Nano. RolePlay

Rappel du premier message :


Le ciel lui appartenait, Lumi pouvait voir à milles lieux à la ronde grâce à ses précieux yeux de chouette. Ce soir, elle disposait du plus grand espace que l'on pouvait imaginer, il n'y avait rien d'étonnant à voir un oiseau de nuit au crépuscule ; ou alors si l'on était dehors à cette heure c'est qu'on ratait la messe. De son côté, Lumi ne se sentait plus proche de Dieu qu'en cet instant, exprimant sa nature sauvage, goûtant au vent comme il se devait.
Du point de vue extérieur, il y avait une chouette lapone qui s'ébattait, probablement occupée à chasser des insectes ou quoi que cet oiseau sauvage pouvait manger. La lune était la seule lumière dans ce champs campagnard isolé de Russie. Personne ne pouvait se douter que cet oiseau n'était pas là la nuit derrière, encore moins qu'elle était arrivée par dirigeable sous la forme d'une fillette blonde qui parlait finnois… à moins de faire attention à ce genre de détails.

Hé ben c'est la meilleure! Un rapace qui n'aime pas la nourriture de rapace! s'esclaffa Ksenia. Elle regarda autour d'elle, s'assurant que personne ne se trouvait à portée de voix. A cette heure ci, c'était peu probable, mais mieux valait être prudent.
Bon, je vais remmener ça chez moi dit-elle un peu moins fort. Et je vais ouvrir la fenêtre de la cuisine. Si le coeur t'en dit...
Elle se dirigea à nouveau vers sa maison, le pas lent pour donner à la chouette une ample opportunité de la suivre...

La chouette émit un hululement d'énervement avant de s'arrêter en se rappelant qu'elle devait se faire discrète. La femme qui devait être la corneille lui proposa la cuisine, l'endroit parfait pour se détransformer à l'abris des regards indiscret. Le rapace végétarien vola donc vers la cuisine de la maison.

La petite chouette l'avait suivie. Ksenia posa l'assiette avec le morceau de viande et tira de l'eau à la pompe pour remplir une cruche.
J'ai de l'eau! Tu aimes l'eau j'espère, petit chat?
Elle referma la fenêtre derrière la chouette. Il faisait bien assez froid comme ça!

Le petit chat n'était pas d'avis de fermer les fenêtres et le manifesta en hulula fort et en hérissant ses plumes. Si l'inconnue ne rouvrait pas la fenêtre, elle ferait pire !

Quel bon moyen de stresser une zootrope en territoire inconnu... Franchement !

La chouette cria à peine Ksenia avait-elle touché au loquet de sa fenêtre.
Ca va, ça va! Je rouvre! Ma parole, t'es pas commode toi! Tu me fais penser aux corneilles du toit qui me crient dessus quand je referme la lucarne qu'ils m'ont demandé d'ouvrir avec leurs coups de bec sur la vitre. Un jour, ils vont me casser une fenêtre ces entêtés!

Elle tourna le dos à la chouette pour la laisser s'abreuver tranquillement

"Pour toi, c'est ton foyer, pour moi c'est peut-être une prison !" fit une voix d'enfant.
La chouette reprit vivement son bec initial, observant la femme.

Ksenia n'était pas surprise d'entendre une voix humaine. Mais une voix d'enfant? C'était inattendu!
Elle se retourna et fit face à la chouette. Elle s'approcha doucement et se pencha pour se mettre à la même hauteur que l'oiseau.
Hé, p'tit chat dit-elle doucement, ce n'est pas une prison ici. La fenêtre est ouverte, tu pars quand tu veux! Si tu veux rester, je peux te donner quelque chose de plus chaud à boire peut être? Ou aller chercher une couverture?

La chouette agita la tête au mot « couverture ». Elle ignorait en revanche ce que voulait la zootrope-corneille : faire amie-amie ou pas ?

Ksenia hocha la tête et s'en fut pour chercher une couverture dans sa chambre. Le "petit chat" avait le temps de s'envoler par la fenêtre si elle le souhaitait. Ksenia s'attendait à moitié à voir sa cuisine vide lorsqu'elle redescendit avec sa couverture...

Le petit chat n'en fit rien au début, elle avait une assurance excessive en la situation et une confiance excessive envers l'inconnue même si la voir fermer la fenêtre avait réveillé une peur de l'enfermement. Les animaux sont faits pour être libres, pour pouvoir s'exiler dans le ciel quitte à s'user les ailes. À la réflexion, elle se percha sur le rebord de la fenêtre, observant les alentours de la prison pour humains. Pas de miliciens en vue...

Ksenia redescendit avec une couverture en laine beige qu'elle déplia pour la poser sur la table de sa cuisine. Elle arrangea rapidement un nid pour la chouette qui était toujours là.

Voilà pour toi, petit rapace!

Tandis qu'elle faisait chauffer de l'eau pour du thé en grelottant à cause du froid qui entrait dans sa cuisine, Ksenia se lança et demanda:

Alors, petit oiseau perdu, peux tu m'expliquer pourquoi tu m'as suivie? Tu n'as pas de nid à toi?

Le bec de la chouette redevint une petite bouche, à l'abri du regard de la femme.
"Je ne suis pas perdue, je cherche une corneille qui est entrée ici."
La femme le savait puisqu'elle devait l'être.
"Si vous avez froid, vous devriez vous couvrir de plumes comme moi."

Ksenia se retourna pour faire face à la chouette. Elle hésita, peu coutumière des transformations partielles. Puis elle choisit de suivre le conseil de la petite: se couvrir de plumes noires et grises. Puis elle secoua sa tête et redevint la version entièrement humaine de Ksenia Danilovna Shirinova

Tu l'as trouvée, on dirait bien! Tu peux lui demander ce que tu souhaites, petit chat. Sauf ce qui fermente dans les cuves du hangar, tu es trop jeune pour ça!

En revanche, Lumi contrôlait parfaitement sa transformation développée sans complexe durant toute son enfance. Pourquoi se cantonner à deux stades alors que toutes les possibilités intermédiaires étaient possibles et présentaient des avantages différents ?
"Vous êtes seule ici ? N'avez-vous pas peur que les miliciens ne viennent un jour chez vous pour vous faire du mal ?"

Ksenia rit de bon coeur.
Mais que viendraient-ils faire ici loin de tout? Et s'ils pensent avoir vu une corneille suspecte, grand bien leur fasse! J'en ai plein sur mon toit, des corneilles suspectes.

Elle enroula le châle de laine qu'elle avait pris en même temps que la couverture, et ajouta:
Qu'ils apprennent d'abord à les distinguer des autres oiseaux et on en reparlera!

"Peu importe les autres oiseaux, ils viendront vous brûler comme sorcière. Sans procès." dit la petite chouette en buttant sur certains mots comme si la langue ne lui était pas naturelle, ce qui était vrai.
La petite chouette lapone avait beau provenir d'un dirigeable russe, elle était trop petite pour avoir appris cette langue sur le vaste territoire. Les rebelles de l'autre côté de la mer Baltique avaient néanmoins fait le nécessaire.

Ksenia ne prêta guère attention à l'accent de la petite chouette, le mettant sur le compte d'une transformation partielle.

Oui, mais il leur faudra d'abord me reconnaître parmi les autres corneilles. Et ensuite, m'attraper! Ce ne sera pas aussi facile qu'ils se l'imaginent

Elle finit de préparer son thé et s'en versa une tasse.

Tu es certaine de ne pas en vouloir? demanda-t-elle à sa visiteuse.

La petite chouette réfléchit à la réponse de la sorcière zootrope.
"Hum... Cela me parait bien."
Lumi jaugea la tasse et décida de s'y risquer, elle avança sur ses pattes, telle un chat ailé et trempa le bec dans le thé prestement avant de reposer ses yeux sur son hôtesse.
"Vous êtes seule ici ?"
Si la chouette finlandaise reposait la question, c'était parce qu'elle attendait une réponse sous un autre angle. Une même phrase, deux idées différentes.