Histoire (courte)

L'argent, c'est la vie. Et si vous l'apprenez par moi, c'est que vous n'êtes définitivement pas la pièce d'or la plus rutilante du tiroir caisse. Après comme le disait mon grand-père, Balzacroc Honorine, la richesse n'a jamais meilleure odeur que lorsque c'est celle des larmes. J'ai donc repris le biz familiale d'usure et de recels. Il est difficile de mesurer la joie que me procure la certitude que la personne qui vient de s'endetter sur le prochain mois, n'a aucune chance de rembourser, et que je pourrais bientôt me délecter de la joyeuse symphonie que feront ses genoux en éclatant. Si vous pouviez mon bras, mais je ne vous le permets pas, vous pourriez sentir les poils qui se dressent.

L'amour ? Evidemment, je suis une jeune gobeline désirable, je comprends l'étonnement que mon célibat suscite. Je n'ai pas le temps, ni vraiment l'envie. Un lit d'or, ce n'est pas fait pour être partagé. Je pense même que ça le fait rouiller. Après, je reconnais qu'il m'arrive me sentir seule quand je n'ai personne à qui raconter la manière dont on a extorqué pour la quatrième fois successive un vieux marchand un peu lent sur les bords. Il m'arrive de prendre un pauvre bougre avec une petite dette comme oreille attentive. Je m'en lasse vite mais le cœur a ses raisons que le meilleur expert-comptable ne peut faire rentrer dans ses tableaux.

Suis-je maléfique ? Certes, la plupart des mes actions sont clairement portées sur l'injustice, la violence, le vol, la délectation face au malheur et le besoin d'humilier autrui mais si un justicier me commande une arme pour aller sauver une région lointaine, je suis réglote. Bon si c'est pour sauver la région où j'exerce, c'est un peu différent, j'en suis probablement l'une des menaces principales, donc il y a ingérence aussi, circonstances atténuantes, toussa toussa.