Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



Arior s'éveilla de bon matin ce jour là. Il se sentait... En forme. La nuit avait été agitée et passée en bonne compagnie, le vin avait coulé à flot et grâce à ces talent il n'avait aucune gueule de bois. Il se sentait la force d'avoir une journée bien remplie et productive. Il décida donc que cette matinée serait consacré à faire sa tournée des mauvais payeurs de la ville. Pas que celle-ci soit énorme et qu'il y ait beaucoup de clients mais... quelques uns se faisaient désiré dans le paiement de ses services.

Le soleil se levait et c'était l'heure parfaite pour aller faire le tour du marché et visiter une étale en particulier. Il marchait tranquillement dans le fraicheur du matin, ayant en ligne de mire l'étale concernée. Mais il se stoppa lentement en apercevant du coin de l'œil un petit être qu'il avait déjà vu. Chétif, sale, mais étrangement blanc comme la neige, le petit elfe l'intriguait depuis plusieurs jour déjà. Il semblait seul, à la rue, abandonnée et pourtant aussi sauvage qu'un petit animal. Il ne se laissait pas approché, se cachait, ne mendiait pas... Et il avait visiblement une idée dérrière la tête. Son intérêt tout concentré sur celui qui avait retenu son attention, Arior remit temporairement à plus tard son plan pour observer la scène.

Je sais.

L'enfant avait posé ses mains sur ses jambes croisées. Son regard était baissé mais pas dénué de fierté. Il examinait ce qui restait de ses chaussures - de ce qui avait dû être un jour des chaussures. Elles laissaient apparaître ses doigts, qui étaient effectivement sous la couche de crasse, aussi blancs que le reste de son corps.

La réaction du garçon le dérouta. Il s'attendait à ce qu'il se rebiffe, nie, se vexe ou n'importe quoi d'autre, mais pas à... ça.

- D'accord... si tu le sais... alors pourquoi affirme tu en être un ?

Il essayait de trouver une cohérence dans ce raisonnement.

A nouveau son regard dériva sur son environnement, avant de revenir sur ses pieds. Ils étaient toujours seuls.

Je sais ce que je suis.

Il observait à nouveau les rats, qui à proximité des égouts et en présence de nourriture, se montraient de plus en plus téméraires. L'enfant ne bougeait pas.

Arior fit un pas sur le coté, pour se rapprocher légèrement mais surtout mieux voir le petit qui ne semblait pas du tout dérangé par les rongeurs.

- Bien. Donc tu es un elfe noir... blanc. C'est ça ?

Le mage n'avait jamais vu ça. Si ça expliquerait la couleur de ses cheveux... ça laissait planer le mystère sur la couleur de sa peau.

- Comment est-ce possible ?

Pour toute réponse, l'enfant haussa les épaules. Silencieux, les muscles tendus comme un prédateur, il était à l'affut, et l'elfe noir n'était pour un temps qu'un élément du décor. Si son mouvement avait légèrement éparpillé les opportunistes, il ne fallut pas longtemps pour que ceux-ci reviennent à la charge, et s'aventurent à l'orée des orteils exposés.
D'un coup, l'enfant s'élança. Sa main saisit au vol l'un des rats, presque trop gros pour sa paume. Il serra le thorax de l'animal qui émit un cri étranglé, pour planter rapidement ses dents dans la gorge vulnérable et en arracher la chair.

Arior grimaça. Urg. C'était vraiment... dégoutant ! Le mage fronça le nez.

- Tu avais d'autres fruits plutôt que de... faire ça. Tu vas te rendre malade, ces bestioles sont dégoutantes !

Il l'observa et se demanda si...

- Tu ne préférerait pas un repas chaud dans un auberge ? Je peux t'offrir ça, si tu veux.

L'enfant releva les yeux vers l'elfe noir qui lui faisait presque face. Le sang qui dégoulinait de ses lèvres jusque sur son menton, son cou et son torse - protégé par une chemise qui brillait uniquement par son stade de dégradation avancée - donnait au visage singulier un air sauvage, féroce. Echevelé, ses yeux brillaient d'une farouche détermination, et d'une fierté qui n'avait rien d'anodin.

Je ne veux pas de ta pitié.

Il croqua dans la chair du rat fraîchement exécuté.

Fière petite chose. Fière et idiote selon Arior. Préférer allez jusqu’au mourir pour préserver son égo plutôt que de tout faire pour survivre et avoir l’occasion de prendre sa revanche ? Très peu pour lui. Il était un homme de stratégie. Évidemment il avait lui même une fierté élevé. Mais pas jusqu’à risquer sa vie ainsi. Il secoua doucement la tête.

- Tu es idiot. Ça te tuera.

Lui affirma t’il comme une sombre prophétie.

Alors qu'il mâchonnait consciencieusement la viande crue et coriace, la tête penchée de l'enfant concéda.

Peut-être.

Il finit sa bouchée, avant de jeter d'un geste indifférent le rat là d'où il venait, qui servit immédiatement de pâture à ses semblables. Il se releva, songeant à peine à s'essuyer la bouche.

Ne te moque pas de moi. Avant d'ajouter comme une conclusion. Je ne suis pas idiot.

Oh Arior ne se moquait pas. Mais il trouvait ça... dommage. Vraiment. Ce petit être avait du tempérament et avec un peu plus de jugeote, il pourrait sans doute devenir quelqu'un. Le mage eu un court soupire.

- Bien. Puisque tu le prends ainsi... Continue donc à manger des rats dans la boue.

Il aurait pu partir mais décida de rester un peu, pour tester les réaction de ce gamin si insolite.

L'enfant croisa les bras. Il faisait face à l'elfe noir, aussi grand que le lui permettait sa petite taille. Il prit une inspiration, sans rien perdre de sa superbe - à peine gâchée par son apparence - ou de son assurance.

Aucune auberge ne laissera entrer un pouilleux comme moi. Un air de défi dans le regard. Si tu veux m'offrir un repas chaud, il faut aussi m'offrir un bain et de nouveaux habits. L'expression de ses yeux changea légèrement. T'es conscient de ça ?

Ce gosse ne cessait de le surprendre ! Que ce soit conscient ou non, il était en train de retourner la situation à son avantage. Il était peut-être bien un elfe noir, après tout. Un sourire amusé au coin des lèvres, le sorcier reprit :

- Serais-tu en train de négocier, petit ? Ce serait plutôt malin de ta part !

Il rit un peu et ne lui laissa pas le loisir de répondre.

- Je serais curieux de te voir décrotté. Je peux t'offrir tout ça, si tu le souhaite.

Une ombre de sourire s'affirma dans les yeux noirs. Il ne s'était pas détendu pour autant, mais cette petite victoire semblait importante.

D'accord.

Arior était... satisfait !

- Suis moi.

Il se détourna, entraînant l’enfant vers la rue marchande. Que pourrait il faire de lui ? Un esclave ? Trop rebelle. Un serviteur ? Peu de chance. Un compagnon de route ? Peu d’intérêt. Un disciple ? Il ne s’était jamais imaginé en précepteur mais pourquoi pas ?

- As tu un nom ?

Avant de le suivre, l'enfant s'arrêta un instant devant le muret qui l'avait abrité. Son regard s'attarda sur les fruits délaissés, dont il se saisit. Ignorant le sang qui maculait ses mains, il commença à jongler, avec une adresse qui n'était plus à prouver.

La question de son bienfaiteur suscita un nouveau haussement de sourcils.

Oui.

Son petit sourire trahissait son véritable sentiment, mais il avait assez joué. Il récupéra ses balles de fortune dans la même main et parut se renfrogner un peu. Il regarda droit devant, donnant une information sans importance.

Satel.

Il avait visiblement compris à qui il avait à faire et retenait ses plaisanterie que le sorcier entendait malgré tout dans le silence.

- Satel, je suis Arior.

Fini t’il par se présenter avant d’entrer chez un tailleur. Le vendeur grimaça en voyant l’enfant crotté, mais se tut lorsque le mage fit tinter sa bourse. Arior adorait choisir des toilettes et il aurait pu y passer des heures, mais il fut bref, ne laissant pas le choix de ses préférences à l’enfant. Il choisit robuste et qualitatif plutôt que joli et bien taillé ce qui conviendrait mieux à Satel.

- Un besoin particulier ?

Seul chance pour Satel d’exprimer un choix.

Si c'était visiblement la première fois que l'enfant entrait dans ce genre d'établissement, il ne se laissa pas impressionner. Il rendit son regard au tailleur, mais ne fit pas de vague. Il écouta Arior négocier, jusqu'à ce qu'il lui adresse la parole.

Juste... pas de blanc. Il réfléchit un instant supplémentaire. Ni de noir. Et ajouta presque au dernier moment. Et être propre.

Les cheveux emmêlés et revêches faute de soins, sa peau aussi tâchée de boue et de sang séché qu'il était possible de l'être... Autant de luxe autour de lui ne faisait que renforcer le contraste.

C’était une demande sensé alors Arior paya pour lui des vêtements dans les tons sables et marron et une cape fourrée verte foncée. Il paya les tailleurs et sorti pour faire une halte chez le cordonnier. Il acheta une paire de botte haute pour le petit, 2 tailles trop grandes et des semelles pour les compenser. Les pieds des enfants grandissaient vites. Puis il se dirigea jusqu’à son auberge et demanda qu’on monte dans sa chambre deux baquets d’eau chaude et un pain de savon puis rejoignit celle-ci accompagné de Satel.

- Là, tu va pouvoir te laver.

Tout alla si vite que l'enfant n'eut même pas le temps de s'interroger quant à la taille des bottes. Il ne manqua pas la moue de l'aubergiste, ni celle de la femme qui serait chargée de vider les baquets utilisés. Mais tout ce temps, il se tut, se laissant entraîner par l'elfe noir bien trop content d'avoir un nouveau jouet.
La bassine fumante lui faisait envie, il ne pouvait le cacher. Pourtant, il se retourna face à son bienfaiteur. Il n'était pas aussi naïf.

Pourquoi.

- Pourquoi pas ?

Répondit Arior en haussant un sourcil.

- Allez, saute le dedans. Je te l’ai proposé et je ne t’ai rien demandé en échange n’est ce pas ? Alors profite de la bonté d’un voyageur intrigué par le petit sauvage que tu es.

Il s’installa sur son lit examina l’ensemble qu’il avait choisi pour ce gamin. Bien sûr qu’il avait quelque chose derrière la tête, mais ce serait pour plus tard.

Après avoir regardé l'elfe noir une dernière fois, ce dernier s'occupant pour le moment d'autre chose que de lui, l'enfant laissa échapper un léger soupir. Il se débarrassa sans pudeur de ses guenilles, rendues raides par la saleté, et sauta - littéralement - dans l'eau. Il resta un moment sous la surface, avant d'émerger sans un bruit, et chercha le savon du regard.

Le sorcier s’approcha du gamin qui refit surface. Il lui tendit le pain de savon alors que l’eau du bac se troublait à vu d’œil. Il lui tendit une brosse.

- Frotte bien. Tu en as besoin.

Il le laissa faire seul lui indiquant par moment des endroits persistant. Il s’attendait à voir des plaies infectées mais étonnement le gosse était plutôt sain.

- Depuis combien de temps vis tu dans la rue ?

Et l'enfant frotta. Avec le savon, avec la brosse, et le sable échappé de sa propre peau pour étriller son épaisse chevelure. Son corps était parsemé de cicatrices, déjà nombreuses pour son jeune âge. Sa peau commençait à rougir sous son acharnement mais il ne parut pas s'en rendre compte. Il frottait encore quand Arior le questionna à nouveau. Il répondit d'un ton égal, sans le regarder.

Depuis que je sais marcher.

Si petit... et il avait survécu tout ce temps ? C’était un exploit. Arior tendit la main pour stopper les gestes de Satel et récupéra la brosse, s’occupant lui même de finir de le décrasser pour éviter qu’il ne se blesse. Il s’occupa aussi de ses cheveux, longs et terriblement emmêlés...

- Il faudrait les couper. Ils ont en trop mauvais état. On ne pourra rien en faire de bien. Saute dans l’autre bassin, cette eau là est saturée de crasse.

L'enfant accueillit la nouvelle en silence, et se laisse faire malgré sa nature insoumise. Sa peau était encore recouverte de savon mais il grimpa sur le rebord de la bassine et plongea dans la seconde comme il l'avait fait dans la première. Il resta encore une fois longtemps sous l'eau. Quand décida enfin d'en sortir la tête, il se frotta vivement les yeux, irrités par le savon.

Je ne veux pas les couper.