. Maintenant, il ne restait de lui que des bribes de légende, quelques reliques et, d'après les rumeurs de taverne, un fantastique trésor enfoui dans son chateau.

Sauf que personne ne savait où se trouvait ce chateau. Mais ce n’était pas ce maigres détails qui allait décourager les preux aventuriers en quête de richesse et de gloire ! Hurj, un colosse roux dont la taille rivalisait celle d’un troll (mais là s’arrêtait toute ressemblance) était un d'eux, et il venait de trouver une nouvelle piste vers le chateau perdu de Deznulguk. Avec un tel but en vue, il n’avait eu aucun mal à assembler une troupe d’aventuriers, et roulez jeunesse !

Moira dénotait dans la troupe. Avec vingt ans de plus que la moyenne du groupe, elle possédait pour toute arme une canne ronchonnante et elle se déplaçait dans une roulotte tirée par un vieil âne. Mais sa réputation n’était plus à faire dans le milieu des quêtes, que ce soit pour ses talents de soigneuse ou son expertise d’artéfacts et Hurj espérait justement trouver un mythique bracelet censé doter son porteur d’un courage à toute épreuve. Elle avait donc été accueillie à bras ouverts.

Elle pouvait sentir le flottement dans les rangs des petites créatures vertes. C'était ainsi que l'on lui avait décrit les Gobelins qu'elle n'avait jamais vue. Ils eurent la brillante idée de charger vers elle. Brume choisit de recourir à un sort pour geler le sol et les pieds de ces créatures. Certains glissèrent, d'autres cessèrent de bouger leurs pieds ayant été gelés sur place. Un joyeux chaos de masse verte.

Son épaule soignée, pas moyen de garder Tonak loin de l’action. Jeune fou intrépide. Sa cane en main, Moira resta dans l’ouverture de sa porte, prête à intervenir s’il y avait de nouveaux blessés. Ceux-ci semblaient tomber uniquement du côté adverse, et l’elfe était pour le moment l’unique combattante de leur côté, puisque les gobelins tentaient une attaque concentrée sur l’ennemi le plus dangereux et le reste du groupe se tenait à une distance prudente d’une aveugle capable de balancer de la glace à volonté.

Glaçons pour tout le monde ! Celui qui me porte s’écrase au sol. Le sac en cuir glisse, roule un peu vers l'ennemi. J'vous dis pas le mal de crâne au réveil ! Mais le réveil, c'est pour plus tard : mon dodo, il est causé par de la magie, j'y peux rien.

Y'a un peu de tout, côté gobelins. Quelques idiots qui s'imaginent pouvoir répliquer aux projectiles ! Beaucoup d'autres idiots béats, ou par terre. Celui qui me portait ? Il fait carrément le mort, tant il a peur !

Brume n'entendait pas les échos métalliques des armes des autres aventuriers, simplement le cri des Gobelins qui ne parvenaient pas gérer la glace. Elle se demanda ce qu'ils fichaient. La glace n'allait pas rester longtemps avec la douce chaleur de la journée. Elle recourut à de la bonne vieille magie de vent passive pour repérer les êtres vivants et obstacles. Ils se tenaient prudemment à distance d'elle. Et bien ? Les Gobelins ne vont pas disparaître tout seul.

« Ah c’est du propre ! Laisser une vieille dame tout faire toute seule ! », enchérit Aisling. Moira, elle, restait silencieuse à l’exception de son fou-rire en voyant les preux aventuriers se regarder entre eux d’un air gêné. « Euh… pas de blague, hein ? Tu sais viser même avec nous dans le tas ? », risqua l’un deux.

Un temps mort : chouette ! La madame magique, elle fait durer le plaisir. Juste le temps pour les gobelins de se regarder les uns les autres et réaliser : jusqu'ici, pas une blessure contre la magicienne. Est-ce que cela valait bien la peine de se faire fracasser pour rien ?

Réponse : bien sûr que non ! Ça crie dans les rangs arrières : retraite ! Vite, avant que les autres viennent les achever ! On abandonne les congelés, qu'ils se débrouillent tout seuls.

Débandade !!

Loin de s'offenser, Brume, la madame magique, répondit avec une simplicité amusée. Ses yeux auraient pétillé s'ils n'avaient pas été frappés de cécité. Oui. Pourquoi ? Par magie ! Au bruit que faisait la marée verte, la druidesse sût qu'il allait faire rapidement marée basse, rendant les inquiétudes des aventuriers temporairement inutiles. C'est marée basse, chers compagnons.

Ah, ils avaient l’air beaux, les fiers aventuriers qui n’avaient pas porté un seul coup du combat ! Moira ignora cependant ses cadets embarrassés, car quelque chose avait attiré son attention. Les goblins, dans leur hâte, avaient laissé tomber un sac en cuir dont émanait une magie bien différente (et plus faible) que celle de la druide. « Qu’est-ce qu’on a là ? », murmura Moira à personne en particulier en soulevant et ouvrant le sac.

Le calme revient. Ou plutôt, le bruit s'éloigne ! Victoire des aven... de la druide et son cortège de pom-pom-girls en armure !
C'est l'heure du butin ! Piécettes, bouts de gobelins congelés et dagues inutiles n'attendent que d'être lootées, ainsi que... moi !

Je glisse du sac jusqu'à rouler dans la main de la dame, aussi minuscule qu'une cerise. Je gazouille dans mon sommeil forcé par magie, puis tourne pour reprendre une position plus confortable et continuer ma sieste. Quelqu'un aurait un truc pour me réveiller ?

C'est l'heure du loot, en effet ! Comme dans les fables, les Gobelins n'étaient pas durs à tuer (Même si la madame magique a fait tout le boulot). Un point important pour les aventuriers sans le sou. Revendre l'équipement de Gobelin constituait un moyen facile de se faire de l'argent. L'intérêt de la druidesse se situait ailleurs que ces basses considérations matérielles.  Son ouïe affutée par la cécité avait capté le gazouillement provenant du sac de Moirä. Un sort de sommeil ... ? , identifia-t-elle avec ses sens magiques. Pas vraiment un défi pour elle.

Quelle trouvaille inattendue ! Moira tint délicatement le minuscule juvénile, craignant de le blesser par mégarde. Si elle s’étonna d'abord de son sommeil imperturbable, les relents d’une magie aussi agréable que le grincement d’un ongle sur une ardoise levèrent bien vite ce mystère. Elle hocha la tête à la constatation de la druide, oubliant de nouveau ne le verrait pas. « Mais je serais bien incapable de le lever. Tu penses pouvoir le faire sans nuire à ce petit bonhomme ? » Elle ne doutait pas que les talents de la mage soient suffisants, mais elle ignorait si une sortie trop brusque de ce sommeil risquait de causer du tort au dragonnet.

Naaan, l'est pas trop balèze le sortilège ! C'est un truc de chaman pour les enfants pas sages. Non pas que je sois un vilain dragonnet : ceux qui vous diront ça, c'est rien que des menteurs ! Mais j'ai tendance à bouger partout et faire du bruit.

D'ailleurs, même en faisant dodo ! Je me suis tourné sur moi-même sur la main toute confortable de Moira, gratouillant ce que j'imagine comme étant un coussin dans mes rêves, et commence à baver dessus.

Brume ne voyait peut-être pas le hochement de tête mais n'était point dure de la feuille. Ce n'était pas un sort compliqué pour une mage aussi avancée qu'elle. En revanche, le réveil pouvait être, en effet, assez délicat. La druidesse siffla doucement pour réveiller la créature endormie. Un sifflement enjoué qui rappelait le chant matinal plein d'énergie des oiseaux.

Au risque de sonner comme un cliché ambulant : ce dragonnet endormi était adorable. Si si, malgré la bave. Mais Moira était le genre de personne qui avait trouvé qu’un bébé orc était adorable et que le même orc, maintenant qu’il était adulte, était devenu un beau jeune homme. Son instinct maternel marchait probablement un peu trop bien. Ce détail mis à part, elle suivit avec intérêt la méthode employée par l’elfe pour réveiller le juvénile. À nouveau, elle sentit la magie de la druide couler à travers elle et jusqu’à sa cible. Une magie différente des glaçons utilisés plus tôt, et pourtant indéniablement liée à la même personne.

Grmmbl… Je fronce les sourcils et échappe un couinement baillé, un peu agacé par ces oiseaux qui font du bruit. D’accord, c’est joli, mais je dormais bien, moi !
Bon, pas le choix… Sur le dos, je m’étire de touuuut mon long avant de redresser ma tête et d’entrouvrir les yeux.

Puis je me fige, d’un coup !

Whoaaa, je fais encore dodo ? C’est kwa cette graaaande bestiole, là ? Son visage, il est tout blanc… Et ses cheveux aussi. Et il est tout fripé ! Je penche la tête, mes deux yeux finalement grands ouverts questionnant jusqu’à l’existence de cette madame.

Les oiseaux s'arrêtèr-... , non,  la druidesse s'arrêta doucement de siffler lorsqu'elle sentit la créature se réveiller. Il était heureux que le dragon-fée n'aie pas vu en premier le visage sans âge de Brume. Il se serait certainement posé encore plus de question. Bien dormi, fils de Ruche ?, lui demanda-t-elle avec douceur. Poser la question de ce qu'il faisait dans ce sac pouvait attendre plus tard.

Moira aussi se demandait bien ce que ce bout de chou fichait dans un sac. Elle avait plusieurs hypothèses et aucune n’était très encourageante. Mais, comme dit, c’était une question à creuser plus tard. Moira se contenta de sourire au petit dragon, puisque la druide avait déjà pris la parole et elle ne voulait pas l’assaillir de questions dès le réveil.

AH ! Y’en a une autre, là ! Encore pire ! Ça m’a fait sursauter ! Mais bon… Faut être poli, même avec les gens bizarres, alors je réponds malgré mon air tout abasourdi :

— Vivivi ! Z’ai eu un rêve d’un Grooooos dagon, même qu’on a eu des trésors trooop trop bien !... Et papa son nom c’est Shirahaara…ra…Haa… … … c’est pas Ruuuche !

Même si Ruche, ça serait plus facile quand même.
À mwa ? À mwa ?

— Dis, dis ! Pourquoi t’es lààà ? Et toi et toi, pourquoi t’es lààà ?

Oups, j’ai pointé les deux de la griffe ! C’est pas bien ! Vite, je cache ma vilaine patte derrière ma queue repliée sur moi-même !

Une personne bizarre, elle ? Absolument pas ! Elle allait sur ses 2009 ans ! Une personne bizarre comme elle ne pouvait qu'être sage ! La vénérable druidesse sourit à la réponse ingénue du dragon-fée. Elle lui rappelait les doux souvenirs de la voix de ses propres enfants qui n'était assombri que par le rappel de la disparition de son fils.  Et quelle importance si elle était pointée de la griffe ? Elle n'y voyait rien ! Pourquoi être là ? Bonne question ! Je me promène ?

L’elfe n’était pas la seule à qui la curiosité ingénue du dragonnet rappelait des souvenirs attendrissants. Moira retint un rire en entendant la réponse absurdement commune de son aînée. Un chateau légendaire était un bien étrange but de promenade. « Je voyage », répondit-elle à son tour. « Et toi, comment tu t’es retrouvé ici, petit bonhomme ? » Sous-entendu : comment diable t’es-tu retrouvé dans la besace d’un gobelin ?

Ah bah bon ? Elles se baladent/voyagent à des drôles d’endroits les madames. On est où, d’ailleurs ? Comme la dame l’a deviné, c’est pas chez moi, ici !

— J’étais avec ma sœur et ses copains, puis j’ai été tout fatigué alors j’ai fait dodo !

Je commence à regarder autour de moi, tout curieux.

— Oukellé Jill ?

Je dis ça à voix haute, mais je suis sûre qu’elle va répondre dans ma tête. Là ! Je l’entends qui pense que tout va bien. Mais je la vois toujours pas !

Pendant que les mamies gagatisaient s'occupaient du petit dragon-fée, les aventuriers s'inquiétaient du retour des petits hommes verts. Plus communément appelés Gobelins. Dangereux en meute. Je l'ignore., répondit la mémé elfique. Peut-être qu'on peut t'aider à la retrouver ?

Les mésaventures de ce dragonnet s’éclaircissaient donc : les gobelins avaient dû profiter de son sommeil pour l’enlever. Sa colonie devait être dans tous ses états ! « Est-ce que tu te souviens où tu étais avec ta soeur et tes amis ? » Certes, ils avaient encore un donjon à explorer, mais autant déjà déterminer où il faudrait ramener ce petit dragon ensuite.

— Ché vrai ? Trooo gentil !

Elles vont m’aider les madames ! Je flottille de joie juste au-dessus de la main géante en écoutant la deuxième.

— J’étaiiiis… près d’un gros nabre ! Gros, gros, gros !

Un arbre comme y’en a pas du tout dans ce donjon, on dirait ! Par contre...

— Mais Jill, elle est pu là-bas, elle est loin loin dans le donjon, qu'elle a dit !

Oups ? Je l'entends gênée dans ma tête, Jill. Pourtant c'est bien ce qu'elle m'a dit ! Ou j'ai pas compris ?

Dans le donjon ?, répéta Brume, pensive. Mieux valait se déplacer avec les aventuriers pour l'explorer. Tu nous tiendras compagnie un moment en attendant qu'on la retrouve, il y a des créatures dangereuses et des vieux pièges. Avec beaucoup de malchance, Jill serait déjà morte quand ils la trouveraient. Pire, les Gobelins auraient trafiqué les pièges restants du château en plus d'avoir probablement posé les leurs. Elle allait devoir s'en remettre à ce qu'elle appelait "Le Toucher" qui lui permettait d'avoir une excellente vision spatiale des obstacles en dépit de sa cécité.