Nano. RolePlay

Le pire, c'est que Slam aurait compris les remerciements en japonais... "Je vous ramène ça de suite" leur fit-elle avant d'aller chercher la carte de Mme Monroe et la friandise de Cayden.

Shunsuke s'inclina légèrement en guise de remerciements. Il savoura son thé. Infiniment soulagé (à l'instar de Cayden), il regarda la pluie à travers la vitrine au loin, et décomplexé, se confia au jeune mutant aviaire. La plupart des gens n'aiment pas la pluie, la trouvent froide, envahissante, porteuse de rhume... Et je peux les comprendre. Moi, j'ai toujours aimé la pluie. De plus, la toute première fois que mon pouvoir s'est réveillé... il m'a probablement sauvé la vie. Après ça, me trouver sous la pluie m'a procuré plus de sérénité que jamais. Je m'y sens aussi rassuré que dans les bras de ma mère, que je n'ai jamais connue.

Cayden n'était pas très doué pour parler avec des gens qu'il ne connaissait pas bien. Il avait encore du mal avec Madame Slam, pour dire ! (Le Madame refusait d'ailleurs de le quitter). Il tenta un sourire fragile. "Je ne peux pas dire que j'aime la pluie... ça colle aux plumes et m'alourdit. Mais j'apprécie traverser un nuage." Il fuyait par contre les orages qui l'effrayaient tant le vent semblait furieux, bien trop sauvage à son goût.

Shunsuke lui sourit. Pour ma part, j'ai toujours rêvé de marcher sur l'eau. Comme Moïse. Mais avec toute la flopée de satellites qui peuvent m'observer, je n'ose jamais... Il faudrait que j'aie le temps de me rendre dans une grotte remplie d'eau qui puisse me permettre de pratiquer. J'y arrive à peine dans ma petite baignoire. Il baissa les yeux. Et puis, ça peut paraître paradoxal vu mon pouvoir, mais... J'ai une peur des animaux marins. Des requins, notamment.

A la mention des requins, le jeune homme se figea avec des yeux effrayés. Et Dylann qui se moquait de lui quand il prenait peur à la plage ! "Je vous comprends tout à fait !" Quelle frousse ça avait été quand son ami lui avait fait peur dans l'eau, il en frissonnait encore. Cette histoire de requins lui fit presque occulter un autre point un brin effrayant dans les propos de l'autre mutant. "Comment ça les satellites ?!" s'écria-t-il avec une voix rendue aiguë par sa peur. Lui qui pensait être discret en volant dans les nuages !

"Peut-être..." marmonna-t-il en se tassant sur lui-même, mordillant ses lèvres. Il avait besoin de réfléchir à l'idée. Et il aurait aimé que Slam soit déjà revenue avec la barre de céréales car il ne serait pas contre grignoter un peu pour recharger ses batteries affaiblies par l'angoisse. Mais, sous tout ce stress, toutes ses couches de peur, Cayden était au moins certaine d'une chose : il ne se laisserait pas dominer par des "et si" qui le clouaient au sol. Voler était maintenant aussi naturellement que respirer, il ne s'en passerait pas car il était possiblement dangereux de le faire... il était étonné lui-même de son courage rebelle.

Shunsuke se sentit désolé d'avoir suscité l'inquiétude en son jeune interlocuteur alors que ce dernier semblait plein d'enthousiasme il y avait à peine quelques secondes. Néanmoins, pour lui, il était nécessaire que Cayden soit conscient du risque de surveillance. Ne trouvant pas les mots pour le rassurer, le Japonais se contenta de regarder son thé, gêné, sans rien dire.

Monsieur Shunsuke semblait gêné. Cayden cligna des yeux avant de se rendre compte qu'il n'avait pas verbalisé sa décision. "Ça ne m'empêchera pas de voler !" s'exclama-t-il soudainement, si fort que d'autres clients le regardèrent. Il rougit en bégayant : "Av...vec me...mes ai...les... bien sû... sûr..."

HRP:

HRP:

Shunsuke garda son calme. Gardant son regard sur Cayden et improvisant immédiatement, à haute voix : Oui, les ennemis de poison t'empêchent pas de voler ! À condition que tu sois niveau 42 et que tu aies débloqué les ailes en argent, sinon c'est foutu... Regardant du coin de l'oeil, tous les autres clients étaient retournés à leurs propres conversations. Il soupira. À Cayden : Les mages d'eau peuvent être de bons compagnons pour ce genre de quêtes. Il lui fit un clin d'oeil.

Cayden resta un moment interloqué à fixer Monsieur Shunsuke avec de grands yeux éberlués qui clignaient de confusion. "De quoi parlez-vous ?" demanda-t-il finalement en penchant la tête sur le côté. Ce n'était pas chez Madame Slam qu'il allait avoir peur d'être qui il était. S'il avait paniqué, c'était sur la confusion du terme voler.

Shunsuke fut de nouveau plongé dans l'embarras. Euh... C'est juste qu'il y avait des gens qui ont semblé vous regarder d'un mauvais oeil lorsque vous avez parlé de "voler"... Vous l'aviez dit un peu trop fort... Quel qu'ait été le sens de "voler", j'ai donc voulu intervenir par réflexe...

"C'est gentil à vous. Merci." dit doucement Cayden en souriant. Il ne voulait pas paraître ingrat même s'il n'avait compris que pouic à la diversion. "C'est que je ne suis pas un gamer du tout alors vous m'avez parlé une langue inconnue, plus tôt." Ses plumes furent agitées par son petit rire auto-moqueur. Son regard dériva vers le bar : Slam ne devrait pas tarder à revenir.

La femme de couleur revint effectivement, avec un peu plus de couleurs encore : un joli rouge d'agacement. Devant les deux autres -dont un client bon sang !- elle eut une allure plus de circonstance. "Navrée pour ce contre-temps, mon imb.. inconscient de frère avait un appel urgent à me transmettre. Votre carte Monsieur, encore navrée" s'excusa-t-elle en tendant le petit carton de l'école.

Shunsuke prit la carte des deux mains et s'inclina. Merci beaucoup ! Il se releva, finit le peu de thé qu'il lui restait, puis tendit la monnaie à la propriétaire pour régler son addition, avec un bon pourboire. Et merci pour votre thé revigorant ! Il se tourna vers Cayden, lui adressant à son tour un sourire rayonnant. Je suis content d'avoir parlé avec vous. Il lui sortit un pourboire équivalent. Pour avoir servi le thé et sauvé ma gorge. Et aussi pour votre grande gentillesse. C'est quelque chose qu'on ne trouve pas chez tout le monde dans cette ville.

Si l'argent tendu par Monsieur Shunsuke avait fait bondir ses plumes d'embarras, l'avalanche de compliments le rendit rouge pivoine. "Non, non... je... je ne peux pas accepter... je... je n'ai rien... pour." bégaya-t-il en agitant ses griffes devant lui, la collerette gonflée de gêne. Il avait juste aidé un peu Madame Slam et avait presque gâché la recherche d'aide de Monsieur Shunsuke en se figeant de trouille. "C'est Madame Slam qui a tout fait."

"C'est pour toi Cayden, tu le mérites" lui confirma la tenancière en acceptant la monnaie (le surplus était toujours des petits extra qu'elle réservait aux clients proches ou des visiteurs amicaux). "N'hésitez pas à repasser Monsieur si vous avez besoin d'un endroit calme en journée, l'Océan d'Or vous sera grand ouvert."

L'Océan d'Or... Je n'avais pas vu le nom du café en y entrant. Ça lui convient plutôt bien. Je n'y manquerai pas ! dit-il en se levant puis en inclinant la tête par respect. Il se tourna vers Cayden, vers qui il inclina également la tête : Prenez soin de vous, Cayden-san. Ces mots dits, il se dirigea sereinement vers la sortie. La peur s'était évaporée. Il allait rentrer chez lui, et se préparer pour partir le lendemain à la rencontre d'Ororo Munroe, qui l'aiderait sûrement à ne faire plus qu'un avec ce pouvoir qu'il avait toujours rêvé de développer. Alors qu'il poussait la porte, il espérait revoir Cayden un de ces jours.

"Vous aussi, Monsieur Shunsuke.... On se verra peut-être à l'Institut." répondit Cayden en souriant. Une fois Monsieur Shunsuke partit, il se tourna vers Slam avec un regard de nouveau timide. "Je devrais peut-être... y aller. Je ne veux pas m'imposer..." Sa dernière phrase avait été plus marmonnée qu'articulée.

Slam se fit vaguement la réflexion que ce sympathique client devait être d'origine japonaise, un point que son frère appréciera sûrement. Ah, en parlant de lui justement : "Tu ne me déranges pas Cayden mais je dois fermer le bar pour quelques heures, Dylann est à l'hôpital avec son oncle."

Dylann est à l'hôpital.

Ce fut tout ce que Cayden retint de la phrase de Slam. Son visage, pourtant de teint mate, devint d'un blanc de craie alors que ses ailes s'affaissaient au sol.

Dylann est à l'hôpital... !

"QUOI ?!! Pourquoi ?!! Il va bien ?!! Je peux venir ?!!" Sa panique était telle qu'il sauta sur Slam pour s'accrocher à son bras avec des yeux larmoyants de supplications.