Nano. RolePlay

Micha haussa un sourcil en souriant. "Ce n'est pas au poil, pas encore Patya." lui dit-il d'un ton espiègle qui ne perdait rien de sa patience. La joie de l'enfant lui faisait extrêmement plaisir. Elle était totalement à l'opposée des émotions qui agitaient Patya à son arrivée au village et il était heureux d'en être à l'origine, de répandre le bonheur autour de lui, et non la terreur à la vue de sa soutane.

Patya éclata de rire au jeu de mots. Ce qui acheva de le détendre. Une fois calmé, il se concentra à nouveau et regarda, fasciné, les poils disparaître doucement, les griffes s'étrécir jusqu'à redevenir des ongles et les coussinets laisser la place à une peau rosée. Fier de lui, il leva les mains comme un trophée.

D'accord ! répondit l'enfant en sautant sur ses pieds. Il attrapa l'arrosoir et fit doucement couler un peu d'eau au pied du buisson. Ragaillardi par sa petite victoire sur lui-même, il se sentait grandi. Merci de m'avoir abrité, murmura-t-il à l’arbuste lorsque le Père Micha se fut un peu éloigné. Il était un peu gêné de parler ainsi aux plantes, mais il aimait bien penser que comme les animaux, elles avaient des pensées elles aussi.

Le jeune prêtre ne fut pas long à revenir. Il n'avait pas coutume de posséder des gourmandises sucrées dans son garde-manger mais une grand-mère lui avait offert la veille un pain d'épices au miel qu'il avait à peine entamé. Il en ramena de belles tranches dans une assiette accompagnée d'un verre de lait de chèvre. "Voilà pour toi, Patya. Alors comment va notre ami le buisson ?"

Patya attendait accroupi juste à côté. Il leva un regard gourmand sur le pain d'épice au retour du Père Micha. Super bien ! répondit-il, enjoué. Il boit tranquillement, ajouta-t-il en riant, et il caressa une feuille entre son index et son pouce.

"J'en suis heureux !" Micha aussi caressa les feuilles du buisson avec une grande délicatesse puis s'assit sur un banc à côté qu'il tapota pour inviter Patya. "Viens donc te régaler. Ça a dû te creuser l'appétit tout ça."

Il approuva d'un signe de tête vigoureux et vint s’asseoir près du prêtre. Le pain d'épices sentait bon, Patya en salivait déjà. C'est vous qui l'avez fait ? demanda-t-il. Il ne serait pas étonné d'apprendre que le Père Micha pouvait absolument tout faire et tout réussir.

Patya sut tout de suite de qui venait le cadeau. Il n'y avait pas trente-six vieilles dames dans le village qui correspondaient au profil. Il sourit de plaisir (parce qu'elle était bonne cuisinière) et de fierté pour sa transformation presque réussie. Merci, dit-il timidement en rosissant. Il posa l'assiette sur ses genoux et saisit une tranche qu'il tendit au Père Micha. On partage ? proposa-t-il, parce qu'il avait l'impression que le prêtre allait se débrouiller pour le laisser tout manger.

Le prêtre afficha sans se cacher la figure de celui qui a été pris la main dans le sac : l'enfant avait clairement compris qu'il comptait sur lui pour manger tout seul ce pain d'épices certes, très bon, mais trop gourmand à son goût. "D'accord, d'accord. Une petite part." dit-il finalement en riant.

Patya gloussa de plaisir et dévora sa tranche d'un bel appétit. Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait faim avant de sentir le goût du miel sur sa langue. Mmm, fit-il la bouche pleine. Il savoura également le lait et soupira de plaisir lorsqu'il eut fini. Merci, répéta-t-il en balançant doucement ses jambes dans le vide. C'était délicieux.

Patya, bien loin de comprendre ce qui pouvait motiver le Père Micha, fut déçu de voir ce moment privilégié avec lui (et un petit peu avec Dieu) prendre fin. Mais son plaisir fut bien vite ravivé par les futures couleurs de l'église. D'accord ! s'exclama-t-il en sautant sur ses pieds. Indécis, il s'immobilisa, l'assiette et le verre vides dans les mains. Ne devait-il pas proposer de les laver ou au moins de les ramener quelque part ? La timidité revenant au galop, il se tut cependant et resta planté là.

L'enfant sembla déçu puis intimidé et Micha sourit doucement, compatissant. "Laisse, je vais m'occuper de ça." lui dit-il en saisissant l'assiette et le verre. "Et ne soit pas si dessus, tu pourras revenir. M. Buisson sera ravi que tu reviennes l'arroser, il a aimé ta voix je crois." Il lui sourit à nouveau en lui ébouriffant les cheveux. "Allez, file. Rameute tes amis, j'ai besoin de leurs lumières pour décorer notre belle église."

Les enfants déboulèrent par petits groupes compacts et au final, c'est presque toute la classe qui se trouvait réunie à l'église à une heure où il n'y avait ni école ni messe. Les cris emplirent la place, attirant l'attention de quelques habitants qui sortirent la tête par une fenêtre ou s'arrêtaient pour regarder la nuée. Excités, les enfants parlaient tous en même temps. Pourtant, on put distinctement reconnaître les mots "Boujour Père Micha" par vague alors qu'ils se regroupaient progressivement devant lui.

HRP :

Les enfants se calmèrent de concert, furent attentifs quelques instants, et réussirent à peine à retenir une nouvelle envolée de joie à l'idée de refaire des couronnes de fleurs. Patya, Kostya et leurs amis avaient entre temps montré à plusieurs d'entre eux comment faire — avec plus ou moins de réussite, mais toujours beaucoup d'enthousiasme. Les enfants étaient enchantés de refaire ça avec le Père Micha pour les guider. Dans la prairie derrière chez moi, y a des fleurs partout ! s'exclama une fillette d'une dizaine d'années.

HRP:

Les enfants semblaient heureux du projet. Micha n'en souriait que davantage, surtout qu'il comprenait que le savoir-faire s'était déjà transmis de bouches à oreilles. Il se pencha vers la petite fille. "Oh, intéressant. Nous allons avoir besoin de beaucoup de fleurs. Tu nous montres où c'est, ma Fille ?"

HRP :

Après un hochement de tête frénétique et un sourire jusqu'aux oreilles, la petite pris la tête du cortège pour mener tout le monde jusqu'au pré. Le brouhaha reprit peu à peu et redevint cris de joie lorsqu'ils quittèrent les rues du villages. Les enfants couraient, sauter ou bien marchaient sagement près du Père Micha. Patya était de ceux-là. On pourrait en faire chaque semaine jusqu'à l'hiver, proposa-t-il comme une question. Les fleurs, c'est pas ce qui manque, autour du village.