Nano. RolePlay

Fedor venait de passer un certain temps pour s'habiller. Il avait rendez-vous dans les cuisines de la belle Ineska. Il ne tenait pas à faire mauvaise impression sur les gens qu'il risquait de rencontrer. Bien sûr il préférait largement ne rencontrer personne d'autre que la jolie blonde. Mais il ne comptait pas parier dessus non plus. C'est donc vêtu d'un des costumes offert par Roman qu'il se rendit dans les quartiers chics de Moscou. Quelque soit sa tenue il attirait le regard à cause de sa taille, mais pour une fois il n'avait pas de raison de cacher son physique et marchait fier. Ce n'était pas la démarche d'un homme du monde, c'était celle d'un homme décidé, sans doute un brin trop rapide pour être digne. La démarche d'un soldat, preste, efficace, avec un brin d'engagement.

Lorsqu'il arriva devant la bâtisse il hésita un brin sur la conduite à tenir, puis il se décida et prit la direction de l'écurie. Le cheval était là, et il avait une pomme pour lui. "Salut toi."

Perle aussi était bien apprêtée. Sa robe pommelée était lustrée à souhait, sa maîtresse ayant visiblement passé du temps à la brosser. La jument détourna la tête de sa ration de foin à l'arrivée du géant devant son box. Elle n'était pas fière, la grande bête, sans Ineska à ses côtés mais la pomme était si tentante... Perle s'en approcha, le pas prudent.

"T'inquiète ma belle, je vais pas te manger. Roman trouverait ça déplacé, c'est un cheval aussi parfois." sourit Fedor dont la vigilance hors norme lui garantissait qu'il était seul avec l'animal pour le moment. Il tendit la main pour que le cheval puisse s'approcher de lui mais pas trop non plus. "Mange."

Tant que la porte restait entre eux, elle ne risquait rien n'est-ce pas ? Perle tendit le cou jusqu'à happer le fruit du bout des lèvres et reculer prestement hors de portée en marche arrière pour garder le plus-si-inconnu en ligne de mire. La pomme céda dans un croc bref sous ses dents, un petit hennissement de contentement en prime : elle en avait toujours peur mais y'avait du progrès.

"C'est bien ma belle." dit doucement Fedor de sa voix douce, mais profonde. "Je crois qu'il est temps que je rejoigne ta compagne de balade." ajoute-t-il avec un sourire tranquille. Il n'était pas spécialement nerveux, mais pas à l'aise non plus. Pas de soucis avec Ineska, mais les domestiques ou pire, la famille, lui posaient plus de problème.

Il soupira doucement et se mit en route. "A toute à l'heure, j'ai une deuxième pomme." annonce-t-il en montrant une pomme qu'il replace dans la poche de son manteau.

Une expiration contrariée raisonna derrière Fedor quand la jument aperçu la seconde friandise. Tant pis, ça ne serait que partie remise. Derrière les portes vitrées de la demeure en revanche, l'atmosphère était loin d'être aussi sereine qu'aux écuries. Pour un peu, on pourrait croire que les habitants avaient échappé de justesse à une catastrophe – ce qui pourrait être techniquement le cas – et que la panique restait encore bien présente dans l'air.

Fedor arrive devant la porte principale, mais ce n'est pas vraiment là qu'il a envie d'être, il contourne donc à la recherche d'une autre porte. Celle pour les domestiques. Il y a en a toujours dans les grandes maisons. Il frappe à cette dernière. Pas du genre à se faire passer pour ce qu'il n'est pas. Il est juste bien habillé, point barre.

C'est une jeune fille d'une quinzaine d'années, aux longs cheveux auburn nattés, qui lui ouvrit.... avant de crier de peur devant l'immense silhouette. "Pour l'amour du Ciel Eva, je te jure qu'il n'y a aucun risque d'incendie !" parvint une voix agacée un peu plus loin. La petite tremblait presque quand une autre femme d'un âge avancé vint à sa rescousse leur invité. "M-monsieur Voliakov ?" s'enquit la domestique incertaine (et visiblement prête à protéger chèrement la jeunette).

"C'est moi." rassura Fedor avec un sourire serein. Il ne fit pas un mouvement autre qu'un petit salut de la main. Il sait que sa masse en mouvement entraine naturellement un mouvement de recul, voir de panique, chez les gens qui n'ont pas encore eu le temps d'assimiler son identité. "Quelqu'un a fait brûler quelque chose ?" demanda-t-il avec un sourire en coin.

La vieille dame eut un soupire et la dénommée Eva ouvrit de grands yeux tout en détaillant sans s'en cacher le physique plutôt... hors norme de Fedor. "Eva, c'est inconcevant" la rabroua son aînée. "Venez Monsieur Voliakov et ne vous inquiétez pas, nous... enfin Mademoiselle s'est essayée à quelques recettes. Pardonnez-nous le désordre." Si elle tentait de dédramatiser la situation, l'expression de sa collègue la contredisait grandement ; et ladite situation encore plus : la table et les plans de travail de la cuisine étaient envahis d'ingrédients, saladiers et divers ouvrages. Et Ineska, lisant l'un d'eux, les sourcils froncés.

Fedor entra dans la cuisine et observa le désastre. Un sourire tranquille et amusé s'épanouit sur son visage. "Quel courage mesdames." dit-il aux deux servants avec un air soudainement grave, trop grave pour la situation en fait. C'était forcement une forme d'humour. Il espérait que les servantes suivraient.

"Fedor !" Le livre claqua. "Heureuse de vous revoir ! Comment allez-vous ? Bienvenue chez moi. Prenez place je vous en prie, vous être ici mon invité" sourit Ineska en lui présentant une chaise épargnée, aussi à l'aise que si elle siégeait dans une salle de bal somptueuse et non pas une cuisine en préface apocalyptique. "Je crains en revanche qu'il faudra faire l'impasse sur le flan pâtissier... la cuisson a dû déraper." Un faible "et pas que" ironique d'Eva ne valu à la jeune servante qu'une mimique amusée de la blonde.

Il regarde la belle blonde qui assume pleinement son statut d'ambassadrice du chaos. "Heureux de vous revoir aussi." dit-il en venant se poser devant elle. Il la domine de toute ça hauteur, c'est à dire moins que les autres femmes. Elle n'est pas petite. "Bien qu'il faille un poil de recherche pour vous retrouver." il tend la main vers la joue de la jeune femme et son doigt récupère un brin de flan pâtissier non cuit. Il vient ensuite sucer le bout de son doigt. "Quelles est la prochaine étape ? Vous brulez tout pour effacer les preuves ?" demande-t-il tranquillement.

Du coin de l’œil (le bleu), Ineska vu voir Eva porter les mains à sa bouche, les joues rouges, devant le geste de leur invité. Ce qui la fit sourire plus encore. "Déjà fait, vous arrivez avec un cran de retard... même s'il s'agissait plutôt d'une maladresse" eut-elle un geste de la main vers un plat à bord haut partiellement calciné, sûrement ce qu'il restait du flan. "Les madeleines* auront peut-être plus de chance."

*En français dans le texte.

"Prions ensemble alors." annonça Fedor avec un grand sérieux. "Un miracle est toujours possible n'est-ce pas ?" enchaina-t-il sans pitié. Mais toujours avec ce sourire tranquille, malicieux, mais pas méchant. Il chercha du regard le soutient des servantes, mais il avait échoué à la rallier la première fois et sentait que c'était peine perdue.

Lesdites servantes connaissaient surtout la langue acérée de la demoiselle et même si Ineska était généreuse, elle était également réputée pour son caractère enflammé... surtout quand sa blessure à la cheville l'avait clouée sur place ces deux derniers jours. "Dieu nous a déjà évité un incendie, ne soyons pas gourmands envers les miracles pour aujourd'hui Monsieur" osa tout de même la vieille gouvernante, Uliana l'avait pratiquement élevée et Inessa tenait plus d'elle niveau hargne que de sa douce mère effacée.

Le sourire sur le visage de Fedor s'élargit et ses yeux se plissèrent tellement il était heureux de pouvoir compter sur une des servantes. "Je vois... je crains en effet que vous ayez raison." dit Fedor en reprenant une expression plus neutre. "La voix de la sagesse." enfonça-t-il le clou. "Mais mon cœur ne désespère pas cependant." son sourire charmant apparut comme par enchantement alors qu'il regardait la jolie blonde en face de lui.

"Oh mais je compte plus que la participation de votre cour mon cher ! Uliana ?" La gouvernante eut un soupire. "Vous restez tout de même sur votre idée Mademoiselle ?" "Mais aaaaabsolument !" sourit Ines, on aurait dit un chat devant une coupelle de lait. Restant sagement sur sa chaise, elle attendit qu'on lui remette un paquet souple en tissu blanc soigneusement plié, agrémenté d'un ruban rouge. "Je n'ai pas eu le temps de vous le faire broder en revanche" remit-elle le présent à Fedor.

Le cadeau :

Fedor prit délicatement le paquet et entreprit de l'ouvrir. Il découvrit alors un tablier blanc de grande taille, simple mais de qualité. Il eut un petit sourire. "Je comprend qu'il faille au moins ça pour me protéger d'un autre désastre probablement imminent." soupira-t-il alors. Il prit le temps de retirer son manteau, de toute façon la chaleur de la cuisine commençait à lui peser. Et il enfila le tablier sans grande difficulté. Ce n'est pas la première fois. "Je ne demande pas si cela me va bien. Je sais." Il sourit sereinement et fit un petit tour sur lui même comme s'il paradait.

"Fichtrement bien ouais..." se laissa aller Eva, envoutée, avant de se reprendre et de trouver plus intéressant le rangement de la cuisine que la silhouette de rêve de leur invité. "J'ai dû avoir le bon coup d’œil pour votre taille, vous auriez eu l'air beaucoup plus ridicule dans un tablier trop petit" le charia-t-elle sans reprendre sa suivante (elle avait raison après tout). "Mais le rouge vous va tout de même mieux."

Il haussa les épaules. "Mes vêtements habituels sont un peu trop simples, je ne voulais pas risquer de me faire éconduire avant même d'avoir eu la ... hm hm ... chance de goûter à votre cuisine." dit-il décidément en verve ce soir. "Où se cachent ces fantastiques maidaine" demanda-t-il ensuite.

"J'avais espéré vous amadouer avec le flan pour rester dîner ce soir mais je vous garderai au moins jusqu'au thé. Je crains que le déjeuner soit non négociable, Uliana serait bien trop peinée si vous ne goûtez pas à son bortsch familiale." La gouvernante eut la décence de lever les yeux au ciel. "Sauf que pour l'heure, mon bortsch est aussi avancé que vos gâteaux jeune fille, sinon plus." "J'ai déjà fait des madeleines !" Qui avaient globalement fini comme feu le flan mais Fedor n'avait pas à le savoir. "C'est ceci" montra-elle au colosse une illustration de son livre. "Voyez, rien de compliqué."

"Je ne sais pas si c'est compliqué. Je ne sais pas lire cette langue. Mais je suis quelqu'un d'assez dextre." dit-il tranquillement. "En tout cas cela à l'air bon, mais je ne vois rien dans la cuisine qui y ressemble." précisa-t-il alors que ses yeux vigilants cherchaient partout dans la cuisine. "Si ce n'est pas négociable, je rends les armes alors. Le diner demandera certainement beaucoup d'efforts de votre part."

"C'est très gentil à vous de vouloir m'aider alors que je ne peux bouger !" Là, son sourire sentait l'ironie à plein nez : deux jours que la maisonnée la réprimandait de poser le pied au sol et sitôt son ami arrivé qu'elle jouait les demoiselles en détresse. Eva ne comprenait pas la logique de son employeuse mais Uliana n'était pas dupe. "Si vous pouviez surveiller Mademoiselle, Monsieur Voliakov, le travail sera facilité de moitié." "J'ai dit aider, pas surveiller."

Cette servante était décidemment bien à son goût. "Je comprends, je vais me sacrifier et surveiller la porteuse de chaos... enfin la jeune maitresse de maison." se reprit Fédor en faisant un clin d'oeil à Uliana.

"Ma chère, comment puis-je vous servir ?" demanda immédiatement le grand homme au regard d'acier. Il réprima une envie soudaine de poser une main sur la hanche de cette dernière. Un mauvais réflexe acquis dernièrement. Sa main avait néanmoins bougeait et fait finalement demi-tour.