Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



L'orphelinat devait avoir mis de côté l'ensemble des économies de Noël pour leur offrir cette virée à New-York hivernale car, après le parc d'attraction de Coney Island, voilà qu'ils se retrouvaient devant la Statue de la Liberté. Un autre jour, Cayden y aurait fait plus attention, aurait même été heureux de cette sortie culturelle, lui qui en réclamait, mais pas ce jour-là.

Le caïd de leur groupe d'enfants esseulés l'avait pris en grippe. Pire que d'habitude. Sa dernière attaque s'était soldée par un retentissant, et humiliant, échec grâce à l'intervention d'une mutante de passage qu'il avait eu le malheur d'insulter ; et il désirait se venger, désormais.

Il avait déjà été bien difficile de sauver ses peluches de sa folie vengeresse. Si, si ! Il l'avait vu se promener avec des ciseaux et un air inquisiteur... Toute cette animosité le rendait malade en plus, déjà qu'il ne se sentait pas trop bien avec sa propre mutation. De nouvelles plumes avaient d'ailleurs jaillies, remontant le long de ses bras et de ses jambes, et une étrange douleur commençait à le lancer au niveau des omoplates, par certains moments.

Le garçon soupira en se renfrognant dans le col roulé de son pull. Décidément, la journée allait être longue ; il sentait le regard noir et brûlant sur sa nuque.

C'est vous le responsable du groupe ? , dis-je soudainement énervé par les mensonges du caïd et la réaction de Cayden incapable de se défendre. Je vous cherchais pour vous parler de lui. Il m'a bousculé dans les escaliers, si vous ne me croyez pas vous pouvez demander les caméras à la sécurité. Je pointe du doigt le harceleur au sourire goguenard en le dénonçant. J'aimerai une explication à son geste. La justice triompheraaaaaa !

Un gémissement plaintif échappa à la forme prostrée de Cayden qui fixait l'hurluberlu avec de grands yeux paniqués. Au regard de son harceleur, il était clair qu'il lui ferait payer au centuple s'il était puni. Et le garçon, désormais sous les feux de l'attention générale, n'arrivait même plus à accorder deux pensées entre elles. Les larmes qu'il retenait perlèrent sous ses joues alors qu'il baissait la tête pour observer ses chaussures. "Ilabousculélemonsieur... j'étaisaumilieu..." baragouina-t-il.

Ah mais, il est intimidé par le fait d'être l'objet de l'attention générale ?  par le fait de prendre la parole devant un public même s'il n'est composé que de moi et de l'accompagnant ? Je n'ai pas bien entendu ce qu'il a dit et à en juger par l'expression du type, j'ai peur qu'il ne brusque les choses.  Respire, inspire, expire, prends ton temps.  De toute façon, la vidéosurveillance l'a pris en flagrant délit.

La première phrase du jeune homme le rassura et il réussit presque à reprendre son calme. Mais Cayden sentit sa panique reprendre de l'ampleur quand il entendit la seconde. Le surveillant le regarda en soupirant. "Pas la peine de s'embêter avec ça. Nous règlerons le souci en rentrant, n'est-ce pas ?" Cayden hocha vivement la tête et son harceleur bougonna un assentiment.

J'ai mes doutes sur la méthode. Mais au moins, il devrait y avoir une action de prise contre le loustic qui raconte des bobards. Mais sortir un mouvais maintenant  serait franchement malvenu.  Espérons que justice  sera faite. Est-ce que mon expression sceptique se voit ? Peut-être.

Le "héros" autoproclamé n'avait pas l'air convaincu mais Cayden profita de son moment d'hésitation pour sortir de sa cachette et trottiner vers son éducateur qui lui fit signe de rejoindre le groupe. Mais alors qu'il se précipitait vers les autres, son harceleur lui fit un croche-pied dans le dos de leur surveillant et il tomba dans les marches sous son regard goguenard qu'il cacha sous une fausse attention en l'aidant à se relever. "Quel maladroit." Il sonnait gentil mais sa main serrait son bras à le faire grimacer.

Je regarde le groupe partir, toujours avec l'expression peu convaincue et le suivit à distance dans les escaliers. Après tout, je cherchais à me rafraîchir les idées au sommet de la statue de liberté. C'est là que je vois l'autre loustic faire un croche-patte pour la deuxième fois et se baisser en jouant les bons samaritains. Je me précipite pour intervenir, attraper le bras coupable et lui faire une clé de bras douleureuse. Deuxième fois. Ça s'appelle du harcèlement.

Allait-il oser ? Ou laisserait-il la peur le rendre muet encore une fois ?

Mais il s'était vraiment fait mal cette fois, son genou écorché en étant témoin, et il était déjà tellement fatigué de ces étranges douleurs qui le lançaient dernièrement, un peu partout sur le corps. Cayden tirailla donc la manche de l'éducateur, la tête baissée de timidité et, quand il eut son attention, il hocha simplement la tête en regardant vaguement vers l'inconnu qui avait décidé de le sauver. Lèvres pincées, le surveillant pris son harceleur par le bras et le força à le suivre malgré ses récriminations.

Une fois seul, Cayden poussa un soupir de soulagement.

Je regarde d'un air intéressé  l'accompagnateur contraint d'agir finalement contre l'harceleur. Enfin !  J'ai dû mal à croire qu'il ait osé recommencer, enfin, c'est pas plus mal, il va avoir une punition. Tout va bien ? Rien de cassé ? Je n'allais pas ignorer  quelqu'un qui venait de se faire mal quand même. Ce n'est pas très héroïque, ça.

"Je vais bien." souffla doucement Cayden en rentrant la tête dans les épaules dès que l'homme s'avança. "Jemesuisjusteégratignélegenou." baragouina-t-il sans articuler en faisant deux pas en arrière.

Désolé si je t'effraie..., m'excusé-je me sentant malvenu tout à coup. Est ce que tu veux que je regardes ? J'ai une trousse de soin sur moi si jamais il y a bobo.

Cayden rougit en détournant la tête. Il accaparait encore le temps de cet homme avec ses petits soucis inutiles ! "Je suis désolé... ça ira.... Merci..." murmura-t-il en n'osant pas le regarder.

Dans ce cas... Prends soin de toi ! Il est vraiment timide. Décidément.

"Merci." répéta Cayden. Il laissa passer quelques secondes de silence inconfortable puis, jugeant qu'il n'apparaissait plus impoli, il fila à toute vitesse rejoindre son groupe en espérant que le reste de la journée se passerait mieux.