Rappel du premier message :



Dans la vie, je n'ai qu'une ambition pour mon futur : devenir un héros !  Je travaille dur pour atteindre cet objectif en réfléchissant  sur mon  costume, sur mon nom de code et en entraînant mon corps. Le bon sens m'a poussé vers le parkour libre  afin d'être capable de poursuivre les criminels, les délinquants en tout genre.  Je devine ce que vous pensez  : que ça a l'air dangereux, qu'il peut arriver de grave accident, que ça peut donner l'impression d'un entrainement pour aller voler les locataires d'immeubles. Mais ce n'est pas du tout ça ! Ne vous méprenez pas !  Je n'ai ni l'intention de me blesser ni de me faire mal !

Bref,  comme je dis, je travaille dur. Parcours sur les toits, escalades des balcons, des échelles de services de secours. Je crois bien que ça a surpris la mémé à lunette qui est en train d'arroser les plantes accrochées à son balcon, je l'ai vue gloupir et légèrement sursauter. Ah !  Je ne me suis pas attardé longtemps pour qu'elle me voie.  C'est un bon chemin de parcours que je me suis choisi ; je me le referai certainement.

"Bienvenue au commissariat Maverick."

De trois choses l'une, les gamins de sa génération n'arrivent jamais à retenir le numéro de leurs parents, il doit me flouer, et s'il me floue sur ça, il est probable qu'il me mente sur son nom.

"Yo chef, j'ai le voleur de bégonias !" il regarde le gamin, fronce les sourcils, il était persuadé que la vieille était folle. Je te laisse patienter avec ces messieurs le temps que j'appelle tes parents, tu as le droit de demander un avocat, si tu n'as pas les moyens de t'en payer un, un commis d'office te sera attribué. Si tu as tes papiers d'identité c'est cool, ça m'évitera de la paperasse."

Connaître  son numéro,  le numéro de ses parents et de ses amies est une simple question de bon sens. Tu ne vas pas oublier les numéros et te fier à un répertoire électronique que tu peux te faire voler, quand même.  Dois-je mentionner l'odeur de cannabis sentie dans l'immeuble ? J'ai mes papiers d'identité dans ma poche à fermeture éclair madame, si vous voulez bien. Je dézippe ma poche et sort les papiers que je remets à la policière. Me payer un avocat pour des bégonias me semble ridicule.

"Ok merci, Boyle et Dupont vont te surveiller pendant que j'appelle tes pare... Attends tu es majeur ?"

Sérieux, avec sa tronche il est majeur ? Ok. Bon. Autant pour moi.

"Déso les gars, pas besoin de vous pour jouer les babysitters, je l'emmène en salle de déposition."

Parait que c'est plus politiquement correct que de dire sale d'interrogatoire. J'en profite pour prendre la paperasse adaptée.

Ne pas juger les gens au look. Je lève les yeux en l'air.  Ça n'empêche pas les flics de le faire pourtant. Ça vous étonne, madame ? La salle de déposition. Un mot bien poli pour salle d'interrogatoire.

L'accusation de tentative de vol est très facile à disqualifier puisque les objets que j'aurai tenté de voler seraient des bégonias. Je ne pense pas que j'aurai des problèmes de ce côté là. C'est plutôt la pratique de parkour qui pourrait me valoir des ennuis en fonction de la compréhension du juge. Non.

"Très bien." j'ouvre la porte de la salle et je fais signe à Dupont de la main. "T'es mon second Dupont, tu peux commencer la paperasse, soit ravis, tu as une affaire bouclée de plus au compteur. Merci." Non parce que c'est gratuit, j'ai interrogé le témoin, attrapé le coupable, et lui il a pas décollé son gros cul de son siège. Je ferme derrière nous et je retire ses menottes au gamin. Je lui fais confirmer son nom et son prénom, et je rappelle le faits qui nous ont mené ici.

"Donc que faisais-tu sur le balcon de madame V ?"

J'explique au policier que je faisais du parkour sur le toit des immeubles, que j'ai choisi de passer par-dessus la rambarde du domicile de la mamie en question quand subitement une flic a crié que j'étais en état d'arrestation. Ce qui a manqué de me faire écraser quelques mètres plus bas. L'interrogatoire se termine rapidement et je peux sortir enfin de la pièce. Foutu bégonias.

"Bon, le juge a fixé ta caution rapidement t'as de la chance, d'habitude ça prend plus de temps que ça ! J'espère que tu as mile dollars à débourser..."

Sinon j'ai toujours le numéro de ses parents.

Tu plaisantes ? Mille dollars ? C'est trop même avec mon salaire de DJ de boîte de nuit.  Je n'ai pas une telle somme disponible sur moi tous de suite !

"Tu peux faire appel à des bondsmen pour qu'ils t'avancent l'argent mais ce n'est pas gratuit. Sinon tu resteras là jusqu'à ce qu'on ait payé ta caution." j'lui explique calmement.

"Tu les avances de 40% de la somme et ils garderont entre 20 et 30% de ce que tu aurais dû payer en caution." j'lui explique parce que je suis sympa, et qu'au fond elle m'avait pas l'air très claire Janette...

"Denvers si t'as le temps pour donner des conseils juridiques fait ta paperasse toute seule !" me lance Dupont en ouvrant la porte. Je hausse les épaules.

"En tous les cas tu peux changer d'avis, allez viens je t'emmène en cellule."

C'est déjà plus raisonnable de fournir un dépôt de 400 dollars et payer après le procès entre 200 à 300. Dans ce cas, je vais faire appel aux bondsmens. , dis-je en me levant pour être emmené en cellule.

"Ok, je vais les contacter."

Dupont me regarde comme si j'étais tarée, déso de respecter ses droits et de pas vouloir encombrer une prison pendant des mois pour un gamin qui fait du parkour hein ? Sérieusement, j'vous jure. Il connait les taux de récidive après emprisonnement ? NON ? ET BIEN DESO PAS DESO. Je conduis le gamin au nom imprononçable dans une cellule quasiment vide, excepté Lloyd, le clochard d'la sixième qu'on a encore du ramasser bourré.

Je suis conduit à ma nouvelle demeure temporaire en attendant que les bondsmens ne se pointent et ne m'avancent ma caution. Par contre, je subis la compagnie d'un clochard à l'odeur rance de l'alcool. Merci. Je ne suis pas sûr que c'est tout les jours qu'on la remercie d'escorter quelqu'un en cellule.

Haussement d'épaule, pas de quoi c'est mon job ! Je ne sais pas ce qu'il se passe par la suite avec le clochard mais un de mes collègues me le racontera.

"Hey 'tit gars, c'est la premièreuh fois que je te vois icii ! C'pas bien ! dira-t-il.

Le vieux à l'odeur d'alcool, il me fait  évidemment une leçon avant que je lui fasse remarquer que je suis là à cause d'une mémé qui ne pense qu'au bien-être de ses bégonias, y compris, porter plainte pour "tentative de vol de bégonias". Il compatit un peu, puisqu'effectivement, j'ai été vraiment malchanceux d'être tombée sur une  mamie pareille pendant ma pratique de sport. Ça me donne des boutons (d'acnée) cette histoire de bégonias. Après avoir eu un temps d'attente interminable, un collègue de la policière  descend me chercher et me sortir d'ici.

La paperasse ça fait chier. J'ai appelé les bondsmen. Ils envoient quelqu'un rapidement, ils savent qu'ils ont tout à gagner à arriver vite. Dupont va chercher le gamin pour le ramener en salle de déposition pour qu'il puisse leur parler. J'reste derrière la vitre teintée pour surveiller. Les assureurs de bonne conduite l'attendent avec pleins de papiers. Chacun sa part gamin. Ils essaient d'évaluer le risque qu'ils prennent de perdre la caution. C'est toujours aussi relou.

C'est avec une pointe d'agacement que je règle  les dernières formalités avec les bondsmens,  l'histoire des bégonias m'énervent déjà suffisamment bien sans qu'ils en rajoutent. Ce sont des relous.  Mais au final, ils finissent par accepter. Enfin. Je vais pouvoir sortir et revenir plus tard expliquer au juge en quoi l'accusation de la mémé est pure diffamation !

Le gamin est trop rapidement libre, est-ce qu'il a conscience du taf qu'il m'a donné ?

"Évite les bégonias la prochaine fois, c'est clairement pas ton porte bonheur !" je lui glisse quand il passe à proximité.

J'ai eu le temps d'y réfléchir en cellule. Je déteste définitivement les bégonias. Et je pense peut-être porter plainte pour diffamation contre cette vieille femme. Personne de censé porterait plainte pour une tentative de vol de bégonias. J'en ai bien l'intention ... ! , dis-je en croisant la policière qui m'a arrêtée. Je vous souhaite une bonne journée madame !

Je lui offre un sourire pour toute réponse, mais sérieusement je me dis que c'est con d'avoir un casier à cause de ça...

"Écrit-lui une lettre d'excuse et elle retirera peut être sa plainte !" j'suis une meuf sympa, j'le prouve encore une fois.

Alors que j'ai la tête toute pleine de la plainte pour diffamation et de mon agacement envers les bégonias, la suggestion de la policière me parut frappée au coin du bon sens. Avec le droit pénal actuel, je me retrouverai probablement à faire des travaux d'intérêt généraux. J'espère qu'elle sera compréhensive en recevant la lettre. Ça me paraît une bonne idée, merci madame !, et je marche en direction de la sortie du poste de police.