Nano. RolePlay

Les muscles ne sont pas à contracter éternellement. Il en était de même pour le mental. Le mystère de l'hôtel Lockwood était probablement l'un des plus grands mystères de l'histoire du spiritisme. Et bien qu'il en fallût plus pour décourager le Français, ce dernier restait humain et avait besoin d'un time-out, comme disaient les anglophones.

Non content d'avoir bâti avec concentration un château de cartes sous les yeux amusés de Brian, le fantôme qui hantait parfois sa chambre, Éric s'était rendu dans l'aile gauche en quête de billard et jeux de cartes. Peut-être même essayerait-il une fois pour toutes les bornes d'arcade, qu'il avait évitées, persuadé qu'un fantôme farceur les hantait pour faire perdre les joueurs.

Il s'installa sur une table de jeu inoccupée et, soupirant pour se détendre, prit un jeu de cartes, vérifia la totalité des cartes, puis effectua à plusieurs reprises un perfect shuffle pour s'échauffer et mélanger les cartes en attendant d'éventuels adversaires.

Il y a eu beaucoup d'émotions ces dernières heures. Un incendie démarre sur la terrasse. Des clients et des employés de l'hôtel s'évanouissent, y compris elle et sa mamie ! Après s'être assurée que tout va bien pour Mamie Faèlan, Eibhlìn, elle est partie s'offrir une petite pause à la salle des jeux. Un client semble s'ennuyer ferme avec son jeu de cartes. Bonjour, je suis Aìne, en quoi puis-je vous divertir, monsieur ? Préféreriez-vous jouer avec une interessante version de jeu qu'un ancien client m'a apprise ? Son expression faciale semble rappeler une certaine grand-mère de la connaissance de Eric...

Éric leva la tête vers la barmaid, qui lui proposait un jeu sortant de l'ordinaire. Le visage lui semblait familier... Mais oui, c'est le visage de la jeune femme que Faélàn m'avait montrée sur la photo, lors de notre séance de spiritisme... De même que le nom qu'elle venait de donner. C'est donc elle, la petite-fille dont ma marraine adoptive d'Irlande me parle tant. Inutile de se demander de qui elle tient l'air jovial et espiègle. Bonjour à vous, Aìne. Et volontiers ! L'aventure de toutes sortes est caractéristique à cet hôtel, après tout. Il se réinstalla. Dire que c'est notre première rencontre depuis mon arrivée il y a 2 mois.

Pour la peine, la médium s'installe en face d'Eric et sort son jeu de cartes divinatoires en commençant à les couper, mélanger. L'espièglerie sur son visage est aussi visible que la lumière du jour à travers une vitre bien astiquée. Si on a le goût du mystère à résoudre, en effet.

Une expression commune à celle si souvent affichée par Lady Dunne qui n'avait pas échappé au Français. Ce dernier éprouva une légère surprise à la vue de cartes de tarot, un jeu auquel il ne s'était encore jamais essayé malgré sa familiarité avec les branches spécifiques du spiritisme où ces cartes-là étaient indispensables.
Et c'est bien mon cas, répondit-il. Un intérêt que je partage d'ailleurs avec votre grand-mère. Pour tout vous dire, elle m'a beaucoup parlé de vous.

Vraiment ?, renchérit-t-elle avant de lâcher un compliment en faveur de sa grand-mère. Mamie est la meilleure au monde ! Elle m'a un peu parlé de vous, vous êtes le français ? Les français étaient imprégnés d'un certain aura pour les irlandais, voisin des britanniques. Vous mangez vraiment des grenouilles dans votre pays ?

Éric voyait à présent dans les stéréotypes une sympathique façon de briser la glace. Avec un sourire en coin : À moins qu'elle ait rencontré un autre Français sur cette île, oui c'est bien moi. Éric Deshayes. Votre collègue a eu du mal à prononcer mon nom de famille, le jour de mon arrivée. Quant aux grenouilles, leurs cuisses figurent sur le menu de quelques rares restaurants onéreux, mais guère ailleurs. Moi je n'en mange pas. Et avant que vous ne mentionniez les escargots : ils sont loin d'être en France un plat aussi populaire et commun qu'on le croit. Ça m'étonne d'ailleurs que votre grand-mère ne m'ait jamais taquiné là-dessus...

La lutine joue à faire flipper les cartes du bout des doigts. Eric ?, dit-t-elle sans appuyer sur l'accent du prénom. Et le pain, alors ? Vous vous promenez tous avec des bérets en allant à la boulangerie chercher votre pain, Eric ?

Éric s'inclina légèrement au-dessus de la table et, esquissant un sourire : Si tout le monde se promenait avec des bérets, la France serait un pays bien ennuyeux ! Mais le cliché sur les Français et leur baguette est tout à fait avéré. Rares sont les repas sans pain, dans mon pays. S'écartant pour se tenir droit, les avants-bras toujours posés sur la surface de la table, il observa attentivement la barmaid mélanger habilement les cartes. Pardonnez ma curiosité, mais parlez-vous le gaélique aussi bien que votre grand-mère ? Sa maîtrise de la langue, sans mentir, nous a sauvés d'un fantôme particulièrement instable.

La France serait un pays encore plus colorés si tout les français portaient un couvre-chefs de la couleur de leur choix !  , réplique-t-elle avec malice. Insister sur la variété des couleurs possibles avec le béret. Et autres couvre-chefs. On joue souvent en gaélique. Sauvé d'un fantôme ? Hihihi ! Je ne suis pas surprise, c'est la meilleure mamie au monde !  

Et l'Écosse serait encore plus colorée si tous les Écossais pouvait choisir la couleur de leur kilt. Maudit soit le conformisme. La malice de la doyenne de l'hôtel avait, à n'en pas douter, infecté le Français par la magie de l'immersion, sûrement. Le passionné de langues en Éric fut ensuite ravi d'apprendre que le gaélique était utilisé à la maison. Puisse cette langue rayonner le plus possible en Irlande. Ce séjour m'a donné envie de l'apprendre, avoua-t-il, attendant qu'Aìne finisse de battre les cartes.

Aìne s'arrête de couper les cartes et commence à les distribuer une par une. Les Écossais ont de belles jambes, que voulez-vous ? Elle se met à rire. Je vous explique les règles de ce jeu très spécial. Nous verrons bien si vous avez une main de médium. Façon de parler.

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Nous verrons bien, dit Éric sur un ton enjoué tout en hochant la tête. Je vous écoute. Comment s'appelle ce jeu ?

Il s'appelle Fantôme y es-tu ?, explique-t-elle tout en donnant les règles du jeu. La main de médium qu'elle a tiré ne lui est pas favorable du tout ; c'est même la plus faible du jeu ! Elle garde la face pour ne pas révéler la faiblesse de sa main.

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Un nom bien saugrenu. Éric prit en main les cartes qu'Aine lui avait distribuées. Ce dernier obtint une main de médium tout aussi piètre.

Intérieurement, il se dit :

Putain.

Il garda néanmoins avec aise sa poker face.

Le lutin révèle sa main de médium en précisant à propos du jeu une chose. Personnellement, je préfère appeler ce jeu, Main de Médium. Elle n'est pas certaine de pouvoir s'en tirer avec cette main contre lui ! C'est la plus faible du jeu !

Un nom approprié, répondit Éric en maîtrisant sa prosodie pour ne pas trahir son mélange de déception et de tension. Je le préfère au nom officiel.

Ça commence bien. Hors de question de perdre de l'avance face à l'adversaire ! Dans n'importe quel jeu, la première phase est souvent cruciale !

Question sûrement naïve : avez-vous déjà joué à Main de Médium avec votre grand-mère ? demanda-t-il, attendant de voir la décision d'Aìne.

Oui, bien sûr. , réponds-t-elle tout en essayant d'améliorer sa main. Elle veut avoir une meilleure chance face à son adversaire. Ce serait dommage de perdre à un jeu qu'on vient de faire découvrir !

Tentative d'améliorer la main !:

Cela allait de soi : les chances de gagner d'Éric étaient quasi-nulles, d'autant plus que son adversaire maîtrisait évidemment ce jeu et l'avait pratiqué avec la plus malicieuses des créatures de l'île.
ss
Il décida d'échanger ses cartes via la pioche.

La combinaison qu'il avait maintenant à sa disposition n'était guère plus satisfaisante, mais rien de quoi lui faire perdre sa contenance. Il attendit qu'Aine lui explique les règles.

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Aìne lui explique les règles du jeu de la Main de Médium en jugeant ses chances de victoire avec sa main. Elle se dit que le risque en vaut la peine. La jeune médium abat donc son jeu, histoire de lui montrer comment concrètement les cartes interagissent entre elles.