Nano. RolePlay

Dans les rues de Celur je me suis toujours senti/e à ma place. Il faut avouer que quand je regarde dans les vitrines des boutiques, je ne voies que des pièces de moteurs, des radio-réveil, bref : des machines à bidouiller. Pourtant je ne suis pas là pour travailler dans une boutique, je suis un/e piètre vendeur/se, et je sais de quoi je parle, j'ai essayé trois fois. Non, c'est aussi ici que se concentrent le gros des vaisseaux en recherche de main d'oeuvre. Faut dire qu'à former des mécanos et à les sous-payer, ils ont vite envie d'aller voir ailleurs... Où ils seront de nouveau sous payés.

Me voilà sur le tarmac d'un vaisseaux qui a du connaître des jours meilleurs, sa coque est pas mal endommagée... Mais que voulez-vous l'annonce dit qu'ils ne paient pas trop mal, alors je tente ma chance.

"Bonjour, je cherche le Serpentère, il parait qu'il cherche à recruter un mécano qualifié ?" je demande à un shreek.

Le Shreek en question lui jeta un oeil mauvais. "Le Serpentaire." corrigea-t-il, hautain, semblant visiblement considérer le Sarien comme un moins que rien. Alertée par la haute taille du spécimen, Kishareera observait l'échange un peu plus loin... et devait bien convenir que la... chose ne payait pas de mine. Même pas habillée ! Et cette créature ne pouvait pas se targuer de la magnificence d'un plumage, juste cette hideuse carapace.

"Ah, désolé/e sans doute une erreur de mon traducteur, je suis donc au bon endroit ?"

Accuser le traducteur, base de communication sarienne en terrain hostile.

Soit-il écrasé par l'ombre immense du Sarien, le Shreek claqua du bec d'un air méprisant. "Je ne pense pas, non. Les Serrétoiles n'ont rien à voir avec ceux de ton... espèce." Il cracha le dernier mot.

Kishareera ricana dans son coin et se détourna, pensant la conversation close. Quelle plaie d'avoir dû s'amarrer à Celur ! Il y avait tellement de races inférieures qui venaient leur taper la causette...

"Je vois au moins trois technologies nées sur ma planètes sur la carrosserie de ce vaisseaux, j'imagine qu'il y en a d'autres à l'intérieur... Alors le fait de ne rien avoir à faire avec mon espèce joue plutôt en ma faveur je crois, ça veut dire que je peux vous apporter beaucoup d'expérience."

Mettre ce débilos comme comité d'accueil par contre c'est pas fun.

"Quoi ?!!" pépia le Shreek qui n'en pouvait pas de s'hérisser les plumes. "Quelles conneries ! Notre vaisseau bec de proue est 100 % shreekien, immondice chitineuse !"

Avec un soupire, Kishareera bifurqua pour aller retirer le jeunot de 8 ans de cette mauvaise passe : elle se passerait de devoir gérer la police de Celur pour trouble à l'ordre public suite à une esclandre. "Nous n'embauchons pas les étrangers." dit-il sèchement, royale dans son plumage et ses atours de Matriarche. La conversation devrait ainsi être close.

"Ca se voit. C'est dommage. Surtout que je ne vois pas grand monde se précipiter pour votre offre. Vous arrivez encore à décoller d'une traite ou le temps de préchauffage est de plus en plus long ?"

J'ai besoin d'un taf moi, pourquoi j'insiste ? Peut-être parce que j'ai déjà vu pas mal de carcasses de vaisseaux de ce genre de modèles et que je sais par où ça commence à se dégrader... En théorie. Je suis curieux/se d'en voir un qui fonctionne encore.

Ses aigrettes se dressèrent subitement mais elle se retint de crisser du bec. Kishareera préfère fixer le Sarien d'un air hautain. "Cela ne vous regarde pas." Une insulte pesait sur le bout de sa langue. La Shreek se retourna en claquant des griffes sur le béton d'un air menaçant qui devait clore la discussion.

Mais elle tomba sur le sourire mutin de Kolirisha. De mauvais aloi ! Surtout que ses yeux laiteux brillaient d'un amusement cruel. "Notre jeune Matriarche ne saurait rejeter une expertise, soit-elle étrangère ? Nous prenons du retard sur nos routes de Migration." La garce avait parlé bien fort, pour se faire entendre de tous.

Haussement de mandibules. C'est eux qui voient, personnellement j'ai toujours préféré réparer les choses plutôt que de les changer. Effectivement cela ne me regarde en rien, et même bien payé, un poste auprès de cette clique désagréable sera désagréable. Je ne compte pas insister... Mais une voix s'élève dans l'assemblée et j'peux pas m'empêcher de marmoner.

"C'est l'problème de ce type de vaisseaux, les réacteurs faiblissent avant de lacher..."

Sur le moment, Kishareera regretta d'avoir poussé Kolirisha dans sa Grande Erreur et de l'avoir rendue aveugle. Ces yeux blanc laiteux étaient plus opaques qu'un miroir mate. Les serres de la jeune Matriarche creusèrent dans le sol et le bec de sa rivale s'ourla d'un sourire. "Soit... Si Kolirisha estime que nous pouvons tolérer un étranger sur le pont de notre vaisseau bec-de-proue pour ne pas retarder notre Migration... qu'il vienne." Le sourire disparut et ce fut son tour d'afficher un air carnassier : elle était l'Aile-Guide en chef de la Volée des Serrétoiles et la Messagère du Vide. Elles ne jouaient pas dans la même catégorie.

Haussement de mandibules. Ca a l'air fun l'ambiance sur ce vaisseau. Ils ont pensé à acheter des marshmallows, histoire de rentabiliser le feu de l'animosité qui existe entre les deux sacs de plumes... Rappelles toi que tu as besoin de crédits Paradis. J'emboite donc le pas à la pleine de plumes qui semble en charge du bazar.

L'ordre fit rouler un frissonnement dans les plumes de tous les Shreeks présents. Kishareera serra son bec en une mince ligne et échangea un regard avec Rerrarsha. Le Capitaine leva simplement ses aigrettes une demi-seconde ; il lâcherait la garde sur Kolirisha si le besoin s'en faisait ressortir. La Shreek avait presque pitié pour le cloporte qui se retrouvait englué dans une querelle de pouvoirs entre deux Ailes-Guides rivales de la Volée des Serrétoiles. Mais l'affaire était bien trop sérieuse pour perdre du temps dans une idée aussi vaine. Rerrarsha se planta devant le Sarien, dédaigneux. "Je suis le Capitaine du Serpentaire."

HRP:

"Et moi un mécanicien qualifié, vous me montrez la salle des moteurs ?"

Ou on continue à jacasser ? L'expérience me permet de garder cette dernière remarque pour moi, si je pouvais gagner du fric et éviter de me faire voler dans les plumes. Oui je suis plutôt fier de mes traits d'humour, mais pas assez stupide pour les partager.

Les aigrettes de Rerrarsha se couchèrent sur son crâne mais il ne fit que claquer des griffes en se retournant vivement. "Suis-moi, Sarien." siffla-t-il avec une voix claquante avant de se diriger vers le Serpentaire. Kishareera les suivit du regard puis reporta son attention sur sa rivale. "Nous verrons si Kolirisha a été bien éclairée dans sa proposition." dit-elle doucement, d'un ton de velours. "En tant que Matriarche, je vais observer les réparations." Elle dissipa aussitôt le gros des inquiétudes et eut le plaisir de voir Kolirisha gonfler un peu son plumage. "J'assisterai notre Matriarche." Et elle lui emboîta le pas, à son déplaisir.

C'est un peu drôle quand même, parce que je suis phosphorescent alors fatalement je ne peux que l'éclairer. Bref je ferme ma gueule et j'adresse un sourire de toutes mes mandibules à la dénommée Kolirisha qui m'a peut-être permis d'gagner de l'argent.

"Qui entretien votre moteur habituellement ? Je peux lui parler ?"

"Suivons-nous simplement." lui rétorqua Rerrarsha dont on sentait nettement l'ordre de se taire. Ils s'engouffrèrent dans les entrailles du Serpentaire jusqu'à atteindre la salle des machines où un Shreek s'affairait en marmonnant des jurons. "Jar'kal." l'appela le Capitaine mais il fallut réitérer son nom trois fois pour réussir à atteindre l'ingénieur. "Capitaine ! Matriarche ! Aile-Guide Kolirisha !" s'écria-t-il en s'extrayant de ses câbles. "Et un Sarien... que fait un Sarien ici ?!" Sa voix s'était faite aigue. Kishareera sourit en coin. "L'Aile-Guide Kolirisha a pensé qu'il pourrait t'aider, Jar'kal."

Et visiblement elle a eu raison, le problème des shreeks, outre leur racisme tangible, reste leur durée de vie limité. Sérieusement, faire voler un coucou pareil ça demande des années et des années d'études pour en comprendre toutes les subtilités de ce genre d'oiseaux. Oui je suis fier de ma métaphore.

"Bonjour, donc c'est vous qui vous occupez de tout ça ? Hm. Les circuits imprimés sont d'origine ou pas ?"

Que j'ai une idée de la galère à venir.

Les plumes du Shreek s'aplatirent sur son crâne alors qu'il jette quelques regards apeurés vers l'attroupement qu'ils forment. Kishareera l'encouragea d'un regard entendu. L'erreur retomberait sur Kolirisha. Il parla donc librement : "J'aurais aimé dire que c'est d'origine mais bon, le vaisseau est très vieux. Mais c'pas une merdouille, hein. On a juste emprunté une imprimante holo-3D pour reconstituer une nouvelle pièce. Tout est shreek ici !" Mais la technologie utilisée ne l'était pas... ce qui était problématique. "Et ouais, on n'a pas ce bordel à bord pour réparer à nouveau."

"Vous avez les plans des pièces changées ?"

Je ne l'ai pas pris mal. Mais franchement, vieux ce vaisseau ? Il a max deux cents ans non ? Il est en pleine forme !

"Bien sûr, les archives sont gardées à la plume." rétorqua le mécanicien avec un air hautain avant de se lever pour trouver un pad qu'il afficha devant le Sarien ; sans lui tendre, bien évidemment. Tout y était détaillée. "Nous devons repartir avant demain matin au plus tard." rappela subitement Kishareera en glissant un oeil vers Kolirisha. Le Sarien semblait efficace alors peut-être qu'ils pourraient bien reprendre leur Migration avant l'heurpuscule... elle devrait donc mettre en scène une autre avarie dans le plan de sa rivale, et récolter à son profit tous les lauriers.

Kishareera nota dans un coin de son esprit de pourvoir le Serpentaire d'une imprimante holo-3D, afin d'éviter à l'avenir une telle situation. Elle sentait Kolirisha rayonner d'un air victorieux car, elle devait bien l'avouer, l'insecte s'avérait utile. Bien trop pour le bien de sa propre position. Kolirisha n'attendait rien pour attendre... mais l'Erreur qu'elle avait déjà fomenté contre elle, et qui lui avait pris ses yeux, l'avait rendu méfiante. Autant jouer le jeu pour l'instant. "Ces réparations prendront-elles du temps ?" demanda-t-elle à l'ingénieur shreek. Ses plumes s'aplatirent. "Je le ferai au plus vite, Matriarche."

"Ca dépend de la solidité que vous voulez y mettre. Si vous voulez que les améliorations pètent d'ici dix jours il nous suffira de dix minutes. Si vous voulez vous débarrasser du problème ad vitam, laissez nous la nuit."

Et encore j'ai pas dit ad vitam aeternam, parce que bon, si on gère bien faudra trois générations avant que ça ne se dérègle... Et en fait je devrais garder le nom de ce vaisseau, dans trois générations je leur ferais payer le double les réparations...

"Demain matin, alors." dit-elle d'un ton péremptoire. Les aigrettes de Kolirisha se dressèrent de surprise : elle ne s'attendait visiblement pas à ce qu'elle accepte aussi facilement ces réparations. Mais Kishareera n'était pas idiote : autant en profiter, et saborder sa rivale après coup. L'ingénieur hocha la tête, une plume nerveux, et elle fit demi-tour d'un air altier pour rejoindre ses quartiers, l'esprit en ébullition. "Fais passer le mot que je paierai le Sarien de ma propre poche, et que Kolirisha n'a rien proposé à ce sujet." dit-elle à son compagnon car ils furent seuls dans leurs quartiers. Kolirisha allait ravaler son arrogance.

C'est toujours autant prise de bec chez vous ?" je demande à l'ingénieur quand les poulettes ont déguerpi. Oui je suis très fier de mes jeux de mots, très très fier même ! "Tu as ce modèle de fer à souder ?" je lui demande en pointant de la pate un nom griffonné au dos du plan du circuit imprimé.