Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : Privé
- Type de RP : Express
- Tour de jeu : Silivren - Staneria
- Délai maximum d'attente de réponse : //
- Sauts de tours : //
- Autre : Bienvenue au monde des bisounours !

Cayden franchit timidement la porte de l'Océan d'Or. Même s'il venait de temps en temps, il se sentait toujours comme un étranger envahissant l'espace privé de Dylann. Son ami ne serait sans doute pas d'accord avec cette pensée mais il n'y pouvait rien.

Un bras collé à son flanc par l'autre qui le torturait de doigts nerveux, l'ornitothrope observa un moment les environs. Heureusement, il avait réussi à trouver le courage de venir en journée, profitant du temps nuageux pour voler en toute discrétion, et l'endroit était vide.

Ce fut néanmoins d'un pas timide (le plancher avait assez souffert de ses griffes comme ça ; il rougit de honte en repensant à sa dernière visite) qu'il se dirigea vers le comptoir. Comme il n'y avait personne, le jeune homme resta un moment silencieux et indécis à se trémousser dans sa solitude gênante puis osa se racler la gorge. Trop doucement, même lui s'était à peine entendu. Il déglutit et recommença plus fort, espérant attirer discrètement l'attention de quelqu'un (une jolie oxymore que cette pensée).

"Ex... Excusez-moi ? Y aurait-il quelqu'un ? Je... je dois... j'aimerais voir Dylann." lança-t-il à mi-chemin entre le murmure et la haute voix. Slam ou l'oncle Ko', ou même Dylann, devaient se trouver dans une autre pièce du bar. Il était sans doute arrivé à un moment où ils étaient occupés ailleurs que dans l'entrée. Attendre n'était peut-être pas une mauvaise idée finalement... tout, plutôt que crier.

"Dis... Dyn..." Cayden posa lentement son cahier sur le lit et se tourna vers son ami. "Et si on regardait ce film pour trouver de l'inspiration ?" Il n'avouerait jamais qu'il n'avait pas vraiment envie de faire ces devoirs, surtout sur un temps passé avec Dylann. Et au pire, ils avaient encore du temps devant eux pour le finir, ce fichu devoir. Il aimait la littérature, pas la philosophie.

Voltige relava lentement la tête pour voir si c'était une blague ou pas. Apparemment non. "T'es sûr ? Parc'qu'il est vach'ment heu... ben y'a du bonheur tout rose partout quoi." En même temps, c'était le sujet de dissert. "Il doit encore être sur la clé USB, on ne l'a pas effacé hier soir." Bien qu'il n'ai aucun souvenir de la fin, il a sûrement dû s'endormir avant.

"Ah ! La couleur rose ! Origine et significations. La couleur des bisounours n'est pas anodine." Le jeune homme inscrivit rapidement cela sur son cahier et sourit à Dylann. "Tu vois que ça amène de l'inspi, ce film. Je te laisse installer tout ça, ce n'est pas moi qui vais réussir à t'aider." Il agita ses griffes dans l'air avec une petite moue désolée (et légèrement emprunte de regret."

"Tu veux aussi t'amuser à chercher la signification des couleurs de tous les Bisounours ? Et des symboles sur leurs ventres ?" Ça serait à faire cela-dit. "Tu veux regarder ici ? La clé est sur la télé du salon j'crois, faut qu'j'aille la chercher."

"On risque de devoir s'arrêter pour prendre des notes, on va déranger, non, dans le salon ? Sinon, le bleu, c'pas le grognon ? Je me demande pour le rouge... Ah non. Tout le monde l'associe à de mauvaises choses." Il se renfrogna avec une moue au visage. "C'pas juste. Le rouge n'est pas que la colère, si ?"

"Je l'ai !" clama Dylann en retrouvant l'autre en plein facepalmage. "Y'a un soucis ? T'as changé d'avis ?" Rêve mon coco. "Au fait, oncle Ko va nous cuisiner un truc. Ou essayer. Ou commander, j'sais pas. Une préférence ?"

"Rien d'important !" répondit précipitamment en sursautant comme un beau diable, surpris par le retour rapide de son ami (qu'il n'avait pas entendu revenir). Calmant son pauvre coeur d'oiseau affolé, le jeune homme secoua la tête. "Non, non, pas changé d'avis. Et euh... Des graines, ça ira. Avec des fruits, ne vous embêtez pas."

Dylann eut un sourire en coin. "On va mettre le film, ça va te détendre." Un film pour enfants qui prônent l'amour et les bisous, c'est toujours... guimauve. Et qui avait affreusement vieilli. Déjà commencer les premières scènes dans un orphelinat... "C'pas l'genre de la maison à s'embêter tu sais" ne peut-il pas s'empêcher de dire alors qu'ils arrivaient à la chanson du générique. Il y avait sûrement à dire sur ce passage hautement constructif...

En voyant le film commencer sur un orphelinat, Cayden regretta soudainement son choix. Sur le coup, toutes ses rougeurs disparurent tant il blêmit en se recroquevillant dans un coin. Il ne voyait ou n'entendait plus le film. Il était reparti des mois plus tôt et faillit en manquer la prochaine phrase de Dylann. "Je suis trop compliqué en bouffe surtout, c'est pour ça..." murmura-t-il doucement, espérant donner le change.

Le film fut mis sur pause tandis qu'il cherchait de quoi noter quelques remarques sur le "pays des Bisous" dans les nuages et les étoiles filantes qui faisaient la circulation en mode policier. "On doit en comprendre qu'il fait quand même d'l'ordre pour être heureux ?" Puis il secoua affectueusement la boule de plumes pour la dérider. "Arrête d'te prendre la tête, j't'aurai jamais invité si t'étais aussi chiant qu'tu l'penses."

"Peut-être..." En fait, il n'avait absolument pas suivi le début du film après la mention de l'orphelinat. "C'est bon à savoir que je ne suis pas trop chiant." Il sourit légèrement, réellement rassuré par cette idée. "Et je pense que oui, pour les règles. Sinon on part en vrille et ce n'est qu'illusion. Tu ne crois pas ?"

"On peut mettre un p'tit passage sur la liberté des anarchistes aussi, c'est une forme de bonheur aussi apparemment mais j'crois qu'on s'éloigne." Après quelques notes, il reprit la télécommande mais n'appuya pas sur PLAY. "Tu penses vraiment qu't'es chiant ?"

"Des anarchistes ? Pourquoi des anarchistes tout d'un coup ?" s'étonna Cayden en regardant son ami avec de grands yeux étonnés. Ils s'écarquillèrent encore plus à sa prochaine question. Tendu comme un piquet, il ressemblait à une biche prise entre les feux d'une voiture. "Et ben... euh.... comment dire... Restons simples : oui. Totalement... Parfois." Il détourna le regard, en se tortillant les mains de nervosité.

"Ben ils sont pas trop pour les figures d'autorités et d'ordre non ? Pourtant ils doivent aussi r'chercher du bonheur non ?" Il sentait vraiment qu'il se perdait dans son raisonnement... bon sang qu'il détestait la philo. "Tu plaisantes, j'suis bien plus pénible qu'toi. Toi t'écoutes en cours, t'rends les d'voirs à l'heure, t'es poli et bien cultivé. En quoi tu s'rais chiant ?"

"Je crois que c'est partir un peu loin, non ? Essayons d'abord de construire quelque chose pour une plus large partie de la population." Cayden remit en place une mèche de cheveux en déglutissant. Il aurait bien gardé le silence pour la suite mais il ne voulait pas non ignorer ou mentir à Dylann. "Nan... toi t'es drôle et intéressant. Moi, je suis juste barbant, trop timide et un pleurnichard de première." Il se souvenait bien de l'avis de ses camarades à l'orphelinat.

"Et si on commençait par parler des clichés qu'on fait quand on parle du "monde des Bisounours" ? C'est connu comme expression non ?" Enfin lui la connaissait. A mesure que Cayden parlait, une moue contrariée se dessinait sur le visage de Dylann. "J'crois qu'on s'voit l'un comme l'autre d'une façon fausse. J'comprends jamais rien et casse tout autour d'moi. Puis c'est chou un gars timide, au moins t'es honnête avec toi-même" conclu-t-il avec un sourire.

"Chou ?" Il oscillait entre le fard et le haussement de sourcil, ce qui devait donner une tête assez étrange. Surtout assortie à sa voix de corbeau enrouée. Il secoua la tête pour se changer les idées. "On utilisera ça dans l'intro, en amorce et pour expliquer la notion comme contexte..." Ok, il n'arrivait à changer d'idée. "... et puis, mince, moi aussi je casse plein de trucs." Surtout ne pas revenir sur le "chou".

"Ben ouais, genre c'est touchant, t'vois ? C'rare un gars qui assume tout ça, l'plus souvent y essaye d'y cacher. Et on excuse plus de choses aux gens choux. Heu, qui sont timides ou sensibles j'veux dire." Il sentait bien qu'il s'enfonçait de plus en plus et il bénit son oncle quand il frappa à la porte. "Vous êtes décents les garçons, j'peux ouvrir ?" Ou pas.

Alors oublier l'étrangeté de la conversation était déjà un échec mais après le petit discours de Dylann et l'intervention de son oncle, c'était un gouffre qui le séparait de la réussite. Il était pour l'heure rouge pivoine, pour changer, les yeux écarquillés, pour changer là aussi, les plumes de la collerette toutes ébouriffées et figé comme muet.