Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



La colonie des dragons-fées est en ébullition. Jamais le jeune prince Fotafilis n'avait vu ça. C'était une vraie ruche dans la cour des quartiers royaux. Princesses et princes se demandent, surexcités, qui allait pouvoir aller au Sommet du Printemps, un évènement rare qui n'a lieu que tous les cents ans. Les ouvriers resteraient à la colonie, naturellement, ainsi que les gardes mais les artistes et les membres royaux pourront participer.

C'est l'occasion de rendre hommage à la Nature, de rencontrer d'autres colonies et d'admirer des représentations de danses et de chants. Soimacé a par exemple été inscrit d'office tant ses talents de danseurs faisaient fureur. Le timide Fotafilis regardait son luth et se demandait s'il serait sélectionné et surtout s'il oserait jouer devant tant de dragons-fées.

Férocia ne participa pas à l'évènement, ayant bien d'autres envies mais elle savait que Fil brûlait d'envie d'y aller alors elle insista pour qu'il y aille sans elle. Sa présence lui manquerait mais il avait besoin de voir d'autres dragons-fées, peut-être se ferait-il même de nouveaux amis dans les colonies des environs.

Finalement, il fut sélectionné et le cortège prépara son départ. Une nuée de dragon-fées vola donc jusqu'à une fontaine entourée de noisetiers.

A cela, le visage de Nuwarëliya s'éclaira : le prince n'était pas en colère contre elle ! C'était la meilleure nouvelle depuis qu'elle avait failli être mangé par une mange-Lucinellas ! "Mais je n'ai toujours pas mes ailes." soupira la dragonnelle en essayant de zieuter ses omoplates. "Je dois réfléchir à d'autres idées." Elle vit ses pères s'échanger des coups d'oeil. "On en parlera à la maison." décida Papa Rooi alors que Papa Drak hochait la tête... en regardant le prince ??

Fil sentait le regard des parents sur lui. Il les ignora car il n'était pas responsable de l'état d'esprit de l'humanoïde. Elle se posait déjà des questions. Au pire, ce qu'il avait fait c'était l'aider à faire resurgir les questions enfouies en elle, ce qui était une bonne chose.

Papa Drak hocha la tête d'un air satisfait et plongea sa langue dans son verre de nectar tandis que sa queue attrapait une fleur de rose pour l'offrir à Papa Rooi dont les écailles rosirent au joue. Nuwarëliya se dérida soudainement en riant derrière sa main de la parade amoureuse de ses papas.

Fotafilis tourna la tête sans comprendre la raison de cet éclat de joie. Il le fit savoir très simplement.
"Qu'y a-t-il de drôle ?"
Il fallait préciser que le petit dragon-fée n'y connaissait rien en parade, c'était un phénomène rarissime dans sa colonie, un mythe qui n'était arrivée qu'une fois ou deux il y a longtemps. L'amour n'était pas utile à la survie de la colonie, contrairement à la reproduction. Et nul besoin de parade dans ce cas-ci.

Les dragonnets le fixèrent avec de grands yeux puis tous pointèrent de la griffe leurs pères perdus dans les yeux de l'autre. Nuwarëliya se leva d'un coup, comme si elle avait oublié quelque chose, et baissa la tête vers Fotafilis. "Je suis désolée, Prince." Elle ne s'était pas excusée correctement envers lui pour l'avoir mis dans cette situation problématique.

Fil regardait sans comprendre l'étrange comportement des adultes. Ont-ils fumé une herbe pour prophétiser ? En quoi est-ce drôle alors ?
"Je ne comprends pas."
Et la suite ne réponds pas davantage à ses questions. La petite humanoïde lui présente ses excuses.
"À quel sujet est-ce ?"

"Pour toute à l'heure." Elle lui sourit pour avoir déjà oublié et de ne pas lui tenir rancoeur puis se laissa glisser près de lui en zieutant vers ses papas qui ne prenaient plus trop garde à leur environnement. Comme un tas de couleurs, ses frères et sa soeur vinrent se nicher sur elle. "On les a perdus." roucoula-t-elle, le rire aux lèvres.

Fil était bien ennuyé de ne pas comprendre de quoi cette famille parlait et il était fatigué à l'idée de poser la question une nouvelle fois.
"Vous savez, la magie viendra avec le temps. Je suis certain que vous la trouverez mais pas de la forme sous laquelle vous vous attendez. Il vaut mieux garder l'esprit ouvert."
Et ne pas écouter ce qu'on vous dit, fut-ce de la part de vos "parents".

Nuwarëliya ouvrit de grands yeux aux étoiles brillantes. "Que c'est beau, ce que vous dites, Prince. Je vais le garder à l'esprit !" Elle sautillait à nouveau, grisée par l'espoir qu'il venait d'allumer en elle. "Papa Rooi et Papa Drak disent que l'Amour est comme une magie, peut-être que c'est ça ?" Elle se tapota le menton d'un air songeur.

"L'amour ? Votre colonie connaît l'amour ?"
Aucune condescendance dans sa question, le petit dragonnet se demande sincèrement comment l'on peut vivre à côté de l'amour chaque jour de sa vie, comme une abeille qui voit les poissons nager aisément dans l'eau où elle se noie.

"Oui !" s'enthousiasma Nuwarëliya. "Papa Drak et Papa Rooi s'aiment beauuuucouuup. Ils sont très respectés car ils savent très bien élever des petits. La Reine Tisania peut se concentrer sur l'éducation des Princes et des Princesses comme ça !" La dragonnelle sourit de tous ses crocs. "Je suis étonnée qu'on en parle pas plus dans les spectacles. C'est le printemps, la Saison des Amours pour Mère-Nature et ses enfants !"

Non, le printemps c'est la saison de la renaissance et de la reproduction, pensait Fotafilis en son fort-intérieur.
"Aimer, qu'est-ce que ça fait ?" demandait le petit prince par curiosité intellectuelle.
L'amour c'est se lier à un autre individu mais il n'en sait pas plus.

Sur le coup de la question, Nuwarëliya s'assit en se frottant le menton, réfléchissant profondément à sa réponse. "L'amour... euh... ça fait chaud ?" Elle se tapota le torse, au niveau du coeur. "Ici. Et partout. On se chaud, bien, heureux. Protégé aussi, entouré et jamais seul." Elle était étonnée qu'un adulte ne le sache pas ! Sa lèvre inférieure trembla soudainement. "Vous êtes toujours seul et froid, Prince Fotafilis ?" Elle avait envie de pleurer.

La description de la petite humanoïde n'aidait guère le dragon-fée à en comprendre la notion. C'était aussi logique que frustrant.
La question fut beaucoup plus clair. Fil était seul, Fil était froid, c'était vrai. Le jeune prince ne se sentait pas à l'aise au sein de sa colonie, il devrait normalement y trouver sa place mais il n'avait guère de talents utiles à la royauté. Il n'était ni doué pour émerveiller par sa présence, ni doué pour commander.
Mais…
"J'ai Férocia. …"

Un immense soulagement tomba sur la tristesse de Nuwarëliya et elle sourit largement. "C'est super ! C'est trop triste quand on est tout seul et tout froid. Mais, alors, Prince Fotafilis, pourquoi demander ?" Ses yeux se mirent soudainement à briller et sa bouche prit des allures malicieuses. "Vous ne saviez pas que vous aimiez Férocia ?" demanda-t-elle à brûle-point.

Fil ne savait pas du tout s'il avait donné de faux espoirs à l'humanoïde ou non, s'il était amoureux de Férocia comme il disait.
"Nous sommes amis, rien de plus. Quelle est la différence avec l'amour ?"

Un gros blanc s'installa dans l'esprit de Nuwarëliya et elle se tapota le menton, songeuse. "Euuh...mmmh... Je ne sais pas trop." Pisencha s'agita sur son épaule. "Ils se font plein de câlins !" "Nous aussi !" rétorquèrent ses frères et soeurs. "Ils veulent toujours être ensembles ?" proposa Oolong mais il ne semblait pas y croire lui-même. Nilgiriri secoua timidement la tête. "Papa Drak laisse Papa Rooi aller seul aux Danses du Thé..." Et ils savaient tous que Papa Drak n'était... pas le plus doué dans ce domaine. "Ils sont plus heureux ensembles que séparés, même quand ils le sont." proposa Camomilla. Cette idée fut acquiescée par tous.

Forafilis réfléchit à toutes les propositions. Il avait du mal à comprendre la dernière.
"Ils sont plus heureux d'être ensemble même ensemble ?"
Ce n'était pas logique ? Fotafilis n'aimait pas être avec certains dragons-fées, surtout quand ces derniers étaient là.

Camomilla se cacha le museau sous une patte, mortifiée. Compréhensive, Nuwarëliya lui tapota gentiment la tête : sa soeur s'était visiblement emmêlée les ailes dans ses explications. "Nos papas se sentent toujours deux même quand ils sont seuls, sauf si l'un est vraiiiiiment loin. C'est ce que voulait dire Milla." expliqua la dragonnelle en souriant.

"Ah. Oui, je pense beaucoup à elle."
Est-ce qu'il était amoureux, se demandait-il en lui-même.
"Et vous, l'un de vous est-il amoureux aussi ?"
Il se disait aussi que plus d'exemples seraient utiles pour comprendre.

Ils se regardèrent puis secouèrent la tête en un bel ensemble. "On est tous des dragonneaux, Prince Fotafilis. Cet Amour-là, c'est pour les grands !" Nuwarëliya lui sourit d'un air un peu espiègle. Elle n'avait pas manqué de retenir son demi-aveu. "Et quand Dame Férocia est là, vous êtes plus heureux ?"

Dommage, Fil aurait aimé avoir plus d'exemples. Lui, du haut de ses vingt années, pouvait-il se considérer comme un dragon-fée adulte ? La majorité sexuelle était à quarante ans dans sa colonie, un peu tard pour leur espèce.
"Euh, oui. enfin, pas particulièrement plus heureux quand elle est là. Davantage rassuré et confiant. Mais je suis très heureux qu'elle existe et qu'elle soit mon amie."

"Mmh..." Nuwarëliya se frotta le menton comme une experte de la Question de l'Amour. "Alors c'est que ça peut être en cours !" décida-t-elle subitement en levant un doigt impérieux. Un concert de miaulements affirmatifs s'élevèrent de ses frères et de sa soeur et elle sourit au Prince. "Vous vous voyez vivre avec elle, Prince Fotafilis ?" Il fallait creuser la question !

"En cours" s'ajoutait aux notions que le jeune dragon-fée ne connaissait visiblement pas.
"Je vis déjà avec elle, c'est ma sœur."
Comme les nombreux princesses et princes de la colonies mais Férocia était particulière en cela que Fil appréciait sa compagnie. Les autres moins. Le jeune prince était plutôt du genre solitaire, à aimer vivre dans les endroits calmes et tranquilles.

"C'est votre soeur ?!!" s'écria Nuwarëliya dont la surprise fut reprise en écho par sa fratrie. Elle se frotta le menton. "J'crois pas qu'on puisse être frère et soeur et amoureux en même temps." Elle ne pensait pas avoir déjà croisé cette situation. "Mais ne descendons-nous pas tous de la Reine Tisania et du Roi Obérooibos ?" demanda subitement Camomilla. "Oh... oui. Donc ça doit être pareil pour vous, Prince Fotafilis ?"