Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : ouvert aux incrustations (demander par MP au préalable)
- Type de RP : Normal
- Tour de jeu : Pazou/Silivren
- Délai maximum d'attente de réponse : une semaine
- Sauts de tours : un
- Autre : RAS

Fuyant les imprécations du chef Ustyugov, Viktor descendait avec précipitation la passerelle. Ses pieds volaient sur les barreaux et en quelques secondes, après avoir sauté les 3 dernières marches, il fut à terre. Sans se préoccuper de cette bizarre sensation d'immobilité qu'il avait toujours en redescendant au sol, il commença à longer tranquillement le flanc de l'Anouchka en sifflant.

Il pouvait remercier le petit pépin technique que venait de découvrir le chef mécanicien. Comme tout était déjà prêt pour le départ, il lui offrait du temps libre bienvenue, d'autant que la réparation prendrait bien quelques heures. Arrivé à la poupe du dirigeable, Viktor repéra un paquet de caisse qui ne semblaient pas trop inconfortables et se laissa tomber sur la première.  Ses yeux parcoururent les câbles qui se tendaient le long de la coque de l'Anouchka, jusqu'au sommet. Quel beau bâtiment, hein ?

Anoushka gonfla encore plus des joues devant l'hilarité de Viktor et tapa la marche du pied. "En mouton, bien sûrrr ! J'ai dit en chien pa'ce que z'avez pas combien fait un mouton." Ses joues se gonflèrent encore plus alors qu'il riait plus fort. "Mais un trrroupeau comment, hein ? Avec combien de chiens ?"

Viktor peinait à retrouver son calme, et les questions qui lui tombaient dessus n'aidaient pas. Au bout de quelques minutes supplémentaires d'hilarité, il parvint à prendre une inspiration tremblante et à cesser de ricaner. Il regarda Anoushka et fit mine de réfléchir sérieusement. Imagine que tu mettes tous tes moutons les uns sur les autres, comme une tour. Ben, il t'en faudrait dans la centaine j'dirais. P'têtre moins si tu mets les chiens aussi. Un autre ricanement lui échappa.

Concentrée à imaginer les cents moutons de haut, Anoushka cessa de bouder et en sortit même la langue dans son effort. "Ah !" s'exclama-t-elle d'un coup en tapant dans ses mains. "Je vois, je vois ! Mais alorrrs... combien en long, n'hein ? Puis c'pas trrrès pécis. Vous d'vez êtrres plus pécis, M'sieu. Pa'ce que dans un digrigeable, pas êtrres pécis, ça peut coûter ché. Imaginez que vous commandez des corrrdes trrrop coutes, n'hein ? Pas bien, pas bien."

HRP:

Oh là, doucement ! Viens, on va monter et j'vais t'expliquer mieux qu'ça. Le garçon sauta sur ses pieds et recommença à monter les escaliers. Quand même, c'est gonflé pour une gamine comme toi d'critiquer des pros, tu sais ça ? Et pis, il m'semble que c'est toi qu'a commencé à compter en mouton, reprit-il d'un ton faussement vexé. Les gens qui bossent, ils comptent en mètres. J'vais pas commander des cordes de douze moutons de long, si ? Il rigola.

"Je kitique pas ! Je questionne !" Anoushka se renfrogna dans son coin en croisant les bras contre sa poitrine, le mine boudeuse tournée ailleurs que vers Viktor. Andrei lui tapota l'épaule en souriant gentiment alors qu'elle lui marmonnait : "Mais c'vrrai, quoi. Sait pas me dgrire combien de moutons y font les ballons. Un mouton, c'est mieux qu'un mète, là, pa'ce que les mètes, y changent selon l'gens alo qu'un mouton, c'est une valeu sûgre... nan mais."

Allez, boude pas, p'tite beauté ! J'ai pas compris un mot sur deux de c'que t'a dit, rigola Viktor. Quel caractère cette gamine ! Il s'accroupit devant Anouchka et adressa un clin d'oeil à Andreï. Bon, tu veux toujours aller les voir de près, ces ballons ?

Ils s'étaient encore arrêtés après quelques marches. Seigneur, qu'est-ce qu'il fallait pas faire pour expliquer la vie à des gosses, hein ? Mi-ennuyé, mi-amusé, Viktor s'appuya contre la rambarde et laissa son regard se perdre dans les hauteurs des ballons en attendant le résultat du calcul d'Andreï. Puis il essaya d'imaginer 26 moutons pendant de là-haut, chacun tenant la queue du prochain entre ses dents. Il ricana bêtement de l'absurdité de l'image.

L'image pouvait être absurde, elle convint cependant à Anoushka qui ne prit pas longtemps à visualiser la chose en moutons. Elle en fut tellement heureuse qu'elle sauta au cou de son ami pour lui flanquer une bise retentissante sur la joue, déclenchant des rougeurs jusqu'aux oreilles. "Et alors, M'sieu Vitor ? On fait une pause ? Allez, on y va ? S'viou plaît !" plaida-t-elle en sautillant à ses côtés comme si c'était lui qui ralentissait toute l’affaire.

Ah ! Ben c'est pas trop tôt ! S'exclama Viktor en souriant. Il était difficile de savoir s'il parlait du baiser ou de la suite de la balade. Allez, on décolle. Une fois qu'il se furent remis sérieusement à l'ascension, il arrivèrent en quelques minutes tout en haut de l'escalier, prêt du sommet des ballons. Faites gaffe, hein, allez pas passer par dessus la rambarde. Le vide sous leurs pieds était impressionnant, alors Viktor gardait un œil attentif sur les deux gamins.

Bon sang, quelle est drôle cette gamine ! pensa Viktor en riant de l'attitude d'Anoushka. Il les laissa observer tout leur saoul puis les guida encore plus haut, sur l'échelle qui menait au nid-de-poulepie. Il les fit passer devant lui, Anoushka d'abord, puis Andreï qui semblait moins à l'aise. S'il tombait, il le rattraperait. Il avait juste oublié un détail : la trappe d'accès était fermée, et bien trop lourde pour qu'Anoushka la soulève.

Elle avait lâché l'échelle ! Elle avait LACHE l'ECHELLE !! Le coeur tambourinant tel un moteur de dirigeable lancé à fond la caisse, Anoushka resserra ses bras autour de Viktor et se mit subitement à pleurer à chaudes larmes. Andrei commençait à peine à comprendre le drame qui avait manqué de se produire. "Tout va bien, Anou ?" s'enquit-il d'une voix rendue aiguë par la panique. Anoushka sanglota de plus belle. "Zuis dézolée ! Z'ai oublié de... de m'teni à 'chelle, d'zolé !"

Viktor s'accouda à la rambarde pour regarder lui aussi dans la direction des gamins. Au-delà des limites de Tomsk, la campagne s'étirait à perte de vue, sa monotonie uniquement rompue de loin en loin par les toits des hameaux et villages. Vous habitez par là ? demanda le garçon. Sa curiosité était tintée d'une touche de pitié. C'est assez paumé comme coin.