Nano. RolePlay

Après sa rencontre avec le frère de son ami Klyde, Maksim reste plongé dans ses pensées un moment. Il s'est mis en colère et l'émotion était si forte qu'il a raté l'occasion de tirer les vers du nez du frère patibulaire. Pire, son ami s'est senti mal, en partie à cause de lui, et lui a même jeté au visage que Max s'y prenait mal avec son frère. Maksim est donc bouleversé à l'idée d'avoir perdu le contrôle de la situation et se demande ce qui ne va pas chez lui pour qu'il sabote ses relations et se retrouve toujours seul à la fin. Mais est-ce sa faute ? Les deux autres sont très étranges avec leurs secrets. Ne pas dire d'où ils viennent, ce qu'ils font comme travail, tout cela est excessivement louche. Un peu de normalité lui ferait du bien !

Autour de lui, les hommes s'affairent aux travaux de la cathédrale tandis que leurs familles leur apportent des vivres avec le sourire. Ses lunettes noires sur le nez, Maksim déambule parmi eux du haut de son étalon noir. Le milicien essaye de faire forte impression malgré son jeune âge, tout juste vingt-deux ans au début du mois d'octobre. Il leur sourit, même s'il n'est pas d'aussi bonne humeur qu'eux.

Ces temps-ci, un seul sujet passionnait tous les Moscovites : la fameuse cathédrale en cours de reconstruction. Et donc, ce n’était qu’une question de temps avant que les jumelles Azarov ne profitent d’un moment libre pour aller observer les travaux. Seulement le vent joueur avait fini par arracher le châle de Tsillia et le coincer en hauteur, hors de leur portée. Heureusement, la place grouillait de passants. Il y aurait bien une âme charitable dans la foule, pas vrai ? Une silhouette perchée sur un cheval attira vite l’attention de Raïetchka. « Hé ! Monsieur sur le cheval noir, vous auriez un instant ? »

"Monsieur sur le cheval noir" n'est pas une interpellation courante. Le milicien en conclue rapidement qu'il s'agit de lui et se tourne vers une jeune fille blonde, bien habillée et d'apparence gentille. La peur ne se lit pas dans ses yeux à la grande surprise de Maksim. Si ce n'est pas par peur, que lui veut-elle ?
"Oui, c'est à quel sujet, mademoiselle ? demande Max en forçant un visage avenant (pour changer).

Véritables images miroir l’une de l’autre, les jumelles ne se différenciaient que par leurs vêtements et leur comportement. Raïetchka arborait un sourire assuré et s’était faite leur porte-parole en sentant sa soeur se rapprocher d’elle à la vue de l’uniforme de la milice. L’homme avait l’air serviable, il n’y avait pas de raison que ça se passe mal. « Le châle de ma soeur s’est coincé dans un échafaudage, trop haut pour nous. Est-ce que sur votre cheval vous arriveriez à l’atteindre ? »

"Je vois. Eh bien oui je peux en effet m'en charger. Voilà ce que j'espère être l'évènement le plus palpitant de la journée. Considérer le châle comme déjà récupérée ! Et vous pouvez m'appeler l'agent Bounine, mesdemoiselles."
Oui, être gentil n'est pas dans ses habitudes mais s'il a des sourires plutôt que des mines défaites ou en colère aujourd'hui, ce sera un grand progrès. Il dirige donc lentement son cheval vers l'échafaudage désigné.

« Enchantée. Je suis Raïssa Vasilievna, et voici ma soeur, Cecilia. » L’avantage du patronyme était qu’il était une manière parfaitement normale de se présenter, tout en les rendant plus difficiles à retrouver à l’annuaire. Après tout, même avec un milicien serviable, on n’était jamais trop prudent. Aucune de ces réflexions n’apparaissait toutefois sur son visage de poupée, qui arborait toujours un sourire aimable. « Merci beaucoup pour votre aide, agent Bounine. »

"Je m'en souviendrai."
En réalité, il y a de fortes chances que Maksim mettent ces noms directement aux oubliettes. Il réserve sa mémoire pour les choses vraiment utiles. Les fillettes sont très agréables mais il n'y a aucune raison de les revoir. Le cavalier tend la main vers le châle et tire sur ce dernier mais il sent qu'un fil s'est coincé quelque part dans un angle de l'échafaud. Lentement, Maksim cherche à identifier le point de tension.

Elle avait donc bien fait de rester vague au sujet de leur identité. Enfin, bientôt leurs chemins se sépareraient et… ah non tiens, le châle volage faisait de la résistance. Raïetchka hésita entre laisser le milicien déterminer la meilleure stratégie lui-même ou intervenir. « Il y a une petite tige qui passe à travers les mailles, un peu en haut et à gauche de votre main. » En espérant que le tricot ne souffrirait pas trop de cette mésaventure.

Maksim fait avancer légèrement son cheval avec l'aisance d'un batelier sur une barque. Sa main parvient à la tige agrippant les fibres et déloge le tissu sans l'abîmer davantage. Le milicien n'a plus qu'à baisser le bras et tendre l'objet tout sale à la jeune fille.
"Voilà, mademoiselle. Vous trouverez une fontaine facilement. Passez une bonne journée," dit-il avec l'assurance du justicier.
Cette petite mission lui aura permis d'oublier temporairement son blues.

Raïetchka se haussa sur la pointe des pieds pour récupérer le châle de sa soeur. Ce n’est qu’en se retournant pour le lui tendre qu’elle remarqua un manque dans sa tenue. « Tsillia… où est ton collier ? » La chaine d’or à laquelle pendait la médaille de baptême de sa jumelle avait en effet disparu. « Agent Bounine, est-ce que vous auriez encore un peu de temps pour nous aider ? La médaille de baptême de ma soeur a disparu. » Elle accompagna sa question d’un sourire de toute beauté, auquel elle savait que les aînés de sa fratrie étaient incapables de résister. Être la plus jeune devait bien avoir quelques avantages.

L'agent Bounine a à peine eu le temps de décaler son cheval que la fillette l'interpelle à nouveau. Il se tourne et force encore un peu son sourire, cette fille-là a jusque là été gentille avec lui.
"Hum, êtes-vous certaines qu'elle avait sa médaille avant d'arriver au chantier ?"
Première chose à faire pour chercher méthodiquement l'objet perdu.

Voilà bien une question qu’un de leurs frères et soeurs aînés aurait aussi pu poser. Si elles disaient avoir perdu quelque chose, c’était qu’elles l’avaient au départ, non ? Enfin, rien à y faire. « Oui, elle la porte toujours sur elle. Comme moi, voyez. » Joignant le geste à la parole, Raïetchka tira sa propre médaille de baptême de sous ses nombreuses couches de vêtements.

Maksim ôte ses lunettes noires pour voir la couleur naturelle du métal de la médaille.
"De l'or, je vois. Très bien, retournons à l'entrée que vous avez choisi et refaisons votre itinéraire à l'identique. Et je demanderai aux passants."
Son autorité de milicien doit délier les langues.

« Merci, monsieur. » Et un nouveau sourire de l’adolescente. Les passants seraient probablement plus enclins à s’arrêter si un homme en uniforme leur demandait de le faire, que si deux jeunes filles tentaient de les aborder. Retracer leurs pas, donc. Un chance que Raïetchka ait une bonne mémoire — une nécessité avec ses plans de carrière.

Le milicien fait donc avancer doucement son cheval. L'étalon noir avance à pas mesuré avec un calme apparent.
"À propos, êtes-vous seules ? Vous n'avez pas vos parents ou un chaperon ?" demande Maksim pour engager la conversation et surtout répondre à une de ses interrogations.
Les garçons, surtout de famille pauvre, déambulent seuls sans que ça ne dérange personne mais des filles visiblement riches peuvent attirer les ennuis (les garçons, eux, les provoquent).

Voilà une question risquée à laquelle les parents (et frères et soeurs aînés) des jumelles leur avaient depuis longtemps appris à répondre. Certes, le risque était minime dans un endroit aussi fréquenté que les alentours de la cathédrale, mais on n’était jamais trop prudent. « Oh, nous n’habitons pas loin, ne vous en faites pas pour nous. »

Oui, les zootropes que Maksim chasse, eux non plus "n'habitaient pas bien loin".
"Méfiez-vous quand même... Vous devriez apprendre à vous défendre par exemple."
Sa sœur avait appris les arts martiaux. À sa grande honte, elle l'avait mis au tapis plusieurs fois (mais il n'était pas armé).

Tiens, voilà qui était original. Ils étaient rares les étrangers qui leur conseillaient de prendre leur sécurité entre leurs propres mains plutôt que de se chercher un chaperon à même de les défendre. « J’en prends bonne note. Qu’est-ce que vous conseillez, agent Bounine ? » Même si elle doutait d'avoir un jour besoin de telles capacités, peut-être que creuser le sujet valait la peine, ne fut-ce que pour voir la tête surprise de Kolia si elle parvenait à le mettre au tapis. Ca ferait des vacances à Pétia, pour changer.

Maksim réalise trop tard qu'il est bien imprudent de conseiller à une jeune fille de pratiquer des arts martiaux comme systema ou sambo !
"De ne surtout pas faire de gestes désespérés et de laisser les autorités faire. Ne pas paniquer, attendre le moment où votre agresseur semble distrait pour l'assommer, ne les défier pas. S'il vous frappe, faites semblant de rester à terre."
Voilà, on sauve les meubles, ou pas.

Systema:

Ce qui avait commencé de manière prometteuse se révéla plutôt décevant en fin de compte. Il ne s’agissait en rien de techniques de défense, uniquement de manières de limiter la casse. Tant pis. « C’est noté. » Elle se débrouillerait autrement pour obtenir des conseils plus utiles.

Maksim soupire intérieurement d'avoir limité la case. Il espérait bien que ces filles-là serait bien gentilles l'avenir de ne pas le désigner comme celui qui leur a donner des idées inappropriées. Cela mis à part, il repense à son interaction ratée avec le rouquin. Tout ce que Maksim veut c'est du respect !
"Si je comprends bien, vous n'avez jamais eu de problèmes avec des individus. Même pas de malaise ?"
Ce serait une bonne chose mais Max est pessimiste de nature.

« Non. » Pourquoi diable tenait-il tant à ce qu’elles aient eu des ennuis par le passé ? Bon, il faut dire que leur famille commençait à peine à cesser de les couver et à les laisser sortir non-accompagnées. L’habituelle présence d’au moins un de leurs frères ou de leurs parents a peut-être joué un rôle.

"Tant mieux."
S'ensuit le silence, l'agent Bounine n'a aucune idée de sujet de conversation possible avec deux jeunes filles inconnues. Il n'en a jamais eu l'occasion jusqu'à maintenant et sans doute car il n'y voyait aucun intérêt jusqu'à présent. Elles semblent innocentes et gentilles alors pourquoi parleraient-elles à un milicien qui fait peur ?

Ils étaient entre-temps arrivés à l’endroit où les jumelles étaient entrées sur la place, et Raïetchka s’arrêta. « Nous sommes arrivées par ici. » Et maintenant, que faire ? Retracer méthodiquement leurs pas ? Interpeler au hasard des passants pour leur demander de l’aide ?

Fumée, en bon cheval, obéit au moindre geste de son cavalier. Encore plus à l'aise sur sa selle que sur le sol, le jeune homme donne l'impression d'être un centaure. Le milicien scrute les alentours, le sol comme les tables. Après un examen attentif et rigoureux, aucune médaille n'est visible. Que faire ? S'il veut des louanges, il doit bien y avoir un moyen d'impressionner ces petites filles.