Nano. RolePlay

Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé
- Type de RP : Normal
- Tour de jeu : Raïetchka - Micha  
- Délai maximum d'attente de réponse : 1 semaine
- Sauts de tours : /
- Autre : Les mamans, j'vous jure...

Si l'art de la divination n'est rien de plus que l'oeuvre de charlatans doués en baratin, parfois certains signes clairs dans le présent permettaient de prédire l'avenir avec une excellente marge de probabilité. Aussi, quand Raïetchka avait entendu sa mère commenter que Micha avait l'air bien maigre et qu'il ne prenait probablement pas le temps de se nourrir correctement et quand, quelques jours après elle sentit une bonne odeur de pain d'épices s'échapper de la cuisine, elle n'eut pas trop de mal à connecter l'un et l'autre. Et à atteindre la conclusion logique : quelqu'un devrait maintenant aller porter à son frère les vivres qui lui étaient destinés. Elle aurait bien été chercher sa jumelle, mais celle-ci était sortie avec Natachenka qui était de passage.

C'est donc seule qu'elle apparut à point nommé à la porte de la cuisine, juste à temps pour prendre le panier rempli de diverses denrées. Après avoir soigneusement écouté les recommandations de sa mère, hoché la tête et promis d'être prudente (à croire qu'elle ne sortait jamais en ville !), elle se mit en route vers le quartier qui abritait l'église de son frère. À cette heure-ci, c'était sans doute là qu'elle le trouverait plutôt qu'à son appartement.

Arrivée à destination, elle entra dans le bâtiment de pierre et resta sur le pas de la porte un instant, le temps que ses yeux s'habituent à la différence de luminosité avec l'extérieur. Une fois habituée à la pénombre relative, elle balaya les lieux du regard à la recherche de Micha.

Dire qu'il était perdu par la référence aurait été un euphémisme. Le héros d'opéra au nom de loup en aurait-il aussi l'opéra ? Il en doutait fort. Pas à Moscou, et pas sur un tel ton de badinage. A en croire les yeux étoilés de Tsilia, la remarque lui été adressée. "Ne me gâchez pas la surprise de la pièce." murmura le prêtre d'un air taquin. Il ne pouvait s'en empêcher avec ses petites soeurs.

Mais c’était moins drôle si elle ne pouvait pas taquiner sa soeur pour son béguin fatalement à sens unique pour le beau protagoniste. Tsillia, de son côté, appréciait probablement ce répit. Quoi qu’il en soit, Raïetchka obtempéra et se tourna vers Micha : « La brochure donne des informations intéressantes au sujet de ces plantes ? »

Il ouvrit la brochure aux pages d'exposition maintenant qu'ils avaient atteint leur objectif. "Cela dit que nous avons d'abord des plantes exotiques de proximité, celles qui viennent des territoires les plus orientaux de la Russie ou des pays frontaliers : steppes de Mongolie et Chine notamment. Puis nous avons une partie dédiée aux plantes asiatiques plus lointaines, notamment des raretés du Japon. Et enfin des plantes exotiques venant d'îles tropicales. Une fois sortis de la serre, nous aurons un espace où la température correspond à l'hiver de la taïga." Il fit une pause en haussant un sourcil. "J'espère qu'ils ont prévu des manteaux."

« L’hiver de la taïga ? Brr, j’espère aussi qu’il y a des manteaux. Il y pousse grand-chose quand il fait aussi froid ? Je croyais que la nature se mettait en veilleuse à cette période-là. » Malgré une éducation poussée, Raïetchka n’en restait pas moins une citadine pour qui la campagne était une chose assez abstraite cantonnée aux livres et peintures. Et dans les livres et peintures, la nature avait bien triste mine en hiver.

"La taïga est une forêt." se moqua gentiment Micha. Sa main tressaillit dans l'air mais il retint son geste d'ébouriffer les cheveux de sa soeur. Elle n'était plus une gamine. "Même la toundra développe des mousses et du lichen. J'imagine bien les gérants du jardin d'être allés chercher des bouleaux et des sapins en taïga pour les replanter en pleine ville."

« Que ce soit une forêt n’empêche pas la nature de se mettre en veilleuse », bougonna Raïetchka, tout de même consciente que son argument n’était pas vraiment tenable dans le cas des sapins.

Il haussa un sourcil taquin mais lui fit grâce de ne pas relever la faille évidente. Tsilia s'était égarée entre deux allées colorées, les yeux envahis par les couleurs autant que les odeurs emplissaient son nez. "Allons la rejoindre avant de la perdre dans ce labyrinthe végétal." Il ne plaisantait qu'à moitié, compte tenu de la nature rêveuse et tête en l'air de l'autre jumelle.

Merci Tsillia de t’être éloignée. Voilà qui permettait à Raïetchka de ne pas s’attarder sur son manque évident de connaissance de la campagne (ou de n’importe quel autre environnement que Moscou). « Tu trouves de belles choses ? » Oooh oui, la serre regorgeait de merveilles.

Tsillia sursauta comme si sa soeur l'avait sortie d'un rêve éveillé et Micha sourit doucement, ne laissant pas l'inquiétude ternir le bon sentiment. Après tout, il restait quelques années avant que l'influence de Raïetchka ne soit plus constante pour sa jumelle. Il ne voulait pas les imaginer mariées et séparées.

Si elle voyait de belles choses, ce n’était pas forcément des fleurs qu’il s’agissait. Raïetchka envoya un sourire taquin à sa jumelle, qui jusqu’il y a quelques années aurait répliqué en lui tirant la langue. Elle s’était arrêtée à côté d’un parterre de petites fleurs mauves dont Raïetchka consulta le panneau d’informations. « Apparemment, elles viennent de la province du Khövsgöl, au nord de la Mongolie. Elles poussent sur les steppes au printemps. »

"Il paraît que les steppes mongoles semblent s'étirer à l'infini." commenta Micha dont la connaissance de la campagne russe n'allait pas plus loin que le petit bout de terre où il avait été prêtre, si ce n'était grâce à ses lectures.

« Comme la mer ? » Raïetchka connaissait la mer aussi bien que la campagne, c’est à dire qu’elle ne possédait que les connaissances théoriques obtenues pendant ses cours de géographie et les descriptions lyriques faites par les auteurs et autres artistes.

Il imaginait parfaitement la comparaison de Raïetchka et resta un moment immobile et silencieux, un air rêveur au visage. "Oh oui... une vaste étendue verte, une mer verdoyante, ondulant d'herbe..." Voilà qu'il se faisait poète !

Avec l’air rêveur qu’il affichait en ce moment, la ressemblance entre Micha et Tsillia était frappante. Ils partageaient le même don pour l’émerveillement spontané. Raïetchka le laissa plongé dans sa rêverie un moment avant de briser le silence (relatif) de la serre : « La terre appelle Micha, tu es parti dans les steppes ou tu es toujours avec nous ? »

Il s'était bel et bien perdu dans les steppes fantasmées par son esprit, Raïetchka ne s'y était pas trompée. Et s'il devait en croire le regard vague de Tsillia, sa jeune soeur avait également été happée par le rêve éveillé. Il sourit doucement à Raïetchka. "Pardon de te faire supporter deux têtes dans les nuages au lieu d'une seule." plaisanta-t-il gaiement.

« Oh tu sais, tant que vous atterrissez de temps en temps, ça me va. » Continuer la métaphore était peut-être un tantinet risqué, puisque le Seigneur n’avait pas doté l’Homme d’ailes. Mais l’existence de dirigeables et autres engins volants rendaient l’analogie avec le vol relativement inoffensive.

Il avait pensé à utiliser la même métaphore que Raïetchka mais sa prudence l'avait rendu un brin paranoïaque sur le sujet. Plus tôt déjà, il n'avait pas osé parler de la colombe de l'espoir et voilà qu'il se refusait de plaisanter sur le fait de s'envoler dans les steppes de Mongolie. Cette absence ne le rendait-il pas plus suspect ? Il allait y faire attention, on n'était jamais trop prudent. Pas qu'il craigne quelque chose avec ses soeurs. Il avait peur pour elles, si jamais elles venaient à l'apprendre. "Me voilà arrimé à tes côtés, ma chère. Mon vol fut exquis mais plus encore votre présence."

Décidément, il était d’humeur lyrique aujourd’hui ! S’il n’avait pas eu la vocation d’entrer dans les ordres, il aurait pu se mettre à la poésie pour gagner le coeur de son âme soeur. « Excellent, maintenant que vous êtes revenus de votre petit voyage, si nous allions voir le Japon ? » Quelques allées plus loin, des plantes à l’allure encore plus exotique ne demandaient qu’à ce qu’on leur rende visite.

Tsillia mit un peu plus de temps que lui pour atterrir à leurs côtés et Micha lui prit tendrement le bras pour la guider derrière Raïetchka. Ils furent tout d'abord accueillis par un grand pont au bois rougi par une peinture brillante qui les faisait enjamber un petit étang garni de fleurs de lotus.

Ceux qui avaient aménagé la serre s’en étaient clairement donné à coeur joie. En plus des plantes, on y trouvait quelques fragments d’architecture de leur région d’origine, comme un pont en bois aux lignes aussi exotiques que les fleurs qu’il surplombait. « Ca doit être joli, le Japon. » Ou en tout cas la vision stylisée et probablement idéalisée que le jardin botanique en donnait.

"J'ai entendu parler d'un arbre dont les fleurs roses seraient au centre d'une grande fête et..." La voix du prêtre se tarit soudainement alors qu'ils passaient le pont et tournaient dans l'angle... évidemment prévu pour ménager le suspense. Des rangées parfaites d'arbres majestueux les attendaient au tournant. Au sein de la serre, on avait forcé leur floraison printanière en des cycles beaucoup plus rapides, et artificiels, mais qui permettait d'avoir plusieurs floraisons dans l'année afin de contenter les yeux estomaqués des visiteurs.

Quelle vue ! Cette fois, Raïetchka n’eut même pas besoin de l’imagination de son frère et de sa soeur pour être transportée à l’autre bout du continent dans un paysage enchanteur. Un moment passa avant qu’elle ose rompre le silence (relatif) de la serre. « On comprend qu’ils en fassent une fête. »

Mais Raïetchka les avait à nouveau perdus. Le prêtre et sa jeune soeur avaient les yeux rivés sur les pétales qui tombaient mollement en une pluie rose, parsemant le sol de leur douce couleur. Même si la scène sonnait un peu fausse, car forcée par un artifice, il y avait de quoi se perdre dans les rêveries.

Allons bon, voilà qu’ils étaient repartis vers d’autres cieux. Les jardiniers avaient un peu trop bien réussi leur coup. Raïetchka observa les deux rêveurs d’un air amusé, curieuse de voir si quelque chose les sortirait naturellement de leur contemplation ou si elle devrait intervenir avant qu’ils gênent le passage (quoique la serre ne soit pas très fréquentée pour le moment).

Ce furent ses questions internes sur la vie d'ailleurs, et l'acceptation possible des zoothropes par les autres pays (était-ce même possible ?) qui lui fit quitter ses rêveries. Pendant un court instant, une ombre passa sur son visage, le vieillissant d'une fatigue mentale qui n'allait que croissant avec les années. Puis le prêtre se rappela où et avec qui il était et un sourire revint danser sur ses lèvres alors qu'il se détournait vers Raïetchka en pointant Tsillia de la tête. "Tu penses qu'elle va se réveiller tout seule ?"