Nano. RolePlay

Commençons par la chute. Pas celle de l'histoire, celle de Maverick. 12 ans et pas toutes ses dents.  Cette chute est la conséquence directe des son choix de remplir le fascicule de l'école pour un voyage en Irlande.

Un séjour d'un mois sur une île ! Une île ! Sur le papier, cela lui a paru une aventure merveilleuse. Sans les détails logistiques et financiers laissés, bien entendu, aux adultes.

Après le voyage en avion et en ferry, la classe s'est installée dans les chambres réservées à l'hôtel pour s'y reposer. Sauf le jeune Maverick, plein d'énergie, qui a décidé d'explorer ce nouvel endroit.

Or, à présent, le jeune garçon commence à regretter son choix de s'aventurer seul. Le frisson d'excitation d'avoir entendu parler des fantômes s'est évanoui. Un gros bruit, aussi brusque et furieux que le tonnerre, l'a surpris et l'a fait choir dans le couloir.

Ce qui amène à la deuxième conséquence de son choix : son dessert de jus de tomate et son pain rempli de fromage s'est étalé sur le plancher ! C'est très grave !  Doit-t-il annoncer la catastrophe au magnifique et fringuant accompagnateur de la classe ?

Valises posées. Soupir. Il se sentait vanné. Tout ça parce que le soleil d'Irlande avait accentué un reflet dans ses cheveux. Les rires l'avaient isolé.
Son camarade de chambrée manquait à l'appel. Il avait besoin d'air. La fenêtre ne s'ouvrait pas. Alors il s'envola par la porte. Il trouverait bien une issue, non ? Longeant le plafond, il ne manqua pas la gamelle monumentale de son camarade. Il atterrit dans son dos.

Ca va ? C'était quoi ce bruit ?

Commençons par la chute. Pas celle de l'histoire, celle de Maverick. Une autre cause possible du présent malheur de l'adolescent est la remarque malheureuse qu'il a faite sur les cheveux roux de son camarade. Bien que généralement bien attentionné, il n'a pas eu conscience que les autres enfants l'avaient reprise... Et ont fait du mal avec ! AAAAAAH !, s'écria le courageux futur héros en s'étalant davantage de jus de tomate sur ses mains et vêtements. Tu m'as fait peur !

C'est vrai qu'il était arrivé de nulle part. Littéralement. Peut-être pas la meilleure idée dans un vieux manoir connu pour ses histoires de fantômes. Il allait s'excuser, mais il reconnut celui à l'origine des moqueries qui l'avaient suivi tout au long du voyage. La mesquinerie parla en premier. Bien fait !
Presque choqué par ses propres mots, il se reprit aussitôt. Sincèrement inquiet. Nan, sérieux, ça va ?

Bien fait ! QUOI ?! Il était couvert de jus de tomate, il saignait et c'était bien fait ? Pas du tout ! Ça n'allait pas du tout ! Il fallait le dire à l'accompagnateur que Maverick trouvait très beau. Une beauté du genre ferait genre auprès des deux genres.  Pas du tout ! Regarde le massacre ! On doit le dire à Monsieur Mustard ! Il était certain que ce serait Monsieur Mustard avec le carnet de correspondance dans la salle commune qui l'achèverait !

Le d-dire à M-Monsieur M-Mu-Mustard ?

Voilà qu'il bégayait maintenant. Il n'avait rien à se reprocher. Mais il évitait le surveillant depuis le moment du départ. Pour un adolescent qui découvre son corps - ses deux corps - son apparence était très perturbante.

J-Je peux t'aider... Si tu ne regardes pas !

Y avait-il un peu de panique dans sa voix ? Pas du tout !

Il allait répondre quelque chose d'héroïque à son camarade, pris de crainte en se relevant quand il remarqua du coin de l'oeil une étrangeté. De nouvelles traces de tomate qui se faisaient... Des marques de mains avec de la tomate ! Maverick sentit ses cheveux se dresser sur la tête. Fantômeeeeeeeeee ! Bien évidemment, la seule protection possible était de se réfugier derrière le dos de son camarade. L'aspirant héros courut s'y cacher... et comprit ce qu'avait son camarade. Le pire c'était que le fantôme le poursuivait ! Des traces rouge de semelles couraient dans leurs directions !

Qu-Quoi ?

Son cerveau retourné eut du mal à faire le lien entre le cri de son camarade, le fait qu'il aille se cacher... derrière lui, et ce que ses yeux virent à retardement.

Crôa ! L'oiseau battait furieusement des ailes devant le visage de Maverick. C'était sûrement mieux que de mourir de honte, aussi rouge que le jus de tomate étalé au sol. Cé trôa. Trôa. Crôa. Trôa !

Dans son agitation - toujours pas de panique, non non, ses pattes s'emmêlèrent dans les cheveux qui dépassaient, épis disparates, de son compagnon d'infortune. Cela ne fit que rendre ses mouvements un peu plus erratiques. Cri étranglé.

Dans la panique, le héros ne s'était pas rendu compte que ces traces de jus de tomates étaient de son fait. Et le fait que son bouclier avait disparu, n'arrangeait pas les choses. Mais que est-ce qui lui fouettait le visage d'un coup ? AAAAAAAAAAAAAAH, ça s'était pris dans ses cheveux !  Pour un héros, il n'y avait qu'une seule chose à faire ! Voler au secours Paniquer ! S'étaler par-terre en essayant de se libérer des serres noires du corbeau ! A l'aide ! Un corbeau a mangé mon copain !

Aussi improbable que cela paraisse - vu le raffut provoqué par le duo, l'appel à l'aide du garçon fut entendu. L'oiseau, lui, ne réussissait qu'à emberlificoter un peu plus ses griffes dans les mèches brunes.

Que se pass...

Le client de l'hôtel s'était arrêté net. Attiré par le bruit, son cerveau avait visiblement besoin de longues secondes pour analyser ce à quoi il assistait. La scène était surréaliste, mais... différente de l'exotisme qu'il était venu chercher ici.

Les pauvres mèches brunes de Maverick souffrirent entre les griffes du corbeau qui avait mangé son copain ! Les serres lui écorchait le crâne et tiraient sur ses cheveux ce qui était ô combien terrible ! Le héros ne tenait pas avoir la boule à zéro avant l'heure comme Saitama, le plus puissant des héros de manga. Touriste.exe a cessé de fonctionner. Pour le moment. Comment aider un jeune couvert de jus de tomate dont les cheveux s'étaient emmêlés dans les serres d'un corbeau ? J'ai des ciseaux !, s'exclama-t-il comme si c'était normal d'en avoir. Ne bouge pas !

Pas tout à fait la boule à Z, mais bon pour un aller simple chez le coiffeur, au regard de la coupe que l'homme aux ciseaux venait de lui faire.
Libéré de ses entraves, l'oiseau - qui n'était pas un corbeau mais difficile de le faire savoir en l'état - s'envola enfin. Direction la liberté l'extérieur ! Il allait enfin avoir son bol d'air.

Maverick, yeux embués par la perte de sa magnifique tignasse, le reverrait. Un peu plus tard, donnant des coups de pattes et de plumes contre la vitre de la chambre. La fenêtre était toujours fermée.