Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



Si les prêtres ne l'avaient pas placé en isolation, Pasha avait certainement fait de son mieux pour l'arranger lui-même. Depuis son arrivée il y a deux petites semaines, le garçon n'avait pas ôté un seul mot. Il mangea quand il fallait manger. Il dormit quand il fallait dormir. Il écouta quand il fallait écouter. Il obéit quand il fallait obéir. Mais les frères n'avaient pas pu établir un taux de réussite pour le faire sortir de sa coquille.

En effet, les tentatives de rapprochement des instructeurs avaient viré dans la direction opposée jusqu'à présent. Isolé avec un adulte, le garçon devint absolument non réactif. Ce n'est pas une coquille, c'est une forteresse, avait soufflé un Frère, pensant Pasha assez éloigné pour ne pas entendre ce qu'il disait à son sujet. Il avait seulement loupé la partie où ils confirmèrent avoir besoin de percer les murs de sa forteresse, car un Guide doit avoir une foi aveugle dans leur système, une foi aveugle en eux. Et c'est précisément ce qui lui manquait : la confiance.

Il était temps pour une nouvelle stratégie.

Le regard du petit roux se posa sur les doigts du plus grand. Est-ce qu'il s'était fait gronder lors des cours, comme à l'orphelinat ? Pasha aussi portait encore des traces de la latte. Le Frère Owen n'avait pas l'air aussi sévère, mais Pasha se méfiait des apparences. D'autres adultes dans son passé avaient également l'air digne de sa confiance, mais la réalité avait été bien différente.

"Les histoires viendront au bon moment mais tu peux toujours lui en lire quelques unes. Ce sera un bon exercice pour toi." Le brun baissa les yeux, un peu rouge de gêne : ses progrès pour apprendre à lire et écrire avaient été très timorés et il devait encore pratiquer. "As-tu appris celle pour notre prochain cours ?" continua Frère Owen. "Samson ? Non pas encore. Je vais lire à voix haute pour Pavel ?" {Je pense que c'est ce qu'on te demande Trésor} confirma la Sainte jusqu'ici distante.

C'est bon. Les histoires il aimait écouter. Il ne devait pas parler, pas chanter, juste écouter. Parfois les prêtres demandèrent de la réflexion après la lecture, mais en général Pasha n'avait jamais été sélectionné pour partager ses pensées. Peut-être ils savaient déjà qu'ils n'allaient pas obtenir de réponse de sa part ? Pourvu que la lecture se fasse dans un lieu calme et n'était pas accompagné de milles-et-une questions !

"Une très bonne initiative Klyde. Vous reviendrez me dire vos ressentis plus tard." L'homme retourna ensuite à ses écrits, concluant là la conversation. "Viens Pavel" chuchota le petit. Il le laissa le suivre et referma la porte après un dernier "merci mon père" timide. "Tu préfères aller dans mon dortoir ou le tient ?" Autant lui laisser le choix, ce qui le rendra le plus à l'aise.

Dilemme. Il aimait aucune des options. Avait-il le droit de refuser les deux ou se ferait-il frapper sur les doigts avec une latte comme à l'orphelinat ? ... dehors ? tenta-t-il quand même.

"Dehors c'est bien ! J'ai bien aller dans le cloître, y'a des bancs au soleil et c'est calme. On va chercher mon livre et on y va !" Donc non, pas de coups de latte. Klyde ne voyait même pas où était le problème, tant qu'il pouvait aider Pavel à aller mieux, tout lui allait. Il entraîna de nouveau le petit à travers les couloirs jusqu'à atteindre une autre porte en bois, semblable à beaucoup d'autres. "Klyde !" l'alpaga un blond aux yeux verts à peine fut-il rentré, le stoppant net de surprise.

Encore un inconnu de plus. Pasha retourna dans sa coquille et recula pour laisser de la place au nouveau venu. Son regard était bloqué sur ses pieds et ses chaussures trouées. Quelqu'un lui avait soufflé qu'avec la vitesse à laquelle les enfants disparaissaient ici, on allait certainement lui trouver une nouvelle paire bientôt.

"Oui Lazar ?" fit le susnommé, ne voyant pas trop ce qu'on pouvait lui reprocher. "C'est toi qui a pris les affaires d'écriture de Vadim ? Il les cherche partout et est persuadé que c'est toi qui les a volées" l'informa Lazar en désignant un autre garçon dans le fond. Klyde n'apprécia pas du tout la fausse accusassion et préféra rejoindre son lit récupérer son livre. "Qu'il cherche mieux ! Je ne suis pas un voleur, ni un menteur. Viens Pavel..." Mais mentionner le rouquin attira immanquablement l'attention sur lui.

Il ne le remarqua pas, ses yeux étant encore planqué vers le sol pour éviter les regards. A la mention de l'ordre du plus vieux, il s'activa sans hésitation, prêt à le suivre. Mais Lazar leur bloqua le chemin. C'est qui le môme ?

Klyde savait Lazar pas méchant (pas comme Vadim !) mais il prit son geste comme une agression envers le petit roux. "C'est Pavel, un nouveau. Les Frères ont demandé que je l'aide à se faire une place ici." Le blond fronça les sourcils. "Tu fais comme Nika avant avec toi..." La remarque lui fit comme un électrochoc et Klyde entraîna Pavel direct-chef à sa suite, voulant s'éloigner au plus vite de son dortoir. Hors de question de pleurer devant eux !

Il n'avait pas nécessairement compris ce qui s'était passé (un nom de prononcé, une fuite imminente...) mais reconnut immédiatement le langage corporel de son mentor. Cet envie d'aller se refugier, seul, dans le silence, en priant d'éviter la confrontation aux démons qui lui hantaient... oui, ça lui parlait bien. Quand ils étaient seuls, éloignés de la zone de conflit, Pasha osa enfin respirer.

Les yeux bleus étaient humides, sans aucun doute, et Klyde était comme un livre ouvert sur ses émotions. Pourtant, il devait se montrer irréprochable et être un exemple pour Pasha alors il se redressa et inspira. "J'ai... j'ai le livre. On va se trouver un coin où d-déranger personne et je vais te faire la lecture, ça te va ?" réussit-il à aligner sans trop bégayer. Pas comme s'il fallait attendre une réponse du rouquin, il cherchait déjà où aller.