Nano. RolePlay

"Donc tu es plus pilote que livreur !" en déduisit la rousse, se souvenant qu'il n'avait pas tranché sur la question quand elle lui avait demandé chez elle. "Pilote de quoi ?" Et cette fois, elle ne comptait pas lâcher l'affaire, elle était bien trop impliquée maintenant.

Euh... de course. Il aimait pas en parler parce qu'il n'avait pas l'impression que la façon qu'il décrivait son métier, son passe-temps, son Grand Amour, lui faisait justice. "Pilote de course" ne démontrait pas l'adrénaline de la vitesse, ni le plaisir de sortir, encore une fois, vivant de sa module. Un bras ou un œil en moins par contre.

Ash eut au contraire un sourire amusé puis un léger ricanement de circonstance (enfin de son point de vue à elle, pas sûre que Ryot pige quelque chose). "C'est cool les courses ! Je viens parfois en regarder, pour l'ambiance. Donc ce ne sont pas que les pirates qui t'ont refait le portrait comme ça ?" lui demanda-t-elle en désignant son orbite vide.

Oh elle pensait que c'était des pirates qui lui avaient arraché l'oeil ? Ou bien elle pensait qu'il avait eu de l'acide jeté au visage peut-être (ça ne serait pas la première fois qu'on lui posait la question). Il secoua la tête. Mon bras c'est d'la course. Mon oeil aussi.

"J'ai déjà vu des gars qui s'explosaient la face dans ces courses, parfois à en crever sur place." Ça, c'était ce qu'elle aimait le moins. "J'ai perdu mon bras et mon oeil aussi dans un crash, mais je n'étais pas celle qui pilotait" s'entendait-elle dire. Ryot semblait apprécier qu'ils aient des points en commun.

Tu.... fais des courses aussi ? Elle avait dit crash, pas course. Peut-être elle voulait simplement dire qu'elle comprenait la douleur du moment. Se faire arracher un bras, même sur l'adrénaline, même en faisant quelque chose que tu adores... c'est pas fun. Enfin, sur le coup Ryot n'avait rien senti, mais il se rappelle encore vivement de la douleur une fois que l'adrénaline était parti.

"Non" répondit simplement Ash. "J'étais juste dans la mauvaise navette au mauvais moment. Et puis j'ai pas totalement perdu mon bras" lui sourit-t-elle en lui montrant ses doigts au bout de la prothèse, bien en chair. "Ouaip, sont encore mes vrais doigts !"

C'est drôle, qu'il répond en agitant les doigts mécaniques de son bras bionique. Contrairement aux doigts d'Ash, les mouvements ne sont pas fluides. Un de ses doigts reste même bloqué en l'air alors que les autres se plient contré son gré. Il y a une vague de panique qui le claque en plein visage quand il se rend compte qu'il est en train de lui faire un doigt d'honneur. Heu.. j-je...

Sa tête déconfite, déjà comique de base, devenait vraiment hilarante. "Je comprends mieux pourquoi les bastons dans les cantinas maintenant" s'amusa-t-elle en lui prenant la main pour la débloquer. "Faut vraiment qu'on te change ce bras vieux, un jour tu vas finir tabassé au fond d'une ruelle." Ash leva son œil visible, se détournant de son bidouillage un instant. "Ça t'es déjà arrivé j'imagine ?"

Pas la peine de le nier. C'était que trop clair. Ouais, avoua-t-il. Mais pas toujours à cause du bras. Son regard y était pour quelque chose. Ou juste sa maladresse. Parfois son manque de crédits. Ou le fait qu'il refusait de perdre une course. Il y avait une longue liste de raisons en fait...

Elle avait eu le nez creux de prendre un tournevis dans son fatras, Ryot avait réussi à bloquer le peu de jeu que sa prothèse avait encore. "A cause de quoi alors ?" lui demanda Ash ("Only-One-Question"), ignorant totalement qu'il s'était déjà fait le film dans sa tête. Au moins avec lui, les conversations allaient à un rythme qui lui convenait. Même pétée comme deux joints de culasse, elle arriverait à le suivre... pas qu'elle souhaitait tester cette possibilité mais... au cas où, lors d'un malheureux concours de circonstance...

Juste des euh... malentendus. A cause du regard, parfois. "Wesh pourquoi tu m'regardes comme ça, hein, fdp ?!" Ou parce qu'il n'avait pas les crédits pour payer ses dettes et qu'il avait été convaincu de jouer au poker malgré ses bonnes intentions. Ou parce qu'il avait bu un verre de trop et n'était plus trop conscient de ce que faisaient tous les membres de son corps. Ou juste parce qu'il était la mauvaise personne, au mauvais endroit, au mauvais moment. Classique aussi.

Les toutes mini-chiantes-vis des articulations des doigts n'étaient pas sa spécialité dans les réparages à l'arrache, les siens étant ceux de sa main d'origine. Elle prit celui qui s'était coincé, le plia plusieurs fois, et lui demanda de tester par lui-même si tout fonctionnait de nouveau relativement bien. "Entre les courses et ça, ça tient quand même du miracle que tu ne sois pas déjà mort. C'est pas une bonne étoile que tu dois avoir mais une nébuleuse au complet" s'amusa-t-elle.

Ah ? Il ne l'avait jamais vu sous cet angle là. En général les gens disaient qu'il était malchanceux, qu'il avait la poisse. Mais peut-être qu'Ash avait raison. Peut-être que c'était l'inverse. C'était déjà un miracle qu'il était vivant. La copulation entre deux espèces mène pas toujours à des bébés de bonne santé, mais il avait survécu. Et son taf (les deux tafs) avait qu'une petite marge de survie aussi. Il plia les doigts mécaniques de son bras droit, perdu dans ses pensées.

"Ouais" se contenta-t-elle de répondre alors que la [insérer le nombre ici, elle ne les compte pas] cigarette de la journée fut allumée. Le reste du voyage se passa sans encombre jusqu'à ce que leur GPS indiqua qu'ils étaient tout proche, du moins assez pour l'obliger à replier ses jambes du tableau de bord et laisser à Ryot toute la latitude nécessaire pour naviguer. "Tu connais ce coin ?" lui demanda Ash en ne reconnaissant pas les environs (pas qu'elle se bougeait le cul assez souvent pour explorer Manooine et savoir où elle se trouvait).

Oui. Y a un dépôt qu'on utilise souvent pour déposer la cargaison. Vu que la région était connue pour ses tempêtes de sable, même les bandits ne s'aventuraient pas souvent dans le coin. Pratique quand on transportait de la contrebande.

Il communiqua la combinaison transféré par Anarchi pour alerter les employés du dépôt de son arrivé et stationna le vaisseau entre deux modèles plus larges et imposants.

Se sentait-elle rassurée que Ryot n'en était pas à sa première livraison ici ? Plus ou moins. L'ambiance lui renvoyait à des affaires underground pas nettes mais, hey, toute cette planète baignait dans une atmosphère mafieuse, cet hangar ne faisait pas exception. Elle sortit à peine la porte déverrouillée, un pistolet récupéré de la réserve du vaisseau accroché négligemment à sa ceinture (et la clope au bec, encore une).

Un sarien venait à leur rencontre d'un pas, uhm, disons lourd vue sa corpulence. Ash avait croisé beaucoup de grands sariens à l'armée mais celui-là était juste... gros. Même sa carapace semblait trop petite pour lui.

B'jour Kaz'eshi, fit Ryot avec sa timidité habituelle qui le rendait à peine compréhensible. "Parler plus fort, toujours plus fort." Pas un conseil qu'il avait suivi  très souvent. Peut-être qu'il devrait.

Où est la boîte ? La voix digitale qui sorti du traducteur avait une latence de deux secondes perturbantes. Elle ne traduisait non plus l'impatience avec laquelle Ryot était certain que le sarien parla. Puis... "boîte" ? Un mot particulier et non-traduisible pour "cargaison" sûrement ?

Ah ouais, il était clairement un habitué ! Ash s'était mise en tête de rester à l'écart de la transaction mais en voyant Ryot replié sur lui-même devant le sarien (enfin.... métaphoriquement hein car bon, l'est quand même bien cabossé et déjà vouté mais... bref...). "A bord. D'autres questions à la con ?" A la réflexion, elle aurait mieux fait de s'en tenir à sa première idée.

Y avait une petite musique d'ascenseur dans le fond du dépôt. Depuis qu'il eut entendu la boucle se compléter une fois, Ryot n'arriva pas à se concentrer sur quelque chose d'autre. Il avait loupé la réponse que Ash a donné à Kaz'eshi, mais vu son langage corporel (non parce que vas-y pour comprendre ses expressions d’insectes), il ne devait pas être bien content.

Nouveau partenaire ? Il pointa Ash de la patte. Pas d'incompréhension possible là.

Non mais, il se foutait de sa gueule à faire comme si elle n'existait pas ? "Provisoirement ouais, ça change quelque chose ?" Elle n'aimait décidément pas ce Kaz'eshi. "Et pour des gens serrés sur leur timing, je trouve que tu perds pas mal de temps à bavasser..." Mais par le calbut du Chancelier, qu'elle se taise !

Il y a avoir un peu de stress et puis il y a l'anxiété que sent Ryot quand il traîne avec des énergumènes comme Ash (ou Raz) (ou Anarchi) (ou Siv) (ou sa mère) (ou... oui enfin, vous avez compris).

Le traducteur de Kaz'eshi ne traduit pas la prochaine phrase (ou le mot ?) qu'il prononce. Ryot sait d'expérience que beaucoup de mots grossiers sariens ne sont pas particulièrement traduisible. Ca le fait transpirer un peu.

Au moins y'a du personnel qui commence à bouger pour décharger la cargaison de son vaisseau. C'est un début, non ?

Ash, elle, connaissait surtout les insultes des autres langues, encore un reliquat de ses années dans l'armée. Même si elle ne pouvait les répéter, elle savait au moins que ce qu'elle venait d'entendre était tout sauf un mot doux. Au lieux de ça, elle préféra revenir sur des bases plus... professionnelles. "Et le paiement ?"

Evidemment ils inspectent la cargaison avant. Kaz'eshi se penche au-dessus de la caisse. Son expression est indéchiffrable. Celle du petit nemien à ses côtés moins. Ouf, ça a bousculé un peu on dirait.

Euh... Une explication. Pirates.

Peu de mots, mais Kaz'eshi l'accepte. 10% retenu pour dommages.

C'était du foutage de gueule sur écran holo géant là... "D'où une retenu sur salaire ?!" Non décidément, elle ne laisserait pas Ryot se faire marcher sur les pieds comme ça. "T'as même pas ouvert les caisses pour voir si la marchandise en miette ou pas !" Elle allait finir par lui tirer un coup de baster dans ses fesses surproportionnées -ou ce qui en faisait office sur un sarien- et là il pourrait gueuler pour dommages.