Nano. RolePlay

Aujourd'hui un shooting un peu particulier pour les Siamoises, car elles étaient avec des animaux !

Ce genre de journée devait relever de leurs favorites, car elles pouvaient facilement voir des bestioles hors du commun. Araignées, serpents, souris, écureuils volants. C'était toujours un émerveillement pour elles de pouvoir toucher et porter des créatures aussi rares ou non. Et bien sûr dans le respect de l'animal ! On ne le dira jamais assez !

Donc, elles étaient arrivées sur le plateau de shoot et pomponnées par leur maquilleuse/coiffeuse mutante qui avait les pouvoirs très sympas de changer les couleurs et longueurs des poils ainsi que la texture. Un vrai gain de temps quand on ne veut pas avoir la tête verte pendant des mois...

Quant à leur manager, un mutant à la peau Orange, était en massive "Freakout" face aux chiens-loups (clairement, des énormes loups à ses yeux, on ne va pas se mentir) qui étaient arrivés. Il avait appelé tous ses contacts pour avoir un maître chien sur le stage le jour du shoot, beaucoup trop stressé à l'idée qu'une des Sisters se fasse croquer.

- Chill, Renaud. On a l'habitude ne t'inquiète pas... Tu les embêtes plus qu'autre chose à te tortiller comme ça.

Rosario ne savait trop quel sentiment dominait dans le brouhaha de sa tête. Il était interloqué. Enthousiasmé. Grognon. Heureux. Inquiet. Impatient. Un vrai méli-mélo d'émotions contradictoires. Le mutant gronda, les oreilles couchées, et les crocs apparents. Les passants firent un écart pour l'éviter. Cazzo ! Il avait marre de se prendre la tête. Certes, il avait dû fermer le restaurant subitement et il laissait i suoi cani seuls. Mais Puttilupo était un bon bêta, il prendrait soin d'eux. Quant à lui, il allait pouvoir renouer avec sa passion. Il avait hâte de rencontrer i cani. "Buongiorni." Ses oreilles se dressèrent vers i cani.

Ah voilà le maître chien qui arrivait ! Au grand bonheur de son manager qui suintait sûrement le stress.

- Enchanté de vous rencontrer ! Je suis Renaud ! Mais vous allez principalement travailler avec les deux Siamoises.

Personne sur le plateau de shooting ne semblait dérangé ni même surpris de l'allure lupine du mutant. Pas un regard curieux, juste beaucoup de mutants qui faisaient leurs travails.

- Salut ! S'exclamèrent en cœur les jumelles.

Rosario les jaugea de son regard fauve, encore sur la défensive. Mais il se détendit suffisamment pour sourire avec une chaleur authentique. "E un piacere. Je suis Rosario della Lupa." Et... il les abandonna au profit dei cani. Sa transformation le recouvrit de poils et agrandit sa taille alors qu'il s'accroupissait devant les animaux qu'il salua de jappements et de grognements. Le chef du groupe sauta soudainement devant lui, babines retroussées et oreilles couchées, mais un seul grondement del manero et il lui montrait le ventre en secouant la queue. Les autres vinrent aussitôt lui lécher les babines.

Le dénommé Renaud qui semblait un peu moins stressé se désintéressa de Rosario & des loups, jugeant l'affaire menée. Il disparut dans une pièce voisine au téléphone. Les Siamoises, quant à elle, retenaient leur envie d'aller voir les loups, patiente face à la maquilleuse. Dès que celle-ci eut fini, elles se levèrent sur leur paire de jambes unique pour s'approcher de Rosario.

- Ils vont bien ? Sous-entendu les loups.

Ne prenant pas la peine de lever le visage vers les siamoises, Rosario secoua des oreilles d'un air entendu. Le langage humain lui venait un peu difficilement quand il se retrouvait dans le réseau de jappements, de grognements et de gestuelle d'une meute. Les salutations joyeuses n'en finissaient plus. Mais il s'en dégagea le temps de fixer l'autre mutante. "Ils s'ennuyaient. Beaucoup de bruits. De monde. D'odeurs. Mais habitués. Molto bravi lupi-cane."

Les jumelles portèrent leurs mains à leurs mentons, synchrones. Semblant réfléchir quelques instants, elles lui sourirent avant de reprendre.

- Est-ce que tu as des conseils pour le shooting ? Par exemple... Est-ce qu'on peut toucher leurs pattes ?

Dans leurs souvenirs, au cirque, les loups n'aimaient pas vraiment être manipulés. Peut-être qu'ici, c'était différent vu qu'ils avaient l'habitude.

"Ils n'apprécieront pas..." marmonna Rosario en leur jetant un regard aigre. Heureusement qu'il s'agissait dei cani-lupi ! S'il s'était agi dei lupi, il aurait lâché les rênes del mannero pour faire entendre leurs voix sauvages. "Caponero n'aime pas du tout ça." dit-il en pointant le plus gros du lot, celui envers lequel il avait dû imposer sa dominance. "Mais Lingua-gioiosa se laissera sans doute faire. Il aime l'attention." Il parlait di uno cano-lupo rosso e bianco qui pendait joyeusement de la langue.

Les Siamoises ne furent pas plus déstabilisées par le regard qu'il leur lançait.

- Vaux mieux poser les questions pour savoir comment faire que de mal faire non ?

Leur unique paire de jambes s'accroupirent pour se mettre au niveau des chiens et elles tendirent doucement leurs mains. Pas dans le but de toucher, mais plutôt de les laisser se faire renifler un peu. Histoire que les animaux s'habituent à elles.

- Les oreilles aussi, c'est sensible, on suppose ?

"Oui. Mais moins que les pattes." répondit Rosario avec un air qu'il espérait avenant. Il devait se rappeler toutes les deux secondes qu'il était au travail et qu'ils ne devaient pas cracher sa hargne sur la star. Même s'il trouvait aberrant que ces pauvres cani-lupi soient embarqués dans tout ce cirque. Au moins l'agence l'avait-elle appelé pour servir de médiateur.

- Ok... D'autres choses ? Tu veux peut-être nous les présenter ?

Elles laissaient les truffes humides leur respirer les mains et les chiens venir vers elles. Ses mains s'aventurant doucement dans les poils du dos des chiens. Diana grattouillait avec une certaine expertise. Helena se fit héler par leur manager et elle se détacha de Diana pour le rejoindre.

- Я забочусь об этом.

Rosario allait répondre quand le détachement se produisit. Il bugua un peu, ses deux oreilles agitées d'un tic étonné, puis haussa les épaules et sourit à la siamoise (jumelle ?) qui restait. "C'est plaisant de voir un véritable intérêt pour le bien-être dei cani. Grazie, signora...re...ra..." Il fit une moue contrite, incapable de choisir entre le pluriel et le singulier alors qu'il parlait à une seule moitié d'une siamoise.

Mettant un petit temps pour réfléchir, se remémorant les langues latines qu'elle connaissait de loin... Diana s'aventura a le corriger.

- Signo..Ra. C'est important pour nous le bien-être des animaux. Nous en avons bien trop vu se faire maltraiter sous prétexte de s'en servir comme des gagnes pains pour ne pas être sensibles à ça.

"Et je vous en remercie, Signora." Cette fois-ci, il ne marqua pas l'hésitation (même si elle allait revenir quand les siamoises reformeraient un corps uni). "Il y a encore trop de maltraitance animale sur les plateaux." Rosario observa i cani-lupi qui agitaient la queue avec la langue pendante. "Ils ont envie de travailler avec vous."

- Tant mieux s'ils ont envie. Vous avez d'autres conseils à me donner ? ... Vous travaillez depuis longtemps avec les chiens ?

Sa main s'approcha doucement d'un autre chien pour qu'il puisse la sentir. C'était le Caponero.

- Salut toi... T'inquiètes, je ne vais pas t'embêter.

"Je travaille..." Rosario s'arrêta en pleine phrase, les oreilles agitées. "Depuis toujours." Il était né nella la cita di Siracusa mais il avait grandi dans le chenil del suo nonno avec i suoi cani. Jamais plus il n'avait quitté cette vocation. "Pour un dernier conseil... il più importante, signora ! Soyez respectueuse de leurs envies." Caponero était présentement plus que disposé à se laisser caresser entre les oreilles.

La Russe passa doucement ses doigts sur la tête du loup, évitant soigneusement les oreilles.

- D'accord... Vous êtes un mutant de l'institut ?

Elle ne l'avait jamais vu à la confrérie... Du coup, elle supputait qu'il devait être de là-bas.

"De l'Institut ?" releva Rosario avec une réelle surprise. "J'ai une tronche à être encore à l'école ?" Qu'on lui pardonne mais il avait un mauvais souvenir de ses années scolaires ! Et puis, en quoi ça concernait questa signora ? Il renifla en se relevant les mains dans les poches. "Bon... on commence, signora ?"

- Non, plutôt à être prof ? Tu as dû remarqué qu'il n'y a que des mutants ici, du coup, je me renseigne juste sur leur alignement tu vois ! Et ce n'est pas moi qui décide quand on commence, c'est le photographe.

Diana continuait à caresser les chiens-loup avec un petit sourire sur le visage.

"Mais tu te crois dans un jeu de rôle, ragazza ?!" siffla Rosario en retrouvant un langage familier dans son mouvement agacé. Pourquoi est-ce qu'elle insistait autant ? Cazzo ! "Alignement di merda ! Qu'est-ce que ça veut dire ?" Il allait continuer dans sa diatribe quand sa petite voix intérieure, qui prenait des tons de Natalia, lui rappela qu'il se trouvait en milieu professionnel. Il rougit subitement, et bénit sa fourrure noire. "Mi scuzi, signora. J'ai dépassé les bornes."

- Non, c'est moi qui ai dépassé les bornes. J'ai vu que c'était un sujet sensible, mais j'ai continué...

Énervé hein ? Du coup, s'il n'était pas chez le chauve, il n'aimait pas les humains... Hn... Plongée dans ses pensées et dans le papouillage, Diana en fut sortie par un clappement de main pour leur dire de se préparer.

- En avant !

Rosario souleva sa masse épaisse de loup-garou avec une grâce qui en étonnait beaucoup ; il n'avait aucune difficulté à maîtriser ce corps bestial, acceptant pleinement sa nature mutante. Mais les propos de la femme avaient jeté un trouble dans son esprit. Il n'était pas si déconnectés que ça della merda du pays et il avait entendu parler des mutants anti-humains suivant ce Magnéto... était-ce donc de ça qu'elle parlait ? Indécis, il alla se caler contre un mur en agitant les oreilles, les bras croisés. Cazzo ! Il n'était ici que pour aider i cani, rien de plus, rien de moins.

Dans un mouvement, Diana se recolla à sa sœur. Se positionnant pour le shoot avec les semi-loups. Le photographe n'avait pas de flash afin de ne pas perturber les animaux. Enchainant les posent comme des pros, Diana se tourna vers le dresseur.

- Si je pose ma main à plat, est-ce qu'il peut mettre sa patte dedans ?

Rosario observa la chose de loin, un peu dubitatif. Son oreille droite ne cessait de s'agiter. Perché ? A quoi serviraient toutes ces photos ? Il ne comprenait pas trop le délire... Mais bon, i cani étaient bien traités et c'était tout ce qui lui importait. A la question des siamoises, il hocha la tête. "Si... ils ont appris." Et ils étaient suffisamment de bonne humeur, heureux et bien traités, pour obéir sans y être forcés.