Nano. RolePlay

Maksim retient une grimace en sentant les déchirures de ses muscles.

Lors d'une intervention, il avait pris une balle dans la jambe. Il avait retenu ses cris et attendu la fin de l'intervention pour boiter jusqu'à son cheval puis l'infirmerie en serrant les dents. Après avoir pris le temps de nettoyer le flanc humide de Fumée, il était allé chez ce fichu docteur qui le regardait comme une bête curieuse pour extraire la balle.

L'os a été épargné heureusement, ce qu'il signifie que sa blessure guérira vite et préservera sa mobilité. Il ne veut pas marcher comme un vieux ! À vingt-deux ans tout de même ! Son anniversaire était passé sans vague. Il avait dit à sa famille qu'il la fêterait avec ses collègues bien que ces derniers n'en aient strictement rien à faire de lui. Lui-même n'en a rien à faire d'eux, ce sont des collègues barbants et bruyants, un obstacle à sa carrière.

Ravi, l'albinos a quitté la caserne pour profiter de l'air frais de janvier, même s'il marche avec précaution.

Le caneton de son côté soupirait d'un manque de chance - ce qui lui arrivait peu souvent - à propos de son dernier assassinat : le démon abattu avait une famille riche et connue dans les cercles de la haute société, les faire tous disparaître allait entraîner des soupçons. Surtout qu'il avait rencontré à l'une des ses soirées des capitaines de la Milice qui connaissaient sa cible. C'était une épreuve d'un genre nouveau et Klyde sirotait une tasse de thé en terrasse malgré le froid pour observer l'air de rien les serviteurs de ladite famille faire des emplettes dans la rue marchande.

En bon milicien, Max est observateur et a bonne mémoire aussi ne manque-t-il pas de reconnaître son ami assis à une terrasse. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Il se doutait qu'en restant dans le quartier que fréquente Klyde, il le retrouverait. Il s'approche donc d'un pas que seul un regard expert pourrait trouver étrange (à moins d'être dans la lune).

Ce qui voulait dire que Klyde remarqua également l'albinos en tenue civile et sa démarche étrange mais avait appris qu'il fallait d'abord aborder des sujets plus simples avant de demander à son ami s'il était blessé ; ça et le fait que l'autre avait sa fierté. "Oh Maksim !" se reconnecta Klyde en notant que ses cibles prenaient un temps fou dans une simple boutique de vêtements. "Comment vas-tu ? Tu veux du thé ? Je peux te l'offrir si tu veux !" lui proposa-t-il tout content.

"Bonjour Klyde, tu as l'air d'aller bien. Et tu m'offres le thé ? Avec plaisir. Dois-je comprendre que ta soirée a été fructueuse ?"
Après tous les repas que le milicien a offert à l'orphelin, c'est de bonne guerre. Le jeune homme en profite pour s'assoir sur une chaise à la même table.

Un bon ami aurait aussi proposé de rentrer se mettre au chaud mais la mission d'un Guide passait avant tout. "Oui et j'ai même été gêné d'avoir reçu autant d'argent en une seule soirée.... c'était même plus que ce qui était convenu..." eut-il la présence d'esprit de paraître gêné. {Il faudrait savoir pourquoi...} remit sur le tapis sa protectrice, toujours méfiante de son employeur d'un soir. "Tes conseils m'ont beaucoup aidé d'ailleurs, encore merci."

"Plus que convenu", "plus que convenu", "plus que convenu"...
"Un pourboire… Il a été ébloui par ta prestation ou… ton statut d'orphelin l'a attristé ? Comment ça s'est passé ?"
Les yeux de Maksim scrutent Klyde et ne manque pas une miette de micro-indice.

Après un geste par la fenêtre pour alerter un serveur, le brun observe à son tour Maksim, interloqué. "Comment ça ? Je n'ai pas dit que j'étais orphelin et ce n'est pas un fait que j'aime mettre en avant. Je préfère me dire que c'est parce que j'ai bien chanté. Beaucoup des invités me l'ont dit en plus. Il y avait un orchestre avec moi et j'étais le seul chanteur."

Il ne l'avouera jamais mais Maksim a manqué de finesse sur ce coup.
"Et ça t'a plu ?"
Diversion, ni vu, ni connu.

Remuant son fond de tasse tout en fronçant les sourcils - pas qu'il réfléchissait outre mesure à la question mais les choses semblaient s'agiter dans la boutique de vêtements - Klyde pesa ses mots. "Chanter oui mais... pas devant autant de personnes qui ne semblaient pas si intéressées. Je faisais parti du décor, là sans vraiment y être, comme un joli tableau qui fait des sons agréables. Je ne sais pas si tu comprends ce que j'essaye d'expliquer.

Maksim ne voit pas trop le problème à ne pas être le centre d'attention, tant qu'on lui laisse sa marge de manœuvre et au final forcer l'attention. Un étrange pressentiment l'arrête dans sa réflexion et lui fait tourner la tête vers la boutique en fronçant les sourcils.
…
"Mais ce sont des inconnus… Ce qui t'importe ce sont les gens qui comptent," dit-il, les yeux toujours rivés sur la boutique.

Dieu avait-il décidé de lui donner un coup de main ? Pourvu que les choses dégénèrent et que les servants démoniaques de cette famille se dévoilent devant son ami milicien. A lui de s'assurer par la suite qu'il ne reste aucun survivant après le possible raid de la Milice. {Et le cas contraire Trésor ?} Il changerait de plan, s'adapter était primordial. La Sainte acquiesça. "Pas tous des inconnus, je connaissais une personne présente. Le capitaine Poulikov était parmi les invités. Tu vas à des soirées comme ça toi aussi ? Pour le travail ?"

Là, Klyde a réussi à détourner l'attention de Maksim sur la boutique.
"Non, les soirées mondaines sont pour les gens mondains. Le capitaine Poulikov t'a-t-il parlé ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ? Je suis curieux."
Le jeune adulte fait de son mieux pour cacher le stress à l'idée que ce capitaine si… ait posé les yeux sur Klyde si innocent. Son instinct lui disait de s'en méfier alors il évitait l'officier sans plus se préoccuper des gens qu'il arrêtait. Mais plus pour longtemps si Klyde est impliqué !

Le service ne se pressait pas pour leur thé - et Klyde avait déjà payé le sien - mais ça l'arrangeait, il devait maintenir la conversation tout en restant aussi concentré à ce qui se tramait en face de la rue. "Il faisait parti de ceux qui m'ont félicité, rien de méchant. Le capitaine s'est montré gentil à mon égard..." Minute, il avait mentionné son nom à Maksim ? "C'était avec lui que j'ai fait le tour des églises à cheval après une attaque de démon sur un marché, avec Crème." Chose faite.

Minute, ce n'est pas l'officier qui a essayé de le recruter ? Ce mec est un vrai serpent !
"Ah oui ? Et il n'a pas essayé de te reproposer une place dans la milice ?"
Mais ils ont tous les deux oublier la boutique et un fracas se fait entendre. Le milicien se lève un peu trop vite et sent sa cuisse protester devant tant de brusquerie. Sans s'attarder dessus, Max extirpe sa dague fétiche de sa veste civile.
La porte ? Non. Il est plus probable qu'ils sortent par la fenêtre.

Que le Seigneur soit loué ! Qu'on le pende à l'instant s'il ne s'agissait pas là d'un signe de la Providence. "Qu'est-ce que c'est ?" continua-t-il de jouer son rôle de citadin ordinaire ; il avait tout de même compris qu'être pas trop peu apeuré devant les attaques des démons attirait l'attention, comme lors de sa rencontre avec ledit capitaine. "M-Maksim ?" Au moins Max était réactif, ça lui fit plaisir.

Maksim n'y voit que du feu en effet.
"Ne t'inquiète pas," dit-il avant de se diriger à pas de loup (légèrement rigide) vers la boutique.
Très vite, un individu défonce la vitre principale. Le milicien l'interpelle, sa dague caché dans le dos.

Le majordome venait de faire une sortie fracassante non conventionnelle. Il avait l'air plutôt effrayé, comme quelqu'un pris en chasse, et la présence de Maksim ne l'aide pas. Au moins, il était en civil. "Ai-aidez-moi ! Le tenancier a perdu tout contrôle ! Il est devenu fou et m'a lancée par la fenêtre ! Une jeune fille est encore avec lui !" essaya-t-il de se relever. {Son discours ne colle pas...} se méfia Sveta autant que lui mais ses dagues aussi étaient prêtes.

Maksim ne comprend absolument l'histoire que tente de lui faire gober l'homme mais l'essentiel est qu'il ne s'est pas encore enfui, ce qui lui économisera ses jambes. Le milicien ne se sentait pas de courir, encore moins à pleine vitesse. a dague toujours cachée, il tend la main gauche à l'individu.
"Venez, éloignez-vous. Je vais entrer."
Ainsi, il sera à côté de l'homme et pourra l'immobiliser sans plus d'effort.

La scène commençait à attirer le regard curieux des passants. Le majordome paraissait de plus en plus nerveux mais aucune transformation ne se faisait encore –soit il était humain, soit il avait une grande maîtrise de lui – quand un fort feulement à l'intérieur de la boutique suivit de bruits d'objets en verre brisés – des miroirs peut-être ? – le fit complètement paniquer et il prit la fuite. Maksim allait devoir faire un choix....

Un autre jour, Max l'aurait arrêté en l'attrapant par le bras mais aujourd'hui il ne le fait pas. N'écoutant que son courage - et le feulement provenant de l'intérieur - il entre dans la boutique précautionneusement. Il inspire avant d'ouvrir la porte à demi pour analyser la situation avant de se jeter dans la pièce.
"Milice ! Poser les mains sur la tête et asseyez-vous !"
S'il ne peut pas courir comme d'habitude, au moins il a son coffre habituel.

Souriant à la jolie voix autoritaire de son ami, il ne fallut qu'une seconde à Klyde pour disparaître dans la petite foule regroupée autour de la boutique. Optant pour les ruelles transversales à l'abris des regards, son pas de course le ramena rapidement au fuyard, totalement submergé par la panique. "Monsieur ! Votre amie vous demande !" tenta-t-il pour le ralentir. Au moins, la surprise l'avait fait trébucher et il finit par s'arrêter.... à plat ventre devant lui. Pas l'effet voulu mais le résultat était là, il l'avait rattrapé.

Les clients obéissent mais s'étonnent de voir un milicien en civil. Aucun poil n'est visible ; le zootrope qui a feulé doit savoir se maîtriser. Le fuyard apeuré a désigné le tenancier mais… a-t-il dit la vérité ? Quelle guigne, il ne se voyait pas travailler un jour de repos. Il ne se sentait pas assez en forme pour ça.
"Chacun va se mettre contre le mur et m'expliquer la situation. Toi, commence ! Où est le démon ?"

"Macha ?" se ramassa l'homme, les membres tremblants. "Macha est en danger et je l'ai laissée là-bas... si... si la Milice arrive...." Il ne lui en fallu pas plus pour se décider. "Partez, je vais tâcher de l'aider" le berça le Guide d'une voix douce. "Oh merci ! Mille fois merci ! Que Dieu vous garde !" Le majordome reprit sa course mais à peine quelques pas de fait qu'il s'écroula de nouveau, une auréole sanglante maculant son dos. "Il y pourvoie" assura Klyde au corps sans vie en rangeant son pistolet.

La personne interrogée a tout juste pointé du doigt la jeune fille que celle-ci saute à travers la vitre brisée. Maksim rage et s'élance dans la rue à la poursuite de la fillette. Il avait encore fait du zèle. Un milicien seul ne peut pas gérer la situation à lui tout seul. En plus, il vient de se ramasser sur le verglas. Des larmes de douleur perlent à ses yeux. Il reste une seconde sur le sol à se remettre de la douleur et quand il se lève : la fille n'est plus là…