Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



Ils s'attendaient plus à voir apparaître une forêt antique aux cimes vénérables que les vertigineuses hauteurs de vielles montagnes. Nuwarëliya stoppa sa marche pour observer les alentours, une moue au visage. Derrière elle, elle ne voyait que ce paysage vallonné qu'elle avait traversé depuis la veille. Devant elle se trouvaient les montagnes inattendues. L'elfe se gratta la nuque. "Je crois que je me suis trompée dans un croisement."

Sur ses épaules, deux petites masses écailleuses se déroulèrent alors que les têtes de dragons-fées se levaient vers elle. Le brun haussa son arcade sourcilière. "Je t'avais dit de ne pas écouter Drakssam." A ces mots, le vert souffleta quelques flammèches. "J'ai un très bon sens de l'orientation, Rooiberos. C'est la carte qu'Ely a trouvé qui a mal indiqué le chemin." L'elfe soupira en se laissant gracieusement tomber sur l'herbe. "En attendant, Lalalariel est toujours aussi loin et j'ai perdu la Capitale !"

Les deux dragons-fées se regardèrent puis lui tapotèrent gentiment les joues. "Ne désespère pas, Ely, Heavensaw est immense." lui dit gentiment Père Rooi. Père Drak sourit d'un air espiègle. "Et nous avons les années pour visiter toute cette immensité !" Père Rooi lui fit les gros yeux et il regarda ailleurs, reconnaissant sans doute que la quête de l'elfe ne souffrait pas d'une telle attente. "Où sont les autres petits ?" Inquiets, ils cherchèrent leurs silhouettes à l'horizon.

Nuwarëliya gloussa à nouveau et bondit vers la pente. Au dernier moment, elle se retourna en levant haut ses pouces ; un geste de victoire qu'elle avait remarqué lors de son séjour à la Capitale. "Bonne chance à vous tous ! Je vais vous encouragez, donnez tout ce que vous avez !" Les dragons-fées paillèrent en agitant leurs ailes. Drakssam semblait en pleine forme, confiant de sa vitesse, alors que Rooiberos avait déjà analysé le chemin le plus court. Camomilla encourageait Nilgiriri et Oolong s'échauffait en observant les frasques de Pisencha. Ils avaient nettement leurs chances !

Les mini-chouettes répondirent aussi au salut de l'elfette, piaillant et criant, insultant de temps à autre leurs adversaires sous couvert de civilités. Pachouliboukoualoubouzoulek n'y prêta que peu d'attention, tout occupé qu'il était à récupérer au fond de son sac sans fond de quoi donner le signal du départ. Finalement, il brandit triomphalement dans son bec un pétard d'un rouge criard qu'il lança à l'elfette. Dépêches-toi de lancer la course, petite chose !

L'ombre immense de la chouette s'abattit sur elle pour lui balancer dans les bras un immense bâton rouge qu'elle devait activer pour lancer le départ... l'elfette resta un moment interdit, réfléchissant au processus de lancement, jusqu'à voir la mèche. Ah ! Il fallait l'allumer ! Elle planta donc ce "bâton de feu" au sol et prit deux cailloux qu'elle frappa l'un contre l'autre pour obtenir des flammèches.
Tandis que le "bâton de feu" s'allumait, elle se mit sur la pointe des pieds, les mains en porte-voix : "Bonne chance ! Vous êtes tout beaux, mes papas, mes frères et ma soeur. Et vous aussi, les drachouettes !" BAAM ! Le départ était lancé.

Les concurrents s'élancèrent avec force piaillement d'un côté et cris d'encouragement de l'autre. Bien entendu, Alfred fut vite à la traine, mais le reste des mini-chouettes et les dragons-fées formaient un groupe assez compact, à la surprise de Pachouliboukoualoubouzoulek. Comment de si petites bestioles pouvaient-elles aller aussi vite que ses doubles ?!

"Bravo Papa Drak ! Allez Camomilla, tu peux le faire ! Ohoh ! Nilgiriri, tu nous surprends !" Son plus jeune frère volait en effet aile contre aile avec Drakssam. L'elfette sautilla ensuite pour encourager... les mini-chouettes : "Allez Alfred ! Courage !" Tous y passèrent.

C'était si rare que quelqu'un les appelle par leur nom sans que cela implique des hurlements ni des insultes que les mini-chouettes furent un instant déboussolées. Surtout Alfred, qui avait déjà gouté aux joies de la gentillesse. Lui était définitivement hors-course ! Les autres prirent un peu de retard sur les dragons-fées, ce qui ne plut pas du tout à Pachouliboukoualoubouzoulek. Qu'est-ce que vous attendez, bande de cloportes végétariens ! Accélérez, bon sang de chaussettes !

"Ne l'écoutez pas ! Vous êtes de mign... magnifiques pelu... pilotes des airs ! Je suis estomaquée de votre performance." Elle voulait les prendre dans ses bras et les câliner jusqu'au soir ! Pendant ce temps, les dragons-fées filaient de plus en plus sans ralentir une seule seconde.

Le plaisir et la crainte se disputaient le coeur des mini-chouettes, mais les ordres de Pachouliboukoualoubouzoulek ne pouvaient être contestés, alors elles accélérèrent à nouveau, Grodur en tête. Seulement les dragon-fées avait pris de l'avance et ne cédaient pas de terrain, et la ligne d'arrivée se rapprochait à grands pas !

Nilgiriri n'avait pas l'endurance de Père Drak et ses ailes le lâchèrent soudainement. Voyant cela, Drakssam fit une volte serrée pour attraper son fils entre ses pattes et le balancer en premier vers la ligne d'arrivée avant de la passer en deuxième, suivi de près par Grodur puis Père Rooi qui ne perdit pas de temps pour lui sauter dessus en roucoulant ; totalement conquis par son geste généreux.

Nuwarëliya sautilla sur place en hurlant de joie. "On a gagné !!" Elle bondit sur son frère pour le serrer doucement contre elle alors qu'il crachait ses poumons essorés par l'effort. Puis elle caressa la tête de Grodur. "Bravo !"

Noooooooooooooon ! La plainte catastrophée de Pachouliboukoulouzek couvrit les démonstrations de joie des vainqueurs. Espèces de ventricules de poulpe ! Misérables vermisseaux ! Comment avez vous pu me faire ça ?! Le grand Pachouiboukoualoubouzoulek gagne toujours !

Dans un instinct protecteur, Nuwarëliya attrapa une autre mini-chouette - Alfred, le plus près - et recula en les serrant dans ses bras, faisant rempart pour les autres. "On a gagné sans tricher. Respecte ta parole, ô grand Pachouliboukoulouzek... et c'est pas leur faute !"

Ma parole ? Quelle parole ?! Et bien sûr que si, c'est leur faute ! Ces sales.... nuls ! Le pauvre dragon-chouette en perdait ses insultes. Lâche-les maintenant, bouffie ! Je n'ai plus rien à faire ici !

"Non ! Tu me dois un pendule !" L'elfette ne bougea pas d'un chouïa malgré l'agitation de sa famille. "Si tu romps ta parole, Pachouliboukoulouzek, ton nom sera entaché PARTOUT de cette infamie ! Je raconterai comment tu as perdu et refusé d'être bon perdant !"

Oui oui, bla bla ba... réplique Pachouliboukoualoubouzoulek d'un ton agaçé en agitant une aile. Je ne suis pas bon perdant puisque je ne suis pas perdant tout court, bouffie ! Il s'avança vers la jeune elfe, menaçant. Maintenant, ça suffit ! Rends-moi Alfred !

"Non !" Nuwarëliya bondit en arrière, agile et rapide, pour se mettre à distance de la drachouette. "Je ne veux pas que tu le grondes ! Il a fait du mieux qu'il a pu ! Ni les autres, aussi. Ils ont tout donné, même s'ils ont perdu." Elle se redressa de toute sa taille en fixant la drachouette de ses yeux furieux. "Le grand Pachouliboukoulouzek gagnerait à leur rendre honneur, en donnant le prix de ce défi aux vainqueurs... Et en ne grondant personne."

Le grand Pachouliboukoualoubouzoulek fait ce qui lui plait, et puis c'est tout ! Alors tu vas faire ce que je te dis, stupide bipède, avant que je me fache ! Le dragon-chouette agita les ailes d'un air menaçant, envoyant par inadvertance une violente bourrasque en direction de l'elfette, des mini-chouettes qu'elle tenait et du reste de sa famille, envoyant voler tout ce petit monde et titubant lui-même en arrière à cause du contrecoup.

Un cri surpris échappa à Nuwarëliya quand elle partit à la renverse. Elle n'en protégea pas moins la mini-chouette qu'elle tenait et rassembla rapidement les autres contre elle dès qu'elle eut rassemblé ses esprits. Ses frères et sa soeur s'étaient déjà lovés sur elle, tremblants. "C'est méchant !" cria-t-elle à la drachouette. Mais ses Pères étaient déjà passés à l'action. Profitant que l'immense créature était déséquilibrée par sa propre attaque, Drakssam et Rooiberos virevoltèrent autour d'elle en lui envoyant de vives petites balles d'air dans les yeux et le bec, en se téléportant à chaque fois pour l'égarer encore plus.

Ca suffit ! Ca suffit ! rugit Pachouliboukoualoubouzoulek en essayant de se protéger des attaques des dragon-fées. Boules de pus de jument ! Reculez ! Mais ses coups d'ailes furent pires qu'inefficaces contre la vivacité de ses assaillants et l'immense chouette bascula en arrière dans une position pire qu'embarrassante, les fesses à l'air et les serres s'agitant dans tous les sens. Le pendule toujours accroché à l'une d'elle par une chaine dorée s'agita dans la brise, s'illuminant brièvement sous les rayons du soleil.

Profitant allégrement de sa maladresse, le couple de dragons-fées vint tirer sur le pendule pour le mener dans un vol cahotant jusqu'à Nuwarëliya. L'elfette tendit un bras pour décharger ses Pères mais ne relâcha pas Alfred. "Il va bien ?" Elle semblait inquiète mais Drakssam renifla avec dédain : "Seul son égo est blessé." L'elfe sourit en mettant le pendule autour de son cou. Elle posa ensuite Alfred au sol et lui sourit : "Et toi, tout va bien ? Et tes frères ?" Elle lui caressa la tête avant de chercher les autres du regard.

Dans son agitation, Pachouliboukoualoubouzoulek ne se rendit même pas compte de la disparition de son pendule. Il se roula par terre un petit moment, hurlant sur tout et tout le monde. Pastèques pourries ! Caquettes à plumes ! Pets de flibustiers ! Vous l'emporterez pas en Enfer, bande d'urluberlus !
Enfin, sans vraiment trop comprendre comment, il parvint à se relever, très vexé. Toi, vile bipède, rends-moi ce fichu oiseau avant que je te crame le ciboulot !

Nuwarëliya cacha prudemment le pendule sous sa tunique avant de faire face à la drachouette. Elle caressa une dernière fois chacun de ses adorables petits doubles et relâcha Alfred après un dernier câlin. "S'il te fait trop peur, tu peux venir." lui chuchota-t-elle contre ses plumes, incapable de retenir cet élan de protection. Qui sait si Pachouliboukoualoubouzoulek n'allait pas passer ses nerfs sur eux !

Pachouliboukoualoubouzoulek allait très certainement passer ses nerfs sur eux, mais pour le moment il voulait surtout rentrer chez lui ! Allez, tout le monde rentre au Pic, maintenant, et qu'ça saute ! Sauf que... Où était ce fichu pendule ? Pachouliboukoualoubouzoulek était sûr de l'avoir vu sur sa patte pas plus tard que... Ah mais... Est-ce que c'est toi bouffi ? C'est toi qui m'a volé mon pendule ?! (Ce n'était pas une question.)

"Non ! Je n'ai rien volé !" se défendit l'elfette en sautant sur ses pieds. Ce n'était pas un mensonge, puisqu'elle l'avait gagné en bonne conscience ! "Cours, Ely." lui chuchota Père Rooi d'un ton impérieux. Camomilla et Oolong avaient déjà entraîné Pisencha et Nilgiriri plus loin et elle bondit dans leur sillage, sachant qu'ils avaient repéré une bonne route pour s'enfuir sans danger. Dans son dos, Père Drak balança une nouvelle salve de vent dans le bec de la drachouette avant de se téléporter derrière le buisson dans lequel elle s'était glissée, atteignant un terrier bien pratique pour se faufiler.

Ne me mens pas, bouffi ! Je sais que c... Argh ! Pachouliboukoualoubouzoulek dut fermer les yeux quand il reçut la rafale de vent en pleine figure. Quand il les rouvrit, l'elfette avait disparu. Il la repéra à nouveau juste avant qu'elle disparaisse derrière un buisson. Reste là bouffi ! Trop furieux pour se préoccuper de sa dignité, le dragon chouette se lança (à pied) à sa poursuite, ses mini-clones dans son sillage.

Mais il n'y eut qu'un rire qui répondit à la drachouette alors que l'agile elfette et sa petite famille de dragons-fées se faufilaient dans des endroits inaccessibles à Sa Grandeur.

Nuwarëliya serait contre son coeur le pendule magique, haletant de la force de son espoir soudain. Elle pouvait retrouver la trace de ses racines perdues avec cet objet !