Nano. RolePlay

On aurait beau dire, le meurtre, c'était comme monter à cheval, ça ne s'oubliait pas. Stej s'était encore retrouvé avec du sang sur les mains, littéralement, après une chasse poursuite contre des petites frappes dans la Capitale ; rien de bien palpitant - quoique son pote nain était un bonus - mais ce n'était pas dans son genre de laisser un vol impuni. Enfin quand on volait ses affaires, les autres il s'en foutait pas mal.

Bref.

Son excursion commerciale à Samigoloumaroum ne s'était pas soldée avec un aussi bon bénéfice qu'il l'avait espéré mais au moins, il avait passé un moment fort sympathique (une bonne tuerie à l'ancienne, ça ne se refusait pas). De retour à son petit village merdique, près à reposer de nouveau les armes pour le marteau et l'enclume et retrouver un rythme pépère quand... c'était quoi ce canasson devant sa piaule ?

La fatigue du voyage n'aidant pas, Stej mit pied à terre et râla un peu plus en constatant sa porte ouverte. "Ah putain non ! D'accord, qui est l'enculé qui a osé venir chez moi sans me demander mon av... oh merde."

Que foutait sa sœur au milieu de son gourbi ?

Le familier de Than transmet naturellement l'arrivée du nouveau venu. Celle-ci n'est pas du tout surprise de son entrée. Elle détaille le nouveau venu : un elfe noir mâle plutôt court et boiteux.
"C'est toi Stej ?" demande Than sans exulter de joie.
Elle porte encore l'armure de ce supposé Stej.

Mmmh, psst, pensez à l'étiquette
*disparait dans le vent*

Bras croisés, je m'appuyai sur un mur. « Quel accueil. » Et quelle réaction de la part du Chaton. Non, vraiment, quelle réunion de famille chaleureuse et touchante. Dommage que Vraneï soit pas là pour la voir : elle ferait cette tête dont elle seule avait le secret qui se foutait de la gueule de son interlocuteur sans bouger un seul muscle.

Lui pensait que c'était Vraneï, justement, la seconde personne qui l'accompagnait mais en y regardant de plus près, la demoiselle était bien différente. Et plus jeune. Et plus jolie. "Ne critique pas mes manières Lara. A situation inversée, tu m'aurais déjà cogné pour cette intrusion..." grogna-t-il à son aînée, quelque part mal à l'aise. Pour que Larae vienne en personne le chercher, c'était pas bon. "Je suis Stej, et toi gamine ?" revint-il à l'autre. "J'ai l'impression de t'avoir déjà vue..." Impossible que ce soit parmi le bataillon Niraen vu son âge. "Et sors d'mon armure bordel !"

« Ah mais c’est bien ça que je critique : avec un accueil comme le tien, j’aurais eu le temps de te transpercer dix fois si j’avais été mal intentionnée. » Surtout vu comme il avait laissé son armure prendre la poussière chez lui au lieu de la porter. Quant à la grande révélation du jour… Eh bien je laisserais l’honneur au Chaton. C’était plus amusant de me contenter d’observer cette énième catastrophe familiale.

Elle marquait un point, la frangine. "Si c'était le cas, tu n'aurais pas laissé ton cheval dehors" argumenta-t-il quand même dans une mauvaise foi totale. La petite - plus grande que lui d'ailleurs - lui posait en revanche une colle. "Sarath..." chercha-t-il. "C'est que j'en ai fréquenté pas mal des filles à Isotier. Surtout à Isotier d'ailleurs." Alors que sa joueuse rigolait en silence, une petite lumière s'allumait dans son esprit. "Une connaissance commune ?" se méfia-t-il un peu plus.

Than a un drôle de regard, à la fois outré et meurtrier.
"T'as oublié le nom de ma mère ! Mais je m'en fiche ! Parce que que tu te souviennes d'elle ou pas… Moi je ne t'ai pas oublié !"
Than n'était même pas une cellule-œuf complète à l'époque mais ce genre de détail n'est pas assez fort pour l'arrêter.

Le principal problème du Morpion en ce moment ? Pas foutu de la fermer. Au lieu de rester évasif ou, mieux, silencieux jusqu’à avoir même une vague idée de ce à quoi il devait s’attendre, il déblatérait connerie sur connerie pour bien creuser sa tombe. C’était très divertissant à voir. Surtout vu le contraste ses bêtises nonchalantes et la véhémence du Chaton.

"Oh ? Ohhh...." Le "merde" muet qui devait suivre se devinait aux yeux bleus qui detaillaient avec une attention nouvelle la gamine. SA gamine apparemment. "Mais... t'es la fille de Sarath ?? Je... nan, pas possible, elle m'aurait dit...." Il bugua. A la réflexion, non, Sarath ne lui aurait rien dit, elle l'avait presque foutu dehors dès le lendemain de leur soirée/nuit toride. "T'es... ma fille ?" Si ça se trouve, c'était une pote de Lara et elles lui faisaient une sacrée blague ! Ouais, ça devait être ça... non ?

"Et toi, es-tu vraiment mon père ? Tu ne me ressembles pas du tout ! Et pourquoi es-tu un forgeron miteux au lieu d'un mercenaire aventureux ?"
Than ne doute pas un seul instant que sa mère ait pu se tromper ou chercher à tromper sa fille. Mais zut, y avait aucune ressemblance entre eux ! Ce père n'était ni grand, ni brave. Il n'avait même pas de beaux cheveux ! Leur seul point commun est d'avoir un physique très sec, pas plus.

Il était lent à la détente, mais au moins il avait fini par capter (ou sortir du déni). « T’inquiète, c’est le bon. Stej est pas vraiment un prénom courant. » Pas vraiment un prénom tout court, en tout cas dans le coin d’où on venait. Même côté parents, la subtilité c’était pas vraiment un trait de famille. Par curiosité, je soulevai une lame à portée de main : « Mal équilibrée, tranchant irrégulier, finitions grossières qui n’en méritent pas le nom… C’est du gâchis de bon fer. J’espère que c’est pas représentatif de ton travail habituel, sinon ça valait vraiment pas la peine de te planquer dans une forge. »

Une veine gonfla sur sa tempe tandis que la colère montait progressivement à mesure que sa rôliste le karma se moquait de lui. "Vous savez si ni mon physique ni mon travail vous conviennent, vous pouvez refaire la même chose que quand vous êtes entrées chez moi mais dans l'autre sens !" Le regard noir qu'il servit à sa sœur – et ce n'était pas tout le monde au domaine qui osait braver Larae de la sorte – en disait long. "Et tu crois vraiment que je me casserais le cul à faire une arme de qualité juste pour curer les sabots d'un putain de cheval ?!" continua-t-il en déposant son sac de voyage sur la table.... un sac imbibé de sang séché.

Than s'approche du sac.
"C'est du sang ! Mais alors, tu es vraiment mon père ?!"
Des étoil-- un éclat menaçant dans le regard.
"Qui as-tu affronter ? Quelles créatures ? Est-ce que tu les as tuées ?"

Ah, il était loin le temps où le Morpion osait à peine me regarder en face et partait se cacher si je fronçais ne fut-ce qu’un sourcil. (Ceci-dit, je doutais pas d’encore arriver à le faire trouiller si vraiment je voulais, mais c’était une histoire pour un autre jour.) Quant aux raisonnements du Chaton, ils étaient pour le moins… rapides. Le sac aurait aussi bien pu être aspergé en longeant la boucherie que le résultat serait le même. « Très honnêtement, je pensais pas que tu te casserais le cul à faire une arme tout court, alors, de qualité ou non… »

Les choses devenaient vraiment étranges, même pour lui. Entre sa sœur qui se foutait de son travail – non ça, c'était encore logique – et la gamine sortie de nulle part qui changeait d'avis comme de chemise à son sujet, tout cela l'agaçait prodigieusement. "J'ai bien compris que tu m'en voulais gamine mais j'ai rien à te prouver. J'ignore ce que Sarath t'a raconté à mon sujet mais je parie qu'une bonne partie sont des foutaises... et je n'sais pas ton nom et encore moins ce que tu me veux." Violent et direct mais ni Laethra, ni Velkyn étaient de grands exemples d'amour parentale.

Oh non ! Le pauvre petit cœur sensible de Than se brise !
NON, JE RIGOLE !!!
"Tu veux connaître mon nom ?! Than ! Than Rilynana ! Alors… Raconte-moi TON histoire !" ordonne Than avec le regard perçant (d'un chat devant une souris en peluche).

Raconter son histoire, carrément ? Elle se prenait pour un barde maintenant ? En tout cas, elle n’avait rien à envier à leurs formulations grandiloquentes. « Oh oui, raconte ton histoire. ‘Il était une fois, dans un royaume lointain avec un soleil qui arrache moins les yeux que celui d’Heavensaw, un calme domaine au bord d’un marécage...’ »

Il haussa un sourcil au calme qui ne correspondait pas réellement à ses souvenirs d'enfance. "Vivaient une bande de nobles coincés qui en avaient rien à foutre de leur dernier né. Le gamin s'est barré à la première occasion en plein champ de bataille et vivait très bien sa vie loin de sa famille de tarés. Le résumé ira ou vous voulez la version longue ?" grinca-t-il. "Than..." Bon sang que ça faisait bizarre de nommer sa fille. SA FILLE bordel ! "Sérieusement, qu'est-ce que tu me veux ? Juste me... rencontrer ?" Oh la pauvre, elle devrait être déçue lui fit sa joueuse sa conscience.

"Bah oui, quoi d'autre ?"
S'ensuivit un instant où Than semblait réfléchir aux possibilités qu'elle avait éludé.
"Qu'est-ce que tu as fait après ta fugue ? T'avais dix-neuf ans c'est ça ?"
Non, en fait, elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait réclamer d'autre. Si son père la lui faisait à l'envers, elle se vengerait, lien du sang ou pas… surtout si lien du sang il y a.

Bien résumé. Je pouvais difficilement en vouloir au Morpion d’avoir joué les passagers clandestins pour se barrer : j’aurais probablement fait pareil si j’avais pas été chargée de mener l’expédition. Enfin, co-mener avec l’autre Prodige Magique là. Mais lui, il compte pas de toute façon. Et pendant que je ressassais de vieux souvenirs, les autres continuaient leurs palabres. Et, franchement, j'avais pas une idée plus claire que le Morpion de ce que sa môme lui voulait. Elle voulait le rencontrer, soit, mais pourquoi ?

"Tu veux peut-être qu'on en discute autour d'une bière ? Ou un th" vu ton âge" se moqua-t-il à moitié. "Je viens juste de rentrer alors vous allez me laisser deux minutes le temps de pisser et prendre un bain, l'une comme l'autre" souligna-t-il également pour sa sœur. "Doit rester de la viande séchée dans un pot à côté des herbes, faîtes comme chez vous." L'ironie était palpable alors qu'il se dirigeait vers son lit et commençait à se déshabiller... avant de se rendre compte qu'il ne pouvait quand même pas se mettre à poil devant sa propre fille, ça le faisait moyen. "Bordel" ramena-t-il ses affaires dehors.

"Oh oui, une bière, ça se fête ! Hein, mon âge ? T'es déjà sénile ? J'ai trente-trois ans, tu n'améliores pas ton cas !"
Fait amusant, Than ne détourna pas les yeux en voyant son père se déshabiller devant elle. Au contraire, elle voulait le connaître et les cicatrices sur son corps l'auraient aidé. En revanche, l'organe qui lui avait donné la vie la laissait complètement indifférente. Il n'en était que plus ridicule de le lui cacher.
Than se tourne vers sa tante.

« Ah, tu bois de la bière maintenant ? Première nouvelle. » Ah mais oui mais c’était une graaaande fiiiille de 33 ans. Mais ça change tout voyons. Bon, certes, elle était plus âgée que le Morpion quand il avait fait définitivement l’école buissonnière. Mais pas de beaucoup. Enfin, c’est pas moi qui allais l’empêcher de prendre une bière : commencer jeune lui laisserait plus de temps pour développer une bonne résistance à l’alcool (oui, je parlais d’expérience). Deux bières pendant que le Morpion se débinait prenait un bain, donc.