Nano. RolePlay

Dormir dans des auberges commençait à devenir une habitude, bien qu’elle entraîne son cortège de contraintes et de tension. Si Cohbar se montrait honnête envers lui-même, son brusque intérêt n’avait pas grand chose à voir avec le confort ou les rencontres que ces établissements permettaient, et tout avec une rencontre précise survenue quelques jours plus tôt. Mais il n’était pas près à s’avouer cela, même dans le secret de ses pensées. Quand bien même l’impact sur son humeur était bien visible.

Il supporta donc passablement mal la découverte que ni Songe ni Saganwë, les deux chevaux auxquels il tenait comme à la prunelle de ses yeux, n’avait été nourris pendant que lui-même prenait son repas dans la grande salle. C’est très irrité qu’il sortit de l’écurie, fouillant des yeux la cour en quête du garçon d’écurie qui aurait dû être en train de surveiller les chevaux mais qui n’était visible nulle part.

La cour n'était pas tout à fait vide puisqu'une jeune femme se dirigeait vers lui, ou plus vraisemblablement vers l'écurie. Surement une cliente de l'auberge venue s'assurer que ses chevaux étaient bien traités. Le regard de Cohbar s'arrêta sur elle un instant puis se détourna. Qu'elle juge par elle-même. A grand pas, il se dirigea vers les dépendances où il espérait trouver son coupable.

Cohbar s'arrêta et se retourna vers la jeune femme. Il n'y avait qu'eux dans cette cour, c'était donc à lui qu'elle devait s'adresser, même s'il avait du mal à saisir ce qu'elle lui voulait.

Pardon ?

Il fronçait légèrement les sourcils, peu désireux d'engager une conversation.

Il s'excuse à la terre ? C'est bien, c'est un début ! Je souris intérieurement à ma blague, puis extérieurement alors qu'il tourne son attention vers moi. "Vous avez l'air en colère. Un problème avec les chevaux?" Je continue en tendant la main vers le cheval à ma portée pour le caresser mais-- "AH !", Je me fais mordre ! Mais rien de grave heureusement, juste la peau ébréchée. Ca m'a surtout surpris. "Wow, je sais que j'ai l'air d'une friandise mais je croyais que ça s'appliquait qu'aux humains. Et dragons.... et elfes noirs...." Je crois que je peux encore allonger la liste avec un peu de mauvaise volonté.

Cohbar n'aimait pas spécialement qu'on se mêle de ses affaires sans raison, même si cela semblait partir d'une bonne attention. Mais la réplique qu'il s'apprêtait à lancer mourut quand la jument vers laquelle elle tendait négligemment la main, derrière elle, montra les dents.

Attention !

L'avertissement arriva trop tard, mais Cohbar n'avait pas pu s'empêcher de faire un pas instinctif en avant. Secouant légèrement la tête -autant pour lui-même que pour l'inconsciente- il s'approcha encore en demandant :

Vous allez bien ? Une pause. Vous devriez faire plus attention, les chevaux ne sont pas des jouets.

Oh, il s'inquiète pour moi ! Je lui souris grandement. C'est un gentiiiiiiil.
Lorsqu'il s'approche, je remarque les marques runiques sur sa main - mais je n'insiste pas mon regard dessus, moi-même étant sensible au regard des gens sur mes runes. Mon regard est plutôt porté vers ses deux cobalts plutôt. "Oui, je guéris vite, il me suffit juste d'un peu d'attention parfois." Je rigole en secouant la main comme si de rien était. Tant que le cheval a pas la rage, ça iraaa. Mais quelle idée, qui pense encore que les chevaux sont des jouets !

Cohbar ne répondit pas au sourire, se contentant de jeter un coup d'œil à la main de la jeune femme par acquis de conscience. En vérité, maintenant qu'il était rassuré, il n'avait plus rien à dire. Il s'approcha plutôt de la jument rétive, lui présentant calmement sa main à plat en lui parlant avec douceur.

Toi aussi tu as faim n'est-ce pas ?

Et la jument est appaisée (je crois que c'en est une), et lui mangerait facilement dans la main (pas comme moi, qui m'a mangée la main tout court). C'est un vrai chuchoteur, lui !
Plus important, j'ai été distraite mais... l'animal n'a pas de quoi manger. Je comprends mieux la situation lorsque je note que c'est le cas dans plusieurs enclos. "Oh... pauvre bête."
Est-ce que les chevaux utilisent comme expression "manger un humain" lorsqu'ils ont faim aussi ?
Je me déplace pour aller choper du foin à bout de bras et commencer à en apporter aux enclos. Les chevaux s'excitent, pauvres bêtes !

Cohbar observa d'abord sans rien dire la jeune musicienne -il avait remarqué le luth qu'elle portait à l'épaule- alors qu'elle commençait à nourrir les chevaux. Il était agréablement surpris par sa réaction. Puis, évidemment, il alla l'aider.

Pas comme ça, indiqua-t-il en se saisissant d'une fourche qu'il plongea dans le foin, lui montrant l'exemple.

Merci, répondit sobrement Cohbar en haussant un sourcil surpris. D'ordinaire, on attendait qu'il ait réellement fait quelque chose de généreux pour lui adresser ce genre de commentaire. Il observa à son tour la jeune femme à la dérobée, en quête de quelque chose à lui répondre même s'il ne livrait pas ses pensées aussi facilement qu'elle. Elle était plus jeune qu'il ne l'avait pensé.

Et merci pour votre aide. Vous n'êtes pas familière des chevaux, n'est-ce pas ?

Ah, je m'attendais pas non plus à ce qu'il m'adresse la parole (il a l'air le genre taciturne) - même si j'ai comme plan de le coller jusqu'à en apprendre plus sur les runes de sa main (j'attends le moment opportun pour sortir une information aussi sensible).
Je m'appuie de mes mains contre la poignée de la fourche en le regardant. "C'est plutôt vous qui m'avez aidé, non ?" Je lui souris de nouveau, et penche un peu plus la tête vers l'avant. "C'est bien vu, je ne suis pas habituée aux chevaux. Ni aux elfes qui font le travail de garçon d'écurie." Je continue sur un sourire plus taquin.

Cohbar sourit à son tour, un sourire tranquille, à son image.

C'est vrai, mes excuses.

Le rappel qu'il aurait dû y avoir quelqu'un ici pour s'occuper des chevaux lui rendit immédiatement son sérieux et il fronça les sourcils, insensible à la taquinerie.

Je n'aime pas voir des chevaux laissés sans attention. A l'évidence, ce n'est pas le cas de celui qui devait s'en occuper. C'est lui que je cherchais quand vous m'avez interpellé.

Pour être honnête, quand je l'ai interpellé, j'pensais pas qu'il se retournerait (vu comment il semblait remonté). J'ai juste lancé ça au vent - comme je le fais souvent. "
"Oh." Hah !J'ai sauvé une vie sans le réaliser. Ou j'ai juste repoussé l'inévitable. "J'imagine que c'est votre cheval alors là-bas. Il s'appelle comment ?"Je reprends ma fourche pour enchaîner le travail sur un autre enclos (plus proche d'où se trouvait l'elfe). Ca ne me concerne pas, mais ce serait pas du luxe que celui responsable se fasse secouer fort - j'détesterais être maintenue dans un endroit aussi serré sans même qu'on me nourisse !

Détourné à nouveau de ses envies de recherche, Cohbar jette un coup d'œil derrière lui par réflexe, même s'il sait bien que ni Saganwë ni Songe ne sont dans ce box. A la place, une jument baie relève brièvement la tête de son repas avant de replonger dans le foin.

Non, je ne connais pas ce cheval. Les miens sont dans le grand box au fond. Je les ai déjà nourris plus tôt, quand j'ai compris que personne ne l'avait fait.

"Oh !" Donc il est encore plus gentil que ce que je pensais. Dire qu'un elfe à l'air aussi digne que lui jouerait aux garçons d'écurie sans qu'il n'y trouve aucun interêt !
Attends... il a dit miens ? Il a plus d'un cheval ?
"Mhm, donc aussi beau de l'intérieur que de l'exterieur." J'étire un sourire sincère. Mais quelqu'un de plus cynique aurait probablement commencé à lui chercher des défauts - les gens ne sont pas vraiment croyants du trop beau trop bon. "Merci de m'avoir aidé. Vous m'accorderiez votre aide de nouveau ? J'aurais une question."

Un demi-sourire vint étirer les lèvres de Cohbar, comme une réponse non formulée  au compliment.

C'est vous qui méritez des remerciements. Vous avez bien moins de raisons que moi de prendre soin de ces chevaux.

Et malgré lui, il était curieux du genre d'aide qu'elle pouvait bien rechercher.

Allez-y, posez-la.

Awh, qu'il est chou !
Je me rapproche de lui et atténue mon sourire pour le regarder sérieusement. "Les runes dans votre main... vous êtes né avec ?"
Je laisse mon regard tomber vers sa main de nouveau.
Mes soeurs m'ont assuré qu'il n'y avait pas d'autres personnes en vie dans la même condition que moi. Mais je ne peux pas passer le reste de ma vie à prendre leurs paroles pour acquis. Puis peut-être qu'il s'agit d'un indice dont j'aurais besoin.

Cohbar se figea et darda un regard perçant sur la femme petite et menue qui lui faisait face. Elle était tout sauf menaçante, pourtant il avait dû résister au réflexe de cacher sa main derrière son dos. Il y avait tant de choses qu'il ignorait sur lui-même qu'il avait du mal à gérer l'attention qu'elles pouvaient susciter chez les autres. Surtout chez de presque inconnus.

Je ne m'attendais pas une question aussi personnelle. En quoi cela vous intéresse ?

Même s'il avait gardé une voix calme, elle était indéniablement plus tendue qu'auparavant.

J'aurais probablement réagi de la même façon s'il m'avait posé la question. La différence c'est que je sais quelque chose qu'il ne sait pas.
Je regarde ce grand elfe guerrier qui fait facilement deux fois ma taille, mais dont j'ai décidé de faire confiance en sa gentilesse. Puis je lui étire un sourire fripouille. "Je vais vous montrer pourquoi- mais autant mêler plaisir à obligation, non ?" Non ?
Je fais pivoter mon luth de mon dos jusqu'à contre mon torse. "Je suis demie-elfe moi-même, vous savez ?" Je continue de sourire en cherchant un endroit où m'asseoir.

Cohbar ne saisissait pas du tout où elle voulait en venir mais il la suivit jusqu'à un abreuvoir retourné où elle s'assit. Vraiment ? Il murmura sans réellement y prêter attention. Y avait-il un lien entre son ascendance elfique et sa question ? Il avait du mal à imaginer lequel. Mais malgré les questions qui bouillonnaient maintenant en lui, il resta patient tandis qu'il l'observait préparer son instrument.

Peut-être à cause de l'endroit qui me rappelle des souvenirs ? Ou l'elfe qui m'inspire cette chanson en particulier ?
Je m'assoie contre l'abbreuvoir et joue quelques notes. Le vent répond en soufflant doucement. Pour la terre... je ne suis pas encore confiante avec cette magie. Elle ne me vient pas naturellement. Je ne sais pas comment... l'imaginer. "Oh, avez-vous déjà aimé, monsieur l'elfe ?"
Je souffle."Bien sûr que vous avez aimé... un coeur comme le vôtre, ça doit lui venir naturellement."

Cohbar sent un frisson lui remonter l'échine lorsque les premières notes s'égrènent dans l'air et qu'une brise se lève. Il y a quelque chose de différent, dans cette musique... Son instinct le lui souffle.... Soudain, comme une parfaite réponse, un fourmillement désagréable envahit son bras. Il serre le poing comme pour empêcher ce qu'il sait devoir suivre, mais inexorablement les glyphes qui lui couvrent la main se mettent à frémir, comme répondant à la musique. Il relève brusquement les yeux vers la musicienne, le cœur battant, pour lui demander d'arrêter de jouer quand sa question le désarçonne. Un regard d'obsidienne s'impose à lui.

Non.