Nano. RolePlay

"Interdit ?" Micha cligna des yeux un moment, déconcerté. "Non mais dangereux, oui. Et puis, le commun passe plutôt les heures nocturnes pour se reposer. La nuit est malheureusement le moment privilégié des crapules et hommes de peu de foi. Vous ne me semblez pas être de cette engeance, jeune homme."

"Non" le rassura ledit jeune homme, qui se dit qu'il avait décidément bien choisi ses heures de patrouilles pour le coup. Klyde prit la tasse la plus proche puis la serra uniquement de sa main gantée pour ne pas se brûler. Quand à la brioche, elle lui faisait sacrément de l’œil (il en était très friand depuis son escapade avec Anoushka). "C'est votre vraie famille ?" demanda-t-il en pointa de sa main libre la photo.

"Ça fait beaucoup de monde..." dit-il sans s'en rendre compte ; et quand se fut le cas, il préféra piquer du nez dans sa tasse fumante, contrit. "J'ai répondu. Je suivais une chouette. Ça ne vit bien que la nuit les chouettes, non ?" Le ton de Klyde suintait de sincérité, ne voyant pas ce que le prêtre voulait savoir exactement.

"Mes parents voulaient une famille nombreuse. Le Seigneur a été bon pour eux." répondit-il brièvement, le temps de réfléchir au reste. Il ne cessait de se dire que quelque chose clochait dans ce récit. "Vous voulez dire que vous vous êtes aventuré dans les rues de Moscou en pleine nuit pour suivre une chouette blessée ?" Sa voix avait insisté sur le nom de l'animal. Elle sonnait surprise et décontenancée. Il ne voyait guère les raisons à cette poursuite... sauf si...

Klyde se décida à entamer la brioche et la déchira en deux pour en prendre une petite bouchée. "Aimer..." commença-t-il en baissant la tête une fois la bouche vide. "Je ne sais pas s'il m'aime bien, il ne parle pas souvent. Mais sérieux et un peu sévère, oui. Et il me protège, à sa manière j'imagine. Ça peut compter comme un grand frère alors ?" La réponse semblait vraiment lui tenir à cœur.

Mikhaïl haussa un sourcil. "Je ne peux rien affirmer mais, à ce que j'entends, je dirais que la description s'en rapproche." Il entama lui-même sa propre brioche avant une courte prière de remerciement - il s'agissait après tout de son premier repas de la journée - et apprécia quelques secondes le fondant chaleureux de la brioche. "Il n'y a rien de plus précieux, après l'Amour de notre Seigneur, que les liens d'une famille. Chérissez-les, Klyde."

Le sourire du garçon se fit plus sincère, les yeux brillants d'une joie enfantine. "C'est Dieu qui nous a fait nous rencontrer et c'est encore lui qui m'a permis de le revoir" fit-il en fermant les yeux un bref instant en signe de reconnaissance. "Mon Père..." continua Klyde en reprenant une mine soucieuse. "Est-il vrai que ceux qui nous aiment ne nous quitte jamais même quand le Seigneur les rappelle à lui ?"

"Ils ne sont pas vraiment là" tempéra gentiment le prêtre "mais nos souvenirs les font revivre quand nous pensons à eux. Et là-haut, au Paradis où ils sont aux côtés de notre Seigneur, ils peuvent encore veiller sur nous qui sommes restés ici-bas. Et ils nous accueilleront quand ce sera à notre tour de nous envoler vers les cieux."

"Pas vraiment là... mais est-il possible de les entendre comme si c'était le cas ?" Klyde paraissait des plus attentifs, son thé et sa brioche oubliés, ses yeux pour la première fois posés sans ceux du prêtre. La question sembla même d'une plus grande importance que celle du grand frère.

Il se retrouva à nouveau sans mot à cligner des yeux, ne sachant trop comment répondre à... ça. "L'esprit humain est une chose étrange." commença-t-il prudemment. "Il se pourrait qu'il nous fasse entendre nos pensées avec une autre voix mais il ne s'agirait alors que d'une illusion." Micha décortiqua un peu sa brioche, mal à l'aise. "Est-ce votre cas ?" osa-t-il finalement demander.

Une illusion ? Il ne pouvait pas y croire. "Mais c'était sa voix, je l'ai reconnue. Et il m'a même touché l'épaule." {Trésor... cesse... tu te fais du mal...} lui dit Sveta d'une voix douce et maternelle, à défaut de pouvoir être elle réellement présente physiquement. "Pardon mon Père, ne voulait pas vous importuner avec ça..." Et le revoilà recroquevillé dans sa coquille, comme avant le chant.

"Votre subconscient devait essayer de vous dire quelque chose, de faire passer le message d'une idée enfouie tout au fond de vous, et que vous entendriez mieux avec la voix de cet ami." Mikhaïl devinait qu'ils parlaient de la mort violente d'un être cher ; un tel événement ne laissait jamais personne intact. Il resserra son emprise chaleureuse sur la main de Klyde. "Que diriez-vous de finir tranquillement notre petit encas et de retourner à l'église prier pour cette personne ? Ensemble."

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A la mention du toucher en plus de la voix, Micha se dit qu'il ne pouvait plus se voiler la face : quelque chose clochait avec ce jeune homme. "En avez-vous parlé à quelqu'un d'autre ? Non, non... oubliez. Dormiez-vous par hasard ou étiez-vous dans un état de semi-conscience. Le subconscient, c'est ce qui est au plus profond de nous et qui ressort quand la conscience s'endort.

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Au plus profond de nous, n'est-ce pas ? Ce pouvait etre ça, le mot qu'il cherchait depuis des années pour désigner où était Sveta dans son esprit. Mais il n'aimait pas ce terme, il lui semblait grossier pour l'ange qu'elle était. "A une seule personne. J'étais pleinement réveillé, je visitais même une église de mon quartier avec un Mil... quelqu'un." Il était peut-être également grossier de parler de la Milice à un homme de foi.

Il prit le temps de finir sa brioche lors d'une longue gorgée de thé pour chercher la façon de tourner sa réponse. "Je ne saurai trop vous conseiller d'aller en parler à un homme de science qui saura mieux vous aiguiller que moi." Oui, voilà, c'était assez ambigu et neutre. Ce jeune homme ne lui semblait pas assez déséquilibré pour justifier qu'il le traîne physiquement à l'hospice. "En ce qui concerne l'esprit, les médecins ont souvent des réponses ; je ne puis guère parler que de l'âme. Et la votre me semble se languir de cette personne."

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"Si je vous crois, Klyde." le contredit gentiment Micha. Le prêtre n'était pas un homme aux mensonges faciles et il ne voyait pas ce qui le pousserait à mentir dans cette situation ; ses yeux brillaient de sincérité. "Mais je ne suis pas certain de ce que je dois en penser. De ce que cela implique pour vous. Il y a une partie de moi qui me souffle que ça pourrait vous être néfaste et je ne peux tout simplement pas l'ignorer, vous comprenez ? L'âme humaine, je pense bien la comprendre, mais l'esprit est chose de science et je ne suis pas assez érudit sur ce point pour réellement vous aider. A part vous inviter à me parler de cette personne plutôt que la refouler."

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