Aaron lisait un article de journalisme pour ses devoirs quand la sonnerie de son téléphone retentit. Intrigué, il prend le bout de plastique sonnant pour regardé le petit écran :
Le jeune homme regarde son appartement. Ce dernier n'est pas vraiment dégoûtant mais disons qu'un coup de balais serait bien après avoir rangé tous les dossiers et les journaux. Il hausse les épaules. Le plus urgent est de retrouver le finlandais à l'aéroport. Ce dernier avait besoin de visiter un musée pour ses études de design ou il avait besoin de vacances, il ne sait plus. Naturellement, Aaron avait proposé de l'héberger il y a... trois mois ?
Pourquoi il a fait ça ?

Helsinki / New York, il fallait se le coltiner... et pas en première classe je vous prie. Il avait mal aux jambes, avait faim, et était littéralement revenu à la veille de son débat avec le décalage horaire... Mais ces sept heures en arrière - il devrait régler sa montre d'ailleurs - n'était rien en constatant que son ami plus-si-virtuel-que-ça était au abonné absent. L'auburn s'était attendu une allée d'honneur avec des peluches manchots ou un truc dans le genre... ça ne l'aurait pas étonné de Tux.

À cette époque, Aaron n'avait pas sa peluche fétiche Mr Tuxedo mais il n'en était pas moins reconnaissable de loin avec son t-shirt bleu électrique et ses mèches colorées de la même couleur au milieu d'une jungle noire vaguement coiffée dans moins de trois directions différentes. Aaron ignorait à quoi pouvait bien ressembler "Will" IRL. Il savait qu'il était grand, de sexe masculin et finlandais donc probablement blond, cendré ou châtain clair et pâle comme la banquise.

visu

Vilho soupira. Il avait un bon niveau d'anglais à l'écrit mais le parler, ce n'était pas encore tout à fait ça. Il suffisait qu'il sorte un poli "Good Afternoon" pour qu'on le devine étranger, son lourd accent le trahissant dans la seconde et le rendant pas toujours compréhensible. Revenant dans le hall principal de l'aéroport, le finlandais repéra un autre jeune sans bagage et... bon sang, c'était un pingouin sur son t-shirt ? "TUX ?!" lui cria-t-il dans le doute.

Aaron était perdu dans l'aéroport avec toute cette foule. Quelle idée d'être si nombreux ! Le pauvre jeune homme ne trouva pas son ami parmi tous les étrangers venus d'Helsinki.
Qui vient de crier Tux ?
Les deux amis s'étaient connus via Internet avec seulement des pseudonymes et vu que les gens avaient rapidement la flemme, le mot pas si loin de "Dr Tuxedo" s'était abrégé en "Tux". Aaron trouva alors rapidement son ami grand, pâle et… auburn ? Certes.
"Will !"

La surprise était de taille ! Pas que Tux le dépassait, Vilho avait une poussée de croissance phénoménale en peu de temps dans son adolescence (au grand damne de sa jumelle), les cheveux bleus, il adorait ! Lui-même s'était offert une petite fantaisie en gardant les siens longs attachés dans un chignon lâche avec quelques perles artisanales pour décorer. Il aimait bien les choses colorées. "Ravi de te rencontrer enfin" lui sourit-il, toujours avec son accent. "Tu es plus fun que je imaginais."

"Tu m'imaginais en noir et blanc j'imagine. Toi tu es beaucoup plus grand que je croyais, et plus roux." dit Aaron qui n'a pas l'habitude d'être ainsi dominé.
Le finlandais était très grand, certes, mais aussi mince, avec des perles dans les cheveux, touche d'originalité supplémentaire. Ses yeux gris étaient captivants et son accent touchant.
"Enfin, je suis aussi ravi de te voir enfin ! … Suis-moi, tu dois avoir hâte de te poser."

Il eut un léger rire. "Presk'. J'ai surtout faim et besoin bouger mais fatigué aussi.... décalage horaire de m... bref." C'était samedi, ils avaient encore du temps pour s'habituer l'un à l'autre avant la reprise de leurs cours. Vilho verrait lundi pour les dernières démarches de son école, il n'avait pas envie de se prendre la tête avec ça. "Un truc américain à manger ? Tu aimes quoi ?"

Euh… Vietnamien ça compte comme truc américain ?
"J'adore la soupe de nouilles et le riz gluant. Et toi ?"
Comme l'aéroport n'était pas son lieu préféré, il se dépêcha de conduire son invité au métro new yorkais. Il n'avait pas trop les moyens pour un taxi.

Il haussa un sourcil mais ne dit rien, pas le moment de jouer les difficiles. Ses bagages sur le dos, Vilho suivit Tux de près dans les méandres sous-terrains de la mégalopole. Dans la rame, collés l'un à l'autre par la foule, le Finlandais eut un sourire pour son ami plus-si-virtuel. "Ça fait tellement bizarre de être ici, avec toi en vrai après beaucoup d'années à se parler."

Pas autant que d'être en contact avec des inconnus poisseux… Je déteste les heures de pointes ! Rien de tel qu'un train complètement vide au milieu de la campagne.
Être collé à son ami d'Internet le gênait aussi mais dans un tout autre sens. Cette proximité était maintenant REELLE. Il pouvait même compter les pores de sa peau.
"Attends de voir ma piaule ou de faire un karaoké. Ton anglais est mieux que je n'imaginais d'ailleurs."
Penser anglais plutôt qu'autre chose.

Vilho eut un léger rire. "On a beaucoup de chaînes télé en anglais et j'ai des cours que en anglais aussi. Et c'est grâce à toi aussi..." La rame s'immobilisa, les bousculant tout deux alors que des passagers montaient et descendaient. "Tu m'as donné de bonnes bases en anglais quand on se écrivait" continua-t-il quand le métro repris.

De bonnes bases en langage SMS, oui ! Thx U 2 !
Ouhlalala, est-ce qu'il pourrait y avoir moins de monde ? Je déteste les heures de pointe.
"De rien. Ce n'est pas comme si j'étais le seul américain de la Terre. Je suis plutôt du pôle Sud."
Si l'IRL se passait bien, Aaron pourrait voyager à son tour vers l'Europe. Il était certain que les métros seraient plus agréables les attelages seraient chouettes.

"La Finlande c'est plutôt nord... si tu viens, je ferais visiter, voir les animaux - beaucoup, beaucoup de rennes - et les aurores boréales." Un sourire amusé, un brin espiègle, se dessina sur les lèvres pâles. "Et nager dans lacs gelés, tu échapperas pas.... et sources chaude dans la neige..." Mais pour l'instant, il était en Amérique ! Pas le moment d'avoir le blues de son pays à peine arrivé. "Tu aimes te baigner ? On peut ici ?"

Nager dans l'eau glacée ?! C'est complètement fou !
Aaron se sentait de plus en plus agité et il ne savait pas pourquoi.
"Chouette programme, j'adore. Si, nous avons plusieurs plages. La plus proche est à Coney Island, avec le parc d'attraction. C'est un truc qu'il faut absolument que tu fasses après les cours. Je ne t'ai jamais demandé : tu aimes les manèges à sensations fortes ?"

"J'adore !" rayonna Vilho. "Je suis OK pour faire pleins de choses avec toi ! Saukko travaille trop et mes sorties sont souvent pour les musées et expositions, j'en ai marre." Même sa curiosité avait ses limites apparemment. "Puis je suis ici pour être avec toi surtout, pas que les cours" sourit-il encore plus à son ami alors que la rame s'arrêtait de nouveau.

Mais contrairement au cliché habituel, ce ne fut pas Vilho qui atterrit sur le pauvre Aaron mais un autre voyageur du métro. Il s'excusa platement, laissant Aaron sonné par le contact non désiré.
"J'aurais préféré que ça soit toi, tu as l'air moins lourd." dit-il, tout juste remis du plaquage.
Vivement qu'on sorte d'ici, j'étouffe."
"Pour ce soir, je vais commander des hamburgers en se matant Zombieland 1 ?"

Un regard noir à l'inconnu coupa toute possible envie d'une remarque envers son ami, dominer le monde d'une tête avait son avantage. "C'est illusion car je suis grand et mince mais c'est beaucoup de muscles" précisa-t-il. "OK, de petits muscles, l'arc n'est pas si sportif pour être body-buildé..." Il fallu un autre chambardement pour exaucer le vœu d'Aaron quand ils purent enfin sortir de leur boîte de conserve roulante. Vilho apprécia également, même s'il préférait revenir à l'air libre. "Tu as fait exprès de me proposer mon film préféré c'est ça ?" Le taquina l'auburn.

"Oh oui. Je veux entendre tes commentaires tout le long du film."
C'est bien mieux d'avoir les réflexions en direct.
"Je t'apprendrais bien quelques trucs de parcours mais ça ne muscle pas plus."
Le décoloré conduit son ami finlandais à son appartement. Il prit naturellement les ascenseurs pour épargner des efforts à son ami. Une petite vieille passa et fit coucou à Aaron.
"Bonjour Aaron, qui est ton ami ?
- Mon ami de correspondance. Il est venu de Finlande."

La petite dame eut un regard surpris, dévisageant l'étranger, puis se reprit en le saluant plus poliment. "Bienvenue en Amérique mon garçon" se rattrapa-t-elle. "Merci madame, bonne journée à vous" repondit-il avec un sourire de circonstance avant de s'engouffrer dans l'ascenseur. Vilho était certes courtois mais pas spécialement social, Tux étant une exception.

Et effectivement, Tux voyait volontiers Vilho papoter avec sa voisine de palier mais non, peut-être la fatigue du trajet. Il ne s'attarde pas non plus sur l'étrange regard de la vielle dame. Ils sont potes et c'est tout. C'est tout.
Même si ça aurait été bien d'accueillir le pote dans un appartement un peu plus ranger.
"Pose tes affaires là, ça ira, dit-il en désignant un carré de sol libre. La télé est là."
Une petite lucarne est accroché à un coin du mur.

Ce qu'il fit, sans commenter le désordre apparent. Vilho avait toujours l'impression de s'être un peu incruster et de profiter de la générosité sans borne de son ami pour suivre son cursus donc il se voyait mal emmètre la moindre critique... sauf peut-être une petite... "C'est sympa chez toi, rien à voir avec la déco de chez moi. Tu as un clic-clac ? Je ne vois qu'un seul lit et j'imagine que c'est le tient." Un grand lit, certes mais unique. Pas qu'il semblait dérangé à l'idée de le partager, il dormait encore souvent avec sa sœur quand il le fallait.

Etait-il nécessaire de dire qu'il y avait des posters de manchots sur les murs ? Non. Chose originale (et inattendue) : une carte du monde avec des punaises.
"Bah, j'ai cru que comme tu dormais avec ta sœur, ça ne te dérangerait pas de partager. C'est… toujours plus confortable qu'un clic-clac. Sauf si tu veux pas, je dormirais sur mon matelas gonflable."

"Ne t'en fais pas, j'aime bien passer la nuit avec quelqu'un" répondit distraitement l'auburn, trop accaparé par la carte pour préciser l’ambiguïté de ses propos. "Ce sont des endroits où tu veux aller ? Je ne me souviens pas que tu ais parlé d'avoir voyagé autant." Avait-il mis une punaise en Finlande d'ailleurs ?

Aaron hocha la tête, manquant également complètement l'ambiguïté des propos de son invité. Une punaise était bien sur la Laponie, tous les continents étaient punaisés.
"Oui, le monde est vaste. J'aimerais beaucoup aller dans ces endroits pour les connaître par moi-même et éviter les pièges à touristes. C'est édifiant de se mettre dans les chaussures d'un étranger."
Sur le bureau bien désordonnée figure également des photos d'une danseuse contemporaine, une femme brune adulte.