Nano. RolePlay

Rappel du premier message :

Pasha ne cessait pas de regarder au-dessus de son épaule. C'était devenu une habitude malsaine depuis la dernière fois. Il les avait vu venir de loin. Un humain lambda ne les aurait pas remarqué. L'un s'était déplacé sur les toits, l'autre parmi la masse de peuple en bas. Les deux avaient eu une capuche qui jetait une ombre sur leurs visages, les rendant totalement méconnaissables. Pourtant l'instinct lui avait dicté l'inverse. Pasha savait quand il était suivit. Les semer avait été une tâche difficile dont il n'était malheureusement pas sorti totalement indemne.

Il crispa les doigts au souvenir.

Parfois, comme maintenant, il se surprenait à penser que cette vie de fugitif n'en valait pas la peine. Qui avait envie de vivre sa vie avec tant de paranoïa ? Pourquoi avait-il proposé de fuguer il y a sept ans ? Leur vie serait sûrement bien meilleure sans cette poursuite implacable du Vatican.

Pasha grommela.

Et pourtant, dès qu'il ouvrit la porte de leur appartement temporaire, il changea d'avis. Son regard tomba sur Klaudia, assise à côté du lit où dormait leur fils fiévreux. Un parfait petit mélange de ses parents. Les traits durs du visage de Pasha s'adoucirent en les voyant.  

J'ai trouvé les médicaments. Il souleva le sac en papier qu'il tenait dans sa main.

Les âges des persos:

"Ça veut dire rejoindre la famille de quelqu'un et faire plein d'enfants comme toi ! dit Maria avec tendresse envers le petit. Ce n'est pas toi le problème, c'est moi. Il n'apprécie pas que je vous propose de mentir aux autres. Tant qu'on ne ment pas à Dieu ou à soi-même, ça va. Ou il s'agit d'autre chose. Tant qu'il ne dit rien, on ne peut pas savoir."
Maria profita de l'absence de l'ogre pour enlacer Klaudia une dernière fois (en prenant gare de ne pas écraser Féliks).

"Ce n'est pourtant pas la première fois que nous... modifions certaines vérités pour éviter les questions indiscrètes" fit Klaudia le câlin fini (même si le petit brun tenait toujours un bout du foulard de Maria, attrapé pendant l'étreinte). "Il parle peu mais il fait beaucoup d'efforts, je t'assure."

Maria câlina la tête de Feliks en réfléchissant. Son amie était bien gentille de supporter un homme qui dirigeait sa vie si négligemment. D'abord l'avoir enlevée de son prieuré, ensuite lui avoir fait un enfant sans le savoir même s'il était fort probable que ce soit tout à fait consenti, ensuite repousser sans cesse la demande en mariage. En cinq ans, il n'avait toujours pas pris le temps de simplement lui demander !
"Il a intérêt à revenir avant le train !"

Si seulement Maria savait tous les risques que prenait Pasha au quotidien pour sauver sa famille, elle le verrait peut-être sous un meilleur angle. {Ou pire...} souligna la voix. Certes, mais la pas-Guide-mais-presque était à la même enseigne que son compagnon sur ce point. "Il reviendra, j'ai confiance en lui. Et il nous aime beaucoup" la rassura Klaudia en souriant à la tête rousse au loin.

Le train annonça son arrivé avec le sifflet à vapeur. Pasha et Feliks levèrent la tête en unison ; malgré leur distance, le lien de parenté était clair. Evidemment, agacé ou pas, il allait bien récupérer sa famille. Quand il revint, il avait au moins la décence de paraître gêné devant Klaudia. Maria... moins. Il évita son regard, ne voulant pas retrouver sa colère.

On doit y aller.

Il reprit déjà Feliks, qu'il déposa par terre le temps que Klaudia puisse dire au revoir à son amie. Vivement les aurevoirs rapides.

Mais primo Maria avait déjà fait ses adieux à Klaudia, deuzio elle n'allait pas laisser son "partenaire sans accord officiel" s'en tirer à si bon compte.
"Ne crois-tu pas que tu nous dois une explication pour tout à l'heure ?! Si tu dois rendre malheureuse Klaudia, je te le ferais regretter."
Non, elle n'avait pas froid aux yeux.

La brune partagea le sourire gêné avec le roux et sentit la petit main de son fils chercher la sienne. Feliks avait appris très tôt à ne jamais lâcher ses parents sauf s'ils lui ordonnaient de se cacher, en silence et sans bouger. Klaudia n'osa tout de même pas interférer dans la conversation et restait aussi muette que le petit garçon.

C'est entre moi et elle, se contenta-t-il de répondre, jugeant qu'il ne lui devait pas d'explications du tout. Il en parlerait en privé, avec Klaudia. Pas avec ses amies qui ne connaissaient rien de leur vie et de leur passé. Le conducteur siffla sur le quaie pour annoncer le départ du train, ce qui lui fit tourner la tête. Si aucun au revoir supplémentaire était nécessaire, il devait vraiment y aller maintenant. Que Dieu soit avec toi. Il inclina légèrement la tête, puis prit la main de Klaudia pour la guider vers le train.

"Si ce n'est pas sincère, ça ne sert à rien de le dire !" dit simplement Maria avant de s'en aller à moitié fâchée, à moitié triste de quitter une amie.

Elle lui murmura un "au revoir Maria" du bout des lèvres, une main dans celle de Pasha et l'autre tenant un Feliks curieux. Il était clair que le petit voulait voir de plus près cette machine qui crachait des nuages, il l'avait en jouet depuis les présents du gentil prêtre mais en vrai c'était mieux ! Sa mère dût toutefois le freiner pour laisser descendre les rares passagers à cette heure. Puis Feliks savait très bien que Papa allait passer en premier pour vérifier qu'aucun démon se soit caché ! Il faisait ça tout le temps pour le protéger.

Et il le faisait aujourd'hui aussi. Pasha inspecta le couloir entre les cabines, scrutant du regard les passagers à l'intérieur comme s'il s'attendait à quelque chose de suspect. Il s'y attendait toujours ; c'est bien la raison pour laquelle sa famille était encore en vie. Ca... et la volonté du Seigneur, évidemment. Quand il revint à la portière du wagon, il souleva Feliks, puis offrit une main à Klaudia pour l'aider à monter.

Feliks avait récupéré un baluchon de sa maman une fois dans le train pour l'aider lui aussi ! Sûrement des vêtements, ce n'était pas lourd et facile à jeter dans les jambes des méchants si on voulait l'attraper. "Ici Papa ?" demanda-t-il à voix basse en désignant une cabine, ses yeux verts regardant tout autour de lui, sur chaque chose, chaque dorure du wagon. Et Klaudia faisait bien pareil.

Pasha hocha la tête. Vas-y, assieds-toi. Il ferma la porte de leur cabine derrière Klaudia, comptant sur le fait que personne allait vouloir les rejoindre. Le train n'était heureusement pas très rempli à cette heure-ci. Le roux rangea les affaires de Klaudia au-dessus des bancs, avant de s'installer en face de sa famille.

Le petit brun avait refait son nid de couvertures entre sa mère et la fenêtre, baillant pour chasser le sommeil qui manquerait de le reprendre, mais Klaudia se redressa pour tirer le rideau. "Quand nous serons sortis de la ville, pas avant" expliqua-t-elle à son regard courroucé (et endormi, le mélange était décidément trop mignon). "Les choses vont s'arranger dehors, tu verras. Nous vivrons comme les autres gens, sans nous cacher en permanence." Parlait-elle à son fils ou son compagnon ? Les deux sûrement.

Mh-hmm... Le compagnon n'avait pas l'air aussi certain que la compagne. Ce serait encore plus facile de lui convaincre de se raser la tête que de lui demander de baisser sa garde. Voilà un projet qui lui demanderait certainement des années de travail. Même maintenant Pasha portait encore se froncement de sourcils qui semblait un trait permanent sur son visage.

Le voyage en train était moins excitant qu'au prime abord et passées les premières heures à regarder la vaste campagne russe, Feliks s'était rendormi dans le giron de sa mère. Klaudia s'assurait encore que la fièvre du petit continuait de baisser et lisait les livres pour enfant du prêtre pour s'assurer du bien fondé de leurs contenus. Autre point, midi approchait. "Tu penses qu'il y a un service de restauration dans le train ? Feliks aura sûrement faim." Et il a encore des médicaments à prendre !

Pasha n'était pas un grand habitué des trains, mais il supposa effectivement que pour ce genre de longs voyages un repas n'était pas une commodité étrange. Peut-être dans un autre wagon. Je vais aller voir si j'arrive à... procurer quelque chose. Ne bouge pas. Pas que Klaudia avait tendance à disparaître — surtout pas avec leur fils — mais Pasha préférait insister.

Il ne fallut pas plus que le bruit de l'ouverture de la porte pour réveiller Feliks en sursaut. Le gamin ne dit pas un mot mais cherchait frénétiquement des yeux son père absent. "Il est parti nous chercher à manger, tout va bien" le rassura sa mère en passant la main dans ses cheveux hirsutes. Du coup, voyant que Klaudia ne bougeait pas, il fixa la porte.

Il trouva assez rapidement le wagon-restaurant. Les odeurs, les bruits, la foule... Le genre d'endroit qu'il aimait éviter, mais dans lesquels il s'aventurait quand même par nécessité, pour sa famille. Pasha compta les pièces qui lui restaient après les achats coûteux de médicaments pour Feliks et dût se contenter avec un bol de ragoût, quelques tranches de pains et une petite pâtisserie qu'il acheta pour faire plaisir à Klaudia.

Le petit ne bougeait pas, sa mère le voyait à peine respirer, et seul un léger mouvement de tête lui indiqua le retour de Pasha. Le roux en vue, Feliks put enfin se détendre et se blottir dans ses couvertures. Pas un mot ou un vrai sourire (fils à son père !), juste un garçon rassuré. "Rien d'inhabituel ?" lui demanda Klaudia en descendant une valise pour en faire une table improvisée. Fe attendait son tour, toujours sage.