Nano. RolePlay

- MAIS LÂCHE MOI SALE CHOSE !

La voix d'Arior montait dans les aigues alors que les lianes piquantes s'enroulaient autour de ses chevilles. Il était seul au milieu de cette foutue forêt et s'adressait à la plante semi-consciente qui avait décidé d'en faire son repas (ou quelque chose de semblable). L'elfe noir n'avait voulu que traverser ce bois et il était en bonne voie de le faire. Avant que cette chose ne s'attache à sa cheville et refuse de le lâcher comme si elle avait trouvée son âme-sœur !

- Brûle en enfer !

Lança t-il en même temps qu'une gerbe de feu sur la plante, qui non contente de ne pas bruler, se trouvait ragaillardie par l'attaque et s'enroulait autour de lui de plus belle. Clairement, cette chose puait la magie. Mais s'il devait bruler 50 hectares de foret pour qu'elle lui lâche la grappe, parole d'Arior, ce ne serait pas ça qui l'arrêterait !

L'armure était plus serrée qu'il se le rappelait. Il avait certainement gagné en musculature, il n'y avait pas d'autres explications (c'est ton bide). Zen avait déjà détaché les petites ceintures qui étaient supposé garder le metal en place, ce qui annonçait sa présence en gros KLANK KLANK KLANK de loin. Arior aussi annonçait sa présence avec le nombre de choses qu'il gueulait. Au début Zen avait pensé à une genre de harpie, mais non. C'était en fait un elfe noir. Il avait travaillé ensemble avec assez de spécimens pour le reconnaître, même s'il n'en avait jamais croisé un qui aimait autant les baisers de plantes carnivores.

Sans blague, mais cette chose n'allait donc jamais mourir ?! Il était déjà entortillé jusqu'aux cuisses et commençait sérieusement a s'énerver.

- Je te préviens que je brûle toute la foret si tu ne me lâche pas tout de suite !

Mais la plante ensorcelée -ou quoi qu'elle fut- était imperméable à ses menaces.

- C'est une bonne hache qu'il me faudrait pour te calmer !

Il se prit à regretter d'avoir abandonné toute forme d'acier en se fiant uniquement à son pouvoir immense -et pour une fois inutile-. Il faudrait qu'il revoit son armement.

C'était presque marrant de voir un elfe gigoter comme une mouche prise dans une toile d'araignée. Zen s'était arrêté devant lui et encore le bonhomme semblait plus préoccupé avec les lianes qu'avec la personne qui signifia son salut. TOI AVOIR BESOIN D'AIDE, ELFE ? Il ricana de toutes ses dents pointues.

Arior sursauta à la voix puissante qui rugit derrière lui en poussant un petit cri de surprise très viril. Tout occupé avec la plante amoureuse de lui, il n’avait même pas entendu le bruyant orc arriver ! C’est dire si son attention était accaparée.

- Non !

Rétorqua t’il d’abord en se drapant dans sa fierté. Avant de constater que c’était idiot d’être fier mais mort -ou définitivement humilié par une plante-.

- Si ! Oui ! Ce truc refuse de me lâcher !

Si l'elfe n'avait pas très rapidement changé d'avis, Zen aurait continué sa quête sans le moindre remords. Il méritait de se faire agresser par les lianes en fin de compte. Mais le garçon avait changé d'avis. ZENKÛGA TOI AIDER. Il déposa sa hache massive et enleva ce qui restait de son armure. Ce truc servait à rien s'il voulait mouvementer comme bon lui semble. TOI D'ABORD DIRE SI TOI VOIR POULE GEANTE. Il n'avait pas oublié sa quête.

- Quoi ?!

C’était quoi cette question ?! Lui qui pensait enfin être libéré sur-le-champ et au final, rien ?!

- Hiiiiiiiii !

Frissonna t’il violemment alors que la plante limaçait contre son ventre.

- Moi pas vu ! Pas poule géante ! Mais moi grand magicien, moi t’aider !!

La panique lui faisait limiter l’orc. Heureusement qu’il n’y avait pas de témoins...

Zen n'aime pas les magiciens. La magie pue comme... un truc magique qui pue. Il ne sentait pas l'odeur sur l'elfe, mais c'était peut-être dû à l'étrange substance poudreuse que souffla la plante à chaque fois que sa proie tenta de s'échapper. S'il pouvait l'aider avec sa quête par contre... TOI ET ZEN AVOIR MARCHÉ. Il n'avait jamais compris le sens de cette expression, mais c'est ce qu'on disait à la fin d'une transaction verbale.

- Oui ! Oui ! Maintenant coupe cette chose !!

Un marché, avec un orc, ben voyons ! Mais tout pour être débarrassé de ce truc qui rampait sur lui ! Et qui en plus...

- ATCHOUM !

... lui crachait...

- ATCHA-ATCHOUM !

Son polen, sa semence ou Guldin sait quoi à la tête !

Quatre bons coups de hache, dont une qui effleure à peine la sombre peau de l'elfe mauviette. Quatre coups et il est libéré. Zenkûga redépose sa hache contre le sol et écrase une dernière liane qui tente de se faufiler autour de la cheville du garçon avec la semelle de sa botte. Y avait un truc qui semblait l'y attirer, contrairement à l'orc que la plante ne tenta même pas d'approcher.

ENFIN ! Enfin il était libéré de cette sangsue végétale qui ne cria pas, mais se recroquevilla sur elle même.

- Ah, ça fait mal hein ?! Tu l'as bien sentie celle là ! Ahah !

Il semblait fier comme un paon. Comme si c'était lui qui s'était débarrassé du pot-de-colle et qu'il ne continuait pas à éternuer sans arrêt. Ce qui l'agaça suffisamment pour qu'il finisse par s'infliger à lui même une bourrasque de vent puissant pour le débarrasser des spores qui le recouvrait -ce qui l'ébouriffa sacrément au passage-. Il lissa ses vêtements, reprit contenance à la manière d'un chat et s'adressa au géant.

- Donc, tu cherches une poule, c'est ça ?

POULE GEANTE, clarifia l'orc en levant le bras pour montrer sa taille, environ. CRI BEAUCOUP. VOLE CAROTTES. CROIT ÊTRE DRAGON. Mais clairement une poule. COMMENT TOI TROUVER POULE POUR ZEN ? L'elfe avait l'air encore moins impressionnant maintenant qu'il était debout. Tout petit et gringalet.

Si au départ, Arior pensait trouver un moyen quelconque d’envoyer le géant vert sur les roses, le mot “dragon” retint toutefois son attention. Il se força à se concentrer et essayer de décoder l’orc. Parlerait-il d’un bébé dragon qu’il prendrait pour un gros poulet ? De cette taille là, ce n’était clairement pas un adulte. Et l’idée de capturer un jeune dragon le fit frissonner d’excitation !

- A t-il laissé quelque chose ce poulet ? Une écaille ? Une griffe ? N’importe quoi ?

Ahaa !!! Preuve que ce sorcier savait de quoi il parlait. C'est avec une fierté incomparable qu'il sortit une plume de drachouette (dragon-chouette) de sa pagne. Le sourire plein de dents devint encore plus large, la grimace monstrueuse rappelant que ses crocs avaient sûrement été utilisé pour manger sans pardon des bestioles de taille comparable.

Yeurk... Arior regarde la plume en fronçant le nez. Déjà parce que ça sortait du pagne d'un orc, ensuite parce que ce sourire faisait peur à voir, mais aussi parce que... Un dragon à plumes ? Ce serait peu commun. Mais vu la taille de ladite plume, elle n'appartenait clairement pas à un poulet. L'elfe prit l'objet du bout des doigts et s'écarta un peu. Il sortit une carte de sa besace, la posa au sol et mit la plume par dessus.

- Je vais localiser ton poulet. Ne t'approche pas.

Il lança un sort de localisation simple, faisant apparaitre un point lumineux sur la carte.

Zenkûga regarda la carte avec un regard complètement vide. Le sourire était parti. Il n'était que concentration. Et... et confusion. Il savait ce qu'était une carte, bien sûr. Il n'était pas un troll. Mais c'est pas comme s'il savait comment les lire ou les interpréter. C'est un truc d'elfes noirs, les cartes. Ils aiment bien passer des heures dans leurs petites tentes éloignés de la Brèche et du combat pour faire de la "statrégie" (ou un truc semblable). Zen voulait juste taper. Si un commandant lui disait "va là-bas et frappe ce truc", il pouvait l'exécuter à perfection, mais les instructions  devaient être claires.

Bon sang, si cet orc fixait encore cette carte, elle allait prendre feu ou du sang lui sortirait par les oreilles ! Foutus orc ! Arior soupira et s’accroupit en face de la carte.

- On est ici. Et ton poulet est là-bas. Ça représente... quelque chose comme 2 ou 3 jours de marche, d’accord ? Donc il n’est pas tout près. Il va falloir marcher vite, mais s’il vole... pas sûr que tu y arrive. Car il sera toujours bien plus rapide que toi.

"Ici" et "Là-bas" il comprenait. Sur une carte ? Toujours pas. 3 JOURS. POULET ENCORE LA À 3 JOURS ? Il pouvait toujours attendre son retour, mais si ce n'était qu'un endroit temporaire, il allait avoir besoin de la carte et, surtout, du sorcier aussi. AH ! Idée de génie ! TOI VENIR AVEC ZEN.

- Quoi ?!

Il était sur le point de refuser catégoriquement ! Mais... il s’était engagé à aider cet orc et surtout, il était toujours aussi intrigué par la chose qu’il poursuivait, sans compter qu’une aventure de plus le motivait grandement !

- Hum... d’accord, on va faire en sorte de le retrouver. Mais il va falloir faire mieux que simplement lui courir après pour l’attraper. Est ce que ce poulet avait l’air dangereux ?

Question stupide à poser à un orc mais ça lui donnerait peut être une indication sur le niveau de danger de la bête.

Un gros rire l'échappa en guise de réponse. Plusieurs oiseaux apeurés décollèrent des arbres et buissons autour d'eux, signalant leur position à n'importe quel volatile. BWAHAHAAHAHAA. TOI ÊTRE PETIT ELFE MARRANT. Non donc. Pas dangereux. Il essuya une larme du coin de son œil et frappa amicalement l'elfe contre le dos. C'était pas sensé être très fort mais... il avait bien ses biceps d'orc.

Arior se prit la clause puissante en plein milieu des omoplates et valdingua en avant. Il se reprit de justesse et évita de peu de s’étaler par terre. Il toussa un peu mais se drapa dans sa fierté en se redressant. Ok, le poulet n’était donc pas dangereux au yeux de l’orc. Cela dit pour lui, Arior ne l’était sûrement pas non plus.

- Bien. On va essayer quelque chose.

N’ayant pas lâcher les lianes magiques encore en vie, il se concentra et psalmodia un sort sombre. L’air se brouilla et au milieu d’une boule de fumée sorti l’image floutée d’une grosse chouette.

- C’est ça ton poulet ?

Ses réflexes étaient plus rapides que son cerveau. YAAAARGH. Sa hache vint couper le brouillard en deux. L'image du drachouette disparu, pour un instant, avant de réapparaître comme s'il le narguait. L'ombre semblait rire en plus, avec un petit air maléfique.

Hum-hum.

Donc oui : c'est le poulet.

Ari regarda faire l'orc et ne sourcilla même pas, peu étonné de voir un comportement aussi... simple. Il le laissa s'apercevoir de son erreur et s'approcha de l'image pour la détailler.

- Et bien... qu'est ce que c'est que ça...

C'était une pensé pour lui même. Il n'avait jamais vu de... euh... ça. Jamais vu une chouette de cette taille là. Encore moins agir comme elle le faisait. C'était... exotique. Et intriguant. Et clairement plus qu'un simple poulet qui parle.

ZEN TOI DIRE ! POULET QUI VOLER CAROTTES A ZEN ! Le sorcier lui avait promis de lui montrer le chemin vers sa cible, mais jusqu'à présent il n'y avait qu'eu un petit point sur une carte et un poulet en fumée. L'orc commençait à s'impatienter et c'était visible dans les traits de son visage.

Les paroles empressées de Zen le firent sursauter et s'arracher à sa contemplation.

- Oh, oh, tout doux l'ami. Je devais bien m'assurer qu'il s'agissait du bon poulet pour ne pas t'envoyer n'importe où, n'est ce pas ?

Est-ce que la diplomatie fonctionnait avec les Orcs ? Et bien il allait tout de suite le voir. Il réfléchit néanmoins à ce qu'il pouvait faire pour que cette bourrique comprenne où trouver cette chouette.

- Trouve moi un bâton en forme de Y et tu auras ce que tu veux.

Il lui mima la forme, juste au cas où l'orc n'ait aucune notion de l'alphabet.