Nano. RolePlay

Rappel du premier message :


Avait-il été invité ? Pas le moins du monde. Etait-il inscrit sur le registre ? Naturellement.

Sa présence n'avait rien d'un hasard. L'elfe se contentait pourtant de flâner, assistant à la vente aux enchères sans y participer, mais personne ne lui avait posé de question.
Peut-être n'osaient-il pas. Nul n'était prêt à risquer un indicent diplomatique, la tenue et les bijoux qu'il arborait suggéraient une richesse et un rang social élevés. Peut-être étaient-ils intimidés. Son apparence presque féérique, son visage d'une finesse ambigüe, il était difficile de savoir comment l'aborder. Et conscient de ses atouts, il considérait son entourage en souriant.

L'elfe n'avait jusque là, adressé la parole à personne. Durant la vente aux enchères, il avait seulement observé, prenant des notes dans un petit carnet. Certaines œuvres avait suscité son admiration, mais visiblement pas assez pour qu'il mette la main à la bourse.
La vente terminée, il se fondait maintenant dans la foule des gens aisés. Beaucoup de notables, principalement humains, suivis de près par leurs gardes du corps respectifs. Détail mémorable, l'un d'eux s'était attaché les services d'un orc. Et cet humain le dévisageait depuis quelque temps. Il s'approcha donc, et l'humain détourna les yeux, agrandissant son sourire. Il vint sur son côté, frôler sa manche.

Suis-je à votre goût, messire ?

Malgré tout attentionné, l'elfe aida l'orc à se couvrir. Lui n'avait pas besoin de la couverture. Lorsque son compagnon se figea, son visage retint un sourire amusé, mais de manière explicite, il trouva seulement à dire :

Quoi ?

"Tu es un mec ?"

Simple, efficace et sans enluminure. La question avait mis quelques secondes à sortir, le temps qu'elle atteigne le cerveau de l'orc et en reparte en somme.

L'elfe haussa les sourcils.

Aux dernières nouvelles... oui.

Il regardait l'orc, comme s'il essayait d'analyser son expression, ses intentions. A son air la question de l'orc ressemblait fort à une plaisanterie qu'il hésitait à interpréter comme telle.

Deux choix s'offraient donc à l'orc, s'évanouir ou se mettre à gueuler... Et entre les deux, il n'y en avait pas un plus évident que l'autre. Il avait fait ça avec UN elfe. L'alcool ne pouvait pas tout excuser, surtout pas ce genre de choses. Demain il arrêtait de boire, ou alors il se convainquais que cette rencontre n'avais jamais eu lieu. Il avait beau être progressiste, il restait un orc.

"On a fait ça ?" murmura-t-il espérant que l'elfe le détrompe rapidement.

Mi-figue mi-raisin, ou peut-être juste pince-sans-rire, ou encore mortellement sérieux, l'elfe regardait l'orc avec un mélange d'indécision et de déception.

Je croyais que l'on s'entendait bien tous les deux... Pourquoi aurait-on loué cette chambre sinon ?

Le haut le coeur qui s'empara de l'orc n'était nullement dû à l'alcool. Malheureusement. La colère qui l'accompagna n'avait rien de légitime, elle n'était que l'apparat d'une étroitesse d'esprit. Une construction mentale que ses années de mercenariat avait réussi à bâtir.

"Tu m'as abusé !" cria l'orc.

Face à cette accusation l'elfe prit un air choqué.

Pardon ? Passé cette réaction spontanée, il soupira. C'est toi, qui m'a invité dans cette chambre...

"TU M'AS FAIT CROIRE QUE TU ETAIS UNE MEUF !"

Nope, ça c'est l'alcool... Il mélange tout cet orc !

Je... non.

La main devant sa bouche, l'elfe commençait à avoir du mal à retenir sa véritable humeur. Il se défendit néanmoins.

Je n'ai trompé personne.

Pour reprendre contenance, il s'attela - légitimement - à récupérer ses affaires, en l'occurrence, ses vêtements.

Alors tu m'as pris pour une femme...

"JE CROYAIS QUE T'ETAIS UNE MEUF ! C'est de ta faute putain !"

Tout tenant dans le je croyais. Visiblement l'orc n'était pas prêt à accepter qu'il avait eu une aventure de son plein grès avec un homme. Il y avait des couleuvres qu'il ne saurait avaler et il s'était levé pour montrer la sortie avec le plus rapidement possible à l'elfe.

Tu croyais, oui...

Après s'être rhabillé, l'elfe secoua la tête, affligé et déçu.

Sache que moi, j'ai apprécié le moment qu'on a passé ensemble. Il sourit. Un sourire léger, un peu triste mais sincère. Et je t'aime bien.

Il n'attendit pas réellement l'invitation de l'orc pour se diriger vers la porte. Volontaire ou non, il ne souhaitait visiblement pas le provoquer d'avantage.

"FOUS LE CAMP !" furent sans doute les dernières paroles qu'entendit l'elfe alors que la porte claqué dans son dos... Pourtant elle furent suivies de plusieurs presque murmurées.

"J'ai pas fait ça ?"

"Doit y avoir une erreur !"

"C'est pas possible !"

"J'suis pas comme ça putain !"

"Salop d'elfe !"

Et toute un logorrhée sur le même ton qui ne rendit pas honneur à l'ouverture d'esprit et l'empathie de l'orc. Bien au contraire. Ce genre de discours le rendait bien plus primal et nauséabond que nombre de ses confrères.

Derrière la porte, l'elfe retint un nouveau soupir. Mais son sourire, lui, avait envahi tout son visage.

Je n'ai même pas menti.

Cela sonnait comme une victoire. Passant à côté de l'aubergiste, il ne répondit ni à son salut ni à ses questions. Il laissait à l'orc - dont il ne connaissait finalement pas le nom - le soin d'expliquer le raffut et de régler la note. L'elfe qui était rentré dans la taverne ne serait de toute façon pas le même que celui qui quitterait la ville.