Nano. RolePlay

Le clone avait bien cerné la situation, mais sa proposition n’enthousiasmait pas pour autant Moira. « Inoffensifs comment ? L’idée est avantageuse pour la République, mais elle laisse les Nanitae toujours aussi vulnérables aux attaques externes et potentiellement cible des représailles des Séparatistes une fois qu’ils s’apercevront qu’on leur a livré des droïdes non-conformes à leurs exigences. » Malgré son objection, elle n’avait pas le ton catégorique de quelqu’un qui rejette une idée. Au contraire : elle invitait l’autre à la développer pour combler ses lacunes.

"Je peux concevoir un logiciel qui reprogrammerait les droïdes conçus dans la nouvelle usine. En... euh.. et bien, le Nanitae a parlé de ressources, non ? Tout est immense ici et ils sont si petits. Les droïdes pourraient... et bien, être des paysans." Le clone se frotta le cou, hésitant. "Et pour le reste, ça me dépasse, Général. Sauf que je peux rendre ce logiciel contagieux afin de contaminer tout nouveau droïde atterrissant sur Cooki." Il fixa Aisling. "Je prévoirais un antivirus pour la Dame." Le plan était roublard mais pas totalement idiot. Entortillant davantage son cheveu sur sa griffe, Cholena fit quelques pas songeurs.

« La Dame te remercie. » Ignorant les vanités de sa canne, Moira hocha la tête. « Rendre ce logiciel contagieux protégerait les Nanitae contre une attaque terrestre menée par des droïdes. Mais les vaisseaux Séparatistes ont assez de puissance de feu pour faire des dégâts depuis l’espace et les autres ennemis des Nanitae sont des êtres vivants... »

"Cette idée pourrait ouvrir des opportunités de négociation, Maître." intervint Cholena qui ne cessait de jouer avec ses cheveux, signe qu'il réfléchissait. "Si les Nanitae ne sont pas au courant de toute l'affaire, de quoi les Séparatistes voudraient-ils se venger ? Leur propre Sénat refusera d'engager des troupes pour mater des alliés officiellement trompés. Quant aux Hutts et aux Pikes, les Nanitae auront la main d'oeuvre pour fournir des ressources sur la table des négociations." Le jeune Chevalier pencha la tête sur le côté. "Je ne vois que la demande de Maître Windu difficile à remplir. Car nous aurons soit échoués soit trompés."

Maître Windu, elle le retenait celui-là. Elle ne commenta toutefois pas devant son cadet et leurs bataillons respectifs. « Comment est-ce que le logiciel se retrouverait dans les droïdes nanitéens ? » Le succès apparent (ou le degré de tromperie) de leur mission risquait fort de dépendre de la forme plus que du fond.

Tech se frotta le menton alors que des données se voyaient littéralement dans ses yeux. "Je pourrais implanter le logiciel directement dans leurs programmes de construction. Dès qu'un droïde est touché, il va contaminer tous les autres dans les environs. Ou alors des nano-robots ! Disséminés sur la planète, encore plus efficace." A cela, Cholena fronça les sourcils. "A bien y réfléchir, il nous faut l'aval des Nanitae. Nous ne pouvons pas contaminer leur planète sans leur accord !" Il se frotta les tempes. "L'Ordre s'en retrouverait entaché..." "Et si l'Ordre ni la République n'étaient fautifs ?" intervint le Capitaine Plume.

Des solutions proposées par le soldat, celle des nano-robots semblait à la fois la plus efficace et la moins réalisable sans disposer eux-mêmes d’une chaine de construction de nano-robots. Et restait le problème moral. C’est donc avec intérêt que Moira se tourna vers le capitaine du 317ème. « Ça serait idéal, mais risque de ne pas satisfaire l’exigence de ne pas paraître être une défaite. » « Tu sais que tu peux utiliser une affirmation au lieu d’une double négation ? », la charria sa canne.

"Où serait la beauté de la formulation, Aisling ?" taquina Cholena en tapotant amicalement la canne, les yeux sur Plume. "Nous pourrions nous faire passer pour des mercenaires payés par X pour saboter l'usine séparatiste. De nombreuses voix s'élèvent dans la Bordure Extérieure depuis que Poggle a impliqué ces mondes neutres dans le conflit." Le Chevalier se tourna vers Moïra. "Qu'en dis-tu, Maître ? Il y a au moins une Nanitae qui serait ravie de cette voie alternative... Ce peuple ne veut pas s'engager dans cette guerre. Si nous ne pouvons pas les convaincre de rejoindre la République, assurons-nous qu'ils puissent rester neutres."

« Se faire passer pour ce que nous ne sommes pas est également de la tromperie. D’autant plus qu’une attaque frontale pousserait les Nanitae dans les bras des séparatistes en leur confirmant qu’ils sont vulnérables face au reste de la région. » Elle se tut pour considérer le problème sous tous ses angles . « Mais une mission d’infiltration 'secrète' repérable par les Nanitae ciblant uniquement l’usine pourrait leur confirmer que se mêler de la guerre ne ferait que leur apporter plus d’ennuis qu’ils n’en ont déjà. » Elle n’aimait pas la malhonnêteté inhérente à ce plan, mais pour le moment il était leur seule piste potentiellement viable.

"Si nous ne voulons pas tremper jusqu'au cou dans la tromperie, nous pouvons toujours prévenir à demi-mots les dissidents au projet séparatiste." ajouta Cholena en se souvenant du Nanitae qui avait coupé la parole au délégué pour s'adresser à eux avec une détresse palpable. Il avait sciemment cherché à attirer leur attention. "Même si, pour assurer leur sécurité, il serait préférable de ne pas tout leur dévoiler." Le Chevalier se mordilla les lèvres. "Tout cela ne me plaît guère, c'est une voie bien mensongère. Mais nous devons au peuple nanitae de nous passer de notre fierté en la matière."

Un hochement de la tête répondit à la suggestion du chevalier. « Toute la difficulté sera d’avertir uniquement ceux que nous voulons mettre au courant. » Enfin, ce serait leur problème. Les clones, eux, devraient s’occuper de la mise en oeuvre pratique. « Tech, combien de temps faudrait-il pour élaborer ce programme ? » Ils étaient à la merci des Nanitae en ce qui concernait la durée des négociations.

"Euh..." Le clone se gratta la tempe alors que de nouvelles données circulaient dans ses yeux. "12h, je dirais ?" Cholena haussa un sourcil, un sourire taquin au visage. "On lui fait le coup classique du : 'Il nous le faut en moitié moins de temps !', Maître ?" Les autres clones ricanèrent devant l'expression de Tech. "Je peux essayer en me connectant au vaisseau, Commandant." "Ne te mets pas en danger, Tech, c'est tout ce qui nous importe. J'ai confiance en la Force." Falcon arriva alors dans le vaisseau. "Général ! Les Nanitae ont déposé une invitation à un dîner diplomatique. Et sinon, mes droïdes ont repéré l'usine. Déjà en cours..."

« À être si prévisible, tu vas finir par recevoir des estimations à la hausse par défaut », rétorqua Moira sur le même ton. Détendre un peu l’atmosphère lourde n’était peut-être pas une mauvaise idée. Elle n’intervint pas dans les ordres de Cholena pour son subalterne, mais se tourna vers le nouveau-venu. « Une information précieuse, merci Falcon. À quelle heure est le dîner et est-ce que vos droïdes ont pu faire un scan des lieux pour préparer une future mission d’infiltration ? »

Si Falcon n'était pas arrivé entretemps, Cholena aurait renchéri, mais l'éclaireur avait désormais toute son attention. "Comme vous l'aviez demandé, Général, j'ai envoyé mes droïdes les plus discrets et j'y suis pas allé moi-même." Quel dommage vu les yeux perçants de ce clone mais la prudence restait leur maître-mot. "L'usine n'est pas encore opérationnelle mais il y a un escadron de droïdes de combat et des droïdes de maintenance. Pas de traces d'organismes vivants cependant." Il tendit un holodisque de la taille d'un gland. "Je ne me suis pas permis de l'ouvrir, Général. Ya les détails du dîner dedans."

Elle réceptionna l’holodisque avec un hochement approbateur. « Capitaines, Falcon, commencez à travailler sur un plan d’infiltration, Tech, sur ce logiciel. Cholena, voyons cette invitation. » Elle ne s’éloigna toutefois pas spécialement de leurs troupes : les informations contenues dans l’holodisque les concerneraient aussi puisqu’ils devraient se coordonner.

"Oui, Général !" Les clones se mirent au travail. Les griffes de Cholena glissèrent délicatement sur le sol alors qu'il s'approchait de Moïra. "Voyons voir cette invitation." murmura le Chevalier en activant l'holodisque. Une femme apparut dans les teintes bleutées coutumières. A taille de projection, ils pouvaient mieux détailler les Nanitae. D'aspect humanoïde, la femme était construite telle une brindille à quatre bras et dotée de deux ailes translucides. Des mandibules camouflaient son expression labiale et ses grands yeux sans iris étaient muets. Il n'y avait que les antennes sur sa tête pour les renseigner sur son humeur.

Les antennes détendues oscillaient doucement d’un côté à l’autre de l’image, preuve que la reine était à l’aise. « Envoyés de la République, les négociations ont démarré sur de mauvaises bases. Nous vous invitons à partager notre repas au coucher du soleil. Des Nanitae viendront à vous pour vous montrer le chemin. J’espère que nous pourrons avoir des échanges plus fructueux. » L’image se figea, puis disparut. « Elle est soit une excellente diplomate, soit une bonne candidate comme ‘complice’. » Difficile de sentir l’état d’esprit d'une image : Moira ne parvenait à cerner que des impressions générales émanant des Nanitae dans leur ensemble.

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Cholena tapota ses aigrettes détendues. "J'ai une bonne impression devant son langage corporel mais je pourrais mieux la sentir au repas." Il souriait d'un air plus détendu. "Les négociations s'annoncent plus agréables, n'est-ce pas, grand-maître ?" S'asseyant à ses côtés en évitant soigneusement d'écraser ses rectrices, le Chevalier se mordilla les lèvres, soudainement plus timide. "Mais j'aurai une question, grand maître, à propos des sabres laser, plus tôt... Je..." Son ancienne timidité le reprenait parfois. Il entendait la voix de Maître Monroe le tancer avec douceur pour le rappeler son rang. "Pourquoi avoir insisté ?"

Moira sourit en réponse à l’optimisme du jeune Jedi, puis reprit une expression plus sérieuse quand il perdit de son assurance. Ça faisait un moment qu’elle n’avait plus vu cet air. « Nous séparer de nos sabres leur aurait donné l’impression de nous avoir rendus ‘inoffensifs’. Le fait que nous négociions pacifiquement n’aurait été dû à leurs yeux qu’à notre position de faiblesse et non à nos intentions. De plus, leur porte-parole testait jusqu’où il pouvait aller. À chaque concession de notre part, il en aurait exigé une nouvelle. Là où nous voyions une négociation d’égal à égal, lui voyait un rapport de force à influencer en sa faveur. »

Cholena resta un moment silencieux à peser cette nouvelle connaissance. "Je pensais jusqu'à présent qu'insister pour garder nos sabres transmettaient des intentions belliqueuses que nous aurions plutôt voulu éviter. Mais je comprends mieux, maintenant, maître Moïra." Il sourit à son grand maître. "Je vais méditer sur la question avant de me préparer pour le dîner." Il s'inclina respectueusement devant Moïra et rejoignit sa cabine, non sans glisser un petit mot d'encouragement à chacun des clones de la Volée.

« C’est une décision à double tranchant », admit Moira. Elle répondit à son salut en inclinant la tête et le suivit des yeux alors qu’il encourageait ses troupes. Elle connaissait le peu d’enthousiasme qu’il avait pour son nouveau grade, mais il n’en était pas moins un excellent meneur qui n’avait pas tardé à obtenir la loyauté de ses hommes. De son côté, Moira rejoignit les capitaines et stratèges de leurs bataillons pour se renseigner sur l’usine et entamer l’élaboration d’un plan d’attaque. Quand le soleil commença à décliner, ils avaient déjà une ébauche qui tenait relativement bien la route.

Il médita une longue heure afin de s'imprégner de l'enseignement de Maître Moïra puis rejoignit la table de stratégie. L'holoplan de l'usine, récupéré par l'un des droïdes éclaireurs de Falcon, montrait un bâtiment construit en grande partie avec une chaîne de montage pratiquement opérationnelle ; l'affaire de quelques jours, au maximum deux semaines. Un escadron de droïdes de combat B1 surveillait l'usine mais il ne semblait pas y avoir de B2 ni de Droïdeka, encore moins un droïde tactique, simplement un commandant OOM. Le Chevalier soupira dans son coin, triste de connaître tant de détails. Il relâcha rapidement l'émotion dans la Force.

L’état des lieux faits, Moira aborda un autre point important de la mission d’infiltration : comment se faire passer de manière crédible pour des « mercenaires ». « Nous avons l’avantage que les Nanitae ne connaissent pas notre nombre exact : ils n’ont vu que la délégation de ce matin. Ils ne remarqueront donc pas si certains manquent à l’appel pendant quelques heures. La difficulté sera l’apparence: aussi bien les robes de Jedi que les armures de clone sont aisément reconnaissable, et également impossible d’y aller à visage découvert. »

Cholena avait repris son tic de tortiller ses cheveux autour d'un doigt en se mordillant les lèvres. Il se tourna soudainement vers Plume en claquant des ailes dans l'agitation de sa trouvaille. "Les clones peignent leurs armures ! Le casque est trop reconnaissable mais imaginons que les jambières et le plastron soient peints en gris sali par le temps et... Approche, Capitaine." Le clone haussa un sourcil mais obéit à son commandant étrangement souriant. Ce dernier lui enfila sa cape jedi, capuche comprise. "Un peu de sable, un masque pour camoufler le visage et une tenue banale pour le reste. Qu'en dis-tu, Maître ?"

Moira regarda son cadet s’affairer d’un air curieux et répondit au résultat d’une hochement de tête approbateur. « Un mélange dépareillé mais fonctionnel probablement acheté pièce par pièce à des receleurs ou récupéré sur des victimes. Parfait pour un mercenaire de la Bordure. » Et ce n’étaient pas les victimes qui manquaient pour ce genre de personnage par ici. « Kirk, est-ce que les senseurs du vaisseau détectent une quelconque surveillance Nanitae à proximité ? » L’interpelé consulta l’écran puis secoua la tête. « Négatif, Général. Ils nous ont gardé à l’oeil les premières heures, mais plus rien. » Voilà qui était au moins bon signe.

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