Ils avaient beau décrire un vrai labyrinthe, tournant tantôt à droite, tantôt à gauche, le mysterieux individu gagnait du terrain. Calliope avait cette faceuse impression que son visage lui était familier. Non, c'était impossible. Malheureusement, son hypothèse lui sembla soudain très, très possible. "Heu, peut-être que, heu... Finalement... Il se pourrait que... Je le connaisse. Enfin, que je connaisse le coffre à bijoux de sa femme plutôt".

« Aaaaah bordel! Tu m'étonnes qu'il t'aime pas! » Cela faisait néanmoins sourire Mosraë. Lui qui commençait à trouver que la gente féminine devenait de plus en plus fade, il était ravi avec Calliope. *Enfin une femme avec du caractère* se disait-il. Il sortit son poignard tandis que celle-ci décocha une flèche qui alla se planter dans le genou gauche de l'homme. Il bondit sur lui, balançant son arme en direction de son visage.

Le genou droit ne serait plus jaloux du gauche, ils étaient désormais tous les deux logés à la même enseigne callopéienne. A la vue du poignard, elle se cacha les yeux avec ses deux mains, comme un enfant. Elle detestait les armes tranchantes : "T'es malade, ça va mettre du sang partout, le sang, ça tache et à la longue ça pue". Elle n'eut pas le temps de finir, l'arme se figea au milieu du front de leur adversaire dans un fracas d'os brisés. "Qu'est ce que je disais...".

« Et j'allais sûrement attendre que tu lui plante une flèche dans le dedans, c'est ça? » Il poussa un long soupir et enleva sa lame du crâne de l'homme, qui retomba inerte sur le sol sablé.

« Désolé, mais j'ai toujours dû faire ça pour survivre. » Mosraë barbouilla ses habits de ses mains dégoulinantes de sang. « Je crois qu'il va falloir qu'on passe chez moi avant cette bière » Tout souriant...

"ME TOUCHE PAS!" le prévint la jeune femme, elle n'était pas rentrée à l'Auberge se faire belle pour que le premier venu la barbouille de sang collant. "Et j'aurais pu le faire". Pour lui montrer qu'elle n'était pas une petite joueuse, elle attrapa son arc, et une seconde plus tard, une flèche se plantait à un centimètre du visage de Mosraë. Avec un sourire satisfait, elle lui emboita le pas : "Après vous messire".

Lorsque la flèche se plante à quelques centimètres de son visage, il laissa échapper un rire déconcerté. Au moins, il savait ce qui l'attendait si jamais il allait contre la volonté de cette dame - et quelque part, cela lui donnait envie de la mettre en rogne. Il guida Calliope jusqu'à chez lui, une petite "case" en terre de deux pièces qui se trouvait dans la banlieue de la ville. L'endroit était certes petit, mais confortable et décoré de nombreux trophées dorés. « Tu veux du jus peut-être Fépassa? »

Calliope s'assit sur un fauteuil usé. Elle croisa les jambes. Trop féminin. Elle essaya de croiser les bras. Trop hostile. Finalement, elle s'assit en tailleur, les deux pieds sur la chaise. "Tu me prends pour une gamine? T'es sur que tu veux pas me servir du lait tant que tu y es?" Elle avisa une bouteille posé sur les étagères, le genre qui ne renferme pas de l'eau croupie. "Je veux ça."

« Hé ben. Madame a des goûts de luxe à ce que je vois. » Mosraë s'approcha de l'étagère, désormais torse nu et souleva délicatement la bouteille qu'il présenta aux yeux de Calliope. « Cette bouteille, je l'ai ramenée de mon premier cambriolage et j'attendais une occasion bien particulière pour la boire. » Moment de pause

« Mais étant donné que le vin aura certainement tourné d'ici là, autant le consommer aujourd'hui. »

*Du vin, on a pas la même vision du corsé...* Alors comme ça, c'était un confrère? Calliope ne faisait pas beaucoup dans le cambriolage, elle préférait le vol à l'arraché, mais elle ne rencontrait que rarement un autre voleur alors elle n'allait pas faire la difficile. Elle prit la bouteille qu'il lui tendait (ou pas). "Effectivement il serait dommage de gâcher un si bon breuvage. De quel cépage s'agit-il?" Cette petite réunion lui semblait bizarre, troublante.

Mos n'aimait pas non plus le vin, le trouvant quelque peu amer. Finalement tout ce qu'il avait tiré de son premier cambriolage était une piquette pour alcooliques taverneux. Alors qu'il s'apprêtait à couper Calliope au milieu de sa phrase, celle-ci lui renversa sa coupe dessus, tâchant son habit grisâtre. Instinctivement, il se leva en laissant s'échapper un juron. Il se ravisa immédiatement, présentant ses excuses à Calliope et se dirigeant dans la chambre pour enfiler de nouveaux vêtements.

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A peine eut-il tourné le dos qu'un bonnet en papier qui s'était faufilé par l'unique fenêtre de la maison, un trou creusé dans la pierre et se déposa sur la tête de Calliope. Sur le chapeau était écrit en lettres minuscules "la taille neuf, tu ne dépasseras".

« Adieu, charmante voleuse... » murmura-t-il pour lui même tandis qu'elle s'enfuyait. Les coups tonnèrent à la porte, jusqu'à ce que celle-ci s'affaisse dans un craquement assourdissant. Trois hommes de la garde, armés de lances ne tardèrent pas à se poster devant la porte de la chambre, brandissant un papier jauni et apposé de la marque du vassal.

« Par décret du chef de cette ville, vous êtes condamé à la sentence dernière. » *chouette* pensa Mosraë...